N'Guessan Jean Christ Koffi

Côte d’Ivoire : 60 ans d’un pays « un dépendant », c’est un fait, pas une fête

Le 7 aout 2020, la Côte d’Ivoire fête ses soixante ans d’indépendance.  Trois générations après l’accession de ce territoire à la souveraineté, son autonomie semble plus sur papier que dans la réalité. L’aspect de la tête de l’État a en effet peut-être changé avec des dirigeants dits locaux, mais c’est le même esprit et les réflexes coloniaux qui y règnent.

Drapeau de la Côte d’Ivoire. CC pixabay.com

Le nom même de la « Côte d’Ivoire » est problématique, dans un premier temps. Cette dénomination tout en français, héritée de plus de la colonisation, est le signe d’une dépendance perpétuelle à l’ancienne puissance coloniale. Le nom d’un territoire livre certaines informations, notamment sur ses réels fondateurs, sur les individus censés en être les  propriétaires. Ce ne sont pas les villages, les villes et les régions ainsi nommés qui manquent dans l’actuelle Côte d’Ivoire. Par exemple Kouassikro (cité fondée par Kouassi), Folofounkaha (cité fondée par Folofoun), Daloa (la cité de Dalo), Ferkéssédougou, etc.  

Il est donc facile de deviner à qui  n’appartient pas ce territoire – Côte d’Ivoire – au nom qui est étranger aux multiples langues et cultures locales, et même qui n’a rien à avoir avec l’histoire précoloniale, originelle et authentique des peuples qui y vivent.

Les noms de certaines rues et édifices dans l’actuelle Côte d’Ivoire donnent dans un deuxième temps l’impression que l’on se trouve sur le territoire de l’ancienne puissance coloniale. Par exemple à Bouaké, on trouve l’avenue Villeneuve sur Lot ; à Abidjan, vous avez les boulevards de Marseille, de France, Valérie Giscard D’Estaing, André Latrille, Angoulvan, Mitterand, le pont de Gaulle, le camp Galliéni etc. 

Ce ne sont pourtant pas les noms d’illustres personnalités, ou même de simples citoyens honnêtes et dévoués à la tâche et de villes clés qui manquent sur ce territoire d’une grande richesse multiculturel et multiethnique pour nommer des édifices et des rues. Mais sur un territoire qui s’appelle « Côte d’Ivoire », il serait plus surprenant qu’une rue se nomme Koléa Ange Armel, Boga Doudou, Dagou Loula, Dali Oblé, Abla Pokou (fondatrice du royaume baoulé) plutôt que Charles Noguès qui est par ailleurs pestiféré dans son propre pays, la France. Et l’exception qui confirme la non-affranchissement de la Côte d’Ivoire, ce sont ces rues laconiquement désigné par des lettres de l’alphabet et des chiffres, sur ce modèle : E4, Z2, C6, etc… Ce sont bien là le signe du mépris pour les populations de ce territoire et de leurs noms, comme pendant la période coloniale.

Une gouvernance encore minée par le colonialisme

La manière de faire de la politique en Côte d’Ivoire est un autre signe de sa dépendance. Autant les anciens résistants africains (Samory Touré, Behanzin, Sidi Mohammed Ben Youssef, etc.) avaient été neutralisés par les colons, puis éloignés de leur territoire en étant envoyés en « exil » (déportés) où ils ont fini leurs jours, de même les opposants les plus farouches aux régimes ivoiriens, depuis la période du parti unique jusqu’à nos jours, sont maintenus en « exil », loin de leur terre natale, avec la bénédiction de l’ancienne puissance coloniale. Celle-ci est souvent le pays d’accueil de ces nouveaux « exilés » qui sont des opposants à ses poulains locaux, donc un danger pour ses intérêts dans son « ancienne colonie ». Les cas actuels de l’ancien président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, empêchés de rentrer chez eux par les autorités de leur pays après un procès à la Haye à la suite duquel ils ont pourtant été innocentés des accusations portées contre eux l’illustrent bien.

Le fait donc que personne ne soit exclu du débat politique national par des manigances et autres complots est primordial pour une réelle autonomie nationale, comme dans les nations indépendantes. Ce n’est pas le cas dans la Côte d’Ivoire sexagénaire qui a fait le choix, comme sur un territoire colonial, de protéger des intérêts particuliers en rejetant ses propres fils.

La gouvernance est dans un quatrième temps un indice de la dépendance de la Côte d’Ivoire. Le budget sécurisé de l’État qui, pendant la décennie au pouvoir de Laurent Gbagbo, garantissait une indépendance à long terme de la Côte d’Ivoire des institutions financières internationales et des endettements suicidaires, a été rejeté aux calendes grecques par le régime actuel. Ce dernier fait le choix d’un « budget complété », caractérisé par un endettement tout azimut pour justement compléter ce fameux budget dont l’utilisation laisse à désirer, car il sert à financer des projets, notamment le métro d’Abidjan, qui n’ont rien à avoir les réalités locales, mais contribuent plutôt à accroitre les disparités régionales et sociales. Cette gouvernance fantaisiste digne d’un mimétisme puéril de nostalgiques de l’ancienne puissance coloniale, loin de garantir l’indépendance de la Côte d’Ivoire vis-à-vis de ses créanciers, lie plutôt sur plusieurs générations son existence à ceux-ci, à ses anciens maîtres aussi dont les entreprises  sont comme par hasards, celles qui sont chargées de la réalisation de ses projets.

Et que dire de l’initiative de création d’une monnaie communautaire de l’Afrique de l’ouest, l’ECO, libre de toute influence étrangère, afin de garantir une indépendance monétaire de cette région et faciliter son développement ? Ce projet est parasité  par l’UEMOA, avec à sa tête la Côte d’Ivoire. Les dirigeants de cet ancien comptoir français semblent entretenir un puissant lien affectif avec la monnaie coloniale, le franc CFA. Cette situation montre bien qu’ils ont du mal à s’affranchir de la dépendance de l’ancienne puissance coloniale en se faisant sournoisement les chantres d’un franc CFA bis, toujours arrimé à l’Euro et dans laquelle la France, « ancienne métropole », continue de jouer un rôle.

La dépendance de la Côte d’Ivoire au français

Le signe le plus  visible, et le plus douloureux certainement de l’asservissement de  la Côte d’Ivoire est enfin le fait que les langues locales sont reléguées au second plan, et même ignorées, sinon tuées à petit feu, au profit de la langue du colonisateur : le français. Elles ne sont inclues dans aucun programme de l’éducation nationale, et ne bénéficient non plus  d’un réel projet de sauvegarde ou de préservation. Il va sans dire qu’avec le reniement de nos langues locales, ce sont  nos patrimoines culturels d’une richesse considérable qui se meurent, notre identité qui disparait, notre fierté qui est assassinée, notre âme qui gommé et par conséquent notre liberté qui devient virtuelle.

Le pire, c’est que les gens, ceux en tout cas qui semblent profiter de cette indépendance illusoire, l’élite dirigeante, corrompue, clientéliste, tribaliste, ethnocentriste, incompétente et adepte de biens mal acquis sur le territoire de l’ancienne puissance coloniale, s’en accommodent parfaitement.  

Peut-on vraiment fêter 60 ans d’indépendance ou au moins être rempli du sentiment d’indépendance quand de tout temps son évolution est liée à l’oubli, au reniement, au mimétisme, à l’exclusion, à la fantaisie, à la convoitise, au clientélisme, au tribalisme, au détournement, à la corruption, à l’ethnocentrisme, au régionalisme, en somme à la folie de la soumission aux manières de penser, de faire et d’agir qui ne garantissent en rien son autonomie ?


Dans la tête du tyran, qui n’est pas un dictateur mais un démocrate

Attention, ce billet est une pure fiction, toutes ressemblances avec des faits réels n’est que pure  coïncidence.

CC publicdomainpictures.net

« 

Comment quitter le pouvoir tout en y demeurant, surtout quand on a perdu son masque  ? Diantre,  je n’ai plus la possibilité d’avancer masqué. Ce qui, dans ce temps covidien, est très dangereux pour quelqu’un de l’ancienne génération comme moi. 65 ans passés, 80 ans bientôt. Satanée mort qui a emporté mon masque, ma garantie de réincarnation au pouvoir après mon départ du pouvoir dans la gloire, ma nouvelle peau de dessus, mon diktat jusqu’à la fin de mes jours, le temps en tout cas que la justice soit toujours muselée et aux ordres. Paix à son âme quand même.

Les mauvaises langues diraient même que j’ai tout accéléré pour reprendre les choses en main. Elles ne s’annonçaient pas bonnes avec l’autre vieux, et le moins vieux qui se sont alliés contre moi. Quelle panique pour moi ! Je ne reconnais que le retour précipité.  Mais là, il fallait faire quelque chose pour éviter de se faire Dos Santos : les fruits de dizaines d’années de recherche acharnée du pouvoir et d’affairisme sans concession perdu d’un seul coup, avec l’accession de l’opposition au pouvoir, ou celle d’un faux dauphin ; un dauphin populeux ou traite qui recherchera la sympathie de ce peuple de sauvages en me livrant, moi, l’élite de l’élite, à la vindicte populaire. La chaire du requin est amère, je ne me laisserai pas bouffer aussi facilement.

Le problème serait réglé si seulement j’étais un dictateur, je n’aurais plus besoin de tous ces  stratagèmes et de stresser davantage pour me maintenir au pouvoir, un gaspillage d’énergie, énergie même qui se laisse désirer dans mon corps. Quatre ans que ça dure, mais ces six derniers mois ont été plus intenses : changement des règles du jeux, torsion de ma constitution et tout…  

Le problème serait vraiment réglé si j’étais un dictateur, je m’agrippe au fauteuil Louis XIV et on n’en parle plus. Mais je suis un démocrate, je dois éviter de me faire Compaoré. Sur ce plan tout est réglé, la constitution m’autorise un troisième mandat. C’est ce que me confirment mes amis en tout cas, ce sont d’imminents juristes internationaux ; les médias internationaux même le soutiennent sans autre mesure… bon,  avec de la moquerie quand même. Dans tous les cas, ce peuple d’inconscients et de prieurs chroniques aime trop la vie et est suffisamment mou pour s’autoriser un soulèvement populaire avec le risque de faire face à  mes forces et d’être expédié dare-dare dans l’au-delà. Et puis mes cris au génocide contre les gens de mon ethnie devraient suffire à surexciter cet autre groupe d’ignorants, prêt à tout pour sauver son pouvoir, mon pouvoir qui n’arrive pas à assurer sa dignité.

Et puis d’ailleurs pourquoi est-ce que le peuple se soulèverait, je serai à mon deuxième mandat ? le calcul est facile : 1 mandat +1 mandat + 1 mandat = 2 mandats. Le premier mandat ne compte pas ; nous sommes dans une nouvelle République, même si ce sont les mêmes institutions, hors mis peut-être ce poste de vice-président sur lequel je comptais comme parapluie d’immunité avec mon dauphin qui, une fois au pouvoir, d’une façon ou d’une autre, m’aurait nommé à ce poste honorifique. J’aurais même été un excellent président masqué.

Les amendements de ma constitution, c’était pour cette raison, fallait que j’assure mes arrières après avoir inauguré le fait d’envoyer un ancien président de la République devant la justice, j’avais le pressentiment que je serais le prochain. Faut être réaliste, moi-même je ne vends pas cher ma peau quand je vois mon passé et mon présent : tout ce sang versé pour obtenir le pouvoir ou pour la garder. Enfin soit. C’est une nouvelle constitution, donc aucun problème pour un autre mandat. Je tiendrai la charrue moi-même. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Mais attention, j’ai donné ma parole à la face du monde, je suis un vieil homme respectable, je ne ferai pas un troisième mandat, je vais laisser le pouvoir à ma nouvelle génération… Mais ça, c’était avant quand ma garantie de réincarnation au pouvoir, mon masque, ma nouvelle peau, mon nouveau sang, mon diktat (paix à son âme quand même) était encore de ce monde.  Et puis, j’ai trop pris de raccourcis, tant de personnes m’attendent au tournant que je ne peux prendre le risque de dormir sur mes lauriers et me confier à la providence. J’aurai fini, comme Yacouba du roman Les Soleils des indépendances. Pis, c’en sera fini de moi.

C’est décidé, je prends les devants, je me lance, et ce sera acté, les agissements d’un président de République-empereur ne souffrent d’aucune contestation, les gens me connaissent très bien ; comment ils disent déjà ? « Premier gaou n’est pas gaou »(1). Et puis ce sont mes hommes qui sont au conseil constitutionnel.  

Se présenter est une chose, gagner en est cependant une autre, je risque de me faire Wade : être battu à plate couture, et perdre définitivement ma crédibilité. Et puis, tous contre moi, je ne m’en sortirai jamais, je ne vaux plus grand-chose ; même avec la fraude, c’est pas donné. Mais que diantre !

Non, je renonce. Je ne suis pas Robert Guéï quand même  (Paix à son âme) : dire devant le monde que je ne me présenterai pas aux élections et changer de bouche après. Et quand je vois comment ça s’est terminé pour lui à court et à long terme, ça fait peur. Mais « C’est l’homme qui a peur, sinon ya rien ».

Je suis moi après tout, Guéï, c’est Guéï. Et puis moi, mon passé lointain et proche ne me garantissent rien de rassurant dans l’avenir si je ne suis plus au pouvoir pour que j’y renonce aussi facilement. Joseph Désiré. Yassingbé Junior, Paupaul, Youhéri, doivent me donner le courage.

Mais si le cas de Pierre N. n’est pas pour me décourager ?

L’homme propose,  Dieu dispose. Désolé, moi je tiens à ma vie, je m’oppose. J’ai craché, je m’abaisserai pour laper mon cachât, Covid-19 ou pas ; c’est mon crachat après tout et c’est dans ma propre bouche qu’il reviendra.

Je me lance.

C’est Idriss même qui me conforte dans mon choix : « A quelque chose, malheur est bon ». Je ne suis pas une main de fer et une terreur des populations pour rien. Mes maîtres me soutiendront, comme toujours sournoisement, mais ils seront tout même avec moi, sinon les djihadistes détruiront leurs intérêts dans ce pays. Et puis, je leur fait trop de faveurs pour qu’ils se comportent autrement avec moi. La preuve : je les ai fait propriétaire du terrain sur lequel est construite leur base militaire dans ce pays à partir de laquelle ils contrôlent toute la sous-région. Ils sont ici jusqu’à la fin du monde. Si ce n’est pas une faveur qui mérite de la reconnaissance, ça ! Ils me rendront la pareille. Mais attention, faut toujours se méfier, avec ces hypocrites là. Dans tous les cas, je suis un cabri mort. Et Cabri-mort n’a pas peur de couteaux(2).« 

(1) Une personne avertie en vaut deux  ou chat échaudé a peur de l’eau froide. (2)Une personne qui se trouve dos au mur, ou qui n’a plus rien à perdre, n’a pas froid aux yeux. Elle peut s’avérer très dangereuse.


60 ans après, à quand la fin des indépendances africaines ?

Soixante ans après l’indépendance d’un grand nombre d’États africains, subsiste le sentiment récurrent que les indépendances qui auraient dû être une garantie de liberté, d’évolution et de réhabilitation de la dignité. La fin des indépendances sera donc la bienvenue.  

La sorbonne, cinquantenaire des indépendances africaines. Cc, Wikimedia Commons

Les indépendances sont un prolongement de la période coloniale

Les indépendances n’ont malheureusement pas consacrées la rupture entre la vision des anciens colons et celles de nouveaux États censés souverains. Il s’agissait plus d’une passation de charges entre l’ex-puissance coloniale et les dirigeants qui ont été sécrétés par elle (ils en étaient des élus) que d’un virage original pour des jeunes États en vue de leur autonomisation totale et leur développement en toute sérénité. En somme, c’est l’apparence de la tête qui a changé, sinon, c’est le même esprit. Et ce changement dans la continuité se réalise encore de nos jours, tant sur le plan politique qu’aux niveaux économique et social.  

Sur le plan politique, ce sont dans un premier temps les institutions des anciennes métropoles que les nouveaux État africains répliquent. Et l’une des plus tristement célèbres à ce niveau est la présidence de la République. Celle-ci se transforme en présidentialisme. Il s’agit d’une présidence « à la sauce postcolonisée », une présidence sans aucun contrôle, ni contre-pouvoir en raison d’abord du pouvoir économique du désormais chef d’État qui achète les consciences à tout va, grâce ensuite à son statut de chef suprême des armées, qui bénéficie en outre du soutien militaire de l’ancienne puissance coloniale quand les rapports sont bons avec celle-ci.

Mais la fonction de président de la République est réalisée avec un autoritarisme sans pareil parce qu’elle n’est en réalité qu’une réactualisation du poste de « gouverneur de colonie » de la période coloniale, surtout que bon nombre d’actuels chef d’État africains doivent beaucoup, sinon tout, aux anciennes puissances coloniales pour y avoir fait des études, y avoir travaillé et y détenir des biens ainsi que des réseaux d’influence. Face à ces nouveaux  « gouverneur de colonie », les populations n’ont donc pas voix au chapitre, même pas le droit de décider de ce qui est bien ou prioritaire pour elles. Les parlements issus d’élections législatives truquées, notamment au Mali ou sans les oppositions, comme au Cameroun, au Bénin ou encore en Côte d’Ivoire sont quelques unes de ces nombreuses  exceptions africaines qui confirment pourtant l’évidence : l’illusion de l’indépendance.  

L’autonomie des États africains est un pur mensonge d’autant plus que dans un second temps les courants politiques occidentaux sont ceux qui président à la destinée des pays africains. Ce sont en l’occurrence le libéralisme, le socialisme et leurs différentes tendances.

La dépendance est tellement flagrante qu’elle devient absurde  si bien que le régime ivoirien par exemple parle de « libéralisme à visage humain » pour ne pas donner l’impression d’un rattachement grotesque à l’ancienne puissance coloniale, mais surtout pour masquer son oubli total du petit peuple à son triste sort. Pourtant, le fait est que la forte croissance économique dans ce pays ne profite pas aux populations. Seuls les barrons du pouvoir et leurs partisans en tirent les bénéfices, comme pendant la période coloniale quand les richesses des territoires ne revenaient qu’aux maîtres, aux personnalités et assimilés. 

Par ailleurs, socialisme et libéralisme pratiqués en Afrique supposée souveraine virent tranquillement au rattrapage ethnique, au tribalisme, au clientélisme, aux clanismes, autres preuves de l’accaparement des biens par un groupe de privilégiés comme pendant la période coloniale.  

Sur le plan économique, c’est le système économique des colonies qui a cours  dans les États africains dits indépendants. Il s’agit en l’occurrence de la production de matières premières, puis de leur exportation brute vers les anciennes colonies où la transformation de ces produits donnent du travail aux populations, crée plus de richesses et favorise l’autonomisation des personnes. D’illustres présidents africains notamment Houphouët-Boigny grand « planteur de café-cacao » comme il s’identifiait, se sont adonnés à ce système économique, avec évidemment l’effet contraire pour leurs propres populations : limitation des offres d’emploi, paupérisation et impossibilité d’autonomisation des populations ; et par conséquent la dépendance de ces dernières aux détenteurs des richesses qui comme par hasard, à l’image d’Houphouët-Boigny et ses héritiers politiques, sont les autorités politiques des pays dits indépendants.

Sur le plan social, Le système économique coloniale de colonie d’exploitation favorise depuis la colonisation les déplacements et la relocalisation  des populations des zones sahéliennes et de savane vers les régions forestières propices aux cultures de rente (café, cacao, hévéa). L’on assiste donc naturellement au dépeuplement  de la région supposée pauvre du pays, avec pour conséquence un surpeuplement des zones forestières et dans le même temps une surexploitation du patrimoine forestier. Il vas sans dire que celui-ci se raréfie autant que les moyens de subsistance, quand les terroirs des populations autochtones sont sujets à conflit entre celles-ci et celles qui y ont été transportées par le colon avec le travail forcé, puis par les nouvelles autorités politiques affairistes, ou s’y sont installés d’elles-mêmes parce que le système économique n’a pas changé.

La Côte d’Ivoire et sa partie occidentale sont un schéma de toutes ses réalités malveillantes héritées de la colonisation et qui perdurent soixante ans après son indépendance. Elles sont surtout, à l’image de l’exploitation sauvage de la période coloniale,  un obstacle à la quiétude sociale indispensable pour la réhabilitation et la préservation des biens et des ressources environnementales pour les générations futures. Le bien-être de celles-ci est plus que jamais conditionné par autre chose que les fameuses indépendances.

La justice, l’honnêteté et la responsabilisation en lieu et place des indépendances

La justice est la première réalité qu’il faut substituer aux indépendances. Elle se réalise d’abord par un développement équitable sur tout le territoire national. Il s’agit ici de mettre l’accent sur le ressources locales des différentes régions du pays avec le montage des industries qui vont avec. Cette stratégie maintient non seulement les populations dans leurs régions, mais elle favorise aussi l’enrichissement de celles-ci.

Le nord de la Côte d’Ivoire est un exemple de l’exode vers le sud plus riche et les zones qui n’ont plus de forestière que leur passé. La manque d’un grand intérêt pour les potentialités économiques (élevage, culture du coton, de l’anacarde, des produits vivriers et des fruits, etc.) de cette région favorise son dépeuplement et son appauvrissement. Cette négligence a même été un prétexte pour l’insurrection armée du 19 septembre 2002, selon ses auteurs. Ce qui n’a fait qu’empirer la situation de cette partie du pays avec le pillage et la destruction totale du tissus industriel de la ville de Bouaké, centre économique de la moitié nord du pays.

La relance d’une économie qui autonomise les populations implique donc un développement des ressources locales qui ne peut se réaliser qu’avec une recherche poussée. Celle-ci est malheureusement mise à mal, par la vision du gouvernement ivoirien notamment. Ce dernier ferme l’accès aux études supérieurs aux jeunes ivoiriens à travers une augmentation exagérée des coûts d’inscription dans les universités publiques.  Finalement on préfère étrangement à la base faire les poches de ceux qui ne peuvent produire des richesses que par leur rendement plutôt que de les rentabiliser en investissant dans leurs études. Pourtant, sur ce plan Houphouët-Boigny avait tout de même montré la voix. Les auteurs de telles mesures iniques peuvent en témoigner car ils sont ceux là même qui ont bénéficié de la responsabilité de l’État pour ce qui est de leur formation scolaire, universitaire et professionnelle.   

La Justice et le bon sens voudraient que des États qui recherchent une réelle autonomie  assouplissent, sinon prennent en charge l’accès à l’instruction, à la formation et aux études pour éviter à la longue non seulement la réduction de l’offre en mains d’œuvre de qualité et en cerveau pour la recherche, mais aussi pour s’épargner le recours à des missionnaires étrangers pour la formation et le travail comme pendant la période coloniale.   

La justice implique aussi la prise en charge par l’État des soins de santé de l’ensemble de la population, comme il a été le cas pour l’ex premier ministre ivoirien évacué par avion présidentiel en France en pleine crise sanitaire. Il va sans dire qu’à cet effet il est nécessaire de mettre sur pied une prise en charge sociale inclusive et de construire de réelles infrastructures sanitaires performantes. Ces réalisations évitent simplement  une dépendance de l’étranger sur le plan sanitaire, comme il a été donné de voir pour ce qui est du traitement du premier ministre ivoirien et du président de sénat. Ce dernier est actuellement soigné du Covid-19 en Allemagne.

Les États africains, la Côte d’Ivoire en tout cas, disposent bien des fonds pour rendre ainsi justice à leur population soixante ans après les indépendances ; sinon les fortes croissances économiques de ses dix dernières années seraient un pur mensonge, et puis en cette ère de pandémie du Covid-19, le gouvernement ivoirien par exemple n’aurait pas, comme par enchantement, trouvé de l’argent à verser à des familles et des secteurs d’activité pour les aider à supporter les conséquences économique désastreuses de la crise sanitaire.

Il faut juste faire preuve de justice, mais aussi d’honnêteté et mettre les ressources de l’État à la disposition des populations. Jusqu’à preuve du contraire, ce sont elles qui les créent, notamment  les producteurs de café et de cacao de la Côte d’Ivoire, qui malgré leur pauvreté révoltante, subissent de la part de l’État une taxation exorbitante de leur production (20%/kg).  Il est donc nécessaire que les populations profitent des fruits de leur travail pour rompre avec la vision rétrograde des indépendances, relais de l’esprit de domination et d’exploitation de la puissance coloniale.

La responsabilisation, des populations principalement,vient enfin consacrer la véritable souveraineté.  Il s’agit en effet de la capacité des populations, qui connaissent leurs propres besoins, à décider de ce qui est bien et prioritaire pour elles. Des conseils régionaux et des collectivités locales indépendants et équitablement financés sont bien indiqués à cet effet. Ainsi  l’autonomisation ne devrait pas être un mythe pour les régions et les populations qui les composent. Mais, pour cela il faut bien des élections transparentes et un jeu politique responsable et pacifique qui favorisent le débat et évite à des groupuscules de accaparer encore les richesses, comme pendant la période coloniale.

Finalement, 60 ans après, les indépendances africaines sont une autre colonisation qui ne prendra fin qu’avec la justice, l’autonomisation et la responsabilisation des populations.  Seule pourtant un réel activisme de celles-ci leur permettra de jouir de leur droit de disposer d’elles-mêmes et des biens de leur République respective.


Présidentielle ivoirienne : Konan Bédié, candidat malgré lui

La candidature de M. Henri Konan Bédié à la primaire du pdci, en vue d’une éventuelle investiture par son parti pour le représenter à la prochaine élection présidentielle, soulève protestations, indignations et même insultes parmi ses opposants. Or, cette candidature qui n’est même pas encore effective, n’est motivée que par les circonstances.

Manipulation des règles démocratiques

La nouvelle constitution ivoirienne aurait pu être un obstacle à la future candidature de Konan  Bédié. Rien pourtant dans cette constitution ne l’empêche de se présenter à la présidentielle d’octobre prochain. La limite d’âge de 75 ans de l’ancienne loi fondamentale aurait pu l’en écarter, lui qui a 86 ans.  Mais cette mention a été retirée de la nouvelle constitution de 2016 par le régime actuelle qui en a eu l’initiative. Pour qu’elle raison ? Seul Alassane Ouattara le président en activité de la Côte d’Ivoire  qui a promulgué cette constitution et qui, à 75 ans passés (78 ans en 2020), a  longtemps entretenu le mystère au sujet d’un troisième mandat, avant de se désister ‘‘officiellement’’ il y a quelques mois, vus les controverses  que soulevaient ce mandat supplémentaire, peut répondre à cette question. N’empêche que la présente constitution permet la candidature de Konan Bédié. S’en indigner ou s’y opposer d’une façon ou d’une autre est donc lâche, exclusionniste et antidémocratique, trois maux qui sont à la base de la rébellion armée du 19 septembre 2002 .     

Stratégie politique

La candidature de Konan Bédié répond avant tout de la stratégie politique. Ce ne sont pas des cadres beaucoup plus jeunes que lui, et de grande qualité qui plus est qui manquent au pdci*. Et c’est là le problème, pour le pouvoir en  tous cas  qui n’a cessé de harceler les cadres du pdci avec les ‘‘affaires judiciaires’’ avant ou après les récents scrutins.

Les cas d’Akossi Benjo et Jacques Mangoua sont révélateurs de ces complots présumés. Le premier, ancien maire pdci du plateau, est poussé à l’exil au plus fort des dernières élections municipales, puis condamné par contumace à 20 ans de prison.  Le second, dont le malheur semble d’avoir été élu à la tête du conseil régionale de Bouaké qui serait un bastion du régime, a été condamné à 5 ans de prison ferme pour une rocambolesque affaire de possession d’armes et de minutions à son domicile.

Par ailleurs, Guillaume Soro, qui paraît avoir eu insolence de rompre avec le parti au pouvoir et d’annoncer sa  candidature à la présidentielle  subit ce même martyre, lui qui est sur le coup d’un mandat d’arrêt international dont l’objectivité est contesté par la cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Il a aussi dans la foulée été condamné par contumace à 20 ans de prison  par une justice ivoirienne que ses partisans disent aux ordres du régime. Pareil pour Charles Blé Goudé qui ne cache rien de ses ambitions présidentielles, condamné aussi à 20 ans de prison pour des faits dont il a été innocenté à la cpi*. Et que dire du cas Laurent Gbagbo ? Il a été aussi condamné par contumace à 20 ans de prison pour le ‘‘braquage la bceao*’’ lors de la crise post-électorale de 2010, alors que d’autres auteurs de casses des agences de la bceao dans les anciennes zones rebelles et soutiens du régime n’ont jusqu’à présent subi aucune poursuite judiciaire. 

La candidature de Konan Bédié, d’une carrure politique plus imposante que celle de ses jeunes collaborateurs du pdci, auprès duquel même partait prendre conseil Alassane Ouattara à l’époque de leur idylle politique,  vient donc parer à toute velléité de manigance ourdie par le régime actuelle pour empêcher  une candidature pdci à la présidentielle ivoirienne ; cela  au profit du candidat du régime à qui l’actuel chef d’État veut laisser le fauteuil présidentiel en héritage.

Sacrifice

Le fait que la Côte d’Ivoire moderne est tout de même une société patriarcale, le besoin pour l’aîné et chef  du parti, en particulier pour le président  de la République, de laisser un héritage politique à ses fidèles est une réalité, surtout qu’avec l’alternance politique cela est une garantie de sécurité pour ce dernier.  Le chef de l’État actuel en sait quelque chose lui qui a pratiquement imposé son dauphin comme candidat de son parti malgré les protestations d’un rival, Mabri Toikeusse, membre du rhdp* unifié  et qui a depuis été limogé du gouvernement et dont le parti politique (udpci*) est depuis lors aussi dans la tourmente.

Konan Bédié a le  mérite de faire le sacrifice des privilèges que lui offre son âge avancé en ne s’imposant pas. A contrario l’on a pris soin d’épargner  une primaire à d’autres qui ne doivent leur candidature qu’à cause du fait qu’ils sont originaires du nord comme leur parrain de président et font parti du dernier cercle de fidèle de celui-ci. Marcel Amon Tanoh, originaire de l’est  ivoirien, ancien ministre du régime et qui nourrissait des ambitions présidentielles en sait quelque chose.

Il faut rappeler que Konan Bédié n’est que candidat à l’investiture. Rien n’est donc encore décidé avant la primaire du pdci. Ce rien semble pourtant troubler les nuits du régime et ses soutiens occultes qui multiplient injures et mauvaises paroles vis-à-vis de celui que le sacrifice de ses ambitions présidentielles a porté Alassane Ouattara au pouvoir et lui a permis d’avoir un second mandat, avec l’appel de Daoukro.

Héritage politique

De ces deux patriarches de la politique ivoirienne, le Sphinx de Daoukro semble celui qui est bien parti pour laisser un héritage politique à ses jeunes collaborateurs, voire un bien encore plus précieux à la Côte d’Ivoire. Il  considère en effet sa proposition de candidature comme « une mission de salut public », comme il le dit lui-même. Les mots ont tout leur poids quand l’on sait le besoin de réconciliation nationale pour la Côte d’Ivoire depuis 20 ans. Et celui qui n’est ni un extrémiste, encore moins un va-t-en guerre semble le mieux indiqué pour la mener à bien.

Konan Bédié a également le mérite de faire le sacrifice de ses vieux jours en se mettant clairement en avant de ses jeunes et sages collaborateurs pour faire barrage aux mesquineries politiques, plutôt que d’être un président inavoué caché sous la peau d’un dauphin-de-président de la République fantoche. 

En somme, l’on constate simplement, ironie du sort, que les petits calculs politiques du pouvoir ont favorisé la candidature de son plus sérieux opposant présent sur le sol ivoirien : Konan Bédié, un homme d’un certain âge certes, mais dont les actes politiques ont toujours été en faveur de la paix dans son pays. Celui-ci ne peut espérer mieux en vue d’une réelle transition entre l’ancienne génération et la vraie nouvelle génération pour une Côte d’Ivoire plus juste répartissant équitablement ses richesses.

Pdci : parti démocratique de Côte d’Ivoire. Rhdp : rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix. Cpi : cour pénale internationale. Bceao : banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest. Udpci : union des démocrates pour la paix en Côte d’Ivoire


Il est temps que la Côte d’Ivoire change de nom

La Côte d’Ivoire, à l’origine regroupement d’anciens comptoirs français, ancienne colonie française, contrairement à certains territoires voisins, n’a pas changé de nom à l’indépendance. Soixante ans après et dans un contexte mondial de revendication de la considération pour les peuples Noirs (Black Lives Matter), lui-même précédé par le projet de restitution des œuvres d’art africaines par les anciennes puissances coloniales, mais surtout au terme d’un long cycle politique de six décennies, il est temps que la Côte d’Ivoire change de nom et se donne une nouvelle naissance.

Carte de la Côte d’Ivoire, CC Wikipedia

L’exemple instructif des territoires voisins à la Côte d’Ivoire

Les pays voisins à la Côte d’Ivoire, trois en tout cas, ont changé de nom à leur indépendance, rompant ainsi avec des noms tout en anglais ou en français qui entretiennent le flou en donnant l’impression qu’il s’agit de territoires ou de départements des anciennes puissances coloniales. Mais les choix des nouveaux noms de ses pays répondent surtout à la nécessité de faire un avec leur histoire, de se la réapproprier. Ils viennent surtout de la volonté de ces néo-États de s’ouvrir aussi de nouvelles perspectives conformément au passé prestigieux des territoires qui portaient les noms dont ils se baptisés ou qu’ils ont forgé.

Il s’agit d’abord du Ghana, ancien puissant et très structuré empire africain, appelé Gold Coast (Côte d’or) pendant la période coloniale, ensuite le Mali ancien empire également, dénommé Soudan français lors de la domination hexagonale. Le 3ème est le Burkina Faso qui signifie « le pays des hommes intègres » en langues locales, mais auparavant appelé Haute volta avant l’indépendance et même 24 ans  après son acquisition, jusqu’à ce qu’en 1984 Thomas Sankara le change pour un nom authentique. 

Les fortunes diverses aux plans social et politique de ces différents voisins de la Côte d’Ivoire traduisent le fait qu’il ne s’agit pas seulement de changer de nom, mais il faut aussi y mettre une réelle volonté de progrès, comme au Ghana qui semble plus stable politiquement, socialement et économiquement que les autres et de toutes la sous-régions ouest-africaine. Son exemple doit motiver les peuples vivants sur le territoire actuel de la Côte d’Ivoire à changer le nom de leur pays.  

Il faut un nouveau nom qui permette de rompre avec l’esprit de l’ancien comptoir  

L’ancien comptoir est ce lieu où l’on fait encore  uniquement du profit qui est ensuite exporté à l’étranger au lieu d’être investi sur place pour produire plus de richesses au bénéfice du bien-être social.  Depuis la période coloniale jusqu’à maintenant, la Côte d’Ivoire traîne sa nature de colonie d’exploitation, avec les multinationales du cacao, du café et de l’anacarde par exemple.

Cette situation est ancrée dans les habitudes de ce groupement d’anciens comptoirs d’autant plus qu’il a aussi pour exploiteurs ses propres fils et filles ; sinon s’engager en politique ne serait pas un métier et un moyen d’enrichissement dans l’actuelle Côte d’Ivoire. On peut en effet compter sur les doigts d’une main les élus qui ont un métier,  ou qui continuent à exercer leur métier quand ils en ont, pendant l’exercice de leur fonction politique, parce que faire de la politiques y est étrangement un métier. Cela est d’autant plus avéré que dans le temps, les députés ivoiriens avant toute législation, avait négocié de confortables émoluments et salaires avec le gouvernement.

Il faut un nouveau nom qui permette de rompre avec l’esprit d’hypocrisie de la période coloniale

L’esprit d’hypocrisie de la période coloniale se manifeste ainsi : nous savons que nos pratiques, notamment les  détournements, sont immorales, mais nous nous en accommodons parce que nous en profitons et ne sommes pas ceux ou celles qui le subissent. Et l’esprit de l’ancien comptoir fait que nous ne recherchons pas le pouvoir pour l’intérêt général, mais pour les intérêts personnels, et leur corolaire d’exclusion (égocentrisme, tribalisme, ethnocentrisme, régionalisme, clanisme) dans la gestion du pays.

Cet état de fait a pour justes conséquence dans le service de l’État : la gabegie, l’incompétence, le clientélisme, la corruption, les détournements de deniers publics et les transferts de ces fonds à l’étranger, notamment en Occident, où l’argent sale est dissimilé dans l’acquisition de biens. Il n’est par la suite pas surprenant que l’esprit de l’ancien comptoir ressurgisse à travers le cycle infernal des conflits armés, rebellions, coups d’États, complots, manigances et autres  pour réclamer ses droits ou protéger ses gains.  

L’un des aspects dramatiques de l’esprit d’hypocrisie est aussi, pour ceux qui n’ont pas de quoi s’acheter des armes, l’absence de protestations, voir la pratique d’une indifférence générale vis-à-vis des écarts de gouvernance. Cela parce que nous espérons secrètement nous rendre justice par le pillage des ressources de l’État lorsque nous en serons des autorités.

Il faut un nouveau nom qui vient de nos langues locales

Le choix du nouveau nom de la Côte d’Ivoire, à l’image des dénominations de certaines de ses régions (Ghô, Gbêkê, Gbôklé, Iffou, Leboutou, Agneby-Tiassa et autres) doit venir des langues locales.

L’option d’un nouveau nom, uniquement d’une certaine ethnie, pour une communauté nationale qui en compte soixante et des peuples de différentes cultures, peut susciter le mécontentement des autres peuples qui ne se sentiront pas concernés par ce nom qui ne vient pas de leur ethnie.

Il va donc falloir pour le choix du nouveau nom de la Côte d’Ivoire un consensus, au terme d’une large consultation de tous les peuples et communautés qui composent le pays, avec la  contribution des intellectuelles et des linguistes. Mais la stratégie de trouvaille du nom « Burkina Faso » pour l’ancienne Haute Volta, devrait inspirer pour la composition de la nouvelle dénomination  de la Côte d’Ivoire.

Il en va de l’authenticité du nom que les vraies  nouvelles générations de ce territoire réclament désormais pour leur pays de sorte à lui restituer une âme plus digne, digne d’une mère qui n’oublie jamais ses enfants qui lui rendront la pareille en mettant fièrement  leurs talents à son service.


2020 : le temps du Coronavirus ou l’année du singe

La Chine a pour coutume de baptiser un nouvel an sous le signe d’un animal. Avec la pandémie du Covid 19 qui a débuté sur son territoire, l’année 2020 ne semble plus sous celui du Rat elle est simplement sous le signe du Coronavirus. Les mesures-copier-coller de lutte contre la maladie du coronavirus, les imitations serviles et d’autres singeries font de cette ère du Coronavirus l’année du singe sous d’autres cieux.  

Silhouette mignonne de singe. CC publicdomainvectors.org

La persistance dans les erreurs de stratégie de lutte contre la pandémie de Coronavirus

La propagation rapide d’un virus dont on ne sait absolument rien  peut à juste titre entrainer la panique et emmener à prendre des mesures de lutte en se référant à  ceux que l’on pense plus compétents que soi. C’est ainsi que des gouvernements africains ont fait du copier-coller de l’Europe d’abord en confinant leurs concitoyens, avec cependant le risque de les affamer et de tuer le tissus économique, ensuite en tâtonnant aussi dans la mise en pratiques de mesures qui auraient permis de prendre un plus grand avantage sur la propagation de la pandémie à un moment où l’Afrique n’était pas très touchée par celle-ci.

La critique est certes aisée lorsque l’on regarde les choses de loin. Mais elle le devient et se justifie encore plus quand les erreurs qui ont empêché de contenir le virus persistent, notamment par une gestion de crise en singeant toujours l’Europe à un moment pourtant où les cas de contamination ne font qu’augmenter.

Pour une éradication totale du virus, il faut simplement avant tout pouvoir reconnaître ses erreurs pour ensuite amorcer un virage dans la lutte contre le Covid qui va dans le sens des réalités africaines. Ainsi en plus de l’insistance sur une pratique stricte des gestes-barrières à la maladie, il faut aller au contact des foyers avérés ou suspects de contamination pour une réalisation massive de tests. Le porte-à-porte même n’est pas à négliger. Cette contre-offensive qui a fait ses preuves ailleurs est plus avantageuse à l’éradication du Coronavirus que d’attendre des volontaires au test dans des centres de dépistages dont la fréquentation de certains laisse à désirer. Ces structures donnent d’ailleurs moins l’impression d’une réelle volonté d’éradiquer une fois pour toute le Covid-19 que de son institutionnalisation, par exemple en Côte d’Ivoire. Au bénéficie de qui ? Cet autre groupe de singerie, la propagande, les menaces et l’hypocrisie, semble répondre à cette question.   

La propagande, les menaces et l’hypocrisie

La propagande est une spécialité des régimes totalitaires, notamment du parti communiste chinois, afin d’endoctriner les populations en leur faisant par exemple croire qu’ils détiennent  exclusivement la clé de leur bonheur. Ainsi la Chine d’où vient le Coronavirus tente pourtant de faire croire le contraire à son opinion publique en prétendant sur les réseaux sociaux  que le virus a été introduit en Chine par un soldat américain. Elle essaie en outre de masquer ses erreurs au sujet de la gestion de la crise sanitaires dans les débuts de celles-ci (musellement et emprisonnement des lanceurs d’alerte, mensonge sanitaire, riposte tardive), en se faisant distributeur universelle de masques (sic) et exportateur  d’expertise de lutte contre le Covid-19. La Chine enfin dans un livre blanc tire avec hypocrisie la conclusion qu’elle a très bien géré la crise sanitaire du Covid-19. Elle a même fêté sa victoire sur la pandémie lors de l’assemblée générale du parti communiste chinois.

Eh bien, la Chine a tellement bien géré la crise sanitaire, selon la propagande du pc chinois, qu’elle est copiée par les gouvernements africains. En Côte d’Ivoire par exemple, le gouvernement donne étrangement l’impression d’enchaîner succès sur succès sur le Covid-19 alors que les cas de contaminations sont en pleine croissance, et de plus à travers le pays. L’augmentation des contagions n’est selon lui  que le fait de la population qui ne respecte pas  les mesures-barrières. Elle est donc à longueur de journée menacée par les autorités qui lui rappellent que la mise en danger sanitaire est un délit passible d’une amende et d’une peine de prisons.  Or pourtant personne n’ignore que le copinage entre autorités politiques, célébrités et autres personnalités qui est à l’origine du confinement manqué à l’Injs est à la base de la propagation rapide du virus à Abidjan au tout début de la crise sanitaire.

De même l’on est incapable de reconnaître qu’une reprise précipité de l’école est la cause de la propagation du virus hors de ce qu’on appelle le « grand Abidjan ».   Et ces faits, tous semblent l’avoir hypocritement oublié, puisque les responsables de la première incompétence notoires ont été épargnés par les rigueurs de la loi, ou à tout le moins d’une sanction disciplinaire ; et l’erreur d’une reprise désordonnée de l’école n’a jamais été reconnue.

La Chine est un si grand modèle de lutte contre le Covid-19 qu’autant elle se lance des fleurs quant à la  gestion de la crise sanitaire pour faire bonne figure devant sa population, cette maladie est aussi manipulée par les autorités politiques, ivoiriennes notamment, pour  avoir les faveurs des populations à la prochaine élection présidentielle. Ainsi la première dame, le premier ministre, les ministres, en sommes les autorités du régime ivoirien associent leurs noms et leurs images aux dons aux populations liés au Covid-19.

Un groupe d’individus, le parti au pouvoir notamment, à l’image du parti communiste chinois et sa propagande, devient pourtant un faux sauveur de la Côte d’Ivoire contre le Coronavirus, puisque son éradication ne semble plus la priorité ; tout le folklore qui entoure ce mal paraît d’un plus grand intérêt. Quoi de plus normal que la pandémie perdure et se propage. De nouveaux foyers de contaminations sont d’ailleurs découverts dans la grande Chine qui aurait pourtant bien géré la crise sanitaire. On imagine aisément ce qu’il en est chez ses imitateurs.

La singerie malveillante de l’esprit de propagande entraîne à juste titre la méfiance des populations quant à l’existence même du Covid. Ce qui ne fait qu’alimenter le Coronascepticisme, autre caractère de l’année du singe.

Le coronascepticisme

Le coronascepticisme est cette attitude qui consiste à minimiser ou à nier carrément l’existence du Coronavirus. Le président américain, Donald Trump, en est le plus grand adepte malgré les dizaines de milliers de morts que cause ce virus sur son territoire. Il est pourtant honteusement singé dans ce déni par son alter ego, le président brésilien, sur fond de mépris pour les minorités, de racisme et d’un capitalisme fou.

Les populations défavorisées sont malheureusement les principales victimes du Coronascepticisme : les Afro-américains, les indigènes et  les populations des quartiers pauvres des mégalopoles brésiliennes. Des autorités politiques qui se sont faits des fans et imitateurs du déni de Trump ont aussi payé, souvent au prix fort leur singerie du coronascepticisme,  notamment le premier ministre britannique, Boris Johnson, que le Covid n’a heureusement envoyé qu’en soin intensif, Dieu merci il s’en est rétabli. Ça n’a malheureusement pas été le cas de Pierre N’kurunziza qui a vécu dans le déni du Coronavirus, qui serait décédé brutalement d’un arrêt cardiaque, mais que l’on soupçonne d’être mort du Covid-19. 

L’année 2020 ne saurait être plus longtemps celle du singe. Dans cette ère du Coronavirus il faut qu’elle soit simplement celle de l’humilité pour une éradication complète du Covid-19 et un retour à un quotidien moins contraignant, néanmoins plus consciencieux.


La « Covidmanipulation » en Côte d’Ivoire, ou la récupération malveillante d’une crise sanitaire

La Covidmanipulation, comme le nom l’indique, c’est la manipulation liée à la pandémie du Covid-19. Et elle prolifère dans cette obscure période pré-électorale en Côte d’Ivoire. Cela à travers la récupération de dons à la population par des politiques, et l’accaparement par ces derniers d’actions de lutte contre le Coronavirus à des fins politiques.

Corona Coronavirus Covid. CC pixabay.com

L’état des lieux, l’exemple de Bouaké

La deuxième plus grande ville de Côte d’Ivoire est le théâtre des opérations-Covidmanipulation. Des systèmes de lavage des mains, des gels hydroalcooliques et autres, enfin ce qu’il en reste, à disposition dans le centre-ville qui plus est, portent clairement la mention : « Don de Monsieur le ministre Untel ».

La fonction (ministre) du donateur, dans cette notification, ne se prouve pas que cette entreprise ait un but politique, car l’individu peut faire preuve de générosité sans mentionner son titre. À défaut de rester anonyme, son seul état civil suffit, si ce philanthropisme est désintéressé. Il en est de même pour cet autre ministre qui aurait été à l’initiative de la désinfections des lieux de culte et des établissements scolaires de la ville, selon la télé nationale, antenne de Bouaké.  

Le titre des individus ne peut, en revanche, être présent que pour le lancement d’opérations de lutte contre la propagation du coronavirus supervisées par ces ministres au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire ; en somme, s’ils sont officiellement en mission, pour l’État. Dans ce cas, le mentions du type « don ou action de Monsieur le ministre Untel », ne sont pas correctes.

Même celles-ci qu’on pourrait envisager : « Don de l’État de Côte d’Ivoire » ne se justifient que difficilement parce que l’Etat ne ferait que rendre naturellement au contribuable de la ville de Bouaké et au citoyen ivoirien en général ce qu’il lui doit : un devoir de sécurité et de protection. Là où la présence de l’Etat s’explique à peine, ses serviteurs, les ministres, devraient donc souffrir l’effacement ou l’anonymat si leurs actions sont désintéressées ou dénuées de toutes manipulations. Mais comment en seraient-ils capables si cette entreprise malsaine semble être la mode au gouvernement pendant cette ère du Coronavirus. La  Covidmanipulation n’est pourtant pas imparable.

La solution contre la Covidmanipulation  

Les actions en faveur de l’hygiène publique et autres dons liés à la lutte contre le coronavirus devraient simplement porter la mention du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique ou le nom de l’organisme chargé de la riposte contre le Coronavirus.

Le dépouillement des réponses à la crise sanitaire du Covid-19 de toute idée politique est un instrument de communication indéniable dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Il donne en effet plus de crédibilité au combat contre cette pandémie. Il amène en outre les incrédules à croire véritablement à l’existence du coronavirus, car il y a encore des gens qui prétendent qu’en Côte d’Ivoire, il est juste « une invention des politiciens pour faire leur affaire »

Et les manœuvres politiques plus ou moins louches en rapports avec la lutte contre le Covid-19 pérennisent inconsciemment ce genre d’idées dangereuses pour l’éradication rapide et totale du coronavirus en Côte d’Ivoire.

Respectons les mesures barrières contre le Coronavirus, il en va de notre santé et de celle de nos proches.


Covid-19 : attention à une gestion de crise « France-au revoir » en Afrique

La mode en général en Afrique, à l’image de ce qui se passe en Europe, est actuellement au déconfinement et à l’allègement des mesures contre le coronavirus. Il y a près de deux mois, c’était le confinement qui était à la page dans nos pays, comme encore en Europe. À croire que les gouvernements africains, jaloux de leur souveraineté quand il s’agit d’errements politiques, sont pourtant incapables de penser une riposte au Coronavirus en conformité avec les réalités africaines. 

Pandémie du Coronavirus en Afrique. CC wikimedia.org

Un suivisme africain contradictoire et dangereux de l’Europe

L’Europe avait confiné, avec le boom de contaminations chez elle, avant l’Afrique, où les cas n’étaient pas élevés. Elle a suivi, là où il fallait simplement contrôler et mettre en quarantaine les arrivants d’Europe et d’Asie. Mais le copinage est vite passé par là, en Côte d’Ivoire en l’occurrence avec le confinement manqué à L’INJS. En conséquence, au tout début de la crise sanitaire du mois de mars, on est passé de 25 à 73 cas en 3 jours.

L’Europe déconfine actuellement avec la stabilisation et la baisse des contaminations chez elle.  L’Afrique déconfine aussi alors que la propagation du virus n’est pas encore maîtrisée et qu’elle ne dispose pas des moyens technologiques, médicaux et de dépistage comme les anciennes métropoles pour soutenir sa politique de déconfinement. D’ailleurs le pic de contamination n’a pas encore été atteint sous les tropiques, selon le docteur Denis Mukwegue, contrairement à l’Europe où cela semble effectif. Il n’est pas surprenant que les cas de contamination explosent sur le continent, notamment au Ghana qui, à la suite de son déconfinement, est pourtant à plus de 5 000 cas Covid.

La France ouvre à nouveau ses écoles, avec toutefois des restrictions, les parents ont le choix d’y envoyer ou non leurs enfants. L’Afrique ouvre aussi à nouveau ses établissements scolaires. On imagine bien la non préparation et les improvisations que suscite ce suivisme, et partant le danger qu’il représente pour l’ensemble de la société.

Au moment  où les autorités françaises tergiversaient au sujet du port du masque à causes d’un management gouvernemental défaillant, et parce qu’elles n’avaient pas les moyens de s’en fournir, on ne parlait pas de cache-nez dans les pays africains. Pendant ce temps, les cas de contamination y augmentaient. Dès que la France a rendu obligatoire le port du masque, les gouverments africains l’ont imitée. Très bien pour ceux à qui cela pourrait faire plaisir, mais l’anticipation est encore mieux, surtout que pour ce qui est du port systématique du masque, l’exemple chinois était là pour mettre la puce à l’oreille des dirigeants africains et des conseils de gestion de la crise liée au Covid-19 qu’ils ont mis sur pied. 

La France permet le déplacement des personnes dans un rayon de 100 km de leur domicile. L’on n’est donc pas surpris de la lévée actuelle de l’isolement de grands centres urbains en Afrique. Bientôt, ce pourrait être le tour d’Abidjan, qui concentre 98 % des cas de Covid-19 en Côte d’Ivoire, selon le gouvernement ivoirien. Il ne  faudrait pas non plus s’étonner d’une explosion des cas de Covid-19.

La Solution contre le coronavirus en Afrique

La solution Contre le Coronavirus qui s’offre le plus aux autorités africaines en fonction de leurs modestes moyens, en plus d’un stricte respect des mesures-barrières, serait simplement l’anticipation.  Plus clairement, il faut cibler les zones résidentielles, ainsi que les milieux sociaux et professionnels les plus touchés afin d’y réaliser des tests massifs de dépistage pour contenir le virus. La Corée su Sud, modèle de lutte contre le coronavirus, mais où naissent de nouveaux foyers de contaminations, le fait déjà. A moins que les gouvernements du continent noir ne joueraient sournoisement, à l’image de l’Europe, la carte d’une immunité générale de la population, comme l’aurait pressenti l’Organisation Mondiale de la Santé. Dans ce cas, l’Afrique pourraient donner raison à l’OMS et ses prédictions dramatiques sur le continent en terme de décès liés au Covid-19. Elle prévoit près de deux cent mille morts , sur une longue période qui plus est.


Stricte protocole sanitaire pour les catholiques de Côte d’Ivoire à l’ère du Coronavirus

L’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire, après l’allègement par le chef de l’Etat, des mesures contre le Coronavirus autorise à nouveau les messes publiques, deux mois après les avoir interdites.  Mais attention, les célébrations se déroulent selon un Stricte protocole sanitaire, en raison du Covid-19.

La Cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Bouaké, Crédit photo : Christ Koffi
  1. L’exemple de la Cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Bouaké
  • 200 personnes au plus sont autorisées à assiter aux messes.
  • Le port des masques est exigé.
  • Le lavage des mains au savon et à l’eau javélisée est obligatoire avant d’entrer dans l’église.
  • Les bancs ont été sélectionnés par interval. Les places y sont marquées avec des feuilles blanches de sorte que seules 2 ou 3 personnes peuvent s’assoir sur un banc, au lieu de 6 ou 10,  en respectant la distanciation sociale d’au moins un mètre entre individus.
  • Pour la quête, les paniers ne circulent plus dans les rangées. Ce sont plutôt les fidèles qui se déplacent un par un, à interval de temps régulier, vers  les paniers posés sur des chaises à distance raisonnable au pied des marches qui mènent à l’autel.
  • Le serrage des mains lorsque l’on se donne la paix du Christ n’est toujours pas de mise.
  • Désormais pour la communion, finies les longues files, jusqu’aux prêtres,  c’est plutôt eux qui viennent avec l’eucharistie vers les communiants débout, qui la reçoivent dans la main ; interdiction de la poser sur la langue comme par le passé.

2- L’Organisation pratique des messes du samedi soir et du dimanche

Elle s’est opérée en se conformant à l’effectif global de paroissiens que compte la Cathédrale et en fonction du nombre totale de 200 personnes autorisées à se rassembler en respectant la distanciation sociale d’un mètre.

Ainsi les 3000 paroissiens,  selon leur lieu d’habitations pourront assister à l’une des douze messes, de samedi à Dimanche, qui se tiendront sur l’un des quatre sites situés dans tout au plus un rayon de 500 mètres de la Cathédrale.  

Le vicaire de la Cathédrale qui a donné ces informations a beaucoup insisté sur la discipline et le respect stricte des mesures-barrières pour une éradication totale du Corovavirus en Côte d’Ivoire afin que les célabrations des messes soient plus conviviales à l’avenir.


Ça tue pas Africain gros nez

Le « Ça tue pas Africain gros nez », cette expression familière utilisée au quotidien, dans des situations compliquées, par les Africains eux-mêmes, particulièrement en Côte d’Ivoire, pour montrer leur infaillibilité, mais qui cache assez mal leur lâcheté et leur mollesse et pérennise donc bien des maux au propre et au figuré d’une société aux abois, est évoqué dans toute sa réalité dans  cet extrait de son journal intime par cet adolescent ivoirien qui nous replonge par la même occasion au cœur du parler français ivoirien : le Nouchi.

Les congés de fin d’année

Les gens ont fêté 31* (*lexique en fin de texte), congé est gbra*, school a recommencé, mais moi, yè pas pu fraya*  aussi paé actuellement yé suis gbôklô*, man. Depuis une semaine yè pas fangan*.  Moi-même yé peux pas bien broder*, mais comme yé suis habitué et puis yè envie d’écrire là, c’est pour ça yé me force. Le 26, y’a’ais commencé à chier on dirait diable. Yé vomissais aussi on dirait quand mes grandos s’en vont boire blanco* et puis ils sont trop gbé* là. Tout poulet que yè daba* le 25 là, yè même pas eu le temps de digérer ça, yè tout vomi et puis tout chié un coup. Y’étais devenu feuhh*.

Â, le cœur de ma komôte* était mort hè. On m’a bombé* très tôt pour m’envoyer à l’hôpital,  kaba-kaba*. Là-bas, docteur dit c’est les bactéries qui m’ont fait chier con’en. Ma madré pensait que c’était battérie de voiture, elle était gné’gué* et puis son rognon était bien chaud contre moi : « Dabali* de dôme* là suffit pas, c’est batterie, il s’en va  gbô* main’nant », elle a kiaille*. Si docteur n’avait pas gbaé*  là, elle allait même pas sciencer*, elle allait m’engager* pour mettre dessus, hein. Docteur a dit non, elle n’a qu’à blêblê*, c’est pas batterie de voiture, c’est microbe. Si c’était batterie-là, j’allais douffe* très tôt. La komôte*  a compris ; elle avait un peu honte aussi, mais ma santé lui faisait plus mal que la honte. Mes kakolis* en speed   et mes kassements* de tuyaux avaient tué son cœur,  tellement y’étais devenu feuhh, les gens pensaient que y’allais kreuh*.

On dit ya full de gens qui ont douffe, ou bien qui étaient gbôklô*,  les petits bakrômans* là surtout. Moi, mon luck, on m’a vite gnou* pour m’envoyer à l’hôpital, sinon actuellement, peut-être que y’étais en train de brodé à droite de Jésus.

Des môgônis* en béze* ont dit dans journal parlé que c’est choléra qui avait fait sale* comme ça. Ils ont commencé à gbaer que c’est paé Babi* est sale que ya eu maladie là. Nous-mêmes, dans nô quarrer SICOGIE là, l’eau de caca coule jusqu’ennnnnn, personne le calcule aussi,  après l’eau là même a honte et puis ça arrête seul de couler. Mais ça dure avant que ça s’arrête hè. Quand ça coule con’en, devant ya des tanties du quarrer qui vendent gbofloto*,  zéh*, plékéite*, blissi*, bred avec microni, tout ça. Moi-même, mes komôtes vendent à coté aussi. Ya des môgô-malhères* même du quarrer qui alignent briques dedans. Toi, tu veux passer, tu payes grô* (25F), aller, grô, retour. Si tu veux pas payer, c’est que tu ‘as walk dans l’eau de caca là genre Johnny Walker. Lui, c’est le par-te-nai-re d’un de nos vié-pères du quarrer. Il peut gbagboter* Babi*-Korhogo aller-retour, sans yôhi*. Si tu veux pas walk  dans l’eau de caca aussi, et puis tu veux pas payer leur jeton, et puis tu veux pas aller passer ailleurs aussi, donc faut avoir force, fangan, houmien. Mais faut être prêt dèh, paé dans discours* là même dé’à, les noucis* (voyous) là vont te maga*tapé et puis grouper sur toi pour te botter non, tu vas prendre drap que c’est  pour eux que trou de caca là est bouché.

Quand l’eau de caca là coule con’en, les tontons du quarrer vont voir le maire, il n’aquà venir déboucher trou de caca là. Ils disent quand ils arrivent là-bas, Maire là dit, ha, c’est pas lui qui doit faire ça, ils n’onquà aller voir société qui nous gère l’eau là, eux c’est leur bobidjo* qui est là. Quand ils foncent là-bas, les môgôs là aussi disent eux, ça ment trop sur eux paé État n’a pas lah* leur jeton depuis 1900 tchoé tchoé, et puis d’ailleurs, si on regarde bien même, c’est pas eux qui doivent faire ça là aussi. Ils n’onquà aller voir le last-des-maires* de Babi, c’est lui qui gère les ways* con’en. Mais lui-même, tu n’as pas besoin de foncer dans son bureau pour le voir, télévision là, c’est pour eux. Il est dé’a sorti dedans depuiiis pour tchapa* que gnanman-gnanman-salité* qui gbé* Babi, l’eau de caca qui coule, tout ça, lui c’est pas son travail. C’est travail de maire, d’aillère même, ya ministre de gnangnan-gnanman-salité et puis l’eau de caca main’nant. Donc ils n’onquà aller se plaindre  chez ministre là que l’eau de caca et puis gnanman-gnanman-salité a gbé leur quarrer*.

Babi même qui schlengue con’en là, yé sais même pas pourquoi on appelle ça Babi. Les létchois* même qui sont brêzo*  là, ils sont plus clean que les môgô qui disent, eux ils sont des balbis* ou bien des balfaires*, yé sais pas quoi là.

Last-des-maires de Babi là gbaille* encore que, et puis d’aillère même si Babi est sale là, lui, c’est pas sa faute. Quand môgô là gbaille con’en, moi, ça me fait rice* paé si on veut bien voir même, Babi n’a jamais été sale. C’est les môgôs qui disent ils sont à Babi là qui sont sales. Et puis lui, last-des-maires là, lui avec tout son gbonhi*,  tous les dangereux-môgôs* dans pays là qui se blaguent que eux, ils ont jeton là, c’est eux-mêmes les premiers et puis les plus sales même. En plus de ça, ils sont malho* encore pour mettre dessus paé nous, nô facture de l’eau, mes grandos, ça ment sur* eux comment comment, ça là, ils ont toujours payé. Gbofloto*, placali*, piment, blissi*, zé*, APF* (Attiéké Poisson Fumé), tout ça que les komôtes avec les tanties du quarrer là vendent au bord de la route pour avoir un peu de gbringbrins* pour soigner maladie de 10 heures et puis 16 heures de leurs enfants, et puis pour se buy un morceau de fanci là, et puis à cau’ de ça on coupe billets pour leur donner, et puis elles-mêmes, ça ne les enjaille pas mais elles payent jeton de billet là quand même. Et puis yé sais que tous les gens qui sont comme nous là payent leurs factures, et puis les dioulatchès* avec les dioulamoussos* payent leur billet aussi. Donc là là, qui paye pas pour lui, et puis on va dire non, c’est paé ya pas jeton pour rendre le coin pro, clean, que c’est sale con’en ? Eux ils savent ce qu’ils font avec nô jeton là ho. Des  derniers-cris*  de noucis con’en ! C’est pour buy les lasts de kotché* pour  eux et puis leur chrome* (petites amis), et puis comme nous, on est bête là, on va les regarder pour dire : « Tchié, le vié-père là ou bien la vieille-mère là a dékrou*, hein. Il a ça sur lui quoi ! ». Ôpiiiiiiii !, c’est  le vié-père là a krou* le pière*  pour buy voiture tellement c’est un volère houai. Des gnatas* con’en ! Si c’est moi qui avais jeton comme eux là, c’est avion y’allais buy pour aller me fongnon* chez les whaïtis*.

Mais, est-ce que les môgôs-malhères* peuvent buy avion pour aller se fongnon dans pays de whaïtis ? Qui va les calculer là-bas ?  Et puis whaïtis même, ils sont pas dans les mélan’ements*, quèquin qui a jeton un coup con’en là, c’est pas jalousie ho, mais ils vont le faire pot*, et puis ils vont lui demander : « un frère, toi, ti fabriques pas laléh*, ti joues pas ballon, ti vends pas PS, ti n’as pas usine, ti n’est parent de Bill Gate, comment ti as fait pour avoir ton jeton là et puis à cause de ça on peut pas respirer dans pays là ? » Donc c’est mieux, les môgônis vont buy hammer, maybach, pagani zonda, zender, baracouda, tout ça, pour venir grê  ça sur nos routes gbôlô gbôlô* là. Et puis les toho-toho*, ça c’est nous là,  on va être gné’gué*  quand on va les voir. Les gens mêmes n’ont pas honte quoi : eux seuls, ils ont jeton pendant que tous le monde est galère.

D’ailleurs même, ils vont avoir honte pourquoi ? En ce moment, ils n’ont pas volé leur jeton là, ou bien ?  Si ils devaient avoir honte même, c’était au moment où ils volaient ou bien quand ils se jouaient les malhô pour avoir jeton là. Et puis encore si ça ne les gêne pas quand c’est eux seuls qui ont jeton, moi, yé comprends pourquoi. C’est parce que eux, ils marchent entre eux, gens qui ont jeton… Quels gens qui a jeton ? Entre eux volères ouai… Donc comme ils marchent entre eux volère qui ont jeton, ils se disent c’est tout le monde  qui vole et qui a jeton là. Et puis si ils sont en drap*  qu’autour d’eux, ya des gens qui sont quedalleux* là, ils vont calculer ceux là pourquoi ? Parce que c’est jeton qui doit être pour ceux-là même qu’ils ont pris pour remplir leur ventre.

Quand le lasso-des-maires de Babi là a fini de chier pour les tontons du quarrer là, les tontons là disent, eux-mêmes, ils étaient en drap depuis longtemps que bobidjo de môgô là dans pays là, c’est porter béze cafard blanc on dirait les noucis de l’enfer là ; c’est porter aussi chapeau des môgôs de la mafia, et puis attraper canne pour jouer les gourous. Tchourrrrrr, quel bon gourou même ? Un gourou en bois ouai ! Son bobidjo encore, c’est être parrain dans anniversaire des petits gos* et puis dans funest*. Les tontons là  sont  dégba*, ils disent que c’est pas eux ho, les maires là, leur bosse, et puis les ministres là, c’est eux-mêmes les tontons-là leur propre kpakpatoya* qui les fait se promener dans bureau des gens ils ont voté pour  leur gbaer de venir faire travail que eux-mêmes ils avaient promis de faire dans campagne.

Ils disent que Papa Romeo,… les tontons là disent lui qu’ils ont surnommé con’en là, on dit pas son nom dèh, paé son vrai nom là, c’est comme fétiche ; toi ti n’es pas prêt, et puis ti cherches pas palabre, faut pas te tromper pour dire son nom là, en tout cas faut pas te tromper pour dire son nom si tu parles mal de lui ; donc les tontons là disent que Papa Roméo a créé poste de lasso des maires de Babi et puis de ministre de gnanman-gnanman-salité* et puis l’eau de caca là cadeau pour ses bons petit, sinon eux, ils comprennent pas,  des gens  qui font pas leur travail comme ça là,  Papa Romeo peut pas le gbra*  même. On sait jamais, peut-être eux, ils cherchent femme pour lui waha, on sait pas.

Parmi les tontons là, ya n’en qui sont en boule. Ça chauffe tellement leur cœur que ils  sont djaouli* pour aller organiser marche en bas de fenêtre de Papa Romeo pour aller chier pour lui un peu. Mais les autres tontons soyés* là, les distra’ères* là, ceux qui aiment affaire de Papa Romeo avec son gbonhi* là, les plai’entin con ‘en, ils disent que c’est pas la peine, que souffrance là, eux-mêmes, ils sont habitués à ça depuis avant avant, donc c’est pas marche qui va changer quelque chose ; C’est mieux ils vont rester au quarrer pour jouer dame que d’aller gbagboter* kdo et puis on va les gazer, et puis les battrer ou bien les matterrazi pour mettre dessus.  Et puis ils terminent en disant : « D’aillère même, l’eau de caca, salité, tout ça là, ça tue pas Africain gros nez ! »

Eux, ce qu’ils savent pas, c’est que Africain là, c’est pas gros nez, chez Blanc même ya gros nez.  Mais Africain là, c’est son mind façon là qui fait et puis on l’appelle Africain gros nez. À  cau’ de ça même parmi Blanc même là, ya Africain gros nez aussi. Donc les tontons soyé là disent à la fin que l’eau de caca, saleté, tout ça là, ça tue pas Africain gros nez ho ! C’est dans ça aussi on est main’nant là, ya des gens qui ont kreuh* cadeau.

 

Lexique

31 (Saint Sylvestre)

gbra  (fini)

fraya (partir)

gbôklô (souffrant)

yè pas fangan (suis fable)

broder (écrire)

blanco (bangui)

sont trop gbé (saoulés)

daba (mangé)

feuhh(faible).

komôte (mère)

bombé (saisi)

kaba-kaba (dare-dare).

était gnégué (étonné)

Dabali (nourriture)

dôme (maison)

gbô (manger)

kiaille (crier)

gbaé (parlé)

sciencer (réfléchir)

engager (gifler)

blêbê (doucement),

douffe (rendre l’âme)

komôte (mère)

Kakolis en speed (diarrhées)

kassements de tuyaux (vomissements)

kreuh (mourir).

gbôklô (malade),

bakrômans (enfants de la rue)

gnou (pris)

môgônis (gens) béze (veste)

faire sale (faire des dégâts)

gbofloto (beignets),

zéh (attièké),

plékéite (placali),

blissi (banane braisé),

môgô-malhères (voyou)

grô (25F)

Babi (Abidjan)

gbagboter (marcher)

sans yôhi (sans férir).

discours (discussion)

noucis (voyous)

maga (surprendre)

bobidjo (tâche)

lah (payer)

last-des-maires (le gouverneur)

Babi (Abidjan),

ways (affaires)

tchapa (baragouiner)

gnanman-gnanman saleté (ordure)

gbé (encombre)

létchois (villageois)

brêzo (« civilisé »)

balbis, balfaires (frimeurs),

dangereux-môgôs (autorité)

gbaille (dire)

rice ((rire)

malho (malhonnête)

mentir sur (broyer du noir)

APF (Attiéké Poisson Fumé)

gbringbrins (argent)

dioulatchès (commerçant)

dioulamoussos (commmerçantes)

derniers-cris (les plus grands)

chromes (petites amis),

dékrou (faire un grand achat)

krou (détourné, caché)

le pière (argent)

gnatas (idiots)

fongnon (frimer)

whaïtis (Blancs).

mélan’ements (contradictions),

faire pot (assoir)

laléh (téléphone portable)

grê (rouler)

gbôlô-gbôlô (défoncé)

toho-toho (bêta),

gné’gué (émerveillé)

en drap (savoir)

quedalleux (pauvre)

petits gos (copines)

funest (funéraille).

dégba (déçus),

kpakpato-ya (commérage)

gbaer (dire)

gbra (virer)

djaouli (motivés)

soyé (traitres, lâches)

distra’ères (plaisantins)

gbonhi(clan)