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Femmes, vous avez le pouvoir ! (2)

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Femmes, vous avez le pouvoir. Les saintes écritures, notamment la Bible, dévoilent clairement le pouvoir de la femme à travers le décret de Dieu, depuis la genèse,  établissant justement le pouvoir de la femme sur les forces destructrices. Certains personnages bibliques, Esther, Judith, Ruth, et la Vierge Marie mettront en œuvre ce décret divin. Plus proche de nous dans le temps et dans l’histoire récente de l’humanité des femmes ont également montré le pouvoir de la femme.          

La femme a d’abord un pouvoir fondateur. Il s’agit en l’occurrence de la princesse du Yennenga du Burkina Faso dont la soif de liberté a été la source de la fondation du royaume Mossi. La légende se déroulerait entre le onzième et le quinzième siècle dans une région de l’actuel Ghana. Le père de cette princesse, le roi Nedega, refuse sa  main  à tous ses prétendants. Aucun d’eux, selon lui, n’était digne d’épouser sa belle et intrépide fille, dont il était si fier, alors que cette dernière brûlait de l’envie de se marier.

Face visiblement au refus de son père de la laisser quitter la cours familiale, par son mariage, la princesse prendra la fuite  sur un cheval.  Elle atteindra une région où elle rencontre un jeune homme Rialé qui lui offre l’hospitalité. Elle  partage la tente de celui-ci. Ce dernier  ne se rendra compte qu’il s’agit d’une  jeune femme qui plus est  très belle que le lendemain. Les deux jeunes gens s’unissent et il nait de cette union Ouédraogo. Rialé dira à la suite de cette naissance cette célèbre phrase qui est à la base du sens du peuple Mossi : « Je suis venu seul dans ce pays, maintenant j’ai une femme et j’aurai beaucoup d’hommes ».

Plus tard, après la naissance de son fils, Yennenga, nostalgique de son enfance à Gambaga, ressent le besoin de présenter son fils à sa famille. Elle décide de l’envoyer rencontrer les siens.

Lorsque le roi Nedega rencontre Ouedraogo son petit fils, il est pris d’une émotion intense. Il reconnait en lui le visage de sa fille qu’il n’a plus jamais revue. Le vieil homme est  tellement heureux qu’il organise en l’honneur de son petit fils de grandes festivités.

Sur son chemin de retour, Nedega fait accompagner son petit fils par une escorte de guerriers Dagomba. Il couvre Ouedraogo de présents et en rapporte à ses parents. Ces guerriers finiront par s’installer dans la région des Boussanés et c’est cette rencontre entre les Dagomba et les Boussanés qui donnera naissance au peuple Mossi.

En bambara, « beaucoup d’hommes » se traduit par « Morho-si » ou « Mogo-si » , Moro signifiant « homme » et Si « beaucoup ». Le village fut donc appelé Morosi  qui par déformation devient Mossi.

Sans le goût de liberté et l’intrépidité de la princesse du Yennenga, le royaume Mossi n’aurait certainement jamais vu le jour, d’où le pouvoir fondateur de la femme à travers celle-ci.

Ce pouvoir se retrouve également chez la reine Abla Pokou, fondatrice du royaume Baoulé, peuple de la Côte d’Ivoire. Chez cette reine, en plus du pouvoir fondateur, se retrouve également le pouvoir politique. Au 18em  siècle, Fuyant une guerre de successions dans le royaume Ashanti de l’actuel Ghana, la Princesse Abla Pokou, accompagnée de ses fidèles arrivent au bord du fleuve Comoé. Ce fleuve qui sépare l’actuelle Côte d’Ivoire et le Ghana est immense, effrayant et impossible à traverser  d’une façon ou d’une autre. Les hommes qui tenteront de le traverser à la nage seront emportés par le courant. Ce cours d’eau déchainé face à ces hommes en détresses ne serait pas simple.  Atteindre l’autre rive était synonyme de liberté pour Abla Pokou et ces hommes, femmes et enfants surtout que leurs poursuivants ne sont plus loin. Mais impossible de traverser le fleuve qui constitue un obstacle à la liberté. Consulté par le devin de la Princesse sur ce qu’il réclame pour les laisser passer, le génie du fleuve ne demande rien d’autre que ce que cette petite communauté a de plus cher. Il s’agit en l’occurrence du prince héritier, Kouakou, le fils unique de la princesse Abla Pokou. Sans hésiter et face à la dangereuse avancée de leurs poursuivants et la détresse qui se lit les visages de ses fidèles, la princesse prend son fils et le jette à l’eau en sacrifice . Automatiquement les eaux se calment et selon la légende des hippopotames se rangent dos à dos pour permettre aux fugitifs de traverser le fleuve. Ce qu’ils font  et atteignent l’autre rive.

Une fois la communauté en sécurité, la princesse est en pleure : « Ba ou li », dit-t-elle dans ses gémissements. Les autres se mettent aussitôt à pleurer avec leur princesse : « Ba ou li », ce qui veut dire en langue baoulé, « l’enfant est mort ». Cette Communauté sera dès lors baptisée Baoulé en référence au sacrifice de Pokou, qui est également  faite Reine par le peuple qu’elle a sauvé d’une extermination certaine grâce au sacrifice de son fils.

Par le sacrifice donc de son fils la princesse Abla Pokou donne non seulement naissance à un peuple, mais considéré comme leur messie, elle est également faite reine de ce peuple par ce peuple.

Il convient cependant d’apporter quelques éclairages : Abla Pokou n’est pas élevée au rang de messie parce qu’elle sacrifie son fils, sans quoi elle serait une infanticide,  mais plutôt parce qu’elle sauve son peuple. Pokou préfigure la femme africaine moderne pour qui la maternité peut être secondaire. Il n’en demeure pas moins que la femme, sans être rattaché à l’enfantement, y est attachée. La preuve Abla Pokou pleure son fils qui est le martyre dont le sacrifice assure la liberté au peuple. Pokou ne sacrifie donc pas son fils pour le pouvoir, mais pour le peuple selon la vision socialiste-réaliste accordant la priorité au collectif sur l’individu.

Ainsi avant même que le marxisme (choix du collectif pour l’individu) ne voit le jour au 19em siècle, une femme le pratiquait déjà quelque part en Afrique de l’ouest un siècle auparavant. Le sacrifice de son fils  fait de la reine Pokou un personnage politique hors pair car celle-ci sacrifie son intérêt personnel (son affection pour son fils) pour l’intérêt général, la survie du peuple.

Cette reine représente le politique modèle pour qui l’intérêt de la communauté doit prévaloir sur les intérêts personnels quels qu’ils soient. Et la capacité de la femme  à porter et à donner la vie pourrait être la cause de son sacrifice pour sa progéniture. A partir de l’exemple de la reine Pokou la femme devrait, je pense, davantage s’engager en politique. En raison de leur instinct maternel, les femmes  sont à même d’être plus sensibles aux souffrances des populations que les hommes animés de l’esprit de domination et toujours en quête de pouvoir. D’ailleurs, c’est le goût du pouvoir d’un vieil oncle qui déclenche la guerre de succession à la base de la fuite de la reine Abla Pokou et ses fidèles.

En plus du pouvoir fondateur et du pouvoir politique, la femme a aussi le pouvoir de  protestation. À ce sujet, l’on peut se référer des événements plus factuels. Il s’agit des différentes grèves du sexe menées par les femmes à travers le monde et qui ont atteints leur but.

  • 2002 : Grève du sexe au Liberia pour établir la paix

Lauréate du prix Nobel de la paix 2011, Leymah Gbowee lance en 2002 une grève du sexe pour obliger le régime de Charles Taylor (président du Liberia de 1997 à 2003) à associer les femmes, jusque-là écartées du processus de négociations, aux pourparlers de paix. Une pression à laquelle ne résiste pas Charles Taylor, ex-chef de guerre devenu président.

  • 2009 : Grève du sexe au Kenya pour forcer au dialogue

« Pas de réforme, pas de sexe ! », tel est le mot d’ordre du mouvement lancé, en mai 2008, au Kenya, par l’Organisation de développement des femmes, lasses de voir s’éterniser une crise politique entre le président, Mwai Kibaki, et le premier ministre, Raila Odinga. « Les grandes décisions sont prises sur l’oreiller, donc nous demandons aux deux dames (les épouses du premier ministre et du président) lorsqu’elles se retrouvent dans l’intimité avec leurs maris, de leur demander : ‘Mon chéri, peux-tu faire quelque chose pour le Kenya ?' », explique alors Patricia Nyaundi, avocate membre de l’organisation. Très structurées, les femmes kényanes proposent même un dédommagement aux prostituées afin qu’elles s’associent au mouvement et interdisent toute échappatoire aux mâles en manque. Pour la coalition d’ONG féminines, l’objectif de la grève est atteint : le président et le premier ministre, qui ne se parlaient pas depuis des mois, se rencontrent à plusieurs reprises.

  • 2011 : « Pas de route, pas de sexe » en Colombie

Face à la passivité des hommes, les femmes décident de faire la grève du sexe jusqu’à ce que les autorités s’engagent à construire une route pour désenclaver le petit village de Santa María del Puerto de Toledo de las Barbacoas, sur la côte Pacifique. Après trois mois de « jambes croisées », les pelleteuses débarquent dans le village.

En somme, Femmes, vous avez le pouvoir de sauver les vôtres, de préserver leur dignité, de jouer un plus grand rôle dans les questions de notre temps, de favoriser le développement, de fonder des communautés. Vous êtes des politiques hors pair en puissance en raison de votre instinct maternel. Par-dessus tout, et comme le réclame votre nature, vous avez le pouvoir de donner la Vie. Exercez-le donc, votre pouvoir, puisque femmes, vous avez le pouvoir !

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Auteur·e

revedehaut

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