Le samedi 9 décembre dernier s’est tenu dans la ville de Tengrela un atelier sur les droits et violences basées sur le genre. Premier d’une série de quatre, cet échange fait partie d’un programme d’alphabétisation lancé depuis le 04 novembre 2023 par l’ONG Jeunesse en Action pour le Développement (JADE) à l’endroit de 100 auditrices.
Animé par Mme Sékongo Jemima, professeur de philosophie, option philosophie du genre, l’atelier mensuel d’information sur les VBG, intégré au programme d’alphabétisation du Centre d’Alphabétisation Féminin (CAFET) de JADE, a pour but d’outiller les femmes de Tengrela sur les mécanismes de défense et d’alerte contre les violences basées sur le genre, qui sont des faits dans cette localité. Pour la formatrice, « le sujet reste un tabou », au point où elle confiera : « Une traductrice a même dit, que ce que nous disons ici, doit rester entre nous [formatrice et auditrices], sinon, nos maris, mettront fin à notre venue dans le centre. »
L’éventuel apposition des hommes au projet n’est cependant pas de nature à émousser l’engagement de ses partenaires. Il s’agit en particulier de l’Ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire. La représentation diplomatique a en effet fourni à l’ONG JADE un financement. Il se situe dans le cadre des subventions Self Help de l’Ambassadeur, pour un programme de 6 mois de formation en alphabétisation à l’issue desquels, les femmes engagées devront savoir lire, écrire et compter, mais surtout s’organiser en association pour mieux exercer leurs différentes activités.
L’engouement pour les différentes formations est également au rendez-vous. Initialement prévu pour accueillir 100 femmes, il a conduit le staff de gestion du projet à réorienter l’action du CAFET qui compte maintenant 120 auditrices. A propos, M. Coulibaly Aly Badra, président de JADE livre les nouvelles stratégies employées en raison de l’enthousiasme que suscite le projet, tout en en réaffirmant les objectifs : « Nous nous sommes retrouvés débordés et embarrassés par le trop grand nombre de réponses à notre appel à inscription. Avec la coordination du projet, la responsable du projet, le conseiller alphabétisation de l’IEPP et les femmes leaders des communautés engagées, nous avons décidé de venir vers les femmes, qui ont des lieux naturels de rencontre. Prévu pour 2 centres, nous nous retrouvons aujourd’hui avec 5 groupes de femmes et les moniteurs se déplacent pour les rejoindre. Chaque groupe est une communauté et nous espérons que la formation et ses informations auront un impact sur leur vie et leurs activités. Cela a l’avantage avec le prétexte de la distance, du temps, de ne pas conduire à l’échec du projet, donc de l’abandon du programme. »
L’ONG JADE, pour répondre favorablement au grand intérêt que suscitent les formations chez les femmes et pour les rendre accessibles par ces dernières, a constitué 5 groupes d’apprenantes reparties respectivement dans 5 quartiers de Tengréla. Le groupe 1 est logé au quartier senoufo. Il compte 30 auditrices et est animé par M. DIABATE Brahima. Le groupe 2, au quartier Sokoura Chez Mme SYLLA est animé par M. YAO Yao Lambert et compte aussi 30 auditrices. Le Groupe 3 est logé Chez les Sœurs et a pour monitrice, Mme KONE Fatoumata avec 25 auditrices. Le groupe 4 se trouve au sein de la Bibliothèque Sita Diallo, au quartier Résidentiel. Animé par M. KOFFI Kouakou Simplice, il compte 17 auditrices. Enfin le groupe 5 se trouve dans le village Danzourou, à 7 Km du centre-ville. C’est un groupe exceptionnel de 15 femmes animé par Mme BAMBA Tiemongo.
Les 5 groupes, les 3 moniteurs et 3 monitrices, ainsi que les 120 auditrices ont reçu des kits complets pour mieux mener les sessions d’apprentissage. Les dons ont été faits en présence de Monsieur DOA Seny, Conseiller en Alphabétisation à l’IEPP de Tengrela, des autorités traditionnelles, associatives et religieuses des communautés engagées dans ce programme qui prendra fin en Mars 2024.
Selon les avis recueillis auprès des premières concernées, les auditrices, celles-ci éprouvent un grand intérêt pour le programme et espèrent que le projet aura une suite afin de compléter leur formation. Mme Koné Fatoumata, Monitrice au centre dénommé chez les sœurs, reconnait que « le programme vient faire rappeler nos regrets. Pour des apprentissages si simples, nous avons été interdites d’école. Aujourd’hui, nous venons apprendre pour notre commerce, mais, aussi pour nos enfants. »
Il faut rappeler que le prochain atelier se tiendra fin décembre. Il portera sur la santé sexuelle et la santé de la reproduction, ainsi que le planning familial. Il sera animé par des sages-femmes et infirmières du département.
L’ONG JADE réalise à travers ce programme un de ses axes stratégiques, pour mieux aider les communautés des femmes à être autonomes et épanouies.
Commentaires