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Ces faux maçons de l'Afrique

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Considérons simplement que l’Afrique représente cet édifice que se sont donnés ses gouvernants pour ambition de construire. Cet état de fait fait automatiquement de ces derniers des maçons, les maçons de l’Afrique. Maintenant, si l’on tient compte des imperfections de l’ouvrage, et du fait même que certaines personnes s’improvisent maçon parce que ce statut déboucherait sur le pouvoir et les privilèges, l’on peut bien voir que des maçons, il y en a de faux parmi les gouvernants africains. Souffrez qu’on ne cite pas de noms, mais qu’on parle simplement des différents types de faux maçons qui pullulent en Afrique.

Les premiers maçons de l’Afrique, il va sans dire, sont les chefs d’État des lendemains des indépendances. L’expression « pères fondateurs » qui se rapporte à eux illustrent bien le rôle de constructeur qu’ils ont joué pour leur pays. Certains s’y sont consacrés pendant près de quarante ans de pouvoir.

Durant ce long règne sur une population peu nombreuse, ils disposaient de la manne financière générée par l’exploitation des matières premières (pétrole, bois, manganèse, etc.) pour faire de leur pays d’imposants édifices. Mais tous ces moyens ont apparemment servi à acquérir malhonnêtement des biens à l’étranger, en Europe notamment, ou alors à se constituer une colossale fortune qu’un nombre aussi impressionnant de descendants se disputent par contestation de parenté et d’état civil.

Plutôt qu’à servir à des causes nobles, humaines et raisonnables, telles que l’éducation, la formation, la santé, à la construction d’infrastructures, ces moyens là étaient également utilisés pour le financement de conflits armés dans des pays frontaliers.

Finalement, ces maçons là ont fait de leur pays une vulgaire bâtisse à laquelle un logement précaire n’a vraiment rien à envier. Aujourd’hui, ces faux maçons doivent certainement n’en avoir cure puisqu’ils reposent dans de superbes caveaux.

Aussi faux maçon qu’étaient ces pères fondateurs, après leur rappel à Dieu, l’entreprise familiale de maçonnerie, pour ne pas dire maçonnique, qu’ils dirigeaient, moribonde pour l’ensemble de la population, mais évidemment très rentable pour eux et leur famille, revient à leurs héritiers, leurs descendants. Ces derniers étaient aussi leurs collaborateurs. Ceux-ci ont donc évidemment été préparés au métier de faux maçons.

Mais la prise de contrôle de l’entreprise familiale par les héritiers n’est pas du tout aisée. Ils se la disputent en effet avec d’anciens collaborateurs de leur défunt père, à coup de répressions des manifestations de ces derniers et d’élections pas très claires. Il faut également avouer que les héritiers maçons arrivent à s’imposer avec l’aide de leurs opposants incapables de faire front commun contre eux. Apparemment, aussi moribonde qu’elle puisse être, et derrière les grand discours sur sa mauvaise gestion et de sa restauration, l’entreprise de maçonnerie suscite tout de même des convoitises pour des intérêts particuliers. Par conséquent, le coup d’État s’offre comme la seule solution pour certains individus à l’exercice de la fonction de maçon pour leur pays.

Et ils s’y adonnent à cœur joie, aux coups de force. Le gouvernant précédent est chassé du pouvoir. Il est quelques fois sauvagement assassiné. Souvent même, soutenus par de puissants partenaires occultes, les adeptes du putsch n’hésitent à prendre la tête de véritables insurrections et à envoyer la guerre jusque dans les centres urbains pour devenir les maçons de la République. Et ils atteignent effectivement leur objectif.

Tenant leur statut de maçon du pays du meurtre, de l’assassinat, de la rébellion, finalement ces hommes forts s’investissent plus à bâtir des stratégies de conservation de leur pouvoir de maçon en chef qu’à élaborer des plans de développement. Sinon, sans leur statut de chefs, on imagine bien le sort qui leur est réservé.

Avec eux, c’est donc plutôt Construction d’une armée fortement tribalisée ou d’une armée (garde présidentielle pléthorique surentrainée et surarmée) dans une armée (armée nationale délaissée, sous-équipée). Politiquement, ils font preuve d’un génie plus occupé à demeurer à vie au pouvoir, qu’à le céder démocratiquement. Pour ce faire ils traquent leurs opposants, fomentent des complots contre les plus farouches, répriment les populations qui ne sont pas de leur bord et les harcèlent pour éviter toute contestation ; les contestataires disparaissent simplement sans laisser de traces.

Ces hommes forts, en véritable maçons malins, se construisent une personnalité d’homme intègre. Ils font simplement croire que l’édifice-pays dont ils sont les maçons en chef se bâtit bien, sinon mieux avec eux. Ils créent ce ciment social appelé immoralité, absence de probité, manque de vision. Ainsi, par exemple n’accède en générale à l’emploi dans la fonction publique (qu’ils considèrent comme leur affaire) que ceux qui ont les moyens pour payer ou qui sont originaire de la même région ou bien ont la même ethnie qu’eux. La formation, le mérite, et la compétence n’étant apparemment réservés qu’aux bâtisseurs des pyramides dans l’ancienne Égypte, il n’est pas surprenant que la pauvreté et son corollaire d’espérance de vie basse gagne du terrain parmi la population. Quel gâchis ! Finalement, ces maçons de l’Afrique semblent plus efficaces à réaliser des tombeaux qu’à construire des pays.

Fondant la construction de leur pays sur le chaos (dictature, détournement, corruption, gabegie, clientélisme, coup d’État, assassinat, intrigues politiques, etc.), certains dirigeants africains sont véritablement de faux maçons, mais le dénominatif de fossoyeurs les iraient bien.

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revedehaut

Commentaires

Eteh Komla ADZIMAHE
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Et encore ! tu n'as pas parlé des maçons qui sont francs ! très francs !

N'Guessan Jean Christ Koffi
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Tu l'as dit, un maçon cache bien un autre, celui-là, très franc !