Les Sénoufos rassemblent en Côte d’Ivoire un ensemble de peuples (Tagbana, Djimini, Niarafolo, Gbins…) qui vivent dans le nord du pays. Comme partout, les noms dans ces peuples sont liés à l’histoire de leurs populations. Le contact avec l’islam sera déterminant dans la nomination chez le Sénoufo, il s’attribuera de nouveaux patronymes. Certains de ses noms originels ont tout de même résisté à cette influence. Comme nous l’avons fait pour des peuples de Côte d’Ivoire, les Baoulés, les Adjoukrous et les Malinkés, explorons l’univers des noms chez les Sénoufos.
Quelques Patronymes sénoufos et leur sens ancestral
– Silué vient de « Pe man pè soûl n’laha » : Ceux qui se sont débarrassés d’une partie de leur communauté. Chez le Tagbanan, Silué est Hilli. Chez le Djimini, Silué se dit Illi. Ils ont pris les noms suivants : Koné et Fofana. Ils ont pour animal fétiche le singe noir.
– Soro vient de « Nanzorobélé » : les courageux, les téméraires, les intrépides. Chez le Tagbana, son homonyme est « Horo« . Chez le Djiminin, c’est « Sorhoro ». Ils sont devenus des Coulibaly. Ils ont pour animal fétiche la panthère.
– Yéo vient de « Bélé pé pè Yiêh » : ceux qui se sont divisés. Chez le Tagbana, comme chez le Djimini, on dit « Yiêh« . Ils sont devenus des Ouattara. Ils ont pour animal fétiche l’antilope rouge à raies et taches blanches.
– Sékongo vient de « Beli pe sehye congue » : ceux qui préparent les portions de terre destinées à la culture. Il se dit « Ikongo » chez le Tagbana et « Ikonsego » chez le Djimini. Ils sont devenus des Camara, Traoré, Sanogo. Ils ont pour animal fétiche l’écureuil de terre.
– Tuo vient de « Béli pe toubélé tchaa » : ceux qui s’adonnent à la chasse aux souris ou aux rats. Il se dit « Toulo » ou « Toulou » chez les Tagbanas, les Djiminis, les Niarafolos. Ils sont devenus des Diarrassouba, Touré, Dagnogo. Ils ont pour animal fétiche le phacochère.
Des totems pour noms
Les populations de la région de la Bagoué (Tengréla…) ont les noms de leurs totems animaux comme patronymes : Ziao est « biche, zèbre ». Kéwô est le singe noir. Sedjion est la panthère. Goanougo, tortue.
La lettre « a » comme signe particulier du nom
Cette singularité concerne uniquement les Guins ou Gbins dans l’univers Sénoufo. Leurs patronymes se terminent en effet par la lettre « a ». Ils ont également pris des noms malinkés :
- Solama ou Soulama : Traoré
- Soma : Koné
- Sirima : Coulibaly
- Hema : Ouattara
- Fayama : Touré
- Karama : Sanogo
Notez bien
Les noms Ouattara, Coulibaly, Touré, Traoré, Koné, Fofana, Diarrassouba, etc. sont des noms malinkés, communément appelés Dioulas. Ils ont été empruntés par les Sénoufos à la faveur de l’islam. Le Sénoufo prenait en effet le nom de la personne qui l’a convaincu à se convertir ou qui l’a converti à l’islam. Les correspondances des patronymes sénoufos avec les noms malinkés ne sont toutefois pas figées. « Yéo » peut par exemple s’appeler Coulibaly, Camara, Touré, etc. en fonction de la personne qui l’a converti à l’islam.
Les patronymes sénoufos n’ont pas la même signification qu’en langue Bambara, Malinké ou Dioula.
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