N'Guessan Jean Christ Koffi

Pas de spectacle en Côte d’Ivoire en 2015 (I)

Un éléphant charge une giraffe dans la savane africaine via wikipedia.org cc
Un éléphant charge une giraffe dans la savane africaine via wikimedia.org cc

Qui a dit que faire de la politique en Côte d’Ivoire, c’est se donner en spectacle ? D’ailleurs, les rideaux n’ont jamais été levés, la scène n’a jamais été mise, de comédiens même, il n’en existe pas, alors comment un spectacle pourrait-il encore avoir lieu en Côte d’Ivoire en cette année d’élection ?

Moi non plus, je ne dis pas que faire de la politique en Côte d‘Ivoire, c’est pareil à faire du théâtre. D’ailleurs, au PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), on refuse de se donner en spectacle. La preuve, on s’accuse mutuellement de « frondeurs », voire de « rebelle ». Les 4 cadres du PDCI opposés à l’appel de Daoukro et candidat à la candidature à la présidentielle d’octobre 2015 en Côte d’Ivoire sont traités de « frondeurs » par le président Bédié. Ces 4, que sont Essy Amara, Charles Konan Banny, Jérôme Brou Kablan et Kouadio Konan Bertin (alias KKB), sont aussi traités de la sorte par les partisans de la candidature unique du président Alassane Ouattara. Ces derniers, que les journaux proche du RDR (Rassemblement Des Républicains, parti d’Alassane Ouattara) qualifient de « bande des 4 » traitent à leur tour Konan Bédié d’autocrate :

« L’appel, affirme Jérôme Brou Kablan sur RFI, nous croyons que c’est un appel qui ressemble à un diktat parce que émanant de quelqu’un qui, un jour, est tombé dans les pratiques autocratiques. C’est ça qui nous a révoltés. S’il y a rébellion, s’il y a une faute, il faut bien être clair et précis pour dire c’est Bédié et ceux qui le cautionnent qui sont les frondeurs ».

Avec cela, qui peut encore affirmer que les cadres du PDCI se donnent en spectacle ?

Mais comment ces personnages sont-ils arrivés à ne pas se donner en spectacle ? Tout a commencé par l’appel de Daoukro. Cet appel, à lui tout seul, résume le fait que la politique en Côte d’Ivoire n’a jamais été un spectacle.

Petit rappel : Appel de Daoukro : affirmation du président Konan Bédié (président du PDCI) de faire d’Alassane Ouattara (appartenant au RDR), le candidat du PDCI à l’élection présidentielle de 2015. Pourtant, deux ans auparavant, un précédent congrès du PDCI avait décidé que ce parti aurait un candidat aux élections de 2015. Les partisans de l’appel de Daoukro le justifient par la nécessité de préserver la paix en Côte d’Ivoire.

Petit retour dans le passé pour expliquer cette idée : souvenons-nous l’élection présidentielle tumultueuse de 2010. Elle avait opposée au deuxième tour Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara et s’était prolongée dans une éprouvante crise post électorale.

Pour revenir à l’appel de Daoukro, on est tenté de se demander d’où vient le risque qu’une élection ouverte, sans a priori le principal opposant Laurent Gbagbo, entrainera la guerre en Côte d’Ivoire ? Seul le président du PDCI pourra répondre à cette question, lui qui a muri tout seul et lancé l’appel de Daoukro. Mais les Ivoiriens ne sont pas dupes car l’histoire risque de se répéter dans leur pays. La démission du président du conseil constitutionnel à quelques mois des élections en est un signe.

En Côte d’Ivoire, ça spécule au sujet de la raison de cette démission. Pour certains, elle serait dû à un forcing du président de la République en vue de sa réélection, pour d’autres par contre, et à travers un véritable voyage dans l’esprit du président du conseil constitutionnel, c’est plutôt par orgueil que ce dernier a  démissionné après avoir été mis en minorité dans un débat au sein de l’institution qu’il dirigeait.

Dans tous les cas ça spécule au sujet des raisons de cette démission. Mais quelle qu’en soit les causes, c’est le symbole même de cette démission qui est plus parlant. On peut même n’accorder aucune importance à ce symbole car  par rapport à celui-ci  un autre symbole est encore plus significatif. Il s’agit de la nomination par le président de la République d’un de ses proches  à la tête de cette institution en remplacement au président démissionnaire.

Souvenons-nous,  avant les élections présidentielles de 2010 en Côte d’Ivoire, soit en 2009, le président de la République d’alors avait profité de la fin du mandat du président du conseil constitutionnel pour nommer à ce poste l’un de ses proches, M. Paul Yao-N’dré. Et le résultat de cette stradégie politique, on le sait : d’abord, une véritable comédie : les partisans de La Majorité Présidentielle empêchent la proclamation des résultats des élections présidentielles du second tour devant les cameras du monde entier, le président du conseil constitutionnel annule des résultats et annonce vainqueur de ces élections le président de la République sortant, son proche, alors que le président de la CEI (commission électorale indépendante) annonce vainqueur des élections, l’adversaire du président sortant. A cette grande comédie, suit une véritable tragédie : 3000 morts officiellement.

Mais au fait, je me rends compte que j’ai fait de la contrevérité dans ce petit souvenir car tous ces événements n’ont jamais été de la comédie, les politiciens ivoiriens ne sont pas des plaisantins. Cette succession d’événements a simplement été le résultat d’une réelle performance politique de nos politiciens. Voilà tout. Vive donc nos politiciens !

Revenons en 2015. Le président du conseil constitutionnel démissionnaire a été remplacé à son poste par M. Mamadou Koné, C’est un grand juriste, comme M. Paul Yao N’dré en son temps. Le nouveau président du conseil constitutionnel fait cependant partie de la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire : le RHDP (le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix). M. Paul Yao N’dré, lui, à l’époque, était aussi membre du parti politique au pouvoir d’alors.

Je ne dis pas qu’il y a un nouveau recommencement ou une re-parfaite répartition des rôles pour que l’histoire se répète en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, la politique en Côte d’Ivoire n’est pas un spectacle. Et puis, nos politiciens ne sont pas des comédiens. Mais, en se référant simplement au brillantissime passé politique de notre pays, on peut tout de même aisément imaginer la suite du film.

On peut par la même occasion percevoir qu’à travers son appel lancé avant la démission du président du conseil constitutionnel, le président Henri Konan Bédié, loin d’être un comédien, est un véritable visionnaire. Comme on le dit en Côte d’Ivoire : « Il a vu dans le film ». Et la suite des événements pourraient lui donner raison. D’où l’appel de Daoukro, censé justement ne pas lui donner raison. Autrement dit, grâce à son appel, la président Bédié évitera une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire. Vive donc le président Bédié !

Le président Henri Konan Bédié fait donc preuve de prudence à travers son appel. Mais un proverbe baoulé dit : « Être prudent ne signifie pas avoir peur ».

Si préserver la paix, ce n’est pas avoir peur de la guerre, alors l’appel de Daoukro censé justement garantir cette paix ne serait que de la pure comédie. Mais l’appel de Daoukro, ce n’est pas de l’amusement, c’est du sérieux.

Grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire aura la paix pour toujours. La preuve, il n’a jamais créé de dissensions au sein du PDCI car il a favorisé le rassemblement de Essy Amara, Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et Jérôme Kablan Brou et de tous leurs soutiens autour du président Bédié.

Grâce à cet appel, le président du conseil constitutionnel n’a jamais démissionné ; grâce à cet appel, un proche des autorités actuelles n’a jamais été nommé président du conseil constitutionnel ;

grâce à cet appel, le président de la République n’est pas soupçonné de vouloir tripatouiller la constitution ivoirienne en  modifiant l’article 35 de la constitution qui, selon ses opposants, pourrait l’empêcher de briguer un nouveau mandat présidentielle ;

grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire n’est pas retournée 30 ans en arrière, au temps du parti unique ;

grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire ne se donnera pas en spectacle devant les cameras du monde entier lors des élections de cette année ;

grâce à cet appel, il n’y aura pas d’autres 3000 morts ;

grâce à cet appel, justice sera rendu à tous ces morts, même au personnes tuées avant ;

grâce à lui, les anciens combattants seront tous désarmés et réinsérés ; grâce à cet appel, les soldats ne se soulèverons plus ;

grâce à cet appel, il n’y aura plus de corruption en Côte d’Ivoire ;

grâce à cet appel, l’indice de la pauvreté baissera en Côte d’Ivoire ;

grâce à cet appel, les jeunes gens de Côte d’Ivoire ne seront pas désœuvrés ;

grâce à cet appel, règnera la liberté d’expression dans notre pays ;

oui, grâce à l’appel de Daoukro, les cadres intègres de l’administration ivoirienne, comme Madame Evelyne Yapo, ex directrice de l’École Nationale d’Administration, ne seront pas limogés.

L’appel de Daoukro, à lui tout seul, n’apporte que grâces à la Côte d’Ivoire. Par conséquent, la politique aussi. Avec cela, qui peut encore prétendre que faire de la politique en Côte d’Ivoire, ce n’est rien d’autre que se donner en spectacle ?

Donc, cette année encore, on ne lèvera pas les rideaux dans mon pays. Il n’y aura pas de spectacle. Cependant, des personnes y ont choisi de faire les 1000 Ave Maria ou de méditer le chapelet du Crucifié. Cela, pour la simple raison que la danse d’un seul éléphant euphorique pourrait faire au moins autant de dégâts que le combat de deux éléphants en furie …


Le vélo en Côte d’Ivoire

Usager du vélo à Abidjan "Crédit photo : Christ Koffi
Usager du vélo à Abidjan « Crédit photo : Christ Koffi »

En Côte d’Ivoire, il y a des engins motorisés (motos et voitures) partout. Posséder un de ces engins est un signe de réussite sociale et suscite l’envie. Néanmoins, on peut aussi y voir des vélos. Dans mon pays, être derrière le guidon d’un vélo n’est pas aussi bien vu que d’être au volant d’une voiture. Les usagers du vélo sont pourtant fiers de leur engin car il leur rend divers services. Pour certains, il est le résultat de grands efforts. Pour d’autres, il est une garantie de bien-être. Pour d’autres encore, il représente toute leur vie. Mais dans l’ensemble, l’histoire de son développement en Côte d’Ivoire est liée aux politiques de développement adoptées par le pays au lendemain de son indépendance. Il est désormais si ancré dans nos mœurs qu’il inspire même certains artistes ivoiriens.

  •  Brève histoire du vélo en Côte d’Ivoire

Nêguêsoh : c’est ainsi que l’on appelle le vélo en Malinké ou en Dioula. Cette langue est parlée par les populations du nord de la Côte d’Ivoire. Mais, littéralement, nêguêsoh se traduit par « cheval de fer ». Pour comprendre ce qu’est le vélo pour un Ivoirien, il faut savoir ce qu’a été le cheval dans l’histoire des Malinké. Ce peuple se situe dans la haute Côte d’Ivoire, dans une zone sahélienne et de savane. Jadis, le cheval était, par rapport au mulet, le seul moyen rapide de locomotion. Il était un signe de richesse et de pouvoir car seuls les riches commerçants et les aristocrates pouvaient se l’offrir.
Avec la colonisation, est arrivé en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, un nouveau moyen de locomotion. Il est essentiellement réservé à l’administration coloniale, aux Garde-cercles en particulier. Il n’est certes pas aussi rapide que le cheval, il lui est d’ailleurs très différent puisqu’il est en fer. Mais il se monte comme un cheval : c’est le cheval de fer, Nêguêsoh ou vélo.

Après les indépendances et avec la modernité, le vélo se démocratise. Les populations du Sahel et de la savane ivoirienne peuvent l’utiliser comme moyen de locomotion en lieu et place de leurs pieds ou du cheval (accessible qu’aux riches).

A l’origine, c’est dans cet espace peu développé que le vélo était le plus utilisé pour se rendre aux champs, envoyer les femmes travailler à l’hôpital ou pour vaquer simplement à ses occupations. Aujourd’hui encore, il sert à cela dans certaines zones rurales enclavées du pays.

Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, les autorités ivoiriennes se lancent dans une intense politique agricole. Elles encouragent le travail de la terre. Les populations du nord du pays (région de savane) sont donc encouragées à « migrer » vers les zones forestières du centre, puis au fil du temps, vers le sud du pays, où les terres sont plus fertiles et plus propice à la culture du café et du cacao. Ces populations, réputées travailleuses, se déplacent en masse vers ces régions avec leurs habitudes, dont le vélo.

Il faut aussi préciser que la culture du vélo dans la zone forestière s’est accrue avec l’arrivée des saisonniers burkinabès en Côte d’Ivoire dans la même période et jusqu’à ce jour. Le peuple sahélien, immigré et pauvre, n’ayant pour moyen de locomotion que le vélo, a transmis cette habitude aux Ivoiriens de la zone forestière. Ces derniers l’ont adopté.

En faisant l’historique du vélo en Côte d’Ivoire, ma propre histoire avec le vélo me vient frénétiquement à l’esprit. Cette histoire enveloppe également ma conception de ce merveilleux engin qui a animé mon enfance.

  • Le vélo pour moi

Enfant, le vélo constituait pour moi un rêve. Je me souviens lorsque, enfant, pendant la période de la Noël, je passais des heures et des heures à faire les vitrines des commerces où les vélos étaient exposés. Je contemplais ces engins et m’imaginais en avoir un. Je comparais les modèles. Mais ce que je comparais le plus c’était les prix. Je me rendais par la suite compte que les jetons que je recevais pour me rendre à l’école, et que je mettais de côté, ne pourraient jamais m’acheter un vélo. Je me consolais donc en utilisant cette petite économie pour m’acheter une glace, un biscuit ou un chocolat.

  • Mon apprentissage du vélo : une véritable aventure

Je n’ai jamais possédé de vélo, mais je sais monter à vélo. L’apprentissage ne fut pas facile. J’en garde encore de bons souvenirs et les cicatrices aussi, aux genoux.
Notre apprentissage du vélo, nous l’avons effectué entre enfants du même âge sur les mêmes vélos. Que n’avons-nous pas fait pour pouvoir monter à vélo ? Nous mettions de côté notre amour propre pour bénéficier de temps en temps d’un tour de vélo offert par les camarades de jeux qui en possédaient. Mais la plupart du temps, nous montions sur « notre propre vélo ». Ces vélos si particuliers n’avaient de vélo que les guidons et les pneus. Ils n’avaient pas de chaînes. Ces vélos étaient de vieux engins que des parents oubliaient sur la toiture de leur maison, et que, entre enfants, nous nous organisions pour récupérer.
Il fallait le voir pour le croire, c’était de véritables expéditions. « Nos vélos », on allait les récupérer à l’heure de la sieste, au moment où ça dormait dans la maison sur laquelle se trouvait le vélo. Mais à cette heure là, ça dormait aussi dans le quartier, un quartier aux maisons en bandes et où les moindres faits et gestes passaient difficilement inaperçus.

Pendant cette expédition, les plus jeunes, dont je faisais d’abord partie, montaient la garde au cas où. Alors que, pieds nus et sur la tôle chaude, le plus grand du groupe allait habilement prendre le vélo. Par la suite, j’ai dû aussi monter sur des toitures pendant que d’autres montaient la garde.

Vous devez certainement vous demander pourquoi on ne demandait pas aux propriétaires, ils auraient pu nous donner ces vélos. On ne se risquait pas à leur demander car on connaissait assez leur tempérament et leur réputation dans le quartier pour deviner leur réponse d’avance. Et puis, ils prendraient l’école comme prétexte pour donner une réponse négative. Mais au fond, enfants, nous étions très intrépides.

On prenait donc nos responsabilités car on voulait faire du vélo comme les autres enfants du quartier, dont les parents étaient assez nantis pour leur offrir un nouveau vélo tous les Noël. Soit dit en passant, des promesses de faire cadeau d’un vélo, on en recevait de nos parents. Mais, ils conditionnaient chaque fois cet envié cadeau par de bons résultats scolaires, alors que nous ne faisions que nous améliorer à l’école.

Finalement, Nous avions compris que la perpétuelle promesse du vélo était pour nous motiver à l’école. On a fini par ne plus évoquer cette question quand nous avons remarqué, ici et là, sur des toitures, des vélos.

« Notre vélo », nous le montions à tour de rôle et en se poussant également à tour de rôle. Mais, on les montait généralement sur des descentes. Et, bonjour les petits accidents car ces vélos étaient également sans freins.

Finalement, de mon apprentissage du vélo je garde des souvenirs d’intrépidité, d’organisation, de solidarité, de ténacité. Naturellement, j’en garde aussi les cicatrices aux genoux. Mais elles ont toujours été pour moi une fierté.

Actuellement, je ne possède pas de vélo, mais lorsque j’en aurai les moyens j’en achèterai. J’en achèterai en souvenir des merveilleux moments que j’ai passé avec les enfants de mon âge autour d’un vélo endommagé, mais auquel nous arrivions à donner une seconde vie. Enfin, plus de vie, car après avoir soigneusement utilisé ce vélo à l’origine usé, nous nous servions des rayons et de la chambre à air pour fabriquer des pétards ou des voitures de fil de fer. La gente, elle, devenait un cerceau que nous roulions comme une voiture.

Finalement, je me dis que le vélo, c’est mon histoire. C’est une partie de mon âme car il m’a permis de développer des qualités dont je me sers aisément au quotidien dans mes études, comme dans la vie courante.

  • Représentation sociale du vélo en Côte d’Ivoire

A cause de son histoire, le vélo  est identifié aux peuples qui travaillent la terre en Côte d’Ivoire. Ce sont en particulier les Baoulé (populations de la savane, du centre de la Côte d’Ivoire), les Sénoufo (population de la haute Côte d’Ivoire) et les travailleurs saisonniers Burkinabès. C’est ainsi que le vélo a inspiré les artistes ivoiriens.

En mimant les mouvements du corps sur le vélo, ces derniers créent, à la fin des années 2000, une danse appélée Kpangô (vélo en langue Baoulé). Le kpangô se danse, évidemment sans vélo. Il se danse debout, mais en faisant avec les hanches et les mains les mouvements d’une personne en train de pédaler à vélo.
L’on pourrait penser que, par la danse, le vélo a atteint le monde urbain de la Côte d’Ivoire, mais il y était depuis bien longtemps.

Vendeur de vin de palme "Crédit photo : Christ Koffi"
Vendeur de vin de palme « Crédit photo : Christ Koffi »
  • Le vélo et la ville
Cycliste abidjanais du samedi "Credit photo : Christ Koffi"
Cycliste abidjanais du samedi « Credit photo : Christ Koffi »

Il est utilisé en ville comme moyen de locomotion pour se rendre à l’école. Et, à cet effet, le modèle le plus utilisé par les lycéens ivoiriens est un vélo de fabrication locale appelé Babanicongo. Ce terme vient du Malinké et signifie : « Heureux retour du champ, papa ». Ce modèle de vélo (72 rayons) est celui que les paysans utilisent pour se rendre au champ et pour d’autres activités quotidiennes. Avec son porte-bagage et sa solidité, il est très pratique. Il est moins cher qu’un vélo tout terrain (VTT). Son coût varie tout même entre 40.000 et 50.0000 francs CFA. Mais, faute de moyens, les élèves s’achètent généralement des vélos d’occasion à moitié prix.

Cycliste abidjanais du samedi "Crédit photo : Christ Koffi"
Cycliste abidjanais du samedi « Crédit photo : Christ Koffi »
  • Le vélo et les enfants

Aujourd’hui encore, malgré l’existence de consoles de jeu et de téléphones de troisième génération hyper sophistiqués, le vélo reste un cadeau prisé par des enfants. Interrogés sur ce qu’ils préfèrent dans le vélo, certains ont dit l’aimer parce qu’il leur permet beaucoup de mobilité et parce qu’il leur donne le sentiment d’être grands, d’échapper un temps soit peu à la surveillance de leurs parents. De plus, alors que le téléphone portable s’avère accroître la présence des parents partout où ils se trouvent, le vélo, lui, est une preuve de confiance de la part des parents. Mais, même pour les touts petits (10-12 ans), un vélo tout terrain (VTT) est tout de même à 58 000 francs CFA. Ce qui n’est pas du tout donné en Côte d’Ivoire car la pauvreté touche au moins 50 % de la population.

 

  • Les cyclistes de la ville

En ville, il n’est cependant pas rare de voir les cyclistes du weekend. Ce sont ces cadres ou ces retraités qui sortent leur vélo, juste pour garder la forme.
Des personnes en ont même fait leur moyen de locomotion dans une ville aussi bruyante et mouvementée qu’Abidjan. C’est le cas de Monsieur Denis, un retraité que j’ai rencontré en ville.
Cet homme d’une soixantaine d’années explique son choix de monter à vélo à son âge :

« Je montais à vélo pendant que je travaillais encore, affirme-t-il, le visage rayonnant de bonne humeur. Avant le vélo, poursuit-il, je possédais une moto que j’ai du vendre à cause de mes maux de genoux. Je me rendais par la suite au travail en taxi. Mais mon mal de genoux persistait. Ce sont mes patrons qui m’ont conseillé de faire du vélo contre ce mal. Au début, je me suis dit que le conseil n’était pas raisonnable. Mais, j’ai tout de même essayé, je me suis mis au vélo et, depuis, je n’ai plus mal. »

M. Denis ne regrette pas son choix comme mode de locomotion car, selon lui, le vélo lui garantit une bonne santé :

« Le vélo me fait transpirer et la transpiration évite la maladie, me confie-t-il, le vélo est le moteur de la machine du corps. »

En Côte d’Ivoire, il n’existe pas de pistes cyclables. M. Denis et les cyclistes de toutes les villes de notre pays doivent donc faire face à l’indiscipline des chauffeurs de taxis communaux (Woroworo) et de minibus (Gbaka). Ces derniers n’ont aucun respect pour les cyclistes. Mais  notre retraité évite les accidents grâce à son extrême prudence. Il reconnaît tout de même que faire du vélo sur les voies d’Abidjan, au trafic très dense, comporte de grands risques. L’une de ses arguments pour continuer à faire du vélo est qu’il permet de gagner du temps en se faufilant avec son engin entre les voitures dans un embouteillage.

Livreur de poulet congelé Crédit photo : Christ Koffi
Livreur de poulet congelé « Crédit photo : Christ Koffi »

En ville, le vélo est également utilisé comme outil de travail. Ainsi, en Côte d’Ivoire, les livraisons de sachets plastiques, de lait, de charbon de bois, de yaourt, d’œufs, de poulets congelés, et même la vente de vins de palme par exemple se font à vélo (72 rayons). Ces usages sont d’une grande portée sociale. Ce sont, en effet, généralement des immigrés nigériens (pour les sachets plastiques), guinéens (pour le lait) et maliens (pour le charbon de bois) qui utilisent le vélo pour le commerce. Ils travaillent pour leur propre compte.

Vendeur de lait de vache à Abidjan "Crédit photo : Christ Koffi"
Vendeur de lait de vache à Abidjan « Crédit photo : Christ Koffi »

Les Ivoiriens, quant à eux, utilisent des tricycles au travail, notamment pour des livraisons de yaourt. Ils travaillent pour des supermarchés ou pour le compte de petites et moyennes entreprises.

Vélo servant au trans port de cartons d'oeufs "Crédit photo" : Christ Koffi
Vélo servant au trans port de cartons d’œufs « Crédit photo » : Christ Koffi

Le vélo, dans les villes ivoiriennes, a donc une véritable portée sociale. Cette idée pourrait se résumer ainsi : dis-moi dans quelle activité tu utilises ton vélo, je te dirai de quel pays de la sous-région ouest-africaine tu es originaire. Le vélo est généralement l’outil de travail de l’étranger dans les villes de Côte d’Ivoire. Il y est donc le véhicule de l’immigré de la sous-région ouest-africaine.

Vendeur de sachets plastiques "Crédit photo : Christ Koffi
Vendeur de sachets plastiques « Crédit photo : Christ Koffi
  • Le vélo et l’Institut de cardiologie d’Abidjan

Dans le but d’encourager les personnes d’un certain âge à faire du vélo, grâce aux effets positifs que cet exercice physique a sur le cœur, des compétition de VTT sont organisées avec le parrainage de l’Institut de cardiologie d’Abidjan. Les participants à cette compétition sont gratifiés par une prise en charge sanitaire.

  • L’évolution des transports et le vélo

Pour faire du vélo à Abidjan, il faut se rendre en dehors de la ville (en forêt par exemple), ou sortir très tôt, car à partir de 6 heures du matin déjà, c’est à vos risque et périls. Vous êtes exposé à la pollution générée par tous ces véhicules. La ville d’Abidjan à elle seule supporte la majorité des 423 500 véhicules que compte le parc automobile ivoirien. La plupart d’entre eux sont des France au revoir (voitures d’occasion importées d’Europe).
En faisant du vélo à Abidjan, vous devez également vous attendre à faire face à l’indiscipline des automobilistes. Vous endurez  en outre la pollution générée par tous ces véhicules.

Mais, en général, en utilisant le vélo comme moyen de locomotion en Côte d’Ivoire, vous devez accepter de subir la chaleur du soleil, et donc de transpirer. Avoir de la sueur en permanence suscite dans notre société des moqueries et du mépris.

Ce sont là autant de motifs qui n’incitent pas les Ivoiriens à faire du vélo. On préfère emprunter un taxi, même pour une course sur moins d’un kilomètre.

  • Épreuve sportive : le tour de Côte d’Ivoire

Faire du vélo dans les grands centres urbains de la Côte d’Ivoire comporte certes des risques, mais certains ont décidé d’en faire une passion et une profession : ce sont les cyclistes professionnels de Côte d’Ivoire. La fédération ivoirienne de cyclisme compte 21 clubs affiliés (sur route, VTT et BMX). Ceux-ci affrontent leurs confrères africains dans diverses compétitions : tour du Faso, du Cameroun, du Gabon, du Rwanda, etc. Mais ils s’affrontent surtout lors du tour de Côte d’Ivoire. En 2013, ce tour a été baptisé « tour de la réconciliation ». L’objectif, selon les initiateurs de ce tour, était de rassembler les Ivoiriens. Ainsi, le vélo a été utilisé comme facteur de paix sociale. Et, même si la course a été interrompue faute de moyens, des gens sans distinction de bord politique sont sortis tout au long du trajet pour applaudir les cyclistes.

En somme, le vélo fait, dans un premier temps, partie de moi. Il me laisse de très beaux souvenirs d’enfance. Il fait dans un second temps partie de l’histoire de mon pays : pays fortement agricole, pays d’immigration, pays de migration des peuples, pays de diversité, pays en voie d’industrialisation, pays à forte activité artistique, pays de personnes suffisamment éduquées pour savoir les bienfaits du vélo, pays sportif. Telles sont les images que le vélo donne de mon pays. Cependant, le climat chaud, les préjugés, l’absence d’une politique de vulgarisation du vélo ainsi que son coût trop élevé sont de véritables freins à son développement en Côte d’Ivoire. Mais, que ne ferait-on pas pour la santé ? Pour cela seulement, je suis prêt à dire :

 » Chacun à son vélo. « 

La pollution en sera non seulement réduite, mais nous ferons des économies sur notre santé, à l’image de M. Denis. Ce dernier ne se souvient plus de la dernière fois qu’il a mis les pieds dans un hôpital.


Côte d’Ivoire : le chapelet du Crucifié : une source de grâces

L'affiche annonçant la méditation du chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi
Une affiche annonçant la méditation du chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi

 

« A quelque chose, malheur est bon », dit-on. Loin d’ébranler la foi des Ivoiriens, les années de crise sociopolitique qu’a connues la Côte d’Ivoire ont plutôt favorisé le rapprochement de certains Ivoiriens de Dieu. Elles ont surtout permis à ses plus fidèles parmi eux d’avoir une relation privilégiée avec lui. C’est ainsi qu’un chapelet a été révélé à deux de ses fidèles : c’est le chapelet du Crucifié. Ce chapelet n’a officiellement que seulement moins de deux ans d’existence mais, il fait déjà des merveilles en Côte d’Ivoire, selon les personnes qui l’expérimentent. Des rencontres de prière sont organisées à Abidjan pour le méditer. J’étais à deux de ces réunions qui se sont tenues sur un peu moins d’un mois.

Samedi 14 février 2015, jour de la Saint Valentin. Paroisse Saint Pierre de Niangon Sud (Yopougon/Abidjan). Il est 8 heures du matin. Des chrétiens catholiques ont choisi de vivre la fête des amoureux et de l’amour avec celui qu’ils appellent eux-mêmes leur « Valentin » : le Crucifié, Jésus-Christ. Pour ce faire, et durant la journée, chacun a son chapelet du Crucifié et le guide de prière. Avant le début de la méditation du chapelet du Crucifié, sur la majorité des visages d’hommes comme de femmes, ce n’est pas la sérénité. On y lit l’angoisse et l’anxiété. Une animatrice propose de faire des dizaines du chapelet traditionnel. Ce qui détend l’atmosphère. Mais les visages sont toujours crispés malgré ce que chacun sait ou a entendu du chapelet du Crucifié qu’il est justement venu méditer ce jour.

Des personnes venues méditer le chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi
Des personnes venues méditer le chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi

Effectivement, du 18 au 24 janvier dernier, avait déjà été organisée par l’Éveil Missionnaire Catholique de la paroisse Saint Pierre de Niangon sud une neuvaine de prière pendant laquelle le chapelet du Crucifié a été médité. Et, lors de cette méditation des personnes qui connaissaient ce chapelet et l’avait médité auparavant ont témoigné des merveilles de celui-ci dans leur vie. Il en est ainsi d’abord de Madame N’goran.

Selon elle, son époux avait une affaire en justice depuis huit ans. Cette affaire l’opposait à des associés qui, par des manigances, l’avaient mis hors de son entreprise.

« Chaque fois que l’audience était programmé, elle était reportée, témoigna la dame, j’en ai parlé à M. Memel (l’un des initiateurs du chapelet du Crucifié). Il m’a conseillé de méditer le chapelet. Nous l’avons donc médité ensemble pendant une semaine. Mais lui, au cinquième jour déjà, il nous a laissé continuer parce qu’il disait que la situation avait été décantée spirituellement. Après avoir médité le chapelet, l’audience a non seulement été programmée, mais elle a eu lieu, et mon mari a gagné le procès. (…) Ses associés se sont par la suite confondus en excuses devant lui. ».

Madame N’goran conclut son témoignage en dévoilant que son époux a été dédommagé conséquemment.

Dans un deuxième témoignage, Monsieur Daly révéla comment après la méditation du chapelet du crucifié, son épouse entre la vie et la mort était pourtant sortie d’un coma alors que ses médecins traitants désespéraient devant son état.

« Mon épouse était enceinte rapporta-t-il. Un soir, elle avait de la fièvre. A l’hôpital, le médecin lui diagnostiqua un diabète. Son tau de glycémie était à 4 (chez le sujet sain, la glycémie varie de 0,70 à 1,10 g. par litre de sang). Elle perdit le bébé. Elle fit par la suite trois arrêts cardiaques et tomba dans le coma. La situation de mon épouse me tourmentait. Me voyant me lamenter dans l’église, à Saint Michel d’Adjamé (Abidjan), la vendeuse des objets de piété s’approche de moi et me propose d’aller expérimenter ce nouveau chapelet (le chapelet du Crucifié) qu’elle venait de recevoir. Il paraîtrait qu’il serait très efficace, selon elle. J’ai pris le chapelet. Je l’ai médité toute une nuit devant la chambre de mon épouse pendant que les médecins s’affolaient devant son état car elle était en train de rendre l’âme dans son coma ».

Mais, selon le témoignage de M. Daly, au grand étonnement des médecins, son épouse ne mourut pas. Elle sortit du coma le lendemain. Son tau de glycémie était redevenu normal.

C’est certainement pour vivre cette même expérience avec le Christ que tous ces fidèles catholiques étaient présents à la méditation du chapelet du Crucifié ce 14 février 2015. Mais c’est quoi, ce chapelet dont on parle dans Abidjan ?

Le chapelet du Crucifié n’est qu’une prière qui est essentiellement basé sur la prière du notre père.

Ce chapelet a été révélé à Messieurs Valentin Memel Ly et Julien Koko et autorisé par le diocèse de Yopougon. Il est selon, le prédicateur laïc ivoirien, Valentin Memel Ly :

« une prière par laquelle nous demandons des grâces spirituelles et temporelles à Dieu avec l’aide de la Vierge Marie, non pas à cause de nos bonnes œuvres, mais à cause des mérites de Jésus-Christ, de Ses meurtrissures par lesquelles nous sommes guéris » (le chapelet du Crucifié deValentin Memel Ly).

Puis, le prédicateur laïc précise :

« Ici, guérir signifie : délivrer, libérer, sauver, prospérer, être béni, être enrichi … Notre foi doit se baser sur ce remède, ce médicament appelé « meurtrissures » ou « blessures » par lequel il (Jésus-Christ) nous a guéris. Nous devons mettre notre confiance en ce remède et le prendre toutes les fois que nous en éprouvons le besoin. » (Ibid.)

Et, effectivement, des personnes qui avaient médité pour la première fois le chapelet du Crucifié dans le mois de janvier sont venues, ce 14 février, témoigner des bienfaits de ce chapelet dans leur vie en moins d’un mois. Il faut dire que c’est après de vives exhortations et l’insistance du prédicateur laïc ivoirien Valentin Memel Ly, que ces personnes ont bien voulu partager leur expérience avec les fidèles.

Monsieur Lath est l’un de ces témoins. Malade de l’épaule droite depuis trois ans, son mal a disparu après la méditation du chapelet du Crucifié :

« A la première méditation du chapelet (celle de janvier), témoigne-t-il, on a demandé de poser la main sur la partie malade de notre corps. Moi, j’ai posé la main sur mon épaule droite. Pendant la méditation je n’ai plus senti de douleur à mon épaule. Mais après, à la maison, j’ai eu à nouveau très mal à l’épaule. Mais je me suis dit que ce n’était pas possible que j’aie encore mal parce que j’étais guéri. Et, jusqu’à ce jour, je ne ressens plus le mal. Mon épaule est guérie. »

Il fit même quelques mouvements du bras droit pour confirmer ce qu’il disait.

Madame Dia, quant à elle, est venue rapporter le changement que le chapelet du crucifié a, selon elle, réalisé dans la vie de sa nièce. Diplômé d’une licence d’Anglais depuis 2002, cette nièce qui vivait chez elle, selon toujours son témoignage ne faisait que passer des concours de la fonction publique, sans succès :

« A la première méditation, rapporte-t-elle, j’ai invité ma nièce à venir faire le chapelet avec nous à l’église. Alors que le chapelet prenait fin le samedi (le samedi 24 janvier), elle avait prévu nous rejoindre ce samedi là. Mais j’ai insisté, et elle a effectivement commencé la méditation avec nous le mardi (trois jours après le début de la méditation). Quelques jours après la fin de la méditation, sa petite sœur l’appelle pour l’informer qu’une entreprise de construction recherche une secrétaire. (…) Elle a eu à déposer son dossier, a pu faire un entretien et a finalement été retenue pour le poste. Son entreprise la loge actuellement à l’hôtel, le temps de lui trouver une maison ».

Madame Dia eut du mal à conclure son témoignage à cause des « Amen ! » et des applaudissements qu’il suscita automatiquement parmi les fidèles. Mais elle put tout de même terminer par ces paroles pleines de sens :

« En moins d’un mois, la vie de ma nièce a changé. Croyez en ce chapelet, exhorte-elle l’auditoire de fidèles, avant de confier, moi je le fait à partir de 2 heures du matin. »

Ainsi va du chapelet du Crucifié, pendant la méditation duquel ce 14 février, j’ai vu des gens vomir dans des cris de douleur effroyable, d’autres tomber en transe, d’autres encore s’écrouler littéralement dans leur chaise. Mais comme dans ce genre de rencontre de prières, les gens sont beaucoup portés par les émotions. Cependant, le mode de vie et les témoignages après avoir fait l’expérience de ce chapelet permettrons de savoir lesquelles de ces effusions étaient le fait de la comédie et celles qui étaient l’action d’une véritable délivrance.

Pendant la prière même, le prédicateur laïc ivoirien Valentin Memel Ly, qui en est l’animateur principal, mit en garde contre les émotions et les effusions intempestives qui n’ont pour autre objectif que de distraire les fidèles, et les détourner de la véritable raison de leur présence à cette prédication évangélique.

Après la prière, j’ai rencontré le prédicateur laïc Valentin Memel Ly en personne et ai échangé avec lui. Il fait partie de l’Éveil Missionnaire Catholique. C’est une association de fidèles laïcs pour l’éveil missionnaire et l’évangélisation. Sa motivation et celle de son mouvement est, me confie-t-il :

« Remettre debout, délivrer les hommes, briser les chaînes diaboliques dans la vie de toute personne ».

Et le Chapelet du Crucifié est tout indiqué pour cette mission car, selon lui, le chapelet du Crucifié est :

« (…) comparable au « fouet de cordes ». Et Ce Jésus qui a « purifié » le temple de Jérusalem en chassant avec le « fouet de cordes » tout ceux qui y faisaient le commerce, est le même qui veut encore aujourd’hui purifier le temple de notre corps avec le chapelet du Crucifié ; parce que nous sommes la maison de son Père. Chaque grain du chapelet est un coup de fouet redoutable donné à l’ennemi, c’est-à-dire : la maladie, l’infirmité, le démon et toutes leurs œuvres. » (Le chapelet du Crucifié).

C’est vraiment le cœur serré que le prédicateur laïc ivoirien me confie également ceci :

« Les forces du mal créent la peur pour pousser les gens à aller à des sources qui ne sont pas de Dieu, pour vendre leur âme au diable ».

Quand l’on sait l’existence d’enlèvements et crimes rituels d’enfants en Côte d’Ivoire et tout ce qui motive ces actes horribles, on ne peut que comprendre le sens de ces paroles de cet homme de Dieu et le bien fondé de sa mission.

En somme, et à en croire les témoignages de personnes qui ont expérimenté le chapelet du Crucifié, celui-ci apparaît vraiment comme une arme fatale à la maladie, au chômage, aux œuvres malsaines et à tout ce qui constitue un obstacle à l’épanouissement des personnes. Il est, selon le prédicateur laïc, Valentin Memel Ly, un moyen pour les personnes d’obtenir des grâces ; il permet de se prendre en charge, d’obtenir son indépendance, même vis-à-vis des hommes de Dieu.

Le chapelet du Crucifié serait de plus un avantage pour la Côte d’Ivoire car selon toujours le prédicateur ivoirien :

« La méditation communautaire de ce Chapelet a les moyens spirituels d’apporter la vraie réconciliation en Côte d’Ivoire ».

Ce 14 février 2015, il est un peu plus de 17 heures quand la méditation du chapelet du Crucifié prend fin. Les gens rentrent chez eux avec des visages rayonnants et sereins. Cette apparence contraste avec celle de départ. Et cette apparente confiance me pousse à croire que ces personnes ont la ferme conviction qu’elles ont trouvé en le chapelet du Crucifié une véritable source de grâces.

 


Côte d’Ivoire : les 1000 Ave Maria, la Solution

Chrétiens Catholiques en pleine méditation des 1000 Ave aux pieds de la Vierge Crédit Photo : Christ Koffi
Chrétiens catholiques en pleine méditation des 1000 Ave aux pieds de la Vierge Crédit photo : Christ Koffi

Il n’y a certes pas un monde parfait, mais il y a un monde où l’on se sent bien. S’appropriant cette réalité, des Ivoiriens de confession catholique ont trouvé comme solution à tous leurs problèmes, la neuvaine à Marie qui défait les nœuds. Cette neuvaine est bouclée par la prière des 1000 Ave. Pratiquée depuis 2013 par les paroissiens de Saint-Pierre de Niangon sud (Yopougon/Abidjan), cette prière reste toujours célèbre, surtout en ces temps-ci où, en plus de divers maux, les Ivoiriens doivent faire face au phénomène des enlèvements et meurtres d’enfants.

Ce samedi 7 février 2015, la prière des 1000 Ave est prévue pour débuter à 7 h 30. A ce moment précis, une pluie a vite fait de passer par là. Mais c’est sans compter avec l’opiniâtreté des chrétiens qui, parapluie au-dessus de la tête, s’engagent sous cette pluie battante. Direction : paroisse Saint-Pierre de Niangon Sud. En ce qui me concerne, avant de pouvoir enfin envoyer un billet sur l’enlèvement des enfants en Côte d’Ivoire, il est déjà 10 heures. Deux heures de temps à batailler avec la connexion. Je presse donc les pas vers la paroisse pour prendre part a rassemblement de fidèles.

Comme le veut la tradition, les chrétiens ont à la main des pots de roses rouges, blanches ou jaunes qu’ils offriront à la Vierge. Ils ont aussi des bougies. Rien n’est fait au hasard. Dirigés par la légion de Marie de la paroisse, les 1000 Ave s’effectuent par tranche de 100. À chaque centaine correspondent un ou plusieurs sujets de prières.

L’animatrice du jour, Madame Justine Yao conseille vivement les personnes qui sont concernées par les sujets de prière de quitter leur place pour se retrouver au pied de la statue de la Vierge, faire un cœur à cœur avec leur mère bien aimée, et lui exposer ainsi leurs problèmes en face. C’est ainsi qu’à chaque sujet de prière, la majorité des participants se retrouve au pied de la Vierge. Et, ce ne sont pas des sujets de prière qui manquent : Prière contre la maladie, contre la sorcellerie, contre les infidélités dans le couple, contre le « broutage », contre les divisions familiales, contre la débauche, contre les blessures intérieures, contre Ebola qui déshumanise l’homme… Les prières contre le chômage et l’alcoolisme restent de loin celles qui ont déplacé le plus de monde aux pieds de la Vierge.

Comme toujours, une messe est célébrée pour l’occasion. Très réaliste, le célébrant, le père curé, Monseigneur Camille N’drin, fit comprendre que ces 1000 Ave ne serviraient à rien sans véritable conversion du fidèle ou sans que celui-ci manifeste de l’amour pour son prochain,

Des personnes ayant bénéficié des bienfaits des 1000 Ave ont également témoigné de l’efficacité de cette prière. Ainsi de Madame Apeti Josiane affirme avec conviction  :  « Je veux rendre grâce à Dieu pour tous ses bienfaits, dit-elle (…) je veux rendre témoignage pour mon conjoint. J’ai l’habitude de faire les 1000 Ave. Le Seigneur s’est manifesté, et mon conjoint a eu une promotion ».

La jeune étudiante Bissa Sonia vient également dans un témoignage émouvant confirmer l’efficacité des 1000 Ave : « Je devais composer à la seconde session, le jour des funérailles de mon père, confie-t-elle. J’étais perturbée par la coïncidence de ces deux événements. J’ai donc confié ma compo à la vierge. Je n’ai malheureusement pas pu assister à l’enterrement de mon père, mais Dieu merci, j’ai pu valider mon année, et je passe en année de maîtrise ».

Les 1000 Ave se sont terminés sur une émouvante prière pour les âmes du purgatoire, particulièrement pour le repos des âmes de ces enfants enlevés et tués en Côte d’Ivoire.

Puis, confiants et certains que nos prières seront agréées, nous nous sommes séparés.


Côte d’Ivoire : après la victoire à la CAN, les leçons

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Supporteurs des Eléphants de Côte d’Ivoire Crédit Photo : Christ Koffi

 

La Côte d’Ivoire a enfin remporté sa deuxième CAN (Coupe d’Afrique des Nations), on le sait. Mais, avant la compétition, les Ivoiriens ne vendaient pas chère la peau de leur équipe nationale de foot. Et, ils avaient des arguments pour cela : rumeurs de formation de clans au sein de l’équipe et de palabre autour du brassard de capitaine, retraite internationale de Didier Drogba et Didier Zokora, difficile qualification des Éléphants pour la phase finale, palabre entre le ministre des sports et la FIF (fédération ivoirienne de football) au sujet des fonds alloués pour la préparation des Éléphants, la jeunesse et l’inexpérience de l’équipe, etc. Mais à la grande surprise et à l’immense joie des Ivoiriens, les Éléphants sont champion d’Afrique. Cette victoire n’est pas le fruit du hasard car durant cette CAN, et même avant, les Éléphants ont développés des qualités qui militaient en leur faveur. Et, ces qualités là doivent inspirer les politiques ivoiriens car ces derniers ont plus tendance à faire de la récupération politique qu’à tirer des leçons de cette victoire pourtant pleine de symboles.
« (…) Merci la jeunesse ! (…) » clamait le président Alassane Ouattara au stade Félix Houphouët Boigny le lundi 9 février pour féliciter les nouveaux champions d’Afrique que sont les Éléphants de Côte d’Ivoire. Et, le président ne semblait pas si bien dire car durant la compétition, les jeunes footballeurs ivoiriens ont développé plusieurs qualités.


D’abord la persévérance :
Malgré un début de compétition calamiteux, notamment lors de leurs deux premiers matchs et un passé récent (en coupe du monde et en éliminatoire de CAN) pas du tout rassurant, les Éléphants n’ont pas baissé les bras. Ils ont plutôt persévéré dans le travail au point de tenir tête aux lions indomptables du Cameroun qu’ils finiront par battre. Ils ont ainsi pris leur revanche face à cette équipe qu’ils n’avaient jamais battue sur le terrain et qui leur avait infligé un humiliant 4-1 à Yaoundé lors des éliminatoires.


Ensuite l’abnégation :
C’est de cette qualité que les Éléphants ont fait preuve pour tenir le score contre le Cameroun, pour remonter le score lorsqu’ils étaient menés, mais aussi pour prendre le dessus sur leurs adversaires, notamment en quart et demie finale. On les a tous vu être volontaire sur le terrain se sacrifier et jouer les uns pour les autres.


Puis, la solidarité :
Comme symbole de cette solidarité, j’ai encore en mémoire les belles images de nos footballeurs se tenant et s’encourageant les uns les autres lors de la difficile épreuve des tirs au but à la finale.


L’humilité :
Les stars des Éléphants, comme Gervinho, Bony Wilfried, Yaya Touré et autres ne se faisaient prier pour venir défendre avec leurs plus jeunes coéquipiers de la défense, moins connu que sont Wilfrid Kanon et Éric Bailly ou assurer la couverture de ceux-ci. Les stars ivoiriennes ont de plus été attentives aux instructions de leur modeste entraineur, M. Hervé Renard.
Le plus grand symbole d’humilité chez les Eléphants est sans contexte Copa Barry. Malgré ses 81 sélections en équipe nationale, ses sept CAN dans les mollets et les nombreuses critiques dont il était l’objet, le gardien de but des Éléphants ne protesta jamais. Il occupa sagement le banc de touche, ayant perdu sa place de titulaire au profit d’un plus jeune et moins capé que lui.


Le sens du devoir :
Nous avons encore en mémoire chaque joueur des éléphants, en plus d’être solidaires des autres, faisant ce qu’ils faisaient le mieux sur un terrain de foot : Les attaquants marquant des buts, les milieux défensifs et offensifs jouant leur rôle, les défenseurs jouant le leur, les gardiens de but gardant jalousement les buts, et encore une fois, Copa Barry, l’humble, arrêtant des tirs au but décisifs et marquant même le tir au but victorieux pour la Côte d’Ivoire.
Et la qualité ultime qui, en mon sens, fut le déclic de toutes les autres qualités des Éléphants ne fut pas manifestée durant la CAN. Ce n’est même pas l’un des 23 sélectionnés de M. Hervé Renard qui en fut l’auteur. Cette qualité là, c’est le détachement.


Le détachement :
Les footballeurs qui en sont les auteurs sont les deux Didier : Drogba et Zokora. Après de brillants services rendus à l’équipe nationale de foot de Côte d’Ivoire, ces deux Éléphants ont pris leur retraire internationale pour laisser la place aux plus jeunes. Drogba particulièrement se tint à sa décision malgré les nombreuses démarches pour le faire revenir en équipe nationale.
Par ce détachement, il montra ainsi toute la confiance qu’il avait en ces jeunes successeurs. Il fit ainsi preuve d’une hauteur d’esprit qui, selon moi, est le fondement de toutes les qualités que les Éléphants développèrent pour remporter la coupe. Et c’est ce détachement ou cette « Drogbattitude », qui devrait inspirer les politiques ivoiriens. On a en effet des personnes qui font partie du pouvoir ivoirien ou qui en sont proches attribuer la victoire des Éléphants à la présence du président Alassane Ouattara sur le terrain, pardon, au pouvoir en Côte d’Ivoire. Il en est ainsi de la ministre de la communication, Madame Affoussy Bamba, et du RDR (Rassemblement des Républicains) .


Bref, le président Alassane Ouattara ne croyait pas si bien dire, quand pour féliciter les nouveaux champions d’Afrique, il disait : « Merci la jeunesse ». Et moi, je dis aussi : « Merci la jeunesse ».
Mais, je dis surtout : « Merci grand-frère Didier Drogba ». Cependant, mon souhait est de pouvoir dire bientôt : « Merci Messieurs les présidents, nos papas Laurent Gbagbo, Konan Bédié et Alassane Ouattara ».


Didier Drogba, grâce à sa hauteur d’esprit, a inconsciemment montré le chemin aux « dinosaures » de la politique en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de peur et de honte que ces derniers suivent son exemple car c’est la Côte d’Ivoire qui gagnera. Les Éléphants de Côte d’ivoire, champion d’Afrique, en sont la preuve.


CAN 2015 : Côte d’Ivoire champion, c’est gâté à Babi !

Les Ivoiriens dans les rues d'Abidjan après la victoire des Eléphants à la finale de la CAN 2015 Crédit photo : Christ Koffi
Les Ivoiriens dans les rues d’Abidjan après la victoire des Eléphants à la finale de la CAN 2015 Crédit photo : Christ Koffi

Babi, c’est le petit nom d’Abidjan qui ne se prononce qu’en cas de joie extrême. Et de la joie, comme celle-là, je ne me souviens pas d’en avoir vu chez les Ivoiriens depuis Sénégal 92. Et, il fallait le voir pour le croire, car après deux échecs en finale de CAN, les Ivoiriens désespéraient vraiment de voir leur équipe nationale remporter enfin cette coupe qui les fuyait depuis 23 ans. Mais, depuis ce 08 février 2015, c’est fait, les Éléphants de Côte d’Ivoire sont Champion d’Afrique. Et, Abidjan l’a célébré comme il se doit.
Après le tir au but vainqueur de Copa Barry, le gardien de but de la Côte d’Ivoire, c’est tout Abidjan qui se déverse dans les rues d’Abidjan, particulièrement à Yopougon. Hommes, quelques fois en slip, femmes en short ou pantalon Jeans pour l’occasion et enfants, torse et pieds nues, tous la gorge déployée crient leur joie d’être champion d’Afrique. Certains effectuent des bonds en hurlant leur joie, d’autres se roulent par terre. D’autres tombent dans les bras les uns des autres. D’autres encore courent à travers les rues de la commune vêtus d’orange ou avec de larges drapeaux de la Côte d’Ivoire. Tous expriment leur joie en chantant : « On a débrouillé, débrouillé jusqu’à gagner » ; « Aujourd’hui, Dieu a fait pour nous », « c’est l’année de notre année ». Les paroles qui reviennent la plus sont des « Copa merci, Copa merci » ainsi que ce « merci Seigneur », que crie aussi cette jeune femme au bord de la route, regardant les larmes aux yeux toutes ces personnes criant et dansant leur joie de savoir la Côte d’Ivoire championne d’Afrique de football.

Ivoiriens dansant dans les rues de Yopougon après la victoire des Eléphants en finale Crédit photo : Christ Koffi
Ivoiriens dansant dans les rues de Yopougon après la victoire des Eléphants en finale Crédit photo : Christ Koffi

Comme s’ils s’y étaient donnés rendez-vous, des supporteurs des Eléphants du quartier Niangon sud à gauche (Yopougon) se rassemblent toute la nuit devant un maquis, sur le bitume. Tous les véhicules passant là sont prient d’assaut par les gens euphoriques qui se jettent sur le capot en criant de joie. Des couples s’embrassent sur la bouche. De la bière en bouteille est déversée sur les gens qui en redemandent. Ça crie et ça danse aux sons de l’impressionnant répertoire de soutien aux Eléphants : Gadji Céli, Magic système, les sans façons, Finiti, Magnific, etc. sont joués.

Les Ivoiriens en joie après la victoire des Eléphants Crédit Photo : Christ Koffi
Les Ivoiriens en joie après la victoire des Eléphants Crédit Photo : Christ Koffi

Juste pour chambrer les Ghanéens, les adversaires d’un soir, des Jeunes miment, dans des crie de joie, les arrêts de Koppa barry, puis son tir au but gagnant. Pour l’ambiance, d’autres imitent aussi la danse sur les fesses du gardien de but de la RDC, Robert Kidiaba. Le DJ (Disc Joker) d’un soir y met également du sien en jouant le morceau fétiche « Asec-Kotoko » du groupe Zouglou Poussin Choc. Ce morceau suscite encore plus de cris de joie de la part des Supporteurs. Normal, puisque ce morceau parle avec humour de l’opposition entre un club ivoirien et un autre ghanéen dans les années 90. D’autres morceaux suivent.
Jamais Coupé n’a été décalé que cette nuit là et à cet endroit là. Mais Coupé décalé rivalisait avec Mapouka ; du Mapouka plus séré que déséré, s’il vous plaît.
Tout autour, dans et devant les maquis environnants, C’est gâté : c’est le show, comme l’Ivoirien sait si bien le faire. C’est également un spectacle auquel les plus âgés prennent aussi plaisir à assister. C’est le cas de Madame Balé. Arrêtée au bord de la route, la main sur le cœur, cette quinquagénaire se réjouit de voir tant d’Ivoiriens heureux en même temps : « La joie de tous ces gens me fait plaisir », dit-elle. Assis sur son taxi qu’il a garé pour l’occasion, Monsieur Alexandre Laurougnon, se prend à rêver. Il espère que la coupe des Eléphants « sera une occasion de réconciliation pour les Ivoiriens ». Plus loin, assis aussi sur son véhicule, Monsieur Touré Kafouma, ancien joueur du Stade d’Abidjan que cette victoire remplit aussi de joie, espère la même chose.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la nuit du 8 au 9 février 2015 a été très courte pour les Abidjanais. Mais ces derniers ne démordent pas car ils prévoient remettre cela les jours à venir. Comme les Ivoiriens le disent eux-mêmes : « Quand c’est gâté, c’est gâté ! », juste pour dire qu’il faut s’éclater à fond quand l’occasion se présente.
Affaire donc à suivre…


Côte d’Ivoire : des mesures contre l’enlèvement d’enfants

 

Des policiers ivoiriens en faction devant une école primaire à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi
Des policiers ivoiriens en faction devant une école primaire à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi

Il y a une tension perceptible dans Abidjan ces derniers temps à cause du phénomène horrible d’enlèvement et de meurtre des enfants. Des parents refusent même d’emmener leurs enfants à l’école. De simples suspects de ce phénomène ont également été lynchés par la population quand celle-ci ne décide pas de faire la police à la place de la police. Les autorités ivoiriennes tentent de reprendre la main en appelant les populations au calme, mais aussi en prenant des mesures pour endiguer ce phénomène. Et ces mesures sont visibles sur le terrain.
Au début de cette semaine, je suis allé  constater de moi-même de l’effectivité des mesures prises par les autorités ivoiriennes contre l’enlèvement des enfants. Pour ce faire, je fais le tour de quelques écoles primaires dans la zone à risque qu’est la commune de Yopougon (Abidjan). L’intérêt pour les écoles primaires de cette zone étant potentiellement risqué, je décide de regarder les choses de loin. Et même ainsi, le constat est encourageant car des forces de l’ordre sont postées devant les écoles primaires publiques, comme l’école primaire publique Sogefia Lagune 1 et 2 de Niangon sud (Yopougon). A environs 200 mètres de là, le portail de l’école primaire publique BAD reste fermé toute la matinée, surtout à la récréation. Impossible donc pour les enfants, contrairement à leur habitude, de sortir de l’école à ce moment là et gambader dans les rues du quartier.
Pour ce qui est des écoles privées, la vigilance est également visible. Ainsi, les deux grands portails de la paroisse Saint Pierre à l’intérieure de laquelle se trouve le groupe scolaire du même nom, restent hermétiquement fermés toute la journée, même à l’heure de la descente. Désormais, seul un petit portail laisse passer tout le monde.
Ainsi, même si on ne les voit pas toutes, ce simple constat nous fait penser que les 1500 forces de l’ordre promises par les autorités pour accroître la vigilance dans Abidjan et autour des écoles primaires sont au travail. Celles-ci sont d’autant plus au travail qu’elles sont arrivées à déterminer les motivations de ces personnes qui s’adonnent à ces crimes horribles. En même temps, ce n’est un secret pour aucun Abidjanais que ces enlèvements et ces crimes sont en rapport avec la cyber criminalité ou ceux qu’on appelle « brouteurs »  en Côte d’Ivoire.
Cependant, dans le journal Afrique de RFI (Radio France Internationale) une nouvelle motivation est donnée par le ministre de la défense, M. Paul Koffi Koffi. Il s’agit du trafic d’organes. A quelle fin se fait ce trafic ? Il ne l’a pas précisé. Il a laissé néanmoins entendre que des politiques pourraient être impliqués : « On exclut aucune piste. On est en année électorale, la piste politique n’est pas à exclure (…). C’est sûr qu’on trouvera des liens, mais donnez-nous encore du temps », a déclaré le ministre.

Cependant, la traque aux marabouts, fétichistes et autres adeptes de la sorcellerie dans la forêt du Banco à Abidjan nous emmène à croire que ce trafic est réalisé à des fins fétichistes.
Il ne reste plus qu’à la gendarmerie et à la police de mettre la main sur les clients de ses marabouts et autres sorciers pour que les parents et leurs enfants retrouvent la paix. Mais, cette paix là ne sera réelle et durable que si les Ivoiriens renouent effectivement avec les valeurs morales. Mais là encore, c’est un autre débat.


Les Eléphants en finale de la CAN 2015, la température monte à Abidjan

Maillots des Éléphants de Côte d'Ivoire en vente dans le commerce Crédit photo : Christ Koffi
Maillots des Éléphants de Côte d’Ivoire en vente dans le commerce Crédit photo : Christ Koffi

Vingt-trois ans après sa première finale de CAN (Coupe d’Afrique des nations), qu’elle remporta d’ailleurs, la seule, malheureusement, la Côte d’Ivoire disputera sa troisième finale ce dimanche 8 février 2015. Ô que le chemin fut parsemé d’embûches depuis les éliminatoires jusqu’à cette finale. C’est sans doute ce parcours particulier de nos pachydermes qui donnent plus de saveur aux victoires des Éléphants en Côte d’Ivoire. Et ce parcours-là rassure en quelque sorte les Ivoiriens. Ces derniers, d’abord indifférents à leur équipe nationale de foot au début de la compétition, s’y intéressent désormais fortement, mais sans verser dans l’excès de confiance pour celle-ci.

Au coup de sifflet final du match Léopards de RDC- Éléphants de Côte d’Ivoire, les Abidjanais ont manifesté leur joie dans les rues  comme après les victoires contre le Cameroun et l’Algérie. Femmes, hommes et enfants, en dépit de la psychose causée par les enlèvements d’enfants sont sortis à chaque victoire des Éléphants pour manifester leur joie, et jusque tard dans la nuit. Mais, il ne pouvait en être autrement, car des heures avant les matchs des Éléphants, les espaces publics aménagés pour suivre les rencontres de la CAN avaient été pris d’assaut par les supporteurs. La moindre télé sur une terrasse ou dans un maquis attire les foules.

Les supporteurs des Eléphants attendent le coup d'envoi du match Côte d'Ivoire - RDC Crédit photo : Christ Koffi
Les supporteurs des Éléphants attendent le coup d’envoi du match Côte d’Ivoire – RDC Crédit photo : Christ Koffi

Les Ivoiriens aiment leur équipe nationale, mais contrairement aux années passées,  ils n’ont pas versé dans l’excès de confiance. Néanmoins, des signes font bien voir qu’ils ont  retrouvé confiance dans leurs joueurs. Oui, maillots, drapeaux, chapeaux de toutes les tailles, ainsi que bracelets, bandeaux, écharpes, casquettes et autres gadgets à l’effigie de l’équipe nationale de foot sont plus visibles partout dans les commerces. Et, les Ivoiriens se les arrachent comme des gboflotos (beignets), avec le vœu que la coupe vienne enfin sur les bords de la lagune Ebrié. Mais, ce vœu-là, les Ivoiriens tentent tant bien que mal de le rendre secret, car ils ont encore en mémoire les traumatisantes finales perdues de 2006, surtout celle de 2012.
Cependant, les Ivoiriens restent toujours dignes et sereins dans leur soutien aux Éléphants, car comme le dit un proverbe nouchi : « Ce n’est pas toujours qu’on perd » ou encore « Les yeux peuvent couler des larmes de malheur, comme des larmes de bonheur ».
Dans tous les cas, Bonne chance aux Éléphants de Côte d’Ivoire ! Mais surtout, Vivent le foot et les belles émotions qu’il procure à ces fans.


Côte d’Ivoire : enlèvement des enfants, la population entre psychose et colère

rassemblement devant une école primaire Crédit photo : Christ Koffi
Rassemblement de parents d’élèves devant une école primaire à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi

 

Depuis plusieurs mois maintenant, la Côte d’Ivoire fait face à l’horrible phénomène d’enlèvement d’enfants. Ce phénomène est d’autant plus ignoble que ces enfants sont retrouvés morts avec des parties de leur corps manquant. J’en avais même parlé dans un précédent billet en décembre. Mais ces derniers temps, ce phénomène a pris des proportions inquiétantes. Les autorités ivoiriennes, jusqu’alors malheureusement muettes, commencent à s’y intéresser au point de prendre des mesures pour rassurer les parents. Mais, apparemment, la population n’est pas rassurée.
Ce jeudi matin, je sors de chez moi à 8 heures. Les gens vaquent normalement à leurs occupations. Après avoir cherché en vain une connexion dans des cybers café de mon quartier, je décide de remettre à plus tard tout ce que j’avais à faire sur le net ce matin là. Aux environs de 11 heures, en train de travailler à la maison, je sens qu’il y a beaucoup d’agitations dehors. En tendant l’oreille, des récits d’enlèvement d’enfants, le matin même, et dans mon quartier, me parviennent. Je décide donc de sortir pour aller me rendre compte de moi-même de ce qu’il se passe.

Parents partis chercher leurs enfants à l'école Crédit photo : Christ Koffi
Parents partis chercher leurs enfants à l’école Crédit photo : Christ Koffi

Dès que je me retrouve dehors, je me rends compte que c’est la panique : des parents rentrent précipitamment à la maison avec leur enfants qu’ils sont allés chercher à l’école et dont ils tiennent fermement la main ou qu’ils portent au dos ou dans les bras.

Je remonte la rue. Devant une première école primaire de mon quartier, il y a une foule compacte et très agitée. Pères, mères, grands frères, grandes sœurs, oncles, tantes ou domestiques sont venus chercher les enfants à l’école. Mais, impossible de laisser partir ceux-ci sans la présentation de la carte scolaire, selon le directeur, lui-même à la tâche au portail ce jeudi matin.
Je décide de faire un tour dans le quartier. C’est la panique partout dans les rues, comme devant les écoles primaires. En allant un peu plus loin, je vois un groupe de femmes en short ou en pantalon et avec de casseroles. Elles tentent d’improviser une marche pour protester contre l’enlèvement des enfants. Mais elles n’auront que leur bouche pour proférer des malédictions contres les auteurs de ces enlèvements. La marche n’a pas eu lieu. Elle s’est plutôt et très vite transformée en contrôle des voitures. Avec l’aide de jeunes gens qui érigent des barrages, ces femmes se mettent à fouiller les voitures qui passent par là, à la recherche des enfants qui auraient été enlevés ce matin là. Les nombreuses déviations dans Niangon (Yopougon) permettent d’avoir un grand nombre de voitures à fouiller. Ces femmes sont par ailleurs décidées à en découdre avec les automobilistes qui montrent la moindre réticence à laisser fouiller le coffre de leur véhicule.

Fouille de véhicules à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi
Fouille de véhicules à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi

Il est midi.  Un peu plus loin se trouve un centre de protection de la petite enfance ou une école maternelle publique. Les maîtresses causent entre elles devant le portail car elles ont libérés leurs petits élèves depuis bien longtemps.

Ce jeudi après midi, il n’y aura pas cours dans les écoles du quartier, et même ce vendredi, les enfants sont à la maison.
Après avoir tenté de vérifier les informations d’enlèvement d’enfants ce jeudi matin, je me rends compte qu’il ne pourrait s’agir que d’une simple rumeur car le lieu de l’enlèvement des enfants, et le nombre de ces enfants varient selon les personnes et les versions. Il ne faut néanmoins pas minimiser les événements, ni ignorer la psychose et la colère que ce phénomène crée dans Abidjan car à Marcory, Yopougon et attécoubé, des communes d’Abidjan, des suspects ont été lynchés.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que, excédées par la persistance des rapts d’enfants, les femmes ont décidé de faire la police à ces kidnappeurs d’enfants qui les utilisent pour des sacrifices. Selon le ministre de l’intérieur 21 cas de disparition d’enfants ont été signalés aux forces de l’ordre. Les auteurs de ces enlèvements seraient selon Madame la ministre de la famille, de la femme et de l’enfant, Madame Anne désirée Ouloto : « des jeunes gens (…) d’un âge variant entre 15 et 25 ans qui seraient en général menés par des personnes tapies dans l’ombre, des diseurs de bonne aventure qui promettent richesse à ces enfants là (les jeunes gens) ».
Ainsi, comme on le voit, et selon cette déclaration de la ministre, les auteurs de ces crimes sont au moins à deux niveaux : les exécutants et les commanditaires. Ce qui annonce déjà la difficulté à mettre fin à ce phénomène. C’est sans doute pour cette raison que 1500 éléments des forces de l’ordre sont mis à contribution par le ministère de la sécurité et de l’intérieur.
Le clergé ivoirien même n’a eu de cesse d’interpeller les Ivoiriens sur ce phénomène horrible d’enlèvement des enfants dont la motivation est l’enrichissement facile et illicite. Et, les évêques ont enfin formalisé leur répugnance de ce phénomène à travers une déclaration commune dans laquelle ils appellent simplement les hommes politiques à éviter les crimes rituels.
Bref, ainsi se présentait ce jeudi matin dans Niangon. Nous espérons seulement que la mobilisation générale contre le phénomène d’enlèvement des enfants à Abidjan permettra de mettre un terme à cet acte immonde et d’arrêter les auteurs de celui-ci. Dans le cas contraire cette mobilisation créera la psychose parmi la population et la colère de celle-ci avec ce que cela peut engendrer comme victimes collatérales ou drames. Pour éviter cela, il revient aux autorités ivoiriennes d’assurer leur responsabilité : la sécurité des Ivoiriens.


Côte d’ivoire : Réveillon de la Saint Sylvestre plus église que maquis à Abidjan

 

Réveillon de la saint sylvestre dans une église Crédit photo : Christ Koffi
Réveillon de la saint sylvestre dans une église Crédit photo : Christ Koffi

Depuis plusieurs années maintenant, à Abidjan, en période de fête de fin d’année, particulièrement dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, les églises et les maquis se disputent les Abidjanais. Il en a été de même cette année encore. Mais, par rapport aux précédentes nuits de la Saint Sylvestre, la dernière a été particulière car entre les églises et les maquis, les Abidjanais ont apparemment fait le choix des églises. D’anciens maquis même à Abidjan ne sont plus que des églises.

Comme toujours, enfin, depuis 10 ans maintenant, je termine mon année à l’office du 31 décembre. Cette année encore, j’y étais, plus précisement à la paroisse Saint Pierre de Niangon sud, à Yopougon.

Ce 31 décembre, en quittant la maison à 20 heures 25 minutes pour l’église, j’avais certes 25 minutes de retard, mais pour moi, ce n’était pas alarmant puisque la messe commençait à 22 heures. Elle serait précédée d’un enseignement que je voulais suivre. Emprunter un wôrô-wôro (taxi communal) pourrait m’éviter de perdre encore du temps, pensais-je. Mais impossible d’en avoir un. Cause : double tarification, trop grande affluence, embouteillage, etc. Je dû donc faire ce kilomètre jusqu’à l’église à pied, et en souliers : pour avoir le paradis, il faut en payer le prix. Et, Heureusement je n’étais pas le seul à l’avoir compris, j’avais des compagnons de marche : qui en taillon à aiguille ; qui, en souliers aussi, etc.

Non loin de l’église, j’achetai avec les servants de messes la bougie avec laquelle je rentrerais dans la nouvelle année. Des gens qui n’avaient rien des petits  servants de messes s’étaient improvisés vendeurs de bougies. Et, je n’allais pas tarder à comprendre pouquoi.

Vingt minutes après mon départ de la maison, j’étais enfin à l’église. Ce fut la surprise. Les balcons et les devantures des bâtiments de l’école primaires de la paroisse : occupés par des gens ; d’ailleurs, toute la cours de l’église était noire de monde. Les 5000 chaises en plastique achetées il y a deux ans par les paroissiens :  toutes occupées, comme les centaines d’autres qu’il y avait avant, ainsi que les dizaines de bancs. Prévoyants, certains paroissiens ont préféré venir avec leur propre siège ; d’autres avec des nattes ou des morceaux de pagne qu’il occupaient à même le sol.

Hommes, femmes, jeunes gens, adolescents, enfants, tous les âges étaient représentés à cette dernière messe de l’année.  Des musulmans et des animistes y étaient même, invités par leur connaissance chrétienne, prouvant ainsi que la Côte d’Ivoire est une mosaïque réligieuse.

Cette forte affluence pourrait s’expliquer soit par le fait que l’année qui s’achevait, marquée par des horreurs, avait été décevante pour beaucoup de ces milliers d’Ivoiriens, ou encore par le fait que tous mettent leur espoir en la nouvelle année qu’aucun Ivoirien n’ignore est une année d’élection en Côte d’Ivoire.

Dans tous les cas, avoir une place assise sur cet espace d’environs 2500 mètres carré relevait du miracle. Pourtant, il a eu lieu pour moi ce miracle car tout de suite après mon arrivée, j’ai eu une place sur un banc.

Durant l’office, nous avons décidé de faire table rase des peines, des douleurs et des rencoeurs de 2014. Nous avons aussi pris de nobles et fermes résolutions pour 2015. Nous avons également et avec ferveur prié pour la paix dans le monde, pour la paix dans notre pays, la Côte d’Ivoire ; dans nos familles, et pour la paix avec nous-mêmes. Puis, nous sommes entrés dans la nouvelle année avec les bougies allumées, mais pas de contact physique pour se souhaiter bonne année, prescriptions contre Ebola obligent.

Nous avons ensuite été aspergés d’eau bénite par le curé et ses vicaires. Puis, nous avons reçu les bénédictions solennelle du curé. Il faut dire que tout le monde, y compris moi, attendait ces deux premiers rites de la nouvelle année avant de quitter l’église. Des personnes qui trainaient dehors se sont même pressées à l’intérieur de l’église pour bénéficier de leur part de bénédiction.

Nous nous sommes séparés au de-là de minuit. les 15-24 ans poursuivirent la fête dans les maquis. Quant aux plus âgés, ayant certainement d’autres chats à fouetter, ils ont préféré rentrer à la maison ou  se rendre dans une église où la veillée continuait jusqu’à l’aube.

Bonne et heureuse année à tous ! Et, que les élections de cette année en Côte d’Ivoire soient apaisés, mais surtout que les Ivoiriens de  tous les bords politiques et de toutes les régions de la Côte d’Ivoire désarment leur esprit pour ne le consacrer qu’à la justice et la paix !