La crise préélectorale en Côte d’Ivoire, déjà marquée par des manifestations de protestation contre la candidature à un 3ème mandat illégal de M. Ouattara, et qui a provoqué des morts de personnes, fait craindre le pire comme lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui s’était terminée par des affrontements armés qui ont fait officiellement plus de 3000 morts. Pourtant en 2020, la paix n’est pas encore garantie. Pour celle-ci, on « manipule les conséquences tout en oubliant volontairement les causes », si bien que la paix qu’on dit promouvoir n’en est pas. C’est une fausse paix qui tue les véritables facteurs de paix réelle.
La fausse paix a pris la sincérité et la raison
Pour la fausse paix, la sincérité n’a pas cours en Côte d’Ivoire. L’hypocrisie règne en maître, notamment parmi les soutiens avoués et occultes du régime, mais pis parmi le milieu diplomatique aussi.
L’on refuse simplement de voir la vraie cause de la crise préélectorale. Il s’agit de l’accaparement méthodique du processus électoral par le régime Ouattara. Cela, avec d’abord l’échec prémédité de l’opération de renouvellement des cartes nationales d’identité et d’enrôlement des nouveaux majeurs, ensuite la nomination illégale du président de la CEI (commission électorale indépendante) puis l’adoption tout aussi irrégulière du code électoral, ainsi que l’apparition des affaires judiciaires suivies par les emprisonnements de politiques de l’opposition et des membres de leur famille, sans oublier le refus du régime ivoirien de se conformer aux décisions de la cour africaine des droits de l’Homme et des peuples l’enjoignant à la justice.
Le tout est couronné par la validation illicite par le conseil constitutionnel de la candidature du chef de l’État sortant, M. Ouattara, l’exclusion arbitraire d’opposants crédibles et l’étrange collusion des entêtements de la CEI et du régime à poursuivre le processus électoral, malgré l’environnement délétère dans lequel il se déroule. Pour la paix, soit-disant, l’on feint d’ignorer toutes ces vérités.
Pour la fausse paix, l’on tue la raison en évitant soigneusement de lire la constitution en son article 183 pour voir la réalité en face : Avec sa candidature à un 3ème mandat, M. Ouattara refuse de respecter la loi, et il s’est donné des moyens immoraux pour depuis bien longtemps.
Pour la fausse paix, l’on se garde de voir que le problème n’est donc pas la nouvelle République qui mettrait le compteur des mandats présidentiels à zéro, comme a manœuvré le président Alpha Condé avec malignité en Guinée pour s’offrir un éventuel 3ème mandat, et comme tend à le faire croire certains médias internationaux pour ce qui est de la Côte d’Ivoire.
Les analyses de cette presse sont-elles pour infantiliser les Ivoiriens qui auraient dû faire preuve de plus d’intelligence pour ne pas voter une constitution à problèmes ? Ou est-ce pour cautionner sournoisement la forfaiture de M. Ouattara, qui serait une garantie de la paix en Côte d’Ivoire et de sécurité dans la sous-région, que ces médias ne lisent la constitution pour se rendre compte de la duperie du candidat du pouvoir ?
Dans tous les cas, le refus irraisonnable de se référer à la constitution avant d’évoquer ou de, ne serait-ce que critiquer la candidature illégale de M. Ouattara à un 3ème mandat, cache toujours le réel problème, nourrit la crise-préélectorale et est par conséquent un danger pour la paix en Côte d’Ivoire et la sécurité dans la sous-région. Un régime voyou ne saurait maintenir l’ordre et veiller à la sécurité des biens et des personnes, il a d’autres chats à fouetter.
La fausse paix a pris les principes
La fausse paix a pris le principe du rejet d’un régime illégal à la tête d’un État, administration illicite contre laquelle, ironie du sort, M. Ouattara a fait preuve d’un grand volontarisme au Mali par rapport à la junte militaire au pouvoir. Il fut aidé en cela, comme par hasard par M. Condé, un autre adepte du 3ème mandat immoral. A cet effet, de sévères sanctions sous leurs instigations conjuguées ont été prises contre l’administration malienne et la junte.
Pourtant, en Côte d’Ivoire, la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) fait preuve d’indulgence vis-à-vis du coup d’État à col blanc savamment orchestrée par M. Ouattara.
L’organisation sous-régionale appelle à des élections apaisées. Elle est apparemment déconnectée de la réalité. Pour la fausse paix , elle se fait par conséquent la complice de l’escroquerie politique du régime ivoirien en refusant, par de réelles sanctions, comme elle a agi avec la junte malienne, d’aider ou de régler le problème depuis sa racine : le refus d’un éventuel régime truand à la tête d’un État de la sous-région ouest-africaine.
L’Union Européenne n’agit pas différemment. Elle finance, par son représentant en Côte d’Ivoire, Jobst Von Kirchmann, des projets liés à ces élections contestées depuis la base. Elle organise même une caravane pour supposément la paix, sans les véritables acteurs de la paix en Côte d’Ivoire. Il aurait été plus objectif et productif d’associer à cette tournée les artistes et les auteurs qui font de tout temps preuve d’un réel engagement pour le peuple par leur honnêteté et leur sincérité, notamment Véronique Tadjo, Yodé et Siro, Billy Billy, Meiway.
Mais l’UE mène cette campagne en association avec une fondation (Magic système) dont le leader ne fait pas preuve de courage, de désintéressement, d’altruisme et d’honnêteté. Il est incapable de critiquer la tromperie du chef de l’État sortant, après avoir été l’un de ceux qui l’ont chaleureusement félicité lorsqu’il avait dit ne pas vouloir briguer un 3ème mandat.
Par son partenariat exclusif, avec un soutien inavoué de celui dont l’annonce de la candidature illégale provoque des manifestations de protestations et des morts de personnes, l’UE met ainsi les ressources de ses contribuables au service d’une caravane pour la paix suspecte, partisane et vouée à l’échec. Pire, elle se fait la complice du désordre et de troubles.
Les instances européennes pourraient sans doute se féliciter si la situation reste stable ou s’en laver les mains lorsqu’elle se dégradera. Pour la fausse paix, l’UE fait preuve de légèreté en Côte d’Ivoire. Elle viole ainsi volontairement dans ce pays son principe de refus d’un régime illégal à la tête des États, contrairement à ses actions concrètes en Biélorussie contre le régime dictatorial d’Alexandre Luckachenko. Cette inconstance est une véritable obstacle à la paix en Côte d’Ivoire.
La fausse paix a pris la paix, la vraie
« La paix n’est pas un vain mot mais un comportement », comme l’a dit Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire. Ironiquement, rien dans l’attitude du régime ivoirien actuel qui se réclame d’Houphouët ne garantit la paix, paix pour laquelle lui-même organise pourtant de jour des manifestations et des campagnes de sensibilisation.
Il semble avoir une activité contraire la nuit. Ses nombreuses entraves, soit par la police et la gendarmerie, ou encore par ses militants et miliciens, lors du meeting de l’opposition le 10 octobre dernier, en sont l’illustration : cars bloqués en province, voies d’accès au stade limitées, sabotages lors de la manifestation, caillassage des cars transportant les opposants et agression de ceux-ci par les milices du régime (les microbes). Le pillage et l’incendie de la maison de l’opposant et candidat, Pascal Affi N’guessan, par les partisans du pouvoir en dit long de la sournoiserie d’un régime qui persiste à vouloir la paix.
On est en droit de se demander si c’est pour la paix que ça gesticule tant. Rien de ce qui motive la paix que des gens disent promouvoir en ce moment en Côte d’Ivoire ne garantit pas la paix véritable, celle qui est inclusive, basée sur la justice, la probité, la non violence, le respect des libertés individuels et de l’État de droit.
La paix pour laquelle on sensibilise actuellement en Côte d’Ivoire est une fausse paix. Elle est plutôt pour les intérêts particuliers, avec leurs corolaires d’exclusions (égocentrisme, tribalisme, ethnocentrisme, régionalisme, clanisme) de corruptions, d’injustices, de protestations et de répressions, favorables aux troubles, pire, à la guerre civile. Que Dieu nous en garde !
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