Crédit:

La troisième étoile providentielle des éléphants de Côte d’Ivoire à la CAN : un an déjà (la suite)

À lire aussi : La 3ème étoile « providentielle » des éléphants de Côte d’Ivoire à la CAN : un an déjà (I)

Le saint rosaire, cette dévotion pratiquée dans l’Église catholique, est la meilleure image qui pourrait décrire clairement la main de Dieu dans la victoire des éléphants à la CAN 2023.

Jeune supporter des éléphants tenant en main son rosaire. Crédit photo : page Facebook « Catéchèse Numérique« 

Le rosaire d’abord est cette prière qui rappelle les mystères de la vie du Christ depuis sa naissance à son ascension en passant par son ministère et sa passion, sans oublier l’Assomption de la Vierge Marie et son couronnement. Il se subdivise en quatre séquences ou chapelets. Ce sont : les mystères joyeux, les mystères lumineux, les mystères douloureux et les mystères glorieux. Les éléphants de Côte d’Ivoire semblent avoir vécu ces différentes séquences de l’initiation à la vie en Christ durant leur parcours à la CAN 2024.

Les éléphants de Côte d’Ivoire remercient le ciel après leur victoire aux tirs au but contre le lions de la Téranga du Sénégal. Crédit photo : capture d’écran

À lire aussi : Côte d’Ivoire : les 1000 Ave Maria, la Solution

Les mystères joyeux du parcours des éléphants à la CAN 2024

Le rosaire débute avec les mystères joyeux. Comme leurs noms l’indiquent ils procurent de la joie. Il s’agit originellement de l’annonciation, de la visitation, de la nativité, de la présentation au temple et du recouvrement.  L’idée est la joie que suscite chacun de ces évènements qui ont lieu à la conception de Jésus dans les entrailles de Marie jusque pendant son enfance, avant son ministère à proprement parlé, une fois adulte.

À lire aussi : Le chapelet du Crucifié : la prière du siècle (1), présentation de la prière

En rapport avec la CAN, des évènements ont également créé cette joie en Côte d’Ivoire.

Avant la compétition. Il s’agit d’abord de l’annonce de l’attribution de l’organisation de l’édition de cette CAN à la Côte d’Ivoire. C’était une immense joie pour les Ivoiriens de recevoir la compétition 40 ans après l’avoir organisée. C’était en effet le seul grand événement festif après la CAN de l’édition 1984 organisée par la Côte d’Ivoire et la venue du pape Jean Paul 2 au pays au début des année 90. Quatre décennies à attendre un évènement majeur, qui de plus sera éclaté sur l’ensemble du territoire. Le pays a pu se consoler entre temps avec les jeux de la francophonie Abidjan en 2017. Mais C’est la CAN que la Côte d’Ivoire voulait décrocher, et elle avait réussi.

Il y a ensuite le déplacement de la compétition de l’été 2023 en début d’année 2024, pour lui éviter toute perturbation à cause de conditions météorologiques défavorables, qui est aussi source de joie.

Puis la rénovation de la pelouse du stade olympique d’Ebimpé, dont la détérioration par la pluie pendant le match amical Mali Vs Côte d’Ivoire semblait compromettre la compétition en semant le doute dans les esprits quant à la qualité des infrastructures.

Enfin l’évènement clé qui réjouissait le cœur avant la compétition était sans aucun doute le rétablissement de l’attaquant de pointe des éléphants de Côte d’Ivoire, Sébastien Haller, et sa sélection pour la CAN.

Sébastien Haller. Crédit photo : Themba Hadebe / AP

Haller était très performant les années avant la CAN, mais il connaît soudain la maladie. Les Ivoiriens qui croient en Dieu avaient vu en la guérison de Haller un miracle qui était, selon eux, un signe qui annoncerait pour la Côte d’Ivoire de bonnes nouvelles au terme de la compétition africaine de football, notamment sa victoire. Le rétablissement de Haller et son retour sur les pelouses presque aussitôt pourraient s’apparenter au recouvrement de Jésus au temple alors que ses parents l’ont cherché trois jours durant, pensant qu’il était perdu. A l’image de Jésus qui avait une mission à accomplir, Haller n’était, semble-t-il, pas perdu pour le foot, avec des gestes lumineux en championnat qui annonçaient véritablement son retour sur les pelouses.

À lire aussi : Le chapelet du Crucifié : la prière du siècle (2), le cheminement de trois (3) semaines

Les mystères lumineux du parcours des éléphants à la CAN 2024

Les mystères lumineux du rosaire concernent la mission de prédication du Christ ou son ministère avec la réalisation de miracles et d’autres actions d’éclats. Elles partent de son baptême dans le Jourdain à la Sainte-Cène lors de laquelle le Christ institue l’Eucharistie.

À lire aussi : Côte d’Ivoire : le chapelet du Crucifié : une source de grâces

Pour ce qui concerne le parcourt des éléphants, les mystères lumineux pourraient comprendre d’abord le lancement en fanfare de la compétition avec une cérémonie d’ouverture haut en couleur sur la pelouse naguère exécrable du stade d’Ebimpé, mais désormais excellente parce que rénovée ; ensuite le baptême de feu des éléphants contre la Guinée-Bissau en match d’ouverture de la compétition dont leur pays est l’organisateur. La victoire sans appel des éléphants contre la Guinée-Bissau, puis l’assurance et l’optimisme des Ivoiriens quant à un parcourt éclatant de leur équipe pour la suite de la compétition avec cette victoire viennent enfin boucler ces mystères lumineux.

Même la défaite des éléphants contre le Nigeria en match de poule ne parvient pas à faire chuter la confiance des Ivoiriens en leur équipe bourrée de talents individuels ; Comme par exemple Jésus qui garde la confiance de ses disciples malgré le fait qu’il ne fait pas beaucoup de miracles dans sa terre d’origine, Nazareth. Et pourtant l’accident de parcours des éléphants annonçait une chute beaucoup plus vertigineuse et une douleur de la même envergure.

Les mystères douloureux du parcours des éléphants à la CAN 2024

Les mystères douloureux de la vie du Christ se rapportent essentiellement à sa passion. Celle-ci va de son arrestation au jardin de Gethsémani sur instigation de compatriotes juifs à sa crucifixion et sa mort au Golgotha, en passant par sa flagellation par les soldats de l’occupant romain, son couronnement d’épines, et sa montée au calvaire ou le portement de la croix. 

Les mystères douloureux du parcours des éléphants à la CAN 2024, s’annonce déjà avec la défaite contre le Nigéria. Une rencontre lors de laquelle, le pays hôte de la compétition, selon ses fans, auraient tout de même subi des injustices au niveau de l’arbitrage, notamment avec un penalty offert gracieusement au Nigéria et d’autres pourtant évidents refusés au éléphants.  Comme avec la crucifixion de Jésus et sa mort en croix au Golgotha, le mystère douloureux du parcours des éléphants à la CAN atteint son sommet avec la défaite du pays organisateur contre la Guinée équatoriale. Les éléphants étaient pourtant largement les favoris devant cet outsider.

Le stade d’Ebimpé se transforme en calvaire. Les éléphants mordent la poussière à 4 reprises ; pis ils touchent le fond, avec le score fleuve sur lequel ils perdent la rencontre au coup de sifflet final : 4 buts à 0.

Apparemment le risque pour la compétition n’était pas la météo avec la crainte d’un éventuel déluge à Ebimpé, mais plutôt la naufrage des éléphants de Côte d’Ivoire contre le Nzalang de Guinée Équatoriale. A cause de la douleur que crée cette défaite, probablement suivie d’une élimination au premier tour de la compétition, qui plus est pour le pays organisateur… quel honte ! il s’en suit des événements surréalistes pendant une CAN :

Bus caillassés aux abords du terrains, injures qui fusent de partout contre les joueurs lapidés de bouteilles d’eau, menaces et mises en garde contre le staff de l’équipe nationale. L’équipe tant adulée 90 mn auparavant est devenue le paria, la pestiférée. Les joueurs sont en quarantaines dans les vestiaires du stade, puis dans leur camp de base. Il s’en suit dans la foulée, la démission du sélectionneur français, ou plutôt son limogeage, comme veut le faire croire la fédération ivoirienne de football. Dans tous les cas, pour leur propre sécurité, ce dernier quitte le territoire de son ancienne sélection avec son assistant dans ses bagages.

Les moqueries fusent sur les réseaux sociaux devant l’éventualité de l’élimination du pays hôte : un calvaire pour les joueurs et leur famille ainsi que le staff des éléphants et même pour tous les Ivoiriens jusqu’à ce que les premières lueurs d’espoir apparaissent à l’horizon avec les dernières rencontres des autres poules du tournois. Les éléphants peuvent s’attendre une place parmi les meilleurs troisièmes pour espérer passer au second tour de la compétition. Seul un miracle peut rendre ce rêve possible, selon les Ivoiriens.

À lire aussi : Le chapelet du Crucifié : la prière du siècle (3), témoignages

Les mystères glorieux du parcours des éléphants à la CAN 2024

Les mystères glorieux du rosaire correspondent à la résurrection du Christ, son ascension, la descente de l’Esprit Saint, l’Assomption de la Vierge Marie et le couronnement de celle-ci.

Les mystères glorieux du parcours des éléphants ne commencent pas tout de suite avec leur résurrection. Il est très méthodique. Il se met en place avec l’élimination surprenante des concurrents directes des éléphants à une place de meilleur 3ème. Ainsi le Ghana perd toute chance de qualification en concédant incroyablement le match nul devant le Mozambique en se faisant remonter deux buts dans les derniers instants du match. D’autres équipes en liste pour une place de meilleur 3ème tombent les unes après les autres, notamment la Zambie, qui perd sur le fil son dernier match de poule contre le Maroc.

Explosion de joie dans toute la Côte d’Ivoire qui peut pousser un ouf de soulagement, les éléphants sont ressuscités, ils ne font plus partie des éliminés au premier tour. Comme le disaient les Ivoiriens pour réaffirmer leur foi en leur équipe :

« Un revenant ne meurt plus. »

À lire aussi : CAN 2023 : quelques proverbes nouchi pour galvaniser les Éléphants ! ,

Et c’est effectivement parti pour une ascension fulgurante des éléphants de Côte d’Ivoire avec une amélioration nette de leur niveau de jeu. Ils éliminent dans un premier temps le tenant du titre, les lions de la Teranga du Sénégal qu’ils soumettent remarquablement aux tirs au but au pied de la basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro. Ils s’offrent dans un second temps, dans le Capharnaüm ivoirien, Bouaké, les plumes des aigles du Mali avec deux coups de trompe magistraux, surpassent les léopards de la RDC piétinés dans la pelouse de la station balnéaire de San-Pedro, et retrouvent en final le Super Eagles du Nigeria.

Victoire de la Côte d’Ivoire contre le Mali.

Lors de ce second tour, les éléphants semblent avoir été transfigurés par une force supérieure, descendue directement du ciel. Cette force que les chrétiens considèrent comme Dieu au même titre que le Père et le Fils, c’est  la Ruah, ou la puissance divine communément appelé l’Esprit Saint.

La performance des éléphants fait la fierté de tout un peuple. Toutes les fois où elle est menée au score l’équipe parvient à égaliser et passer devant ses adversaires pour remporter la rencontre, souvent dans les ultimes moments du jeu, notamment contre le Mali. Menée au score et dominée dans le jeu au ¾ du temps de jeu, elle parvient à égaliser à la dernière minute du temps réglémentaire ; et même à remporter la rencontre, encore dans la dernière minute des prolongations. Cela grâce aussi à un coaching gagnant de son sélectionneur Faé Emerse dont les remplacements sont toujours décisifs pour la victoire finale.

Avec un tel alignement des planètes en leur faveur et les qualités de jeux dont ils font preuve, comme le cinquième mystère glorieux qui correspond au couronnement de la Vierge Marie, les éléphants ne peuvent que décrocher la couronne. Ce qui est fait contre le Nigéria, dans l’entre d’Ebimpé qui n’est plus ce paradis que les super eagles avaient connu au premier tour contre les éléphants. Ebimpé semble se transformer pour eux en désert alors qu’il devient un jardin d’Eden pour les éléphants, où ils ont heureusement pris soin d’être obéissant aux instructions de leur sélectionneur Emerse Faé. Soutenus par 60 mille spectateurs au stade, avec qui s’emblent s’être joints 25 autres millions d’Ivoiriens dont l’aura planait sur l’air de jeu et dans l’atmosphère du terrain, les éléphants sont rouges (impressionnants) durant toute la rencontre, manquant plusieurs fois d’ouvrir le score sur des occasions nettes de but.

À lire aussi : Petit lexique ivoirien (2)

Tout réussit à aux éléphants si bien qu’ils remportent le match, et avec la manière s’il vous plaît, brisant la malédiction de ne pas inscrire le moindre but lors des quatre finales de CAN qu’elle a disputées. Mené au score encore une fois, les éléphants arrivent à refaire leur retard en égalisant, puis ils mènent au score avec un but extraterrestre de Haller le miraculeux.

Sébastien Haller dans ses œuvres face au Nigeria. Au centre, l’action du but victorieux. Crédit photo : montage à partir de captures d’écran

Une anecdote :  comme pour confirmer qu’il était écrit bien avant la compétition que la Côte d’Ivoire remporterait sa CAN, lors de la finale Sébastien Haller, selon son témoignage, avait un moment demandé à être remplacé à cause d’une blessure. Mais sur les encouragement de son latéral gauche Ghislain Konan à ne pas se laisser tenter par le diable, ils reste sur la pelouse, et dans la foulé de l’action, il met un but improbable du bout des souliers devant le capitaine nigérian, sur un centre millimétré de Simon Adingra après un débordement vertigisant  de celui-ci qui cloue sur place son vis-à-vis sur un coup de rein furtif.

Simon Adingra sur l’action du but de l’égalisation contre le Mali. Crédit photo : Pierre René-Worms

En somme, que la 3ème étoile des éléphants de Côte d’Ivoire à la CAN soit providentielle ou pas, une chose est certaine, elle a enseigné aux Ivoiriens quatre valeurs que seul l’amour pour Dieu permet d’acquérir. Il s’agit du pardon, de l’humilité, de l’amour et de l’esprit de sacrifice pour le collectif, quatre valeurs sans lesquelles la troisième étoile des éléphants à la CAN n’était pas garantie. Il reste plus qu’à espérer que, autant avec les footballeurs de l’équipe nationale, ces valeurs habitent également les acteurs politiques du pays, afin de préserver la paix, dans cette année électorale très sensible.

À lire aussi : La 3ème étoile « providentielle » des éléphants de Côte d’Ivoire à la CAN : un an déjà (I)

Partagez

Auteur·e

revedehaut

Commentaires