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La mémoire de l’étoile, Dj Arafat, dévoile des sorciers

Arafat Dj en concert au Tchad en 2014. CC wikipédia

Cela fait prêt d’une douzaine de jours qu’à la suite d’un accident de moto  nous a quitté le roi du Coupé-décalé,  Arafat Dj, de son vrai nom Ange Didier Houon – Père a son âme. Sa  disparition est une énorme perte pour la Côte d’Ivoire et le monde des arts musicaux modernes. Elle  confirme pourtant la mauvaise foi,  voire la méchanceté, que certaines catégories d’individus lui ont montrées de son vivant. Ces adeptes des pratiques secrètes, illicites et effrayantes semblent même utiliser sa disparition tragique à leur profit.

Le monde des politiciens

Il n’est un secret pour personne, Dj Arafat avait pour « mentor » un politicien. Mentor ? Disons plutôt vieux-père en nouchi, ou protecteur en français. Ce dernier a même dit de lui : « C’est mon fils », avec ce que cette expression comporte comme sous-entendu en considérant le dense et  particulier contexte culturel et linguistique ivoirien. Enfin soit.

Véritable relation de protection ou pure manipulation par des politiciens   dépassés, mais surtout malins, animés de la volonté de se façonner une image d’officiels branchés devant une jeunesse désœuvrée dont Dj Arafat était l’idole ? Une chose est sûre, cette relation privilégiée n’a pu éviter le drame à l’artiste. Sans que la responsabilité du roi du coupé-décalé soit totalement avérée dans l’accident qui l’a emporté, la protection dont il bénéficiait des politiques  lui semblait une caution à tous les excès, sur la route notamment. « Il était abonné aux frasques, aux parades dangereuses à moto en pleine agglomération, souligne l’hebdomadaire satirique ivoirien L’Eléphant Déchaînésous le regard parfois amusé des forces de l’ordre, dont il ne venait jamais à l’esprit, de peur de représailles diffuses, d’oser la moindre verbalisation contre la star du coupé-décalé. […] À force de tout lui pardonner, déplore encore L’Eléphant Déchaîné, la République a laissé l’artiste, assuré d’une certaine impunité, s’installer dans une vie dangereuse, quasiment tous les dimanches, avec ses parades à moto, sur les voies très fréquentées de la 8e tranche, à Angré. ».  Ces autorités politiques étaient-elles donc vraiment de réels protecteurs pour  l’artiste ? Le fait que le gouvernement n’a  pas spontanément interrompu ses vacances pour l’organisation des obsèques de cette icône de la musique ivoirienne et offrir au plus tôt une sépulture à son corps meurtri par la violence de l’accident qu’il a subi en dit long à ce sujet.

Tweets sur tweets (pour témoigner sa peine depuis son lieu de vacance) comme leur nom l’indique ne sont ni plus ni moins que du bruit. Ces gazouillis ne peuvent valoir le grand attachement que ces tweeteurs prétendaient témoigner à la star de son vivant. Le verset biblique ne semble pas si bien dire : « Et là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Luc 12, 34).

L’organisation même de funérailles grandioses par le gouvernement ne saurait témoigner suffisament de l’affection pour un artiste qui, dans ses derniers jours, se plaignait auprès de sa grand-mère d’attaques et d’un manque de soutien flagrants pour l’organisation de son concert. La plus grande  reconnaissance serait de faire bénéficier à ses enfants à bas âge d’une prise en charge sociale. Alpha Blondy l’a réalisé pour le fils de son ami, l’homme qui l’a fait, Roger Fulgence Kassy. Pourquoi ceux qui prétendent regretter Arafat Dj et qui en ont les moyens et le pouvoir n’en feraient pas autant pour ses enfants ?

Pseudo croyants et autres serviteurs de Dieu

Ces  catégories d’individus y vont de leurs commentaires au sujet de la disparition  d’Arafat Dj : « Il est mort sans connaître Dieu », entend-t-on de leur part, comme si l’on connaissait la relation personnelle qu’entretenait  cet époux, ce père de famille, cet artiste, ce concepteur, ce créateur, ce  féru de travail, cet homme pas du tout hypocrite, ce chef d’entreprise avec Dieu. Si Dieu ne se trouve pas dans ces différents aspects de sa vie, alors Dj Arafat que  ces gens  prennent plaisir à dénigrer au nom justement de Dieu n’a pas existé. Donc, de grâce, qu’elles se taisent.

Bon, en supposant qu’il n’aurait pas été croyant… qui de ces personnes,  soucieux de son salut et qui le voyait  égaré, a eu l’initiative de porter la Bonne Nouvelle à cette créature de Dieu, comme le commande Jésus à ses apôtres en Marc 16, 15 ? Une chose est certaine, ceux qui pensent créer la peur et augmenter  ainsi leur fidèle en prétendant à travers leur propos que Dj Arafat a eu une fin tragique parce qu’il n’aurait pas été croyant, ces gens mêmes ne connaissent pas encore Dieu. Sinon, en ce moment même, elles se lamenteraient pour ne pas avoir contribué à sauver une âme que, justement par la grâce de Dieu, ils prétendent avoir vu en perdition.

Certains même ont déjà eu la prétention de le juger et de lui prédire l’enfer sans se soucier de la faute qu’eux, pauvres mortels aussi, commettent ainsi en se faisant passer pour Dieu. Un  pasteur, qui a flairé une occasion de faire le buzz en se servant de la dépouille de la pépite de la musique ivoirienne, a même proposé de le ressusciter, avec le secret espoir d’être davantage connu et  sans doute de se faire beaucoup plus de fidèles.

L’artiste  ivoirien éclairé

Un célèbre artiste ivoirien d’une très très grande clairvoyance rappelle avoir mis en garde Dj Arafat contre son irresponsable entourage, que ce dernier allait causer sa « perte ».  Et malheureusement, selon lui, ceux qui étaient avec lui la nuit du drame l’ « ont poussé à ça jusqu’à la dernière minute, jusqu’à le mettre sur une moto sans casque ».

Notre artiste éclairé doit sans doute se réjouir, pour avoir eu raison. Sauf que sur la mémoire d’un défunt, on ne cherche pas à montrer son intelligence ou on ne prouve même pas qu’on avait raison. La sagesse veut qu’on se montre simplement humain ; on s’incline devant la mémoire du défunt, on fait preuve  de compassion et d’empathie pour la famille éplorée. Ce n’est à  l’honneur de personne de ne rien faire pour empêcher un danger qu’on a heureusement pressenti, de s’abattre contre la potentielle victime. Pire, il n’y a rien de digne d’avoir été particulièrement en conflit permanent avec cette personne qu’on dit avoir prévenu du drame, si bien qu’on a contribué à l’isoler davantage, parce qu’on nourrissait le secret espoir d’avoir raison un jour.

Ce comportement cache mal une antipathie née de la jalousie pour  un artiste d’une véritable  spontanéité, d’un naturel et d’un génie fascinants et dont l’aura lui attirait la collaboration de stars et l’amour spontané de millions de fans qu’il appelait affectueusement les chinois.

Seulement, les basses manœuvres contribuent étrangement au rayonnement d’une étoile, surtout quand celle-ci est  montée, définitivement dans les cieux,  rejoindre ses semblables, les anges. Repose en paix Ange Didier Houon, alias Dj Arafat, dit  Daïshikan. Père a ton âme, que tes détracteurs et tes sorciers le veuillent ou pas.

Yako* à  ta femme, à tes enfants, à ta mère, à ta grande famille, aux « Chinois » (tes fans), au monde des arts modernes, à toute la Côte d’Ivoire.

*Sincères condoléances

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Auteur·e

revedehaut

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