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La nouvelle génération d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire ou le projet de la régénération de la servitude à la tête de l’État

Les félicitations de M. Emmanuel Macron à son ami M. Ouattara, pour son 3ème mandat  controversé offusquent et soulèvent indignation chez les opposants à ces forfaitures. Bien que l’avenir de la Côte d’Ivoire ne dépend aucunement de M. Macron, les lointaines et récentes prises de positon du président français par rapport à la crise politique en Côte d’Ivoire  relèverait plus d’un projet de perpétuation de la servitude à  tête de l’État ivoirien que de la volonté de favoriser l’expression de la démocratie.  Le fait que M. Macron prenne à bras le corps le projet de M. Ouattara pour l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants au pouvoir en Côte d’Ivoire en est l’un des signes. Ses bons offices cachent mal la régénération de dirigeants serviles à la tête de l’État Ivoirien.

L’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, un processus purement naturel et démocratique  

L’émergence d’une nouvelle génération est un mouvement purement naturel. Elle l’est autant que les nouvelles naissances d’être humains et cela depuis la nuit des temps. Elle l’est comme également le passage de l’individu aux différentes phases de l’évolution humaine : enfance, adolescence, jeunesse, âge adulte.

Sur le plan politique et dans la tradition où le pouvoir se transmet en général de souverain à son successeur, le passage à un dirigeant d’une nouvelle génération a aussi lieu naturellement,  à la disparition du monarque, sans l’intervention d’une tiers personne. Il se réalise cependant en se conformant aux règles et traditions de la communauté en question.

De nos jours, avec la démocratie, ce sont le respect des lois des États et la compétition électorale loyale qui garantissent le passage à une nouvelle génération de dirigeants compétents ou au maintien de l’ancienne si celle-ci est toujours apte à répondre aux aspirations du peuple. Ils permettent même encore un mélange entre seniors valables et juniors performants dans la gestion de l’État. Au-delà, le respect des lois des États et la compétition loyale favorisent l’évolution de la vision dans la gestion des affaires. Dans tous les cas, le peuple choisit, à travers un jeu démocratique clair, les dirigeants qu’il pense veilleront à ses intérêts. Cette transparence est une garantie indéniable de concorde, de paix et de quiétude sociale.

La Tunisie en est l’exemple avec l’élection en 2014 à la tête de l’État de Béji Caïd Essebsi, presque nonagénaire. Il décède fin juillet 2018 pendant ses fonctions à l’âge de 92 ans.  

La mort au pouvoir de ce chef d’État ne provoque pourtant pas le chaos dans le pays,  parce que ce dernier ne subit pas l’intervention des obscurs mécènes du renouvellement générationnel. Et  les lois y sont de plus respectées si bien que l’actuel chef d’État, Kais Saied, 62 ans, est beaucoup moins âgé que l’ex défunt président. Il a lui-même de plus battu au 2éme tour , dans une élection transparentes, un concurrent, Nabil Karoui, moins âgé  que lui. Ces événements n’entament en rien la concorde et la cohésion sociale en Tunisie.

Le peuple y  fait en somme parler sa souveraineté en choisissant selon les règles démocratiques le président qu’il veut à sa tête. Ce n’est pourtant pas le cas pour le peuple ivoirien qui doit faire face, aussi surprenant que cela puisse paraître, à Emmanuel Macron, le tout jeune président français, aux réflexes pourtant surannés.  

Emmanuel Macron, étrange promoteur de l’archaïsme  en Côte d’Ivoire

Emmanuel Macron, 42 ans, est lui-même l’illustration de l’émergence naturel d’une nouvelle génération à la tête de l’État français. Mine de rien, à travers un processus électoral ouvert et largement inclusif, il a été préféré à François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkosy, Jean Luc Mélenchon, tous d’une génération au dessus de la sienne. Ce dernier détail ne peut non plus empêcher que ces derniers l’affrontent à la prochaine élection présidentielle en France s’ils le désirent et si les lois de leur pays les y autorisent.

L’actuel locataire de l’Élysée, fruit de la souveraineté du peuple français foule pourtant au pied la capacité du peuple de Côte d’Ivoire à choisir la personnalité qu’il veut comme président de sa propre République.

Le président français le réalise clairement d’abord par ses tractations occultes avant le scrutin controversé du 31  octobre pour que les fortes têtes de la politique en Côte d’Ivoire (Bédié, Gbagbo, Ouattra) acceptent de se retirer au profit d’une nouvelle génération. Cette proposition révélée par le magazine Jeune Afrique l’Intelligent, était supposée éviter la crise politique qui couvait face à la candidature litigieuse de M. Ouattara à un 3ème mandat tout aussi scandaleux.

Ce projet exclusionniste et méprisant pour la démocratie et les lois en Côte d’Ivoire, avait apparemment pour but d’empêcher la candidature du souverainiste et populaire Gbagbo Laurent et celle de son nouvel allié Konan Bédié. Au profit de qui ?  La suite de ce billet le dévoilera.

Le président français, par une grande hypocrisie ou en parfait ignorant de la neutralité, viole ensuite la souveraineté du peuple de Côte d’Ivoire en se faisant le meilleur porte-parole de M. Ouattara ; son plus grand avocat aussi par la même occasion.  Il  justifie en effet puérilement la candidature illégale de ce dernier par le décès de son dauphin dans son parti politique. Le chef de l’État français a sans doute  oublié que la Côte d’Ivoire est une République, comme la France notamment, et non une monarchie, à l’image encore de son pays. A moins que cela soit encore de sa part une preuve de mauvaise foi, qui dissimile pourtant mal des relents néocoloniaux. Chassez le néocolonialisme, il revient au galop.

En se faisant le porte-parole et  l’avocat d’un chef d’État sortant dont la candidature illégale est la cause de graves  troubles dans le pays, ce sont implicitement le viole des lois de la Côte d’Ivoire, la corruption, la tricherie, la fraude,  l’empêchement de manifester pacifiquement, les opérations punitives des milices du régime (armées de machettes et d’armes à feu) contre les opposants aux  mains nues, les blocus autour des domiciles des opposants, les arrestations et détentions arbitraires, les morts de dizaines de personnes que le président Macron cautionne ainsi. Et cela tout simplement parce que son projet de nouvelle génération de dirigeants à la tête de la Côte d’Ivoire cache en réalité plutôt celui d’une régénération de la servitude au sommet de l’État.     

Quand la nouvelle génération dévoile la régénération de la servitude

C’est surprenant qu’avec toutes les charges du président français, sans compter les nombreuses crises qu’il a à gérer en ce moment dans son pays, celui-ci ait du temps pour aider à résoudre les problèmes de la Côte d’Ivoire ; à moins qu’il en soit également un acteur, vues, ses prises de positions en faveurs de celui dont le 3ème mandat illégal est la cause de la crise. Il s’agit de M. Alassane Ouattara, par ailleurs son ami.

L’attitude de M. Macron n’est pas surprenante puisque après le décès de l’ancien Premier Ministre et fils spirituel  de M. Ouattara, Amadou Gon Coulibaly, dauphin désigné de son « père » au RHDP (rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) et ancien candidat à la présidentielle, M. Macron perdait la principale garantie du maintien de la servitude sournoise à la tête de l’État pour le compte de son pays.

L’ancien chef de gouvernement de M. Ouattara était celui qui avait en effet piloté le projet du faux ECO, ou franc CFA bis. Faut-il le rappeler ? Le francs CFA est cette monnaie coloniale chère à l’ancienne métropole française, mais vomie des nouvelles générations francophones ouest-africaines et la diaspora éclairée.  Elle empêche les peuples de prendre en main leur développement à l’abri du regard et loin de l’influence malveillante de l’ancienne puissance coloniale. Le tout jeune président français porte pourtant à bout de bras cet instrument de servitude bientôt octogénaire, au point d’agir en intelligence avec ses amis d’Abidjan pour le relancer au travers d’un faux ECO.

L’ECO originel, projet de monnaie communautaire de toute l’Afrique de l’ouest, était censées être libre de toute influence étrangère, afin de garantir une indépendance monétaire de cette région et faciliter son développement. Et pourtant, son nom a été non seulement usurpé par l’UEMOA (Union Économique et Monétaire ouest-africaine), mais la France, par l’action du gouvernement de M. Macron avec la complicité de l’administration Ouattara continue d’y jouer des rôles, en particulier en le maintenant arrimé à l’Euro.

Des parlementaires du parti de M. Macron¸ notamment Jean-François Mbaye, chargé de présenter le projet du faux ECO devant le parlement français, sont bien conscients de la supercherie. Ce dernier regrette donc, faussement pourtant,  que les parlements des pays concernés par le franc CFA n’aient pas fait leur proposition en remplacement à cette monnaie qu’il rejetterait.

L’on peut bien répondre au parlementaire de la République en marche,  que non seulement la France n’a rien à avoir avec une question  relative à la souveraineté des États  de la CEDEAO (Communauté  économique des États de l’Afrique de l’Ouest), mais M. Mbaye sait très bien que ces parlements qu’il évoque ne sont pas l’émanation des populations. Ils naissent de la tricherie, de la  fraude électorale et de l’autoritarisme des tyrans qui dirigeants ces États, notamment au Bénin ou en Côte d’Ivoire. Raison pour laquelle M. Ouattara se sent assez valable pour discuter de la question du franc CFA sans s’être auparavant concerté avec le « parlement » de son pays, sans être en outre rappelé à l’ordre par aucune institution national, encore moins par ses partenaires français qui se veulent pourtant légalistes et démocrates.

Et puis M. MBaye l’ignore certainement, le choix des États de la CEDEAO en remplacement au franc CFA est acté depuis bien longtemps avant l’arrivée de M. Ouattara au pouvoir. Il s’agit justement de l’ECO, le vrai, tiré de l’acronyme Ecowas (CEDEAO en anglais), sinon la France ne parasiterait pas cette monnaie en usurpant son nom pour ses bas desseins néocolonialistes.

Jean François Mbaye comme son patron Emmanuel Macron, est également acteur de cette imposture, motivée la régénération la servitude dans les États qui ont en partage le franc CFA. La France de M. Macron compte même ambitieusement étendre son champ d’asservissement avec l’éventuelle adhésion des États anglophones, notamment le Nigeria (première économie d’Afrique), au fake ECO. Mais ce n’est pas donné.

Pour assurer donc la survie sournoise de ce moyen de domination qu’est le franc CFA, il n’y avait pas mieux indiqué que celui qui avait longtemps préparé son regretté dauphin à cette tâche. D’où le soutien de M. Macron à M. Ouattara en attendant certainement que ce dernier se trouve un autre héritier programmé pour servir les intérêts particuliers. Ce sont notamment ceux de l’ancienne puissance coloniale, les siens aussi par le maintien de son clan au pouvoir avec le soutien de son allié, la France macronienne.

L’ancien dauphin de M. Ouattara est encore celui qui avait relancé  le projet du métro d’Abidjan. Celui-ci dormait dans les tiroirs sous les précédents régimes à cause de son coût. Bien que 3 fois moins élevé à l’époque, l’État de Côte d’Ivoire ne pouvait pas le supporter. Et pourtant il a été remis au goût du jour par le successeur désigné de M. Ouattara. Et comme par hasard c’est une entreprise française (Bouygue Construction) qui est chargé de son exécution. Cela, à un coût qui a littéralement explosé, prêt de 1000 milliards de francs CFA.

Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails pour savoir que ce contrat est inique. Il sent le marchandage du soutien de la France à la nouvelle génération de M. Ouattara depuis au moins décembre 2019 lors de la visite éclaire de M. Macron en Côte d’ivoire où tout a été acté. 

A moins que ce contrat soit motivé par la subordination , il est incompréhensible que près de 1000 milliards de francs CFA, qui le comble, est  un prêt, comme par hasard encore, de la France à la Côte d’Ivoire soit investie dans  un projet farfelu. Il y a en effet d’autres besoins essentiels et pressant pour le pays pauvre très endetté (PPTE) qu’est la Côte d’Ivoire. L’aide française au développement pourrait même en témoigner : la construction et l’équipement d’écoles et d’hôpitaux, de centres de formation professionnelle, la réalisation de voie bitumées afin de désenclaver les zones de production agricole, le centre-ouest notamment ; le financement de la relance économique dans les zones ex assiégées par la redynamisation du tissus industriel. Il est plus raisonnable de réaliser de tels investissements qui produisent indéniablement de la richesse et garantissent l’autonomie et le développement.

Il va sans dire  que s’endetter pour créer l’illusion d’un certaine évolution à travers la réalisation d’un métro (ou un tramway, on ne sait plus trop) qui maintient dans le remboursement perpétuel d’une dette sordide est inutile pour la Côte d’Ivoire, mais profite bien à son partenaire français.

En ayant la prétention d’être le promoteur d’une nouvelle génération de dirigeant en Côte d’Ivoire, au mépris qui plus est des lois naturels comme démocratiques, Emmanuel Macron manœuvre  en  réalité pour la régénération des garanties des intérêts français en Côte d’Ivoire au détriment des populations de ce pays. Cela, en complicité avec ses dirigeants sortants. Voilà bien les raisons du prétentieux activisme du quadra à l’esprit colonial en Côte d’Ivoire.

‘‘Jupiter’’ doit cependant s’attendre à faire face aux populations de l’actuel Côte d’Ivoire de sa génération, celles  qui refusent  d’être les bêtes de somme des dirigeants de l’ancienne puissance coloniale en manque d’inspirations nobles pour la relance de l’économie de leur pays ainsi que de leurs abrutis de relais sur place, en Côte d’Ivoire.

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Auteur·e

revedehaut

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