A la dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire, on a eu ces slogans : « Ya rien en face ! », « Devant, c’est maïs ! », « On gagne ou on gagne ! ». Chacun de ces slogans, émanant du candidat du pouvoir à l’époque est très parlant. Ainsi, le premier dévoile la sous-estimation de l’adversaire politique. Ce qui voudrait dire que son auteur se surestime. Le deuxième révèle le manque de respect pour l’adversaire. Autrement dit, son auteur se croit supérieur à ce dernier. Le dernier quant à lui traduit la volonté de s’accrocher vaille que vaille au pouvoir.
Avec de tels slogans, il n’est pas surprenant que l’élection présidentielle ivoirienne de 2010 se soit terminée sur une crise, avec à la clef, au moins 3000 morts, officiellement.
En raison donc du passé de la Côte d’Ivoire en matière de slogan de campagne, pour l’élection présidentielle de 2015, un des slogans du candidat Alassane Ouattara attire notre attention. Il s’agit du « Un coup K.O », c’est-à-dire la victoire du candidat du pouvoir au premier tour. Sans verser dans le pessimisme et le misérabilisme, sans même insinuer que ce slogan cacherait mal certaines motivations, on est tout de même amené à se demander :
- Si au soir du 25 octobre, il n’y avait pas ce « Un coup K.O » que souhaite le pouvoir actuel, est-ce que l’on ne s’arrangerait pas pour qu’il y ait forcément ce « coup K.O » là avec tout ce que cela comporte comme danger ; surtout que, ici et là dans l’opposition des voix s’élèvent depuis longtemps pour critiquer la composition et la partialité de la CEI (commission électorale indépendante) qui serait en majorité composée des partisans du pouvoir. Une marche de protestation a même été organisée par l’opposition à cet effet ;
- Et si ce « coup K.O » avait réellement lieu, le pouvoir serait-il raisonnable et accorderait-il de la considération et du respect à l’opposition lors de son prochain mandat ? Durant ces cinq dernières années en effet, les opposants se sont constamment plaints de l’arrogance du pouvoir. Certains même, selon Amnesty International, ont récemment été arrêtés par les autorités quand d’autres, des partisans de Laurent Gbagbo, croupissent en prison depuis plusieurs années sans jugement.
Dans tous les cas, si le président Alassane Ouattara n’obtenait pas la majorité absolue au premier tour, le deuxième risque d’être très disputé. Et rien n’exclut que ce soit lui qui aille au tapis.
Le plus important, par-dessus tout, est que ce scrutin se tienne et se termine dans l’ordre. Le blason de la Côte d’Ivoire en sera redoré.
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