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Journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire : l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké propose une démarche en trois étapes pour prévenir et construire la paix

Le 15 novembre est institué depuis 26 ans journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire. En cette journée fériée, chômée et payée, l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire célèbre des messes sur les paroisses pour prier pour la paix sur le territoire national et dans le monde. C’est dans cette même veine que, ce 15 novembre, une messe présidée par l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké, Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a été célébrée à la Cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de ladite ville. Les autorités politiques, militaires, administratives, religieuses et coutumières de la région, ainsi que des activistes de la paix sociale, comme des fidèles d’autres confessions religieuses de la région étaient présents à cette célébration eucharistique avec les fidèles catholiques.



Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a, de prime abord, dans son homélie, salué et remercié les différentes composantes de l’auguste assemblée pour leur présence à cette célébration eucharistique pour la paix en Côte d’Ivoire.

Il s’est ensuite réjoui de l’aubaine de cette journée qui invite à  : « Prier pour la paix, nous souvenir et interroger notre histoire en vue de prendre les dispositions nécessaires pour continuer à consolider et construire la paix entre les habitants de notre pays ».    

L’évêque auxiliaire de Bouaké a par la suite clairement établi une distinction entre la paix des hommes, une paix fragile conditionnée par des intérêts personnels, partisans, parfois mesquins et la paix qui provient de Dieu selon la promesse du Christ au chapitre 14 de l’évangile de saint Jean.

La paix de Dieu, selon l’évêque, est une paix gratuite, sans condition, sans calcul et repose sur le principe universel de l’amour. C’est, le rappelle le prélat, cette paix que toute l’assemblée est venu recherchée à la célébration eucharistique. Il faut donc prier pour que celle-ci habite les cœurs de chaque individu, les familles, les communautés et le pays, a-t-il exhorté.

La paix qui provient de Dieu demande en revanche, comme en témoigne le passé récent de la Côte d’Ivoire, beaucoup de sacrifices, a reconnu Msgr Jacques Assanvo Ahiwa. En considérant les souffrances qu’engendre la guerre dans la sous-région et à travers le monde, aucun sacrifice ne devrait pourtant selon lui être de trop pour y arriver ; surtout que, comme a-t-il rappelé à l’auguste assemblée, Dieu n’a pas créé le monde pour la guerre, il n’a pas non plus créé l’homme pour vivre dans la discorde, dans l’inimitié, dans l’inquiétude du lendemain.

L’évêque auxiliaire de Bouaké a, par conséquent dans la foulé, et en s’appuyant sur la parole de Dieu du jour, proposé une démarche en trois étapes pour travailler à satisfaire le désire de paix et construire celle-ci.

Dans un premier temps il s’agit pour lui d’examiner sa conscience en vue de se connaître. Il faut dans un deuxième temps selon lui adopter de bonnes attitudes et habitudes pour la cohésion sociale. Zachée, dont l’histoire est rapportée dans l’évangile de Luc, s’offre enfin dans un troisième temps comme un modèle pour construire la paix, selon l’enseignement de Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa. 

  • L’examen de conscience  

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa  adopte cette première méthode pour aboutir à la paix à partir de la première lecture tirée du livre de l’Apocalypse (Apocalypse 3 1–6, 14–22). Le Seigneur, selon les explications de l’évêque, y fait d’abord un examen de conscience des communautés de Sades et Laodicée, Dieu relève leurs acquis et dévoile les défauts qui les ont éloignés de lui.

L’appel que le Seigneur lance ensuite à la vigilance et à la conversion des communautés de Sades et Laodicée qui se sont éloignées de ses enseignements et qui, pour cette raison, n’ont plus droit que leur nom soient inscrits dans le livre de vie, encore moins de siéger à la droite du Père dans le trône divin, devrait servir d’exemple à chaque individu pour son examen de conscience personnel, selon le président de la célébration.

Dans le contexte de la recherche de la paix, Chaque individu, chaque famille, chaque communauté devrait, selon le président de la célébration du jour, en se référant à son histoire personnelle, dans ses rapports avec l’autre et avec Dieu, se poser des questions sur les porales, qu’il ou qu’elle a émises, les actions qu’il ou qu’elle a menées qui vont contre la paix ou qui sont pour la paix, chacun connaissant ses actions pour ou contre la paix. C’est un examen de conscience s’il est fait dans la vérité et en toute sincérité du cœur aboutit absolument, selon Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, à la prise de conscience en vue de la conversion pour aboutir aux comportement nouveaux et aux attitudes inspirées par Dieu en faveur de la paix.  

  • Les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix.

Le président de la célébration du jour a déterminé les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix à partir du psaume du jour, le Psaume 14 (15). Il est parti de la question du psalmiste au Seigneur de savoir qui est digne de séjourner dans sa tente, de se tenir à sa présence. La réponse de Dieu : « Celui qui se conduit parfaitement, aspire à la justice et dit la vérité selon son cœur ; met un frein à sa langue et ne fait pas du tort et n’outrage pas son prochain », comporte selon Msgr Jacques Assonvo Ahiwa des dispositions qui invitent l’individu à la bonne conduite, à la pratique de la justice, à l’amour de la vérité, à la sincérité des rapports entre personnes. Ces dispositions ayant leur enracinement dans le cœur de l’homme, dans la conscience de l’homme, qui elle-même est l’œil de Dieu en l’homme, selon le prélat (c’est Dieu qui en nous nous dit ceci est bien ou ceci est mal) … ces dispositions créent donc une relation honnête avec Dieu ainsi que la cohésion sociale.

L’évêque paraphrase le psaume 14 pour déterminer d’autres attitudes pour aboutir à la paix. Ce sont : Ne pas faire de tort à son frère ; ne pas outrager son prochain ou ne le pas calomnier ; éviter tout ce qui peut nuire à l’intégrité physique et morale de son prochain.

Ces recommandations qui sortent de la bouche de Dieu sont indispensables à construire et à entretenir la paix, selon le président de la célébration.

Une attitude contraire à ces exhortations éloigne selon lui, non seulement de Dieu, mais aussi des autres membres de la communauté et de la société toute entière. Pour vivre en paix, l’évêque a donc invité l’assemblée à adopter des comportements nouveaux, solidement enracinés dans l’amour, dans la justice, dans le respect de l’autre. Et un exemple vivant est donné, selon Msgr Jacques, à travers Zachée dans l’évangile du jour (Luc 19 1-10).

  • Zachée comme un modèle de justice et de paix

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a, pour illustrer le modèle Zachée à travers l’évangile de Luc, d’abord invité l’assemblée à prêter attention à la grande volonté de Zachée de rencontrer Jésus. Les handicaps de Zachée, la foule nombreuse et sa petite taille, ne le découragent pourtant pas à vouloir rencontrer coûte que coûte Jésus, selon le président de la célébration, si bien qu’il monte sur un arbre et est vu de Jésus.

Pour le prélat, la rencontre de Zachée avec le Seigneur provoque dans le cœur de cet homme qui a mauvaise presse à Jéricho, parce que collecteur d’impôts, une remise en cause, un mouvement de conversion profonde et radicale. Lui, le pécheur public est complètement bouleversé selon l’analyse de l’évêque ; lorsque Jésus entre dans sa maison, la transformation s’opère en Zachée qui décide devant le Seigneur de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre quatre fois plus au personnes qu’il avait spoliées.

La décision de Zachée de dédommager ses victimes est pour l’évêque auxiliaire de Bouaké un acte de justice rendue aux personnes qu’il avait offensé, qu’il avait spolié de leur bien.  En réparant ses torts, Zachée, selon les explications de Msgr Jacques Assanvo Ahiwa, guérit des blessures causées par ses actes, dans le cœur et dans la vie de ses compatriotes, il apaise les cœurs et rétablit des relations apaisées avec son entourage ; lui naguère infréquentable est redevenu fréquentable.

Le président de la célébration tire la conclusion que par ses engagements, Zachée instaure la paix : il fait la paix avec lui-même, avec son prochain et avec Dieu. Son salut, est donc signifié dans cette paix retrouvée si bien que pour l’évêque auxiliaire de Bouaké, le Christ apprend à l’homme à travers la conversion de Zachée que le salut que l’on recherche se trouve dans la construction de la justice et de la paix.

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a définitivement terminé son homélie sur cette prière : « Que l’exemple de Zachée nous inspire pour que nous fassions la paix autour de nous, en semant la justice, en suivant les traces de cet homme idéal retracé par le Seigneur dans le psaume 14. Que Dieu nous aide sur ce chemin pour construire une paix durable entre nous ».

Quelques autorités politiques, administratives et religieuse de la région de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

L’on ose espérer que les démarches proposées par Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa pour prévenir et construire la paix, ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds, tant au niveaux des autorités politiques, militaires, administratives et religieuses qu’au niveau des citoyens lambda.

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Auteur·e

revedehaut

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