N'Guessan Jean Christ Koffi

Quand le matriarcat offre une alternative au régime présidentiel en Afrique

Le régime présidentiel en Afrique, marqué par l’accaparement du pouvoir, l’autoritarisme, l’autocratie, la dictature et quelques fois même par des actes de banditisme et à la tête des États, prend plus l’aspect d’un régime présidentialiste – un président tout-puissant. Il va sans dire qu’avec avec ses caractères dévalorisants, il ne profite à aucune population sur le continent noir. Le matriarcat offre pourtant à l’Afrique une alternative politique à ce régime qui lui est étranger sur tous les plans.

Groupe d’enfants africains. CC Pixabay.com

Ce que le matriarcat est

Le matriarcat, dont les traces demeurent dans certaines sociétés originelles africaines, notamment chez les groupes Akan et Sénoufo, en Côte d’Ivoire, est le « droit maternel » ou l’ordre « social maternel » et non pas le « pouvoir aux femmes ». Il est l’essence des sociétés africaines avant les influences occidentales et orientales. Le Nord et le monde arabe ont été des obstacles à la continuité du matriarcat et son adaptation à la modernité à travers les phénomènes patriarcaux que sont le christianisme, l’islam et la colonisation. Les États africains qui ont de plus répliqué les institutions des anciennes puissances coloniales, elles-mêmes patriarcales, ont donc logiquement adopté leurs motifs au détriment des caractères du matriarcat. Ces derniers recèlent pourtant d’atouts exploitables sur le plans politique en Afrique.

Le matriarcat, un système social riche et inclusif

Le matriarcat, selon sa définition, n’est pas fondé sur l’autorité d’un individu, à plus forte raison sur celle d’un être tout-puissant. C’est le contraire du patriarcat qui est un système social fondé sur le père de famille, sur l’homme. Il repose plus clairement sur un individu supposément infaillible. Quand l’on imagine les limites de l’individu dans le temps, comme dans ses rendements à tous les niveaux, l’on se rend bien compte de la faiblesse et de la pauvreté de ce système social vis-à-vis du matriarcat.

Le système matrilinéaire ne fait pas en effet de la femme et l’enfant des biens du père de famille, ils n’y sont pas une propriété de l’homme : le père y est le protecteur, le défenseur, le pourvoyeur aux besoins de sa famille, rien de plus ; l’enfant bénéficie d’une plus grande protection du clan maternel, c’est-à-dire ses oncles et tantes maternels. Seuls ces derniers ont autorité sur lui, puisque selon le système matrilinéaire il en est l’héritier et c’est par eux également qu’il peut accéder au pouvoir.

Il faut surtout retenir que dans le matriarcat, autour de la femme (symbole de la nation) et de l’enfant (représentation de la pérennité de la nation) gravite donc l’ensemble des acteurs de la famille africaine, qui elle-même y est la première cellule sociale. Père ou époux, oncle ou frère, et tante ou sœur ont tous des fonctions bien définies dans l’ordre social maternel.

Ce n’est pas le cas dans le système patriarcal qui érige le père de famille comme la seule autorité. La femme (symbole de la nation) et l’enfant (représentation de la pérennité de la nation) semblent ses propriétés. Quelle aberrance !

En somme le matriarcat est très différent du patriarcat par sa richesse et son caractère inclusif. Ces particularités font de lui un atout pour la rénovation des systèmes politiques justement inspirés du patriarcat et qui sont de plus étrangers et inadaptés au continent noir. Il s’agit notamment du régime présidentiel.

Le matriarcat, un avantage sur le plan politique

L’ordre « social maternel » ne transforme pas le père de famille, et l’homme en général, en oppresseur ou en chef illusoire d’un certain ordre social.  Très inclusif, il ne fait encore moins d’un individu le socle d’une société, comme cela est visible dans les régimes présidentiels en Afrique où tout un État repose sur la seule volonté d’un individu.

L’exemple de la côte d’Ivoire le confirme bien, aucun contre-pouvoir n’existe contre les déviations du chef de l’État actuelle. Tellement de dérives l’illustrent : le fameux 3ème mandat illégal ; l’emprisonnement d’opposants sans jugement ; les procès sur mesure et l’indifférence de la justice vis-à-vis de crimes subies par les opposants au régime ; les chantages politiques ; la nomination de Ministre-gouverneurs, qui n’est prévu dans aucun texte de loi et qui sème un désordre administratif pendant qu’il garantit des amitiés et un certain électorat au chef de l’État.

La dépendance de la destinée de toute une nation aux instructions ou au bon vouloir d’un individu, avec tout ce que cela implique comme incompétence, injustice, illégalité, imposture et sous-développement, telle est pour résumer le spectacle irréel qu’offre pourtant le régime présidentiel dans cet État, et en Afrique en général.

Le système matrilinéaire inspire au contraire un régime politique inclusif, à l’image des rôles singuliers que jouent les principaux acteurs de la grande famille africaine autour de la femme (symbole de la nation) et de l’enfant (représentation de la pérennité de la nation).

Le régime présidentiel, inspiré du patriarcat, voire de l’autoritarisme et de la convoitise, et de plus étranger à l’Afrique, se révèle en revanche dans son essence contraire à la vision de concorde sociale qu’avait déjà la société originelle africaine pour elle-même. D’où l’immobilisme, voire la rétrogradation de la vie politique. Mais l’espoir n’est pas perdu le matriarcat inspire un régime politique légitime, juste et porteur.

Le matriarcat, socle d’un système politique légitime, juste et porteur

  1. Un collège à la place de la fonction de président de la République

Le matriarcat est toute une organisation sociale autour de la femme et de l’enfant. En considérant la femme comme le symbole de la nation et l’enfant comme la représentation de la pérennité de cette nation, le système matrilinéaire inspire donc un régime politique qui fait de l’État l’affaire de tous. Par conséquent, Il ne  transforme pas celui-ci en une propriété de son supposé chef, comme lors de la colonisation où le territoire colonisé appartenait au colon au détriment des populations autochtones.

En se référant au matriarcat la fonction de président de la République est simplement appelée à disparaitre pour laisser la place à un collège à la tête du pays.

Cette révolution, qui n’en est au fond pas une pour des Africains, l’organisation politique de l’ancienne puissante confédération Ashanti en est le témoignage, est faite en référence à l’ordre social maternel,  selon lequel encore une fois la femme et l’enfant sont entourés.

Ce système politique qui met la nation au centre de ses préoccupations préserve même de facto des conflits liés à la gestion partiale du pouvoir les pays composés de plusieurs peuples, de diverses ethnies, de différentes régions ainsi que d’une pluralité culturelle.

Ce qui n’est pas le cas du régime présidentiel, et même du régime parlementaire, que l’on s’entête à appliquer en Afrique. Ces systèmes politiques n’y sont pas une garantie d’équité, il ne peuvent prendre en compte plusieurs peuples regroupés sur un même territoire. Ils sont en effet la perpétuation voilée des anciens blocs monarchiques occidentaux, qui ont de plus une longue histoire.

La réalité socio-politique de la Côte d’Ivoire, pays composée de plusieurs peuples, milite en faveur du collège  à la tête du pays. Les diversités culturelles et des populations ainsi que les disparités régionales appellent simplement à une autonomie ou à une responsabilisation des peuples.   

  • 2- Une réelle décentralisation, une vraie autonomie et un bien-être assuré

Le système matrilinéaire,  d’abord dévoile un père de famille qui honore ses engagements vis-à-vis de sa famille, sans aller au delà de ses obligations ;  la famille y est ensuite autonome tout en ne vivant pas en marge de la communauté et des règles de celle-ci. De même le système politique qu’inspire le droit maternel garantit une liberté d’administration.

En clair, le matriarcat, par sa capacité de responsabilisation, valorise la décentralisation et l’autonomie. Il engendre donc un système politique dans lequel les districts, les régions, les communes et autres collectivités territoriales sont autonomes, tout en bénéficiant, il va de soi, des biens de l’État, la richesse commune.

  • 3- Un système démocratique de désignation des membres du collège

Le regroupement des anciens élus des collectivités forme le collège évoqué plus haut et qui remplace un chef de l’État à la tête du pays. Il est tout simplement une réplique du groupe de sages des sept clans qui selon le système de désignation du roi dans la confédération ashanti, choisissent la reine-mère qui, à son tour, désigne le roi parmi ses descendants[1].  

Cependant, la royauté n’est pas seulement l’apanage de l’homme. La femme peut aussi y accéder  chez les Baoulés. Ce peuple de Côte d’Ivoire a une vision beaucoup plus inclusive du matriarcat. Celui-ci garantit à la femme des fonctions de dirigeant au même titre que l’homme. Les souverain du peuple baoulé peut donc être des deux sexes, neveu ou nièce, pourvu qu’il soit sur la lignée matrilinéaire.

Dans le système démocratique, qu’inspire le matriarcat, d’abord le roi est simplement représenté par un coordinateur du collège. Il peut être un homme ou une femme pourvu qu’il respecte les conditions d’éligibilité. Comme sa fonction l’indique le coordinateur, élu par ses pairs n’a aucun pouvoir exécutif, celui-ci est détenu par l’ensemble du collège (qui lui-même remplace le parlement classique). Le coordinateur a juste un rôle de synchronisation du travail de l’ensemble des ministres et des moyens mis en œuvre.

Les ministres même, vu que n’importe qui ne peut se prévaloir du titre de notable ou de sage selon les cultures africaines, sont recrutés par le collège après dépôts de dossiers de candidature et exposé sur le ou les projets qu’ils préconisent pour les départements qui suscitent leur intérêt. Les ministères même sont clairement prédéfinis pour éviter de verser dans la prédation, le népotisme, la démagogie et les gaspillages.

La reine-mère est ensuite symbolisée par l’ensemble des populations. Ce sont elles qui en amont désignent démocratiquement les élus de leurs régions et autres collectivités territoriales. Ces derniers par la suite les représenteront au collège après avoir fait leur preuve dans les fonctions qu’ils occupaient dans leurs régions respectives.

L’accès au collège est par voie de scrutin dans les collectivités territoriales et réservé aux anciens élus des collectivités ou des membres démissionnaires. Les bilans de ces derniers militeront ou non en leur faveur pour leur élection au collège. S’il leur tient à cœur de faire valoir leur compétence, ils pourront aussi éventuellement postuler au poste de ministre avec les personnes qui n’ont pas exercer de mandat, s’ils échouent à se faire élire au collège.

Le collège et le mode de sa constitution sont décentralisés. Ils épargnent par conséquent l’accaparement de la chose publique par un individu, un peuple, une ethnie, une région, un clan ou encore par une classe sociale, comme il se passe sous les régimes présidentiels dans des supposées Républiques en Afrique. À l’image des colonies, celles-ci sont en réalité les biens de leurs chefs.

Le collège et son mode de constitution préservent également encore une fois le pays des impostures, de l’incompétence, de la gabegie, des machinations et de la corruption. Ils garantissent par dessus tout de l’intérêt pour les collectivités territoriales. Les capitales ne sont plus ainsi les principaux objectifs des individus qui désirent s’engager en politique.

À retenir

Le système politique qu’inspire le matriarcat est clairement inclusif par le bas ou depuis les populations, il est juste dans sa mise en œuvre, il n’oublie aucune région, aucun peuple, aucune ethnie et aucun individu. Il prends donc en compte toute la nation, autant que le matriarcat met la femme (symbole de la nation) et l’enfant (représentation de la pérennité de la nation) au centre de ses préoccupations.

Les pays africains, qui sont des regroupements de plusieurs ethnies et de différents peuples, sont très composites. Il n’y a donc que par le système politique inspiré du droit maternel que l’ensemble des populations d’un État africain accédera au bien-être et au bonheur auxquels il aspire et auxquels il a naturellement droit. N’est-ce pas d’ailleurs à cette fin que la déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples proclame le droit de tout peuple de disposer de lui-même ?

Le système politique inspirée du matriarcat fait de cette idée une réalité. Il ne manque plus qu’aux premiers concernés en amont comme en aval, c’est à dire les populations africaines, de faire preuve de bon sens et de courage pour mettre en œuvre ces réformes qui sont une garantie de justice, de paix et de développement général.


[1][1] Jean-Noël Loucou, Françoise Ligier, La Reine Pokou, fondatrice du royaume baoulé, ABC, Paris ; NEA, Dakar, Abidjan, 1977, p. 21.


Côte d’Ivoire : les noms baoulés, toute une science en péril

Les Baoulés sont un peuple du groupe ethnique Akan, en Côte d’Ivoire. Ils sont remarquables par un riche et beau patrimoine culturel au centre duquel se trouve leurs noms et prénoms. Ces derniers sont particuliers par leur mode d’attribution. Ils sont aussi prestigieux par la science qui fonde cet état civil. Celui-ci est malheureusement en danger. Ce qui n’est pas sans conséquences.

Petits garçons baoulés. CC by Carsten ten Brink, Flickr.com

À retenir

En faisant correspondre certains de ses noms aux jours de la semaine, le Baoulé les rend présents et éternels. Les noms correspondant aux circonstances de la naissance, les noms religieux, les noms en référence aux éléments naturels, les noms de caresse et les noms modernes ou forgés rendent encore plus ces appellations factuelles, simples, affectueuses et ingénieuses. Elles sont de dignes éléments d’identification des individus qui le portent.

Les noms selon l’ordre de naissance dans la fratrie ont la priorité sur les autres conditions de nomination, en dehors des jumeaux. Cette singularité dévoile que ces enfants ont un statut particulier. On leur reconnaitrait même de ce fait certains pouvoirs mystiques. Cet état n’exclut pas les autres rejetons, l’individu ne se distinguant que par ses actes et non à travers son nom (nous y reviendrons).

La similitude des noms, quel que soit le sexe, des enfants nommés selon leur ordre de naissance dans la fratrie en rajoute à leur spiritualité. Le fait de baptiser fille et garçon selon l’ordre de naissance des mêmes noms traduit l’absence de discriminations, sinon il révèle la parité de la parole, chez le Baoulé. La figure incontournable de la reine-mère en pays baoulé (« choisie parmi les sœurs du roi par le conseil des notables, c’est elle qui désigne le nouveau roi entre ses descendants, partage la puissance avec le roi»), et des femmes en général, à travers le système matrilinéaire, le confirme bien. Le puissant ancrage social des noms baoulés dévoile leur particularité, un immense savoir.

L’état civil baoulé, toute une science

La particularité des noms baoulé vient par-dessus tout du fait que les prénoms (selon la dénomination en français) des hommes sont également des patronymes.

En clair, le prénom d’Untel sera le patronyme de sa descendance. Le nom, signalons-le, se place avant le prénom, comme sur tout document officiel sérieux. Cette particularité répond surtout de la logique que ce sont les parents qui ont donné la vie aux enfants. Sur ce point, ceux-ci ne sont jamais cités avant leurs géniteurs ; ils ne seront non plus jamais supérieurs à ces derniers. Par exemple : les enfants de KOFFI N’guessan s’appelleront N’GUESSAN + prénom.

C’est une ingénieuse stratégie d’état civil. Elle conserve en effet les histoires des familles sans les confondre, encore moins sans les renier. Elle préserve les noms. Elle parle de l’individu et de ses parents, c’est un puissant moyen d’identification. Le nom KOFFI N’guessan révèle par exemple que l’individu qui le porte est un 3ème garçon d’affilé dans une fratrie ou une 3ème fille successive. Il dévoile aussi que son père, qui a pour prénom Koffi, est né un samedi. En remontant ainsi dans la lignée, des informations précises sur les ascendants apparaissent.

La stratégie d’état civil chez le Baoulé favorise la projection dans le futur. Elle n’ignore pas non plus les sources car le retour régulier des noms chez les Baoulés appelle à plus de précisions pour la localisation de l’individu dans sa généalogie. Ses particularités le distingueront.

Ainsi, pour savoir par exemple duquel des N’guessan il s’agit, le baoulé répond : « Koffi N’san », c’est-à-dire à dire, le 3ème garçon (si c’est un mâle) de Koffi, son père, et non le 3ème garçon de l’aïeul Koffi. Ou encore il s’agit de N’guessan qui a pour père Koffi (et non qui a pour aïeul Koffi), qui lui-même a par exemple pour père Kouamé. Donc il s’agit de Koffi N’guessan qui est le fils de Kouamé Koffi qui, lui-même, a pour père Djê Kouamé.

Il arrive que l’enfant soit l’homonyme de son père, si la condition de leur naissance est identique. Dans ce cas son patronyme et son prénom sont identiques. Par exemple : KOFFI Koffi. La version simplifiée est KOFFI Kan, soit littéralement petit KOFFI, ou plus couramment KOFFI Junior. Ses enfants s’appelleront alors : KOFFI (prénom du père) + prénoms, selon la formule d’appellation chez les Baoulés.

Régénération des communautés

La technique d’état civil établie avec habilité chez le Baoulé ne fait non plus aucune discrimination entre les ascendants et les descendants. Elle met simplement chacun à sa place tout en dévoilant un sentiment de fierté des enfants pour leur père, leur protecteur. Loin d’attribuer uniquement un nom, l’état civil des Baoulés est fait dans l’intention de renouvellement des générations et de régénération de la communauté. Elle est surtout réalisée dans l’esprit de transmission de valeurs. Ce n’est pas le nom qui fait parler des individus, mais leurs actes. Dans l’environnement social réservé des Baoulés, l’on se distingue par ses vertus communiquées à travers ses noms et non par des noms vides de valeurs. En clair, c’est par tes valeurs et tes actes que l’on saura que tu es de ce prestigieux ancêtre, et non à travers ton nom. Le Baoulé le dit très bien à travers un proverbe :

« Boli wou man boua. » « Le cabri ne met pas au monde un mouton ».

De ce fait, l’état civil baoulé met l’enfant mâle en face de ses responsabilités puisque ce dernier est appelé à fonder une famille afin de transmettre son nom et ses valeurs à sa descendance. L’état civil chez les Baoulés est donc un puissant facteur d’intégration tant psychologique que sociale au sein du peuple baoulé. Il confère toute sa dignité à l’homme. Il est aussi une parade à l’imposture, il n’y a pas de célèbres patronymes chez les Baoulés, mais des hommes légendaires ; des Christophe Rocancourt (fameux escrocs français qui a usurpé de célèbres patronymes pour arriver à ses fins) n’aurait jamais existé en pays baoulé.

Pour revenir aux valeurs que livre l’homme, il s’agit de celles qu’il a reçu de son ascendant, symboliquement par son patronyme, et celles qu’il communiquera à ses enfants, symboliquement aussi par son nom (son prénom) qui devient leur patronyme. L’enfant, au travers de son nom, est donc une part de son père et une part de lui-même. Il est pourtant, selon la spiritualité des Baoulés, par-dessus tout la totalité de sa mère.

Le rôle de la femme dans la nomination chez les Baoulés

La femme, contrairement à l’homme, ne transmet pas son nom chez les Baoulés. Ce n’est pourtant pas un drame parce que la gente féminine fait justement plus que cela. Elle est le fondement de l’état civil chez le peuple baoulé. C’est la femme qui en réalité détermine le patronyme des différentes familles de ses enfants de sexe masculin, et par conséquent chez le peuple baoulé.

D’abord l’enfant est en effet fondamentalement nommé selon le jour de la naissance, l’ordre de naissance dans la fratrie, les circonstances, etc. Ensuite, les prénoms des hommes sont des patronymes chez le Baoulé. Enfin le fait que c’est la femme qui naturellement met au monde, c’est donc de ses dispositions que dépend l’appellation des enfants.

C’est sur la femme que repose par conséquent le baptême des enfants et les noms chez les Baoulés. C’est le cas des peuples du grand groupe Akan. Il en est de même chez les Gouro et les Tagbanans. Ils ont le matriarcat en commun avec les Baoulés. La science de l’appellation chez les Baoulés est pourtant menacée.

Péril sur les noms baoulés

Les complexes et la quête d’une modernité sans vergogne tendent à tuer les noms originels des Baoulés et leur état civil premier.

C’est le cas d’abord des noms baoulés modernes forgés. Puisque ceux-ci répondent de la quête d’originalité ou sont l’expression d’un témoignage, leur utilité serait réelle et sublime s’ils s’ajoutaient aux deux noms originels ou occupaient la place des prénoms occidentaux et chrétiens ou encore s’ils s’ajoutaient à ces derniers. Le fait que ce ne sont pas de vaines paroles, mais des formulations, en rajoute à leur fonction et la transcendance de l’état civil.

Par exemple : Koffi N’guessan Elahossou. Cet état civil à lui seul veut dire : « Toi, le 3ème garçon de Koffi, tu as toute notre confiance (ou nous comptons sur toi)? ».

L’inversion de l’état civil (prénom + nom), notamment sur la nouvelle carte nationale d’identité ivoirienne (CNI) ainsi que pour les individus qui ont atteint un certain statut social, et les orthographes fantaisistes des noms sont aussi parlants sur les complexes qui dévalorisent les noms baoulés et les appellations des Ivoiriens en général. Elles dénaturent même les individus qui se sentent plus dans la peau d’un Occidental que d’un Africain.

Un système d’état civil matriarcal

La règle qui voudrait que le patronyme soit sur le système patriarcal est encore plus dévastatrice pour la science de l’état civil des Baoulés. Une certaine uniformisation des noms définirait le même patronyme pour toutes les générations suivantes. Plus précisément, le prénom chez le baoulé, prénom qui a valeur de patronyme, n’est plus un patronyme. Il devient un vulgaire prénom. La culture, l’âme d’un peuple, est ainsi aspirée, effacé par une modernité qui en réalité révèle ainsi toute son ignorance et sa nuisance.  

L’appellation chez les Baoulés, foncièrement matriarcal, ou fondé sur le « droit maternel » ou l’ordre « social maternel », résolvait pourtant à l’origine des questions auxquelles font face les peuples aujourd’hui : les complexes, l’exclusion de la femme, sa chosification, la perte de la mémoire historique, l’inculturation, l’acculturation, la déconsidération de la personne humaine, etc.

En somme, le système d’état civil chez les Baoulés, fondamentalement féministe, est toute une science. Il maintient les sources, favorise les affluences et la régénération, tout en valorisant la personne humaine et la culture. Il est naturellement avantageux. Il conviendrait donc de le conserver, voire de l’étendre à l’ensemble de la société ivoirienne, pour le rayonnement de celle-ci.

Les noms selon le jour de naissance (Homme / Femme)

  • – Lundi: (Kouassi / Akissi).– Mardi: (Kouadio / Adjoua).
  • – Mercredi: (Konan / Amenan).
  • – Jeudi: (Kouakou / Ahou).
  • – Vendredi: (Yao / Aya).
  • – Samedi: (Koffi / Affoué).
  • – Dimanche: (Kouamé / Amoin).

Les noms selon la position dans la fratrie quel que soit le sexe

  • – Le 3ème  enfant d’une succession d’enfants de même sexe : N’guessan (N’san).
  • – Le 4ème enfant d’une succession d’enfants de même sexe : N’dri.
  • – Le 9ème enfant d’une mère : N’goran (N’glwan).
  • – Le 10ème  enfant d’une mère : Brou (Blou).
  • – Le 11ème  enfant d’une mère : Loukou.
  • – Le 12ème enfant d’une mère : Toungbin/Abonouan.

Les noms selon les circonstances de naissance quel que soit le sexe

  • – Enfant né dans un dépotoir : Ounfoin. Ouffouet (Houphouët)
  • – Enfant né pendant que la mère était hors de la maison : Atoumgbré 
  • –  Enfant né la tête tournée vers le sol : Ahoutou
  • – Enfants jumeaux : N’da
  • –  Enfant né à la suite des jumeaux : Amani 
  • –  Enfant inspirant la quiétude / né dans la paix : Allaly
  • – Désespoir. Pour conjurer le mauvais sort : N’gonia
  • –  Enfant prématuré : Atiman
  • – Rouquin : Djaha
  • – Albinos : Gbamlé, Fri
  • – Kindoh

Les noms en référence aux éléments naturels quel que soit le sexe

  • – Akpoué : roche.
  • – Allah : iroko (chloroflora excelsa)
  • – Assiè : terre
  • – Béra : touraco
  • – Bla : fontaine
  • – Django : figuier
  • – Djué : poisson
  • – Faitai : lac
  • – Frondo : baobab
  • – N’go : huile de palme (personnes de teint clair)
  • – N’zué : l’eau- Kondro : loloti (arbre médicinale à écorce épaisse)
  • – Kongo : vallée- Lomé : espèce de palmiste spécialement rouge
  • – M’mé : palmier
  • – Oura : ordure, nom donné pour conjurer la mort de l’enfant.
  • – Oka : montagne- Yobouet : caillou, pierre.
  • – Zougou : chenille, nom attribué aux personnes particulièrement velues.
  • Etc.

Les noms religieux et autre quel que soit le sexe

  • – Allangba : fétiche protecteur
  • – Allou : fétiche guerrier
  • – Assoh : fétiche de Bocanda à Konan-Elekro (région et village de Côte d’Ivoire)
  • – Bohoussou : Génie des forêts.
  • – Déla : fétiche
  • – Diby : fétiche d’origine kweni
  • – Djê : masque d’origine gouro (peuple de Côte d’Ivoire)
  • – Djézou : fétiche- Doh : masque d’origine gouro
  • – Gbangbo : fétiche reconnu seulement chez les Baoulé de Tié’ndékro
  • – Goly : masque d’origine Wan (peuple de Côte d’Ivoire)
  • -Gnanmien : souffle de vie / Dieu
  • – Kangah : esclave ; de nos jours ce nom est attribué à un enfant dont les précédents sont décédés.
  • – Kra : fétiche
  • – Kramo : marabout
  • – M’bra : Danse fétichiste
  • – N’gatta
  • – Saraka : Sacrifice
  • – Souaga
  • – Tanou : fétiche
  • – Zouzou : nom d’origine Wan  adopté par les Godé de Béoumi
  • Etc.

Les noms de caresses

  • – Abo :  Konan.
  • – Adammo :  Yao.
  • – Atomoli : Joli femme, d’une extrême beauté
  • – Atôwla : Kouassi.
  • – Akpôlè :  Koffi.
  • – Atchoueh, Atchouehlou ou Adroh : N’guessan.
  • – Atouman : Kouadio
  • – Gouhé : Amoin –
  • Késsi : Aya
  • – Bly :  Kouamé.
  • – Gadeau ou Zagbla : N’dri-Gbakla : Ahou
  • – Kôlou :  Kouakou.
  • – Nandoua : Adjoua
  • – Sialou ou Mossia : Amenan.
  • – Ziahimo : Affoué

Les noms modernes ou forgés quel que soit le sexe

Ils sont plus formulés selon le vécu, un témoignage, les circonstances, etc.

  • – Akloundjouè : apaisement
  • – Ananganman : divine providence
  • – Aoundjouè : paix
  • – Asséna : action de grâce, remerciement
  • – Batiyé :  nous sommes unis
  • – Demoyer : bénédiction, bonne fortune
  • – Elahossou : Tu as notre confiance
  • – Kanvou-Jésus : Loue Jésus
  • – Miensah : la main de Dieu
  • – Moyer : bénédiction, bonne fortune
  • – N’zraman : étoile
  • – Soulafilè : foi
  • – Souralè : bénédiction
  • – Viah Soubo : le soleil brille
  • – Famien : roi  
  • Etc.


Les Sénoufos de Côte d’Ivoire et leurs noms originels

Les Sénoufos rassemblent en Côte d’Ivoire un ensemble de peuples (Tagbana, Djimini, Niarafolo, Gbins…) qui vivent dans le nord du pays. Comme partout, les noms dans ces peuples sont liés à l’histoire de leurs populations. Le contact avec l’islam sera déterminant dans la nomination chez le Sénoufo, il s’attribuera de nouveaux patronymes. Certains de ses noms originels ont tout de même résisté à cette influence. Comme nous l’avons fait pour des peuples de Côte d’Ivoire, les Baoulés, les Adjoukrous et les Malinkés, explorons l’univers des noms chez les Sénoufos.  

Commons wikimedia.com

Quelques Patronymes sénoufos et leur sens ancestral

Silué vient de « Pe man pè soûl n’laha » : Ceux qui se sont débarrassés d’une partie de leur communauté. Chez le Tagbanan, Silué est Hilli. Chez le Djimini, Silué se dit Illi. Ils ont pris les noms suivants : Koné et Fofana. Ils ont pour animal fétiche le singe noir.

Soro vient de « Nanzorobélé » : les courageux, les téméraires, les intrépides. Chez le Tagbana, son homonyme est « Horo« . Chez le Djiminin, c’est « Sorhoro ». Ils sont devenus des Coulibaly. Ils ont pour animal fétiche la panthère.

Yéo vient de « Bélé pé pè Yiêh » : ceux qui se sont divisés. Chez le Tagbana, comme chez le Djimini, on dit « Yiêh« . Ils sont devenus des Ouattara. Ils ont pour animal fétiche l’antilope rouge à raies et taches blanches.

Sékongo vient de « Beli pe sehye congue » : ceux qui préparent les portions de terre destinées à la culture. Il se dit « Ikongo » chez le Tagbana et « Ikonsego » chez le Djimini. Ils sont devenus des Camara, Traoré, Sanogo. Ils ont pour animal fétiche l’écureuil de terre.

Tuo vient de « Béli pe toubélé tchaa » : ceux qui s’adonnent à la chasse aux souris ou aux rats. Il se dit « Toulo » ou « Toulou » chez les Tagbanas, les Djiminis, les Niarafolos. Ils sont devenus des Diarrassouba, Touré, Dagnogo. Ils ont pour animal fétiche le phacochère.

Des totems pour noms

Les populations de la région de la Bagoué (Tengréla…) ont les noms de leurs totems animaux comme patronymes : Ziao est « biche, zèbre ». Kéwô est le singe noir. Sedjion est la panthère. Goanougo, tortue. 

La lettre « a » comme signe particulier du nom

Cette singularité concerne uniquement les Guins ou Gbins dans l’univers Sénoufo. Leurs patronymes se terminent en effet par la lettre « a ». Ils ont également pris des noms malinkés :  

  • Solama ou Soulama : Traoré
  • Soma : Koné  
  • Sirima : Coulibaly 
  • Hema : Ouattara
  • Fayama : Touré
  • Karama : Sanogo

Notez bien

Les noms Ouattara, Coulibaly, Touré, Traoré, Koné, Fofana, Diarrassouba, etc. sont des noms malinkés, communément appelés Dioulas. Ils ont été empruntés par les Sénoufos à la faveur de l’islam. Le Sénoufo prenait en effet le nom de la personne qui l’a convaincu à se convertir ou qui l’a converti à l’islam. Les correspondances des patronymes sénoufos avec les noms malinkés ne sont toutefois pas figées. « Yéo » peut par exemple s’appeler Coulibaly, Camara, Touré, etc. en fonction de la personne qui l’a converti à l’islam.

Les patronymes sénoufos n’ont pas la même signification qu’en langue Bambara, Malinké ou Dioula.


Moi président de la République de Côte d’Ivoire

Drapeau de la Côte d’Ivoire, Wikimedia commons

Moi président de la République de Côte d’Ivoire,

Dans un premier temps, je montrerai de l’empathie pour les défunts des crises que la Côte d’Ivoire a traversées.

J’organiserai d’abord une cérémonie nationale pour le repos des âmes de nos défunts. Elle les apaisera. Elle fera aussi prendre conscience des méfaits de la guerre aux Ivoiriens tout en renforçant notre souci de préserver la paix. Elle nous fera aussi éviter toutes les situations qui peuvent mettre à mal notre besoin de consolider la paix.

Par ailleurs, je ne ferai pas du 15 novembre, journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire, une journée de plantage d’arbres, de plus en saison sèche. Un jour pendant la saison des pluies sera consacré à cette noble tâche, elle garantit la sauvegarde de l’environnement et sécurise des vies ; elle ne devrait pas être lâchement et hypocritement manipulée à des fins politiques.

Je ferai ensuite du 15 novembre, journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire, une journée de commémoration de tous les morts directs et indirects des crises militaro-socio-politiques dans notre pays. Ce sera d’une part une journée de souvenir de nos compatriotes et amis du monde entier qui ont brutalement été arrachés à notre affection. Ce sera d’autre part une journée de partage, de communion, de pardon et de célébration de la diversité, pour le maintien de la lueur de l’ordre et de la paix dans notre pays.

Moi président de la République de Côte d’Ivoire,

Dans un deuxième temps, je me dévouerai pour une législation objective. En clair, je ne proposerai pas des lois parce que « c’est la mode à Paris » ou pour du m’as-tu vu, ou encore pour fanfaronner, ou pour mes intérêts particuliers, ou même pour contenter quelques patriarches pervers. Toutes les lois sous mon mandat seront le fruit d’études et d’enquêtes, le résultat d’une vaste consultation populaire, et l’aboutissement d’un débat franc et ouvert au parlement. Celui-ci sera d’ailleurs une réelle représentation de tous les peuples de notre pays, et non un fun club constitué après menaces et chantages vis-à-vis des élus pour qu’ils rejoignent mon parti politique.

– Moi, président de la République de Côte d’Ivoire,

Dans un troisième temps, je mettrai en place une politique d’autonomisation pour des régions plus fortes. Cette réforme administrative fondée sur la prise en compte des nécessités des populations locales favorisera leur véritable implication aux décisions qui engagent leur destiné. Elle exigera autant qu’elles en soient naturellement les exécutantes.

La reforme permettra une meilleure décentralisation, une plus juste répartition des infrastructures, des investissements et des populations sur l’ensemble du territoire national. Le peuple sera en amont et en aval des projets qui le concernent.  Le changement aidera donc à la construction d’infrastructures conformément à nos réels besoins, à la mesure de nos moyens et de nos capacités économiques.

La sobriété de notre stratégie de développement nous évite le chantage des entrepreneurs, les surfacturations et les endettements absurdes ; il ne sert à rien d’accentuer les disparités régionales avec des projets colossaux à la capitale alors que les moyens peuvent servir pour des réalisations plus raisonnables sur une plus grande partie du territoire national. C’est essentiel, surtout lorsque l’on sait qu’avec la rébellion et les affrontements armés en Côte d’Ivoire, ainsi que la partition du pays et les déplacements de personnes qui s’en sont suivis, des populations des anciennes « zones de guerre » ont eu leurs biens immobiliers détruits ou délabrés.

La justice voudrait que l’État n’ait pas la vision chétive de l’égoïste et de l’imposteur. Il ne doit donc pas faire preuve d’hypocrisie, il a le devoir d’aider ces victimes de guerre à restaurer leurs maisons et retrouver leurs biens par exemple. Il a en outre et par-dessus tout l’obligation d’assister les régions à la reconstitution de leur tissu industriel. Ces mesures favoriseront le repeuplement des régions, vidées de leurs populations à cause de la guerre civile. Et partant elles permettront le désengorgement des zones surpeuplées et une meilleure répartition des populations sur l’ensemble du territoire national. Elles impulseront en somme pour notre pays une avancée plus saine et sereine vers un meilleur épanouissement de ses habitants.

Moi président de la République de Côte d’Ivoire,

J’entamerai enfin courageusement et objectivement une large réflexion sur le type de régime politique qui est adapté à notre pays, en considérant le fait qu’il appartient au continent africain. Les implications culturelles de cette condition, jusqu’alors ignorées, seront donc prises en compte.

Le pouvoir, disons plutôt le devoir que j’envisage, sera clairement fondé sur nos cultures africaines. Ou à tout le moins il en sera en grande partie inspiré, en particulier du système matrilinéaire. Il est l’essence de l’organisation sociopolitique des peuples africains avant les influences dominatrices extérieures. Ce n’est pas le cas du patriarcat qui est venu de l’orient avec l’islam et de l’Occident avec le christianisme. Il s’est par la suite accentué par la conquête, puis la colonisation, et s’est imposé à travers les régimes politiques et les dirigeants qui en sont l’émanation. En clair le système matrilinéaire qui est notre nature est mieux adapté à nos réalités et à notre vision du monde.

Le patriarcat, a contrario, étranger à l’Afrique, ne nous est d’aucune utilité. Il établit les relais du néocolonialisme avec des États supposés indépendants. Cela notamment à travers des hommes forts ou des chefs d’État tout-puissants à la tête de nos pays. Le fait que l’on constate que les populations sont pauvres alors qu’elles vivent sur des territoires riches en est l’illustration. Tout comme de simples présidents fortunés une fois au pouvoir en est aussi la preuve. Le constat des chefs d’État qui s’accrochent au pouvoir le confirme bien.

Le système matrilinéaire, qui est aussi le « droit maternel » ou l’ordre « social maternel » et non pas le « pouvoir aux femme », ne fait pas de l’enfant, encore moins de la femme, le bien du père de famille. Ils n’y sont pas la propriété de l’homme. Le matriarcat ne transforme pas non plus le père de famille, et l’homme en général, en oppresseur ou en chef illusoire d’un certain ordre social.

Le régime présidentiel en revanche, d’émanation patriarcale, a tendance à faire des biens de l’État une propriété de son chef, autant que le patriarcat fait de la femme et de l’enfant des possessions de l’homme. Il transforme en outre le président en une autorité factice. Ce dernier ne peut donc qu’être oppressif quand il doit faire face à une quelconque critique, qu’elle soit de l’opposition ou de simples citoyens ; ou même lorsqu’il sent son pouvoir menacé. Il est simplement un dictateur.

La femme, symbole de la nations et l’enfant représentation de l’avenir de cette nation, ne sont pas un bien du père de famille dans le système matrilinéaire : le père y est le protecteur, le défenseur, le pourvoyeur aux besoins de sa famille, l’enfant bénéficie de la protection de ses oncles et tantes maternels. De même le régime politique que je préconise fait de l’État l’affaire de tous, il ne le transforme pas en une propriété de son supposé chef.

D’ailleurs la fonction de président de la République disparaitra pour laisser la place à un collège à la tête du pays. Ce corps d’élus tiendra lieu de parlement. Il sera dirigé par un coordinateur désigné à l’unanimité par ses pairs. Comme sa fonction l’indique le coordinateur n’a aucun pouvoir exécutif, celui-ci sera détenu par l’ensemble du collège. Il a juste un rôle de synchronisation du travail de l’ensemble des ministres et des moyens mis en œuvre.  Les ministres seront recrutés par le collège après dépôts de dossiers de candidature et exposé sur le ou les projets qu’ils préconisent pour le département qui suscite leur intérêt. Les ministères même seront clairement prédéfinis pour éviter de verser dans la prédation, la démagogie et les gaspillages.

Cette révolution, qui n’en est au fond pas une pour des Africains, l’organisation politique de l’ancienne puissante confédération ashanti en est le témoignage, est faite en référence au système matrilinéaire selon lequel la femme et l’enfant sont entourés. Ce système politique qui met la nation au centre des préoccupations est aussi effectuée en rapport à la réalité sociopolitique de notre pays composé de plusieurs peuples, de diverses ethnies et de différentes régions ainsi que d’une pluralité culturelle.

Le collège en effet accorde de la responsabilité aux réels bénéficiaires des ressources de leur pays, composé de personnes de bonne volonté qui auront déjà fait leur preuve dans leurs régions et localités respectives grâce à la décentralisation. Il évite l’accaparement de la chose publique par un individu, un peuple, une ethnie, une région, un clan ou encore une classe sociale, comme il se passe sous les régimes présidentiels dans des supposées Républiques en Afrique. Il préserve également encore une fois le pays des impostures, de l’incompétence, de la gabegie, des machinations et de la corruption.

Le système politique que je préconise est clairement un système inclusif par le bas ou depuis les populations, il est juste dans sa mise en œuvre et n’oublie aucune région, aucun peuple, aucune ethnie et aucun individu.

De plus l’amour qui existe entre la mère et son enfant et réciproquement, comme le montre le système de l’ordre social maternel, devait être le socle du lien que chaque citoyen de notre pays entretien avec son territoire. Un tel régime politique qui implique le citoyen lambda à la gestion des affaires publiques ou à l’administration de ses biens n’entrainera pas l’immigration de nos jeunes femmes et de nos jeunes hommes vers des pays développés. Leur territoire, respectueux de la personne humaine et de la vie, sera en effet déjà pour eux la terre-nourricière ou la terre promise, grâce notamment à son dynamisme et à une répartition équitable des richesses, comme une mère n’oublie pas ses enfants.  

Par ailleurs le rôle protecteur de l’homme pour sa femme et sa progéniture, comme il en est le cas dans le système matrilinéaire, devrait également inspirer en chaque citoyen un devoir de police de chacun pour le bien publique. Celui-ci est sa mère et l’héritage pour sa progéniture. On ne se l’avoue pas, mais c’est le cas en Occident, très jaloux de ses biens et principes. Et pourtant il a sa source dans la culture africaine originelle à travers le système matrilinéaire.

Il nous revient donc, en tant qu’Africain, de nous réconcilier et de nous familiariser de nouveau avec ce dont nous avons la pleine maîtrise, nos cultures et notre civilisation. Il n’y a qu’ainsi que l’ensemble des populations accédera au bien-être et au bonheur auxquels il aspire et auxquels il a naturellement droit. C’est d’ailleurs à cette fin que la déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples proclame le droit de tout peuple de disposer de lui-même.


La nouvelle génération d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire ou le projet de la régénération de la servitude à la tête de l’État

Les félicitations de M. Emmanuel Macron à son ami M. Ouattara, pour son 3ème mandat  controversé offusquent et soulèvent indignation chez les opposants à ces forfaitures. Bien que l’avenir de la Côte d’Ivoire ne dépend aucunement de M. Macron, les lointaines et récentes prises de positon du président français par rapport à la crise politique en Côte d’Ivoire  relèverait plus d’un projet de perpétuation de la servitude à  tête de l’État ivoirien que de la volonté de favoriser l’expression de la démocratie.  Le fait que M. Macron prenne à bras le corps le projet de M. Ouattara pour l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants au pouvoir en Côte d’Ivoire en est l’un des signes. Ses bons offices cachent mal la régénération de dirigeants serviles à la tête de l’État Ivoirien.

L’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, un processus purement naturel et démocratique  

L’émergence d’une nouvelle génération est un mouvement purement naturel. Elle l’est autant que les nouvelles naissances d’être humains et cela depuis la nuit des temps. Elle l’est comme également le passage de l’individu aux différentes phases de l’évolution humaine : enfance, adolescence, jeunesse, âge adulte.

Sur le plan politique et dans la tradition où le pouvoir se transmet en général de souverain à son successeur, le passage à un dirigeant d’une nouvelle génération a aussi lieu naturellement,  à la disparition du monarque, sans l’intervention d’une tiers personne. Il se réalise cependant en se conformant aux règles et traditions de la communauté en question.

De nos jours, avec la démocratie, ce sont le respect des lois des États et la compétition électorale loyale qui garantissent le passage à une nouvelle génération de dirigeants compétents ou au maintien de l’ancienne si celle-ci est toujours apte à répondre aux aspirations du peuple. Ils permettent même encore un mélange entre seniors valables et juniors performants dans la gestion de l’État. Au-delà, le respect des lois des États et la compétition loyale favorisent l’évolution de la vision dans la gestion des affaires. Dans tous les cas, le peuple choisit, à travers un jeu démocratique clair, les dirigeants qu’il pense veilleront à ses intérêts. Cette transparence est une garantie indéniable de concorde, de paix et de quiétude sociale.

La Tunisie en est l’exemple avec l’élection en 2014 à la tête de l’État de Béji Caïd Essebsi, presque nonagénaire. Il décède fin juillet 2018 pendant ses fonctions à l’âge de 92 ans.  

La mort au pouvoir de ce chef d’État ne provoque pourtant pas le chaos dans le pays,  parce que ce dernier ne subit pas l’intervention des obscurs mécènes du renouvellement générationnel. Et  les lois y sont de plus respectées si bien que l’actuel chef d’État, Kais Saied, 62 ans, est beaucoup moins âgé que l’ex défunt président. Il a lui-même de plus battu au 2éme tour , dans une élection transparentes, un concurrent, Nabil Karoui, moins âgé  que lui. Ces événements n’entament en rien la concorde et la cohésion sociale en Tunisie.

Le peuple y  fait en somme parler sa souveraineté en choisissant selon les règles démocratiques le président qu’il veut à sa tête. Ce n’est pourtant pas le cas pour le peuple ivoirien qui doit faire face, aussi surprenant que cela puisse paraître, à Emmanuel Macron, le tout jeune président français, aux réflexes pourtant surannés.  

Emmanuel Macron, étrange promoteur de l’archaïsme  en Côte d’Ivoire

Emmanuel Macron, 42 ans, est lui-même l’illustration de l’émergence naturel d’une nouvelle génération à la tête de l’État français. Mine de rien, à travers un processus électoral ouvert et largement inclusif, il a été préféré à François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkosy, Jean Luc Mélenchon, tous d’une génération au dessus de la sienne. Ce dernier détail ne peut non plus empêcher que ces derniers l’affrontent à la prochaine élection présidentielle en France s’ils le désirent et si les lois de leur pays les y autorisent.

L’actuel locataire de l’Élysée, fruit de la souveraineté du peuple français foule pourtant au pied la capacité du peuple de Côte d’Ivoire à choisir la personnalité qu’il veut comme président de sa propre République.

Le président français le réalise clairement d’abord par ses tractations occultes avant le scrutin controversé du 31  octobre pour que les fortes têtes de la politique en Côte d’Ivoire (Bédié, Gbagbo, Ouattra) acceptent de se retirer au profit d’une nouvelle génération. Cette proposition révélée par le magazine Jeune Afrique l’Intelligent, était supposée éviter la crise politique qui couvait face à la candidature litigieuse de M. Ouattara à un 3ème mandat tout aussi scandaleux.

Ce projet exclusionniste et méprisant pour la démocratie et les lois en Côte d’Ivoire, avait apparemment pour but d’empêcher la candidature du souverainiste et populaire Gbagbo Laurent et celle de son nouvel allié Konan Bédié. Au profit de qui ?  La suite de ce billet le dévoilera.

Le président français, par une grande hypocrisie ou en parfait ignorant de la neutralité, viole ensuite la souveraineté du peuple de Côte d’Ivoire en se faisant le meilleur porte-parole de M. Ouattara ; son plus grand avocat aussi par la même occasion.  Il  justifie en effet puérilement la candidature illégale de ce dernier par le décès de son dauphin dans son parti politique. Le chef de l’État français a sans doute  oublié que la Côte d’Ivoire est une République, comme la France notamment, et non une monarchie, à l’image encore de son pays. A moins que cela soit encore de sa part une preuve de mauvaise foi, qui dissimile pourtant mal des relents néocoloniaux. Chassez le néocolonialisme, il revient au galop.

En se faisant le porte-parole et  l’avocat d’un chef d’État sortant dont la candidature illégale est la cause de graves  troubles dans le pays, ce sont implicitement le viole des lois de la Côte d’Ivoire, la corruption, la tricherie, la fraude,  l’empêchement de manifester pacifiquement, les opérations punitives des milices du régime (armées de machettes et d’armes à feu) contre les opposants aux  mains nues, les blocus autour des domiciles des opposants, les arrestations et détentions arbitraires, les morts de dizaines de personnes que le président Macron cautionne ainsi. Et cela tout simplement parce que son projet de nouvelle génération de dirigeants à la tête de la Côte d’Ivoire cache en réalité plutôt celui d’une régénération de la servitude au sommet de l’État.     

Quand la nouvelle génération dévoile la régénération de la servitude

C’est surprenant qu’avec toutes les charges du président français, sans compter les nombreuses crises qu’il a à gérer en ce moment dans son pays, celui-ci ait du temps pour aider à résoudre les problèmes de la Côte d’Ivoire ; à moins qu’il en soit également un acteur, vues, ses prises de positions en faveurs de celui dont le 3ème mandat illégal est la cause de la crise. Il s’agit de M. Alassane Ouattara, par ailleurs son ami.

L’attitude de M. Macron n’est pas surprenante puisque après le décès de l’ancien Premier Ministre et fils spirituel  de M. Ouattara, Amadou Gon Coulibaly, dauphin désigné de son « père » au RHDP (rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) et ancien candidat à la présidentielle, M. Macron perdait la principale garantie du maintien de la servitude sournoise à la tête de l’État pour le compte de son pays.

L’ancien chef de gouvernement de M. Ouattara était celui qui avait en effet piloté le projet du faux ECO, ou franc CFA bis. Faut-il le rappeler ? Le francs CFA est cette monnaie coloniale chère à l’ancienne métropole française, mais vomie des nouvelles générations francophones ouest-africaines et la diaspora éclairée.  Elle empêche les peuples de prendre en main leur développement à l’abri du regard et loin de l’influence malveillante de l’ancienne puissance coloniale. Le tout jeune président français porte pourtant à bout de bras cet instrument de servitude bientôt octogénaire, au point d’agir en intelligence avec ses amis d’Abidjan pour le relancer au travers d’un faux ECO.

L’ECO originel, projet de monnaie communautaire de toute l’Afrique de l’ouest, était censées être libre de toute influence étrangère, afin de garantir une indépendance monétaire de cette région et faciliter son développement. Et pourtant, son nom a été non seulement usurpé par l’UEMOA (Union Économique et Monétaire ouest-africaine), mais la France, par l’action du gouvernement de M. Macron avec la complicité de l’administration Ouattara continue d’y jouer des rôles, en particulier en le maintenant arrimé à l’Euro.

Des parlementaires du parti de M. Macron¸ notamment Jean-François Mbaye, chargé de présenter le projet du faux ECO devant le parlement français, sont bien conscients de la supercherie. Ce dernier regrette donc, faussement pourtant,  que les parlements des pays concernés par le franc CFA n’aient pas fait leur proposition en remplacement à cette monnaie qu’il rejetterait.

L’on peut bien répondre au parlementaire de la République en marche,  que non seulement la France n’a rien à avoir avec une question  relative à la souveraineté des États  de la CEDEAO (Communauté  économique des États de l’Afrique de l’Ouest), mais M. Mbaye sait très bien que ces parlements qu’il évoque ne sont pas l’émanation des populations. Ils naissent de la tricherie, de la  fraude électorale et de l’autoritarisme des tyrans qui dirigeants ces États, notamment au Bénin ou en Côte d’Ivoire. Raison pour laquelle M. Ouattara se sent assez valable pour discuter de la question du franc CFA sans s’être auparavant concerté avec le « parlement » de son pays, sans être en outre rappelé à l’ordre par aucune institution national, encore moins par ses partenaires français qui se veulent pourtant légalistes et démocrates.

Et puis M. MBaye l’ignore certainement, le choix des États de la CEDEAO en remplacement au franc CFA est acté depuis bien longtemps avant l’arrivée de M. Ouattara au pouvoir. Il s’agit justement de l’ECO, le vrai, tiré de l’acronyme Ecowas (CEDEAO en anglais), sinon la France ne parasiterait pas cette monnaie en usurpant son nom pour ses bas desseins néocolonialistes.

Jean François Mbaye comme son patron Emmanuel Macron, est également acteur de cette imposture, motivée la régénération la servitude dans les États qui ont en partage le franc CFA. La France de M. Macron compte même ambitieusement étendre son champ d’asservissement avec l’éventuelle adhésion des États anglophones, notamment le Nigeria (première économie d’Afrique), au fake ECO. Mais ce n’est pas donné.

Pour assurer donc la survie sournoise de ce moyen de domination qu’est le franc CFA, il n’y avait pas mieux indiqué que celui qui avait longtemps préparé son regretté dauphin à cette tâche. D’où le soutien de M. Macron à M. Ouattara en attendant certainement que ce dernier se trouve un autre héritier programmé pour servir les intérêts particuliers. Ce sont notamment ceux de l’ancienne puissance coloniale, les siens aussi par le maintien de son clan au pouvoir avec le soutien de son allié, la France macronienne.

L’ancien dauphin de M. Ouattara est encore celui qui avait relancé  le projet du métro d’Abidjan. Celui-ci dormait dans les tiroirs sous les précédents régimes à cause de son coût. Bien que 3 fois moins élevé à l’époque, l’État de Côte d’Ivoire ne pouvait pas le supporter. Et pourtant il a été remis au goût du jour par le successeur désigné de M. Ouattara. Et comme par hasard c’est une entreprise française (Bouygue Construction) qui est chargé de son exécution. Cela, à un coût qui a littéralement explosé, prêt de 1000 milliards de francs CFA.

Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails pour savoir que ce contrat est inique. Il sent le marchandage du soutien de la France à la nouvelle génération de M. Ouattara depuis au moins décembre 2019 lors de la visite éclaire de M. Macron en Côte d’ivoire où tout a été acté. 

A moins que ce contrat soit motivé par la subordination , il est incompréhensible que près de 1000 milliards de francs CFA, qui le comble, est  un prêt, comme par hasard encore, de la France à la Côte d’Ivoire soit investie dans  un projet farfelu. Il y a en effet d’autres besoins essentiels et pressant pour le pays pauvre très endetté (PPTE) qu’est la Côte d’Ivoire. L’aide française au développement pourrait même en témoigner : la construction et l’équipement d’écoles et d’hôpitaux, de centres de formation professionnelle, la réalisation de voie bitumées afin de désenclaver les zones de production agricole, le centre-ouest notamment ; le financement de la relance économique dans les zones ex assiégées par la redynamisation du tissus industriel. Il est plus raisonnable de réaliser de tels investissements qui produisent indéniablement de la richesse et garantissent l’autonomie et le développement.

Il va sans dire  que s’endetter pour créer l’illusion d’un certaine évolution à travers la réalisation d’un métro (ou un tramway, on ne sait plus trop) qui maintient dans le remboursement perpétuel d’une dette sordide est inutile pour la Côte d’Ivoire, mais profite bien à son partenaire français.

En ayant la prétention d’être le promoteur d’une nouvelle génération de dirigeant en Côte d’Ivoire, au mépris qui plus est des lois naturels comme démocratiques, Emmanuel Macron manœuvre  en  réalité pour la régénération des garanties des intérêts français en Côte d’Ivoire au détriment des populations de ce pays. Cela, en complicité avec ses dirigeants sortants. Voilà bien les raisons du prétentieux activisme du quadra à l’esprit colonial en Côte d’Ivoire.

‘‘Jupiter’’ doit cependant s’attendre à faire face aux populations de l’actuel Côte d’Ivoire de sa génération, celles  qui refusent  d’être les bêtes de somme des dirigeants de l’ancienne puissance coloniale en manque d’inspirations nobles pour la relance de l’économie de leur pays ainsi que de leurs abrutis de relais sur place, en Côte d’Ivoire.


Côte d’Ivoire : le Bon, la Brute et Le Drian

Du western spaghetti à la politique du même genre, il ny a qu’une seule scène. La Côte d’Ivoire traverse depuis plusieurs mois une crise politique absurde, du fait de la candidature illégale du chef d’État sortant, M. Ouattara, à un 3ème mandat tout aussi illicite. Au fil du temps, des comédiens inattendus de ce mauvais film font leurs apparitions. Mais ce film n’a pas encore livré tous les secrets de son casting d’enfer, qui se classe en trois catégories d’acteurs : le Bon, la Brute et Le Drian.

Le Bon

Le Bon représente cette catégorie d’individus, qui tirent leur perfection du fait que ce sont des personnes du quotidien. Ce sont ces gens, qui ont le courage de reconnaître d’une façon ou d’une autre leurs erreurs passées. Ils sont non violents, n’ont pour seule arme que leur sagesse qu’ils ne mettent pourtant pas au-dessus de tout parce qu’ils sont justement sages, réfléchis. Leur goût de la vérité et de la légalité est plus fort que leurs intérêts personnels, or Dieu seul sait ce qu’ils peuvent subir comme propositions alléchantes, chantage et pression, pour les emmener à céder. Mais heureusement la bonté n’est pas sans le courage.

Ces caractères du Bon, dans le contexte du paysage politique ivoirien, renvoient actuellement à l’opposition. Chacun de ses deux principaux leaders par exemple a par le passé fait des concessions.

Le président Henri Konan Bédié, pour préserver l’environnement pacifique du scrutin en 2010, concède ne pas porter plus loin la réclamation de centaines de milliers de voies qui le qualifient pourtant au second tour. Il s’alliera au candidat du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Ouattara, qu’il a pourtant longtemps soupçonné d’être le commanditaire du coup d’État qui le renverse du pouvoir en 1999. Konan Bédié n’a d’ailleurs pas le choix, puisque ce dernier a avec lui une armée rebelle cantonnée dans le nord du pays, les Forces Nouvelles (FN), mais surtout des soutiens presque du monde entier. En particulier de la France, ancienne puissance coloniale, où l’ami à M. Ouattara, Nicolas Sarkozy, est au pouvoir en France.

Laurent Gbagbo, on l’oublie souvent, est celui qui a décrispé l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire. D’abord en 2005, par la plus grande concession dont n’a jamais bénéficié M. Alassane Ouattara. En effet, la Constitution de 2000, qu’il pourtant lui-même appelé à voter,  ne lui permet pas d’être candidat à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Mais Laurent Gbagbo prend de la hauteur et fait de Alassane Ouattara son concurrent à cette élection. Il accorde une amnistie aux anciens rebelles, qui justifient leur prise des armes par la supposée exclusion de M. Ouattara aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo fait aussi la faveur à ces derniers de les nommer responsables de la commission électorale indépendante (CEI).

On peut contester la présence de Laurent Gbagbo parmi la catégorie du Bon avec son refus de céder la pouvoir en 2010, qui aurait été la cause des milliers de morts après les élections. Mais il a été acquitté par la Cour Pénale Internationale (CPI) des accusations de crimes contre l’humanité qui étaient portées contre lui à la suite de cette crise. On peut aussi se demander pourquoi les institutions chargées de l’organisation du scrutin à cette époque n’ont pas été attentives à ses allégations de fraudes massives dans le nord du pays, fief de son adversaire de l’époque M. Ouattara, et dirigé par les anciens rebelles.

Le scrutin présidentiel scandaleux de 2020 en dit long à ce sujet et tend à donner raison au président Gbagbo, qui à sa dernière apparition médiatique a encore appelé à des discussions entre l’opposition et le pouvoir. Une opposition qui l’a pourtant déporté à la Haye et l’empêche même de rentrer dans son pays.

Les personnalités de second plan de l’opposition ne sont pas moins remarquables par leurs présences dans le groupe du Bon.     

On a d’abord Mamadou Koulibaly, président de LiDeR (Liberté et Démocratie pour la République), ancien ministre, ancien président du Parlement, qui est d’un courage, d’une honnêteté, d’une rigueur, d’une clairvoyance et d’une efficacité redoutables. Les transfuges du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), Albert Mabri Toikeusse et Marcel Amon-Tanoh en font ensuite partie.  Ils ont le mérite de ne pas avoir accepté de s’unir à la forfaiture, à l’injustice et à la violence, tout comme Guillaume Soro.

Le passé d’ancien rebelle de ce dernier pourrait le discréditer, mais ce n’est que son passé. Il est traqué depuis plusieurs mois avec sa famille et ses proches par un régime qui a violé la Constitution, et mène d’autres actions illicites.

On a aussi M. Pascal Affi N’guessan, ancien Premier ministre, président de Conseil Régional, président du FPI (Front Populaire Ivoirien) reconnu par les autorités, porte-parole de la coalition de l’opposition qui en fait parti. Il est en ce moment illégalement détenu et mis à l’isolement, au prétexte de chefs d’accusations fantaisistes.

Le groupe du Bon, c’est surtout celui de ces millions d’Ivoiriens de l’opposition, avec leurs peurs et leur courage, avec leurs doutes et leur foi en des lendemains meilleurs pour leur pays. Mais comme leurs leaders, ils n’ont pour seules armes que la protestation aux mains nues, mais aussi leur naïveté. Celle-ci a d’ailleurs poussé ses responsables à répondre à l’illégalité d’un régime anticonstitutionnel par la création d’un Conseil National de Transition (CNT) illicite. Ils doivent donc subir davantage le courroux de la Brute, adepte de la manipulation des conséquences tout en oubliant les causes, la candidature illégale de son chef à un 3ème mandat controversé. 

La Brute

On n’a pas besoin de photos pour reconnaître la Brute en Côte d’Ivoire, aussi laide dans son apparence que dans son comportement. Coup d’État et tentatives de putsch, insurrection armée, rébellion, forfaiture, corruption, manipulation …  La Brute est le régime voyou et ses soutiens locaux, notamment une jeunesse endoctrinée au tribalisme, au communautarisme, armées de machettes et droguée, en sommes abruties : les microbes.

La Brute ne respecte aucune loi, sauf les siennes. Celles qui ne se réduisent qu’à ses seuls intérêts, de sorte qu’elle est parvenue à faire de l’ignoble la norme : le viol des lois, la corruption, la fraude, la terreur, les meurtres, etc…

Incapable de prendre de la hauteur et pleine de mépris, la Brute ne peut entamer aucune discussion avec ses opposants en qui elle voit sans doute autre chose, compte tenu des traitements inhumains qu’elle leur inflige. Blocus de domiciles, séquestrations, arrestations des membres de leurs familles…

D’une incroyable platitude de raisonnement, violente dans ses paroles comme dans ses actes, la Brute a pour moyen de sa politique, une presse commandée qui entretient des conflits intercommunautaires pour discréditer l’opposition. Elle a aussi pour moyen les forces de l’ordre détournées en milice du régime pour créer le désordre, notamment le viol continu des lois et des droits de la personne humaine. En adéquation avec sa nature, la Brute menace toutes les personnes qui s’entêtent à lui tenir tête, ne connaît pas le dialogue.   

La Brute, c’est ce groupe d’individus au pouvoir, qui pense mordicus que tout s’arrête à lui, même le temps. Il martyrise les politiques parce que lui n’en fait justement pas partie, c’est une Brute. Elle a pourtant le soutien de Le Drian.

Le Drian

Jean-Yves Le Drian, une fois n’est pas coutume, ne désigne pas en particulier le porteur de ce patronyme. Ce dernier, du haut de la tour de la supposée non-ingérence de son employeur , l’État français, y soutient pourtant des positions tellement absurdes qu’il devient la caricature de toutes les aides de la voyoucratie sur le continent africain, en particulier en Côte d’Ivoire.

La démarcation de Le Drian du régime d’Alpha Condé est l’exception qui confirme sa règle : le soutien, aussi truands qu’ils semblent, à ses amis au pouvoir. Hic pour Alpha Condé. Heureusement d’ailleurs peut-être aussi pour lui, il n’en est pas. Les positions de Le Drian qui font polémiques. Au mépris de son devoir de non-ingérence dans les affaires d’un État tiers, il reconnait à M. Ouattara le droit de se présenter à un 3ème mandat illégal. Il ose reconnaître l’élection de M. Ouattara, au mépris de toutes les pertes en vies humaines (85 officiellement). Et continue ainsi dans son élan, en appelant au respect de l’ordre constitutionnel, sans préciser lequel, et à un dialogue inclusif entre l’opposition et un régime illicite.

M. Le Drian est soit un militant du parti de M. Ouattara, soit un nécrocrate, ou encore, comme son patron M. Emmanuel Macron, un parfait ignorant de la neutralité (qui signifie se mettre de tout  temps du côté de la légalité et de la justice, et non se positionner au gré de ses intérêts).

Quelle que soit la catégorie dans laquelle se situe le ministre français des Affaires plus étranges qu’Etrangères, son attitude est scandaleuse. Son positionnement clair du côté de l’illégalité en Côte d’Ivoire met en doute la victoire à la présidentielle de 2010 de M. Ouattara. Ce dernier avait à l’époque bénéficié de l’aide de l’armée française, pour neutraliser un Laurent Gbagbo qui refusait de céder le pouvoir, parce qu’il était certain d’avoir remporté les élections.

Le Drian c’est aussi la CEDEAO, qui vient aider à régler une crise préélectorale sans se référer avec responsabilité aux textes de loi du pays. Sans les confronter aux faits pour y voir plus clair. Cet illettrisme prémédité est révélateur d’une véritable ledrianderie. Si grossière que la CEDEAO a préféré se cacher derrière la fausse neutralité de Le Drian, en enjambant les lois pour appeler simplement au dialogue entre antagonistes. Elle n’ignore pourtant pas que le rapport de force est inégal entre un pouvoir répressif qui a des milices à sa solde, et une opposition aux mains nues qui n’a pour elle que le seul strict respect des lois.

Le Drian, c’est aussi l’Union Africaine (UA) qui envoie des observateurs pour un scrutin illégal, et même félicite celui qui en serait sorti vainqueur au mépris des décisions de sa propre justice. Cette justice avait émis des jugements concernant le viol des lois, pendant les élections. Ses décisions de justice appelaient à l’organisation d’une élection transparente, inclusive et pacifique, mais le régime sortant ivoirien ne les a jamais honoré. C’est aussi cette même UA qui reconnait des élections régulières en Côte d’Ivoire, là où les constats objectifs révèlent de graves irrégularités et un scrutin bâclé avec des violences et des morts.

La commission de l’UA est dirigée par le ressortissant du Tchad, un état aussi tyrannique que le régime qui détient actuellement le pouvoir en Côte d’Ivoire est anticonstitutionnel. La ledrianderie de cette organisation se comprend donc.

Finalement Le Drian est ce groupe d’individus incompétents et à l’esprit tordu qui, pour leurs petites amitiés et pour leurs intérêts particuliers, trouvent que le respect des lois n’est pas nécessaire dans un État africain. En résumé: mépris, infantilisation, néocolonialisme.

La politique spaghetti, le Bon, la Brute et Le Drian, n’a pas encore livré son épilogue. En se référant pourtant au pouvoir naturel des forces du bien sur celles du mal, on imagine bien que quel que soit le temps, ce film sorti des esprits malhonnêtes se terminera sur la victoire de la légalité, de la justice et de la vie, en somme de l’état de droit, la Côte d’Ivoire.


Côte d’Ivoire : quand neutralité rime avec engagement

La crise électorale que traverse la Côte d’Ivoire depuis plusieurs mois suscite de la part de certaines personnalités l’affirmation claire de leur position, quand d’autres, pour ne pas donner l’impression d’être partisans d’un camp particulier, préfèrent rester muets ou se dire neutres. Mais en réalité, leur neutralité n’a rien à voir avec ce qu’elle est réellement.

La neutralité est synonyme d’engagement

L’autre nom de la neutralité, c’est l’engagement. Des personnes, notamment plusieurs célébrités ivoiriennes, le traduisent à travers leur combat pour la justice et la légalité. Leur lutte a lieu quel que soit le régime sous lequel l’injustice est devenue la norme ; ils ne prennent pas position pour telle ou telle autre administration. Désintéressés ils sont donc, par leur engagement depuis toujours du côté des opprimés, des laissés-pour-compte,  du peuple, en somme. D’où leur neutralité. Il s’agit par exemple, des artistes Billy Billy, de Meiway, du duo zouglou Yodé et Siro, et de l’écrivaine Véronique Tadjo.

Billy Billy

L’artiste, qui excelle dans la déconstruction, n’a pas hésité à décrier les écarts de gouvernance du régime Gbagbo, comme ils critiquent également l’administration de M. Ouattara. Il vit en exil depuis plusieurs années, sous Alassane Ouattara, après son titre satirique Ma lettre au président adressée à ce dernier, que son régime n’a apparemment pas apprécié.  

Meimay

Il rejoint cet artiste véritablement engagé, donc neutre qu’est Billy Billy, en prenant clairement position pour le peuple de la Côte d’Ivoire, quel que soit ce que cela lui en coûte. Il s’indigne d’abord ouvertement face au refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir en 2010, après avoir officiellement perdu les élections. Il adopte ensuite la même attitude vis-à-vis de la candidature illégale à un troisième mandat de M. Ouattara, malgré les insultes et les menaces de mort.

Yodé et Siro

L’action de ce duo Zouglou est très intéressante. Comme l’exige leur genre musical, ce sont en effet plus de 20 ans de carrière au service du peuple, sous les différents régimes que connaît la Côte d’Ivoire. Il s’illustre en effet déjà dans les années 1990 avec le titre Tu sais qui je suis, à l’époque où le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) est au pouvoir.

Cet opus critique déjà les suspicions au sujet de la nationalité ivoirienne de certains concitoyens. Il blâme aussi les disparités régionales, le tribalisme et l’ethnocentrisme à travers les détournements des biens de l’État au profit de la région du président de la République et des dignitaires du régime. Au temps où Laurent Gbagbo parvient au pouvoir, en 2000, Yodé et Siro mettent clairement en garde son administration contre la mauvaise gouvernance avec le titre : Président.  

Leur dernier tube en 2020, « Président on dit quoi ?« , ne déroge pas à leur engagement, preuve de leur neutralité. Il est également très critique des injustices du régime Ouattara et de sa mal-gouvernance. Cet engagement lui doit d’être simplement censuré sur la chaîne publique nationale (la radiodiffusion télévision ivoirienne, rti).

Véronique Tadjo

Elle est une écrivaine dont la dernière prise de position, avec d’autres auteurs africains, contre la présidence à vie, rappelle son perpétuel engagement pour son pays et non pour une communauté particulièrement. Son combat va même au-delà des frontières ivoiriennes, avec son roman L’Ombre d’Imana, voyage jusqu’au bout du Rwanda.

Depuis l’époque du parti unique sous Houphouët où Mme Tadjo était fonctionnaire de l’État de Côte d’Ivoire, donc à la merci du régime, jusqu’à maintenant, la poétesse, nouvelliste, romancière et peintre ne manque pas de critiquer avec courage et désintérêt les limites des pouvoirs en places. Elle le fait soit dans ses publications, soit dans ses interviews.

A sa dernière apparition médiatique dans le contexte ivoirien de crise préélectorale causée par le troisième mandat illégal de M. Ouattara, Véronique Tadjo fustige encore avec courage la prise en otage de la nation ivoirienne par les trois fortes têtes de la politiques que sont Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Elle ne prend donc que le parti de l’intérêt général. Sa production littéraire a un écho dans les œuvres de Billy Billy, de Yodé et Siro, et transparaît également à travers les prises de position de Meiway. 

La neutralité de ces artistes ne fait l’ombre d’aucun doute, leurs luttes étant constantes et n’épargnant aucun régime. C’est simplement de l’engagement. Ce n’est pourtant pas le cas d’autres célébrités très critiques par le passé sous les précédentes administrations à la tête de l’État, mais soudain muettes aujourd’hui lors pourtant de terribles irrégularités, injustices et crimes, sous le régime Ouattara. Ils préfèrent se murer dans ce qu’ils considèrent abusivement comme de la neutralité. Mais leur « neutralité », en plus de dévoiler implicitement leur militantisme pour l’actuel régime ivoirien, montre également du communautarisme et de la lâcheté.

La  neutralité n’est pas synonyme de militantisme

L’histoire politique de la Côte d’ivoire a donné à voir, à la fin des années 1990 et durant la décennie 2000, « l’engagement » de certains artistes ivoiriens contre le tribalisme et les dérives des régimes de cette époque. En l’occurrence, respectivement ceux de Konan Bédié (1993-1999), Guéï Robert (décembre 1999-octobre 2000) et Gbagbo Laurent (2000-2010).

Quelques morceaux choisis : « Dans un pays avec plusieurs ethnies, quand une seule ethnie monopolise le pouvoir, ça devient de la dictature, tôt ou tard, ce sera la guerre civile » ;  « Quitte le pouvoir, quitte le pouvoir, je te dis quitte le pouvoir a a a. depuis quarante ans… Tu as été mal élu… » ; « Mon pays va mal… » ; « Est-ce qu’il n’y a pas de Koffi au Togo » .

Dans une lettre ouverte au président Laurent Gbagbo, le 15 décembre 2010 (lors de la crise post-électorale), et parue dans le journal Le Patriote, alors de l’opposition, mais aujourd’hui du pouvoir, une écrivaine s’indigne courageusement contre les injustices qu’infligeait le pouvoir de Laurent Gbagbo aux populations ivoiriennes.

Les dérives despotiques actuelles du régime de M. Ouattara donnent l’opportunité à ces artistes, dont nous taisons volontairement les noms d’affirmer encore leur engagement par des compositions musicales, ou même de simples déclarations, qui critiquent cette gouvernance malveillante de celui qui, à l’époque, était l’opposant des trois chefs d’État cités plus haut, et dont la candidature illégale à un troisième mandat tout aussi illicite est la cause depuis août 2020 des troubles et des morts de personnes dans le pays.

Mais motus et bouche cousue, aucune publication de la part de ces derniers à ce sujet. Ce silence donne simplement l’impression que leur engagement n’était pas désintéressé, il était communautariste. Leur position n’a donc rien à avoir avec de la neutralité.

Le  mutisme de ces artistes et d’autres personnages dans ce cas, semble révéler qu’ils soutiennent M. Ouattara  dans sa forfaiture actuelle, surtout qu’ils sont de la même région.

Le plus triste est que malgré les crimes de manifestants aux mains nus et même de simples citoyens, par les milices du régimes et ses partisans, en dépit de l’impunité de ces derniers, les emprisonnements injustes d’opposants, la mise sous clé de leur domicile… En somme, malgré des violations graves des droit de l’homme, de l’État de droit et des règles démocratiques, aucun de ces artistes, ni cette écrivaine, très en verve contre les régimes de l’époque où M. Ouattara était opposant ou sur le point d’accéder au pouvoir, ne sort aujourd’hui pour appeler au respect des lois.

On peut comprendre qu’ils soient en déphasage avec l’engagement qui est lié au genre musical Reggae, voire au combat des grands auteurs, ou même qu’ils soient en panne d’inspiration,  mais pour ne pas donner l’impression qu’ils sont d’accord avec les illégalités, les injustices et les crimes actuelles, ils doivent éviter la lâcheté ; ils devraient avoir le courage de lancer des appels.

Ces appels devront se faire dans la langue qu’ils partagent avec les jeunes miliciens du régime. Ils doivent porter sur le respect de la vie humaines, et des dangers de leur manipulations à des fins politiques non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour l’ensemble de leur communauté pour laquelle on veut leur faire croire que donner la mort à leurs concitoyens opposés aux actions illégales de leur mentor est nécessaire à leur quiétude et leur évolution. Il doivent faire comprendre à ces jeunes gens que leur instrumentalisation est par dessus tout pour des intérêts particuliers et met à mal la cohésion sociale, sinon, on ne ferait pas d’eux des criminels.    

Certains de ces artistes essaient tout de même de franchir le pas en appelant cependant laconiquement à la paix. Cette exhortation, qui fait la promotion d’une fausse paix, ressemble plus à l’hôpital qui se fout de la charité, les lois étant toujours violées, des personnes demeurant injustement en prison alors que des criminels courent impunément les rues.

En somme, la neutralité ne sélectionne pas ses périodes de luttes, elle est constante et désintéressée, donc synonyme d’un engagement véritable. Tout combat sélectif est intéressé, il n’a donc rien à avoir avec la neutralité, il peut être l’expression du militantisme, du communautarisme et de lâcheté, autant d’attitudes qui pérennisent les divisions et sont de réelles obstacles aux vraies luttes et à la concorde nationale.


A qui profite un régime voyou à la tête de l’État de Côte d’Ivoire ?

Le processus électoral  en  Côte d’Ivoire en cette année 2020, digne d’une véritable voyoucratie de la part des dirigeants actuels du pays et de leurs soutiens inavoués,  est un échec. Et pourtant, tout ce monde, aveuglé par ses intérêts particuliers, s’illusionne frénétiquement pouvoir en profiter.

Le régime voyou à la tête de L’État de Côte d’Ivoire

Un régime voyou est cette administration, si on peut l’appeler ainsi parce qu’en réalité elle a tout d’une association de malfaisants, qui s’installe à la tête d’un État en dehors de tout cadre légal, notamment à travers la violence et les irrégularités tout en bénéficiant du soutien de complices inavoués qui espèrent ainsi consolider ce pouvoir illicite. C’est en clair une bande d’usurpateurs et d’imposteurs à col blancs et aux mains tâchées de sang.

Le pouvoir qui dirige pour le moment la Côte d’Ivoire, avec les bénédictions de soutiens occultes ressemble clairement à un tel régime. Tout dans ses actes depuis plusieurs mois en est l’illustration : minage du processus électorale par de flagrantes violations des lois, manipulation de la justice contre les opposants et les membres de leur famille pour le compte du régime, refus de se conformer aux décisions de la cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, érection d’obstacles aux manifestations pacifiques de l’opposition contre les illégalités par tous les moyens y compris la répression et l’usage de milices armées de machettes escortées par la police nationale, manipulation des communautés religieuses et des groupes ethniques pour faire croire qu’elle est du fait de l’opposition,  intelligence entre le conseil constitutionnel et le chef de l’État sortant pour valider la candidature illégale de ce dernier à un 3ème mandat tout autant illicite et manœuvrer pour sa réélection frauduleuse au premier tour, refus catégorique d’entamer des discussions avec l’opposition, puis rétractation soudaine après avoir supposément obtenu gain de cause, notamment sa désignation par des institutions lâches et corrompues comme vainqueur d’une élection illusoire, pression sur les opposants significatifs par des blocus d’hommes en armes autour de leur domicile,  inculpation d’autres opposants, et chantages contre ses opposants pour la reconnaissance de sa réélection.  

La liste des méfaits des dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire n’est pas complète et inédite. Ils  remontent même aux élections municipales, législatives et régionales des années auparavant avec des cas de violences et de fraudes pour le compte du régime, sans compter les débauchages,  par le chantage et la corruption, des élus de l’opposition toujours par elle.

Ce déferlement sans vergogne d’illégalités dans leur propre pays et d’injustices contre des compatriotes, a priori, perdure parce qu’il  profite pourtant à certains.

Les bénéficiaires d’un régime voyou ivoirien sur le  plan national

Le bénéficiaires du régime voyou en Côte d’Ivoire sont les incompétents, les médiocres, les corrompus et les criminels parce qu’il faut en effet récompenser, les acteurs de la forfaitures. Cette situation n’est pourtant pas nouvelles en Côte d’Ivoire. Au terme de la crise post-électorale de 2010-2011 en effet, aucun présumé coupable de crimes du camp de M. Ouattara n’a été inquiété par la justice ivoirienne, quand ceux qui ont affiché leur soutien à son adversaire, Laurent Gbagbo, ont tous été condamnés, notamment le général Dogbo Blé et le capitaine Séka Séka.

Les partisans de M. Ouattara ont au contraire bénéficié de promotions, soit dans l’armée où ils ont extraordinairement augmenté en grades, soit dans l’administration du territoire où ils ont été fait préfet au détriment des personnes qui en ont suivi les formations ou qui en ont les compétences et les qualités.

La Côte d’Ivoire n’a donc pas volé la crise électorale  qu’elle traverse en ce moment, elle le doit à une décennie de règne de la malhonnêteté. Et la gouvernance d’un régime voyou ne fait que pérenniser l’instabilité, avec son corolaire d’injustices, de corruptions, de clanisme, de gabegie, d’oppressions,  de manipulations des communautés nationales et d’instrumentalisation de la justice contre les adversaires politiques et les partisans de ces derniers.

L’indifférence aujourd’hui de la communauté internationale (ONU, France, UE, OIF, CEDEAO, UA, OIF, etc) aux graves écarts de gouvernances d’un tel régime qu’il a pourtant contribué à installer à la tête de l’État de Côte d’Ivoire en 2010, au prix même de combats armés, sous prétexte que le régime Gbagbo avait usurpé le pouvoir, emmène à se demander si ce dernier avait vraiment perdu l’élection présidentiel cette année là. Dans tous les cas,  il n’y a pas que sur le territoire ivoirien qu’un régime voyou profite à certains.

Les bénéficiaires d’un régime voyou ivoirien sur le plan international

Le régime voyou est du pain béni pour les infantiliseurs de l’Africain, de l’Ivoirien en particulier. Et pour cause, on voit mal comment de tels individus se passeraient de la compagnie d’un gouvernement qui est justement la parodie de ce qui se fait dans les nations démocratiques occidentales et tire sans cesse l’Africain vers le bas et le maintient dans la pauvreté et l’asservissement. C’est en effet l’occasion pour eux de moquer l’Africain.

C’est surtout une opportunité pour eux d’obtenir à vil prix des marchés dans ces pays et de surfacturer des projets fantaisistes dont il sont chargés de l’exécution, le régime voyou n’ayant pas d’une part  la légitimité et la dignité pour discuter d’égal à égal et voulant redorer son blason devant la populations suspicieuses par des ouvrages fanfaronneux d’autre part.

Par ailleurs les besoins en liquidité du tel régime pour étouffer de dangereuses braises, notamment l’irrégularité des salaires des fonctionnaires, et des primes aux organes de répression, font de la manne financière produites par le bradage des marchés une aubaine pour lui.

L’illégitimité du régime permet également aux bourreaux extérieurs par de généreuses dettes d’enchaîner pour longtemps encore dans les chaînes de la dépendance l’État dirigé par lui, en particulier la Côte d’Ivoire dont le goût démesuré des autorités actuelles pour les dettes  n’est un secret pour personne.

L’épineuse question du franc CFA bis ou d’un ECO (encore arrimé à l’Euro) parasité par L’UEMOA, dont la Côte d’Ivoire est le leader fait de la France et de l’Union Européenne (UE), qu’ils le veuillent ou pas, des bénéficiaires d’un régime voyou à la tête de l’État de Côte d’Ivoire. Avec un tel régime, c’est sûr que l’ancienne métropole et l’UE continueront de jouer un rôle dans ce relais du néocolonialisme dans la sous-région ouest-Africaine. C’est donc l’espoir de la création d’une monnaie libre de toute influence étrangère, afin de garantir une indépendance monétaire de cette région et faciliter son développement qui est encore compromis par la présence d’un régime voyou à  la tête de l’État de Côte d’Ivoire.

La France peut bien le contester, mais elle semble la principale bénéficiaire d’un régime illégal à  la tête de l’État de Côte d’Ivoire, en raison notamment de son association avec celui-ci pour des projets fantaisistes et extrêmement couteux, dont le fameux métro d’Abidjan, qui n’ont rien à avoir avec les réalités locales, mais contribuent plutôt non seulement  à accroitre les disparités régionales et sociales, mais aussi à reléguer aux calendes grecques les priorités pour un pays en voie de développement. Celles-ci sont en l’occurrence  la formation, l’éducation et la santé. Les cohortes de jeunes miliciens découpant à la machette leur compatriotes, opposants pacifiques au régime, est la preuve des deux premiers besoins ; tout comme le fait que les autorités ivoiriennes, notamment le défunt premier ministres Gon Coulibaly, se soignent à l’étranger traduit l’urgence d’un meilleur service sanitaire en Côte d’Ivoire. Mais le développement de la formation professionnelle, de l’éducation et de la santé est hypothétique à cause d’une gouvernance fantaisiste, dont la République française semble être la complice.

Finalement un régime voyou à la tête de l’État de Côte d’Ivoire ne profite au fond a priori à personne. D’abord à ses partenaires, France et Union Européenne, soupçonnés de plomber son développement ; ensuite à la sous-région ouest-africaine (dont l’organisation est indifférente à l’illégalité qui s’opère en Côte d’Ivoire), en proie aux attaques terroristes, le régime voyou ayant plus pour priorité de réprimer et terroriser ses opposants, que de s’engager à la sécurité sous-régionale ; puis les acteurs même d’un tel régime qui ne font qu’hypothéquer leur avenir en persistant à déstabiliser leur propre pays et à se faire le cheval de Troie de son sous-développement et son maintien dans l’asservissement.

Il va sans dire qu’un régime voyou à sa tête ne fait enfin pas du tout l’affaire de l’État de  Côte d’Ivoire qui a besoin de l’ensemble de ses filles et fils, quel que soit leur statut, anciens gouvernants et anciens opposants, pour amorcer sereinement son développement dans la confiance, la concorde, la justice et la paix.


Côte d’Ivoire : ils sont parvenus à nous faire regretter la présidentielle de 2010 avec pourtant ses 3000 morts

Le 31 octobre 2020 était la date de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Le régime prétend que celle-ci a eu lieu, l’opposition dit le contraire à cause de l’illégalité supposée du scrutin en raison de la candidature illicite du chef de l’État sortant, M. Alassane Dramane Ouattara, à un 3e mandat tout aussi inique. Dans tous les cas on est parvenu à nous faire regretter la présidentielle de 2010, avec pourtant sa crise post-électorale et ses 3000 morts à la clé.

La nostalgie de la présidentielle de 2010

En amont de l’élection présidentielle de 2010, de nombreuses concessions sont faites par le régime d’alors, celui du président Laurent Gbagbo.  Il s’agit en l’occurrence dans un premier temps de la signature en 2005 d’un décret par Laurent Gbagbo pour permettre à Alassane Ouattara d’être candidat à l’élection présidentielle.  Pour rappel, ce dernier était inéligible selon l’ex-Constitution de 2000 (à laquelle il avait pourtant  appelé, sans que les profanes ne comprenne jamais pourquoi, ses partisans à voter « oui ») pour s’être prévalu par le passé d’une autre nationalité. Son exclusion supposée aurait été la cause de la rébellion de 2002, selon les insurgés de l’époque.

En plus de cette concession de taille en faveur de son adversaire politique, Laurent Gbagbo accepte dans un deuxième temps de céder la direction de la CEI (commission électorale indépendante)  à l’opposition. Des commissions locales de cette institution sont en outre dirigées par d’anciens rebelles qui, au passage,  bénéficient d’une loi d’amnistie.

Il est par ailleurs notable en 2010, l’inexistence de prisonniers politiques comme de la société civile et des affaires judiciaires tirées par les cheveux.   

L’organisation de cette élection est en outre irréprochable, avec le succès de l’opération de confection des cartes nationales d’identité (CNI) pour les millions de citoyens qui en ont droit. Ironie du sort : ces CNI sont toujours valables, selon un décret de l’actuel chef de l’État, jusqu’en juin 2021 alors qu’elles auraient dû être renouvelées en 2019 pour servir lors de l’élection présidentielle de 2020. D’ailleurs aucune nouvelle cni n’est prêtre à ce jour.  

La campagne électorale de 2010, avec une élection inclusive à tous les niveaux est en outre très joyeuse, pacifique et engagée. Ce qui favorise une bonne visibilité sur le projet de société de chaque candidat ainsi que le vote sur l’ensemble du territoire nationale.

Pendant le vote en 2010, l’engouement populaire est sans précédent, avec une moyenne de plus de 80% de taux de participation pour les deux tours. 

Au terme du 1er tour, la tempérance de Henri Konan Bédié qui ne fait pas de vagues face au délestage de plusieurs centaines de milliers de voies qui le qualifient pourtant au second tour marque le scrutin. Il est réceptif à la médiation du représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire et de diplomates afin de préserver l’esprit pacifique dans lequel le scrutin s’est déroulé jusqu’alors et pour ne pas gâcher la chance qu’à son pays de repartir sur les bases solides de la démocratie.  

Henri Konan Bédié a en outre pris de la hauteur en ne faisant pas preuve d’aigreur à travers par exemple son retrait du processus électoral. Son inscription dans le jeu démocratique par son  appel à ses militants à voter au second tour le candidat du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara, est l’élément décisif du scrutin car il porte ce dernier à la tête de l’État.

L’on a de bons souvenirs de la présidentielle de 2010. Mais son aspect hideux, notamment la crise post-électorale, née la revendication de la victoire finale par les deux candidats qualifiés au second tour, avec l’affrontement entre d’une part des forces loyalistes et d’autres part anciens rebelles soutenus par l’armée française  et ses 3000 morts à la clé… Cet aspect négatif et indéniable de ce scrutin est bien réel. Et le fantôme de cette crise jalonne le scrutin de 2020 dans toutes ses étapes.  

La crise post-électorale de 2010 est bien factuelle en 2020

En dépit de tous les points positifs de la présidentielle de 2010, seul son aspect hideux, la crise, se manifeste en 2020 tout au long du processus électoral qui plus est, là où sous un régime sorti des urnes, donc supposé démocratique, on s’attendait au contraire. Le scrutin de 2020 est pourtant traversé de part en part par la crise.

En amont du scrutin la crise est bien réelle.

Il s’agit de l’accaparement méthodique du processus électoral par le régime Ouattara. Cela, avec d’abord l’échec prémédité de l’opération de renouvellement des cartes nationales d’identité et d’enrôlement des nouveaux majeurs, véritable stratégie d’achat de voies par le régime. L’on a ensuite la nomination illégale du président de la commission électorale indépendante (CEI), puis l’adoption tout aussi irrégulière du code électoral, ainsi que l’apparition des affaires judiciaires suivies par les emprisonnements de politiques de l’opposition et des membres de leur famille, sans oublier le refus du régime ivoirien de se conformer aux décisions de la cour africaine des droits de l’Homme et des peuples l’enjoignant à reformer la CEI conformément à la loi et à la justice pour un scrutin inclusif et pacifique.

La crise gagne en intensité à l’annonce par le chef de l’État sortant, M. Ouattara, de sa candidature illégale à un 3e mandat. Elle se caractérise même par des manifestations spontanées de protestations de citoyens qui demandent le respect de la Constitution. Ces manifestations pacifiques se transforment en conflits intercommunautaires et en opérations punitives orchestrées par des milices du régime (les microbes) chargées de disperser par tous les moyens les contestataires pour éviter de faire voir que la majorité des Ivoiriens sont contre la forfaiture du pouvoir. Des acteurs de la société civile sont arrêtés et emprisonnés. Des morts et des blessés sont enregistrés.   

La validation illicite par le Conseil Constitutionnel de la candidature du chef de l’État sortant, M. Ouattara, l’exclusion arbitraire d’opposants crédibles et l’étrange collusion des entêtements de la CEI et du régime à poursuivre le processus électoral, malgré l’environnement délétère dans lequel il se déroule envenime la situation.  Celle-ci prend des allures inquiétantes avec le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par l’opposition face au refus du régime d’aller à la discussion, pour empêcher la distribution des cartes d’électeurs et à long terme la tenue du scrutin.

Les communautés africaines et occidentales font preuve d’hypocrisie en fermant les yeux sur les irrégularité et injustices du régime. Pendant ce temps l’Union Européenne, par exemple, préfère se voiler la face derrière une caravane pour une fausse paix avec des soutiens du chef de l’État dont le viol de la constitution est le déclencheur des troubles les plus violents. Face à l’entêtement du régime à passer en force et devant la stérilité des différentes médiations, l’opposition durcit le ton en appelant ses militants au boycotte actif du scrutin pour l’empêcher.

L’atmosphère pré-électorale en 2020, comme on le voit bien, contraste totalement avec celle du scrutin de 2010, responsable, inclusive et pacifique.

Le jour du scrutin a été désastreux avec des saccages de bureau de vote, des manifestations de protestation souvent violentes, des conflits intercommunautaires entre partisans du régime et fidèles de l’opposition. Des morts de personnes sont enregistrés, notamment dans le centre de la Côte d’Ivoire. Une très grande majorité d’électeurs comme on  s’y attendait boycotte le vote selon les observations objectives. L’opposition donne un taux de participation de tout au plus 10%. La CEI quant à elle avance le chiffre de 53%, peu convaincant pour les observateurs qui dénoncent par ailleurs des bourrages d’urnes et des votes multiples.

Dans tous les cas, par rapport au scrutin présidentiel organisé par l’administration Laurent Gbagbo, le taux de participation à l’élection sous le régime de M. Alassane Ouattara semble juste fictif.

Après la date du scrutin, La formation d’un Conseil National de Transition (CNT) par l’opposition face à la vacance supposée du pouvoir des suites d’une non-élection, selon elle, accroit la tension.

L’intimidation des opposants par des individus armés, leur mise en résidence surveillée et leur emprisonnement, comme celle des membre de leur famille  sans aucun fondement juridique  et des inculpations en cascade par le procureur de la République qui a été indifférent au viol de la constitution après avoir été accusé de créer des affaires pour le compte du pouvoir ne rassure pas sur l’avenir ; encore moins l’incarcération de farouches opposants et élus de la nation en dehors de tout processus judiciaire légal. D’ailleurs, depuis c’est le statut quo.  

La reconnaissance des résultats du scrutin organisé par le régime, par le conseil constitutionnel que l’opposition ne reconnait plus depuis sa validation illégale de la candidature de M. Ouattara ne saurait apaiser la situation, surtout que des institutions internationales appellent à respecter l’ordre constitutionnelle, sans en préciser lequel, après avoir pourtant été indifférent au viol justement de la constitution.

Finalement confiant de sa réélection en 2010, le régime d’alors ne fait aucun obstacle au bon déroulé du scrutin avant que les choses ne se gâtent lors de la proclamation des résultats finaux, à cause des suspicions de fraudes dans le nord du pays, fief de M. Alassane Ouattara et contrôlé par la rébellion.

En 2020, sûr et certain depuis bien longtemps de son échec devant une opposition unie comme à l’époque face à l’administration Gbagbo, le pouvoir Ouattara, qui avait pourtant un devoir de probité pour être sorti des urnes à 2 reprises, n’a fait que manœuvrer pour empêcher  la tenue d’un scrutin responsable, claire, transparent et pacifique, le plus important étant apparemment son maintien au pouvoir vaille que vaille.

Malgré les emprisonnements en cascade et la mise sous clé des opposants à cette forfaiture, et le soutien voilé et méprisant pour la démocratie en Afrique de certaines diplomaties occidentales et même africaines, un 3ème mandat n’est pas assuré pour M. Ouattara et son régime. L’absence de félicitations claires à sa réélection et son isolement croissant en sont des signes. Mais l’élément le plus déterminant de la fin de ces actes dignes de voyous à la tête de l’État semble la détermination de la vraie nouvelle génération à tourner définitivement la page d’un chef d’État et d’un régime adeptes des pratiques coloniales, et qui ont été incapables de faire mieux que lors du scrutin présidentielle de 2010, avec pourtant sa crise post-électorale et ses 3000 morts à la clé.


Prière pour la paix en Côte d’Ivoire

La prière pour la paix en Côte d’Ivoire est proposée par la Conférence des évêques catholiques suite à la situation de quasi guerre civile que traverse encore notre pays 10 ans après en avoir pourtant fait l’amère expérience.

« Dieu notre Père, tu nous dis : « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent ; Et des cieux se penchera la Justice » (Ps 85, 11-12)

Regarde la Côte d’Ivoire, notre pays. Elle traverse des épreuves particulièrement difficiles.

Accorde à ses habitants l’Amour.

Que l’Amour qui vient de toi ravive en tous les cœurs, l’acceptation des autres.

Que ton Amour  éteigne le brasier de la violence qui s’empare de notre pays.

Que ton Amour rallume la flamme de la tolérance et protège jalousement la vie.

« Seigneur, Ta parole est vérité ! Dans cette vérité, consacre-nous » (Jean 17,17)

Regarde la Côte d’Ivoire, notre pays. accorde à tous ses habitants la Vérité.

Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie. Que la Vérité qui libère, brûle en tous les cœurs tout germe de mensonge.

Que la lumière de ta vérité illumine os regards ! Ainsi nous redonnerons à notre pays son plus beau visage.

« Seigneur, Ta parole est vérité ! Dans cette vérité, consacre-nous » (Jean 17,17)

Regarde la Côte d’Ivoire, notre pays. Accorde à ses habitants la Justice.

Que chaque citoyens de ce pays se laisse guider par une conscience droite.

Seigneur, fais-nous la grâce d’un monde de justice.

Que  nous soyons épris de respects pour les autres et pour nos institutions.

Seigneur, assiste particulièrement ceux qui nous dirigent.

« Tu aimes la Justice, tu réprouves le mal ! » Viens à notre aide.  (Ps 44, 8)

Regarde, la Côte d’Ivoire notre pays. Accorde à chacun d’être artisan de paix,

Que nos gourdins, nos machettes et nos fusils se transforment en instrument de développement.

Au-delà de nos différences, que nous parvenions à la Paix la réconciliation vraie.

Nous t’en supplions, Seigneur. Tu es le Prince de la Paix ! Tu nous as promis la Paix, toi à qui notre pays a été consacré, intercède,  pour nous. Amen.  »

Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire    

Que le Tout-Puissant nous en entende !