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La Côte d’Ivoire, épicentre d’une décolonisation en Afrique

« La désobéissance civile » décidée par l’opposition ivoirienne en raison de la crise préélectorale causée par la candidature illégale du chef de l’État sortant, M. Ouattara, à un troisième mandat, et l’exclusion à dessein d’opposants significatifs, a certes pour théâtre la Côte d’Ivoire et pour enjeu un environnement politique national sain, mais cette action que ses initiateurs veulent citoyenne a une plus grande portée, sur un territoire qui a encore des gènes du colonialisme, qui est aussi devenu le refuge de dictateurs déchus, d’anciens barons de régimes corrompus et de relais occultes de métropole qui ont subi le même sort. Cette stratégie de contestation pourrait en outre susciter des émules en Afrique et être un prétexte à la chute d’administrations qualifiées de néocoloniales.  

La Côte d’Ivoire, tout un symbole pour l’impulsion d’une libération africaine du néocolonialisme

La Côte d’Ivoire n’est pas par hasard destinée, 60 ans après son indépendance, à être le fer de lance de la seconde lutte pour la  libération totale des populations africaines des chaînes du néocolonialisme sournois ou assumé et à s’y investir.

La dénomination même de notre pays, prétendument souverain, Côte d’Ivoire, de la langue de l’ancienne puissance coloniale, la France, héritée de plus de la colonisation, est  la première raison de cet état de fait. Ce nom qui véhicule tant de mauvais esprits donne non seulement l’impression d’une dépendance perpétuelle à l’ancienne puissance coloniale, mais il semble semer le trouble dans l’esprit de ses dirigeants et certaines de ses populations. Il leur donne en effet l’impression que leur territoire appartient encore à l’ancienne métropole ou en est un département, ou encore une sous-préfecture. Dans tous les cas, c’est à cela que font penser des comportements de ses autorités et ses élus.

L’imitation servile par le gouvernement i voit rien (sic) (et d’autres administrations africaines), des mesures de lutte contre le Covid-19 décidées en France par les autorités de ce pays selon leur propre réalité l’illustre bien. De plus, au plan politique, cette sorte d’onction que le chef de l’État sortant ivoirien est allé cherché auprès du président de la République française pour son 3ème mandat litigieux, ainsi que les nombreux courriers de l’opposition à ce dernier pour intervenir face à cette candidature illégale de M. Ouattara, confirment la soumission inconsciente et malveillante à l’ancienne métropole.  

La présidence de la République française a cependant ouvertement réaffirmé, aux opposants en particulier (sic), son principe sacro-saint de non-ingérence dans les affaires propres à un État souverain, notamment la Côte d’Ivoire. Cette déclaration, ô combien diplomatique, réaffirme pourtant aux Ivoiriens, s’ils n’en sont pas encore convaincus, que leur pays est indépendant, malgré tout.  

Il ne reste plus qu’à souhaiter que les contestataires et les vrais souverainistes ivoiriens aient le courage et la conviction de confirmer au quotidien leur désir d’autonomie véritable en s’appuyant sur ses propos de l’ancienne métropole pour rompre avec toutes les velléité de soumission du peuple de l’actuelle Côte d’Ivoire à une quelconque force occulte. Et le changement du nom de notre pays, pour un nom authentique, tiré des langues locales de nos peuples, de notre culture et de notre vision du monde, est le premier acte de cette révolution. Celle-ci prendra cependant une plus grande envergure à travers la rupture des intermédiaires du néocolonialisme sur notre territoire.   

Briser les relais du néocolonialisme

Les relais du néocolonialisme en Côte d’Ivoire sont nombreux. Il s’agit de la dénomination de ses rues et édifices des noms de personnalités de l’ancienne métropole, et même de la colonisation. La gouvernance y est  également minée par le colonialisme avec dans un premier temps la pratique d’une économie coloniale appauvrissante pour les populations et dans un second temps la déportation en Occident des opposants les plus crédibles, notamment Blé Goudé Charles et Gbagbo Laurent. La dépendance de la Côte d’Ivoire à la langue du colonisateur, le français, est l’un de ces relais.

Le principal est cependant le système politique.

Sur ce plan, ce sont les institutions de l’ancienne métropole que le pays a répliqué servilement. Et l’une des plus tristement célèbres à ce niveau est la présidence de la République. En Côte d’Ivoire,  le régime présidentiel, naturellement d’un autoritarisme sournois, ne fait plus pourtant mystère de sa nature dictatoriale depuis quelques mois avec les élections qui s’annoncent. Cette présidence « à la sauce néocoloniale », n’a aucun organe qui le contrôle, ni un contre-pouvoir pour empêcher les dérives et abus de pouvoir, comme l’était l’administration coloniale avant les ‘‘indépendances’’. La fonction présidentielle ressemble donc étrangement à un poste de « gouverneur de colonie ». Mais elle est encore plus symboliquement le reflet du patriarcat, qui est une pratique à l’origine occidentale et orientale, donc étrangère à l’Afrique authentique et traditionnelle.

Le chef de l’État de la Côte d’Ivoire confirme tous ces faits en s’illustrant tristement en cette période de l’élection présidentielle avec un ensemble de décisions tyranniques et illégales prises par lui, à son seul profit, ou celui de son parti politique,  sans qu’il soit empêché ou ramené à l’ordre par aucune institution nationale.

Finalement, les contestations et les manifestations s’offrent comme les seules moyens d’opposition contre des décisions fantaisistes et arbitraires,  dans un pays qui compte en outre plusieurs ethnies et peuples et où les principaux partis politiques sont adossés aux groupements régionaux et ethniques. Il va sans dire qu’il s’en suit la répression, mais aussi des risques de conflits intercommunautaires et ethniques par la manipulation du fait du tyran, comme il se passe en ce moment en Côte d’Ivoire.

La rupture avec un régime politique inspiré de l’ancienne puissance coloniale, et qui est cause de troubles sociaux est une condition sine quanun afin de garantir la justice, par conséquent pour assurer la paix et amorcer sereinement son développement. Sur ce plan, l’offre en systèmes politiques et de gestion sociale originaux, originels et sécurisants ne manque pas dans nos coutumes et traditions. 

Il s’agit en l’occurrence du système de gestion sociale par génération ou par classe d’âge, pratiqué par les peuples lagunaires et qui ont toujours garanti la paix et la concorde dans ces communautés. Il y a aussi la possibilité de s’inspirer du système matrilinéaire, en particulier sur le fait qu’il met la femme (la mère) et l’enfant (en considérant qu’ils symbolisent respectivement le territoire et son avenir)  au centre des préoccupations de l’ensemble de la famille. Cela sans pour autant marginaliser l’homme, car ce dernier est dépouillé d’un rôle de patriarche pour exercer un devoir de protection et de bienveillance envers son épouse et sa progéniture en association avec ses beaux-parents (homme et femmes). Ce système social offre donc une gouvernance inclusive et sécurisante.

Mais les  complexes drainent encore le manque de courage à l’authenticité bienveillante, pour une imitation puérile et pleine de malveillances des systèmes politiques des anciennes métropoles, étrangers à notre vision du monde. Justement, la Côte d’Ivoire s’offre comme le cœur d’une rupture avec le néocolonialisme, elle en a non seulement  les moyens culturels, mais ses gouvernants sont le principal soutien d’un relais indéniable du néocolonialisme en Afrique de l’ouest, le franc CFA.

Vaincre les relais du franc CFA bis, pour un affranchissement total de l’Afrique de l’ouest

Le projet de création d’une monnaie communautaire de l’Afrique de l’ouest, l’ECO, libre de toute influence étrangère, afin de garantir une indépendance monétaire de cette région et faciliter son développement est parasité par l’UEMOA, avec à sa tête la Côte d’Ivoire. Les dirigeants actuels de cet ancien comptoir français semblent entretenir un puissant lien affectif suspect avec la monnaie coloniale, le franc CFA. Cette situation montre bien qu’ils ont du mal, et son chef notamment, à s’affranchir de la dépendance de l’ancienne puissance coloniale en se faisant sournoisement les chantres d’un franc CFA bis, toujours arrimé à l’Euro et dans laquelle la France, « ancienne métropole », continue de jouer un rôle.

La chute définitive d’un tel régime, qui s’accroche de plus désespéramment au pouvoir aux prix d’un braquage électoral, de perversions de la paix et du sang des populations sans que, comme par hasard,  l’Union Européenne et la France en particulier critiquent ouvertement ses égarements comme elles le font contre le pouvoir dictatoriale de Loukachenko en Biélorussie… La fin de ce régime là sera salutaire pour toute la sous-région.

Les populations de l’actuelle Côte d’Ivoire ne peuvent que compter sur elles-mêmes pour la libération totale de leur pays du néocolonialisme vus les intérêts mesquins que leur affranchissement définitif mettra à mal.

En somme, plusieurs motifs font de la Côte d’Ivoire en cette fin d’année 2020 l’épicentre d’une libération totale du néocolonialisme en Afrique. A  partir du changement de son nom, de la refondation de son régime politique et de la victoire finale sur les principaux relais du néocolonialisme sur son territoire, elle ne fera que relancer et parachever le mouvement souverainiste qu’elle a amorcé au début des années 2000 avec le concept du « budget sécurisé », cauchemar des nouveaux colonisateurs, adeptes des injustices, des endettements démesurées, des détournements de fonds, des biens mal acquis et des intérêts personnels.

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Auteur·e

revedehaut

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