N'Guessan Jean Christ Koffi

Journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire : l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké propose une démarche en trois étapes pour prévenir et construire la paix

Le 15 novembre est institué depuis 26 ans journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire. En cette journée fériée, chômée et payée, l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire célèbre des messes sur les paroisses pour prier pour la paix sur le territoire national et dans le monde. C’est dans cette même veine que, ce 15 novembre, une messe présidée par l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké, Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a été célébrée à la Cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de ladite ville. Les autorités politiques, militaires, administratives, religieuses et coutumières de la région, ainsi que des activistes de la paix sociale, comme des fidèles d’autres confessions religieuses de la région étaient présents à cette célébration eucharistique avec les fidèles catholiques.



Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a, de prime abord, dans son homélie, salué et remercié les différentes composantes de l’auguste assemblée pour leur présence à cette célébration eucharistique pour la paix en Côte d’Ivoire.

Il s’est ensuite réjoui de l’aubaine de cette journée qui invite à  : « Prier pour la paix, nous souvenir et interroger notre histoire en vue de prendre les dispositions nécessaires pour continuer à consolider et construire la paix entre les habitants de notre pays ».    

L’évêque auxiliaire de Bouaké a par la suite clairement établi une distinction entre la paix des hommes, une paix fragile conditionnée par des intérêts personnels, partisans, parfois mesquins et la paix qui provient de Dieu selon la promesse du Christ au chapitre 14 de l’évangile de saint Jean.

La paix de Dieu, selon l’évêque, est une paix gratuite, sans condition, sans calcul et repose sur le principe universel de l’amour. C’est, le rappelle le prélat, cette paix que toute l’assemblée est venu recherchée à la célébration eucharistique. Il faut donc prier pour que celle-ci habite les cœurs de chaque individu, les familles, les communautés et le pays, a-t-il exhorté.

La paix qui provient de Dieu demande en revanche, comme en témoigne le passé récent de la Côte d’Ivoire, beaucoup de sacrifices, a reconnu Msgr Jacques Assanvo Ahiwa. En considérant les souffrances qu’engendre la guerre dans la sous-région et à travers le monde, aucun sacrifice ne devrait pourtant selon lui être de trop pour y arriver ; surtout que, comme a-t-il rappelé à l’auguste assemblée, Dieu n’a pas créé le monde pour la guerre, il n’a pas non plus créé l’homme pour vivre dans la discorde, dans l’inimitié, dans l’inquiétude du lendemain.

L’évêque auxiliaire de Bouaké a, par conséquent dans la foulé, et en s’appuyant sur la parole de Dieu du jour, proposé une démarche en trois étapes pour travailler à satisfaire le désire de paix et construire celle-ci.

Dans un premier temps il s’agit pour lui d’examiner sa conscience en vue de se connaître. Il faut dans un deuxième temps selon lui adopter de bonnes attitudes et habitudes pour la cohésion sociale. Zachée, dont l’histoire est rapportée dans l’évangile de Luc, s’offre enfin dans un troisième temps comme un modèle pour construire la paix, selon l’enseignement de Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa. 

  • L’examen de conscience  

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa  adopte cette première méthode pour aboutir à la paix à partir de la première lecture tirée du livre de l’Apocalypse (Apocalypse 3 1–6, 14–22). Le Seigneur, selon les explications de l’évêque, y fait d’abord un examen de conscience des communautés de Sades et Laodicée, Dieu relève leurs acquis et dévoile les défauts qui les ont éloignés de lui.

L’appel que le Seigneur lance ensuite à la vigilance et à la conversion des communautés de Sades et Laodicée qui se sont éloignées de ses enseignements et qui, pour cette raison, n’ont plus droit que leur nom soient inscrits dans le livre de vie, encore moins de siéger à la droite du Père dans le trône divin, devrait servir d’exemple à chaque individu pour son examen de conscience personnel, selon le président de la célébration.

Dans le contexte de la recherche de la paix, Chaque individu, chaque famille, chaque communauté devrait, selon le président de la célébration du jour, en se référant à son histoire personnelle, dans ses rapports avec l’autre et avec Dieu, se poser des questions sur les porales, qu’il ou qu’elle a émises, les actions qu’il ou qu’elle a menées qui vont contre la paix ou qui sont pour la paix, chacun connaissant ses actions pour ou contre la paix. C’est un examen de conscience s’il est fait dans la vérité et en toute sincérité du cœur aboutit absolument, selon Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, à la prise de conscience en vue de la conversion pour aboutir aux comportement nouveaux et aux attitudes inspirées par Dieu en faveur de la paix.  

  • Les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix.

Le président de la célébration du jour a déterminé les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix à partir du psaume du jour, le Psaume 14 (15). Il est parti de la question du psalmiste au Seigneur de savoir qui est digne de séjourner dans sa tente, de se tenir à sa présence. La réponse de Dieu : « Celui qui se conduit parfaitement, aspire à la justice et dit la vérité selon son cœur ; met un frein à sa langue et ne fait pas du tort et n’outrage pas son prochain », comporte selon Msgr Jacques Assonvo Ahiwa des dispositions qui invitent l’individu à la bonne conduite, à la pratique de la justice, à l’amour de la vérité, à la sincérité des rapports entre personnes. Ces dispositions ayant leur enracinement dans le cœur de l’homme, dans la conscience de l’homme, qui elle-même est l’œil de Dieu en l’homme, selon le prélat (c’est Dieu qui en nous nous dit ceci est bien ou ceci est mal) … ces dispositions créent donc une relation honnête avec Dieu ainsi que la cohésion sociale.

L’évêque paraphrase le psaume 14 pour déterminer d’autres attitudes pour aboutir à la paix. Ce sont : Ne pas faire de tort à son frère ; ne pas outrager son prochain ou ne le pas calomnier ; éviter tout ce qui peut nuire à l’intégrité physique et morale de son prochain.

Ces recommandations qui sortent de la bouche de Dieu sont indispensables à construire et à entretenir la paix, selon le président de la célébration.

Une attitude contraire à ces exhortations éloigne selon lui, non seulement de Dieu, mais aussi des autres membres de la communauté et de la société toute entière. Pour vivre en paix, l’évêque a donc invité l’assemblée à adopter des comportements nouveaux, solidement enracinés dans l’amour, dans la justice, dans le respect de l’autre. Et un exemple vivant est donné, selon Msgr Jacques, à travers Zachée dans l’évangile du jour (Luc 19 1-10).

  • Zachée comme un modèle de justice et de paix

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a, pour illustrer le modèle Zachée à travers l’évangile de Luc, d’abord invité l’assemblée à prêter attention à la grande volonté de Zachée de rencontrer Jésus. Les handicaps de Zachée, la foule nombreuse et sa petite taille, ne le découragent pourtant pas à vouloir rencontrer coûte que coûte Jésus, selon le président de la célébration, si bien qu’il monte sur un arbre et est vu de Jésus.

Pour le prélat, la rencontre de Zachée avec le Seigneur provoque dans le cœur de cet homme qui a mauvaise presse à Jéricho, parce que collecteur d’impôts, une remise en cause, un mouvement de conversion profonde et radicale. Lui, le pécheur public est complètement bouleversé selon l’analyse de l’évêque ; lorsque Jésus entre dans sa maison, la transformation s’opère en Zachée qui décide devant le Seigneur de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre quatre fois plus au personnes qu’il avait spoliées.

La décision de Zachée de dédommager ses victimes est pour l’évêque auxiliaire de Bouaké un acte de justice rendue aux personnes qu’il avait offensé, qu’il avait spolié de leur bien.  En réparant ses torts, Zachée, selon les explications de Msgr Jacques Assanvo Ahiwa, guérit des blessures causées par ses actes, dans le cœur et dans la vie de ses compatriotes, il apaise les cœurs et rétablit des relations apaisées avec son entourage ; lui naguère infréquentable est redevenu fréquentable.

Le président de la célébration tire la conclusion que par ses engagements, Zachée instaure la paix : il fait la paix avec lui-même, avec son prochain et avec Dieu. Son salut, est donc signifié dans cette paix retrouvée si bien que pour l’évêque auxiliaire de Bouaké, le Christ apprend à l’homme à travers la conversion de Zachée que le salut que l’on recherche se trouve dans la construction de la justice et de la paix.

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a définitivement terminé son homélie sur cette prière : « Que l’exemple de Zachée nous inspire pour que nous fassions la paix autour de nous, en semant la justice, en suivant les traces de cet homme idéal retracé par le Seigneur dans le psaume 14. Que Dieu nous aide sur ce chemin pour construire une paix durable entre nous ».

Quelques autorités politiques, administratives et religieuse de la région de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

L’on ose espérer que les démarches proposées par Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa pour prévenir et construire la paix, ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds, tant au niveaux des autorités politiques, militaires, administratives et religieuses qu’au niveau des citoyens lambda.


Côte d’Ivoire : célébration de l’excellence à la bibliothèque Sita Diallo de Tengrela

Lundi 6 juin 2022 s’est tenue à la bibliothèque Sita Diallo de Tengrela une journée de d’excellence à l’issue de la septième édition du Programme d’Animation Scolaire de Récréation et de l’Excellence. La fête simplement fut belle.

Récipiendaires, enseignents, parents et autorité, . Crédit photo MCDST

Le #PASRE, rappelons-le, a été initié depuis huit ans par l’association Jeunesse en Action pour le développement et le groupe scout les Siamois. Il mobilise dans cinq villes et localité (Grand-Lahou, Tanda, Kouibly, Aboboté, ainsi que Tengrela qui est à sa première édition) des milliers d’enfants et élèves du primaire et du secondaire autour de la lecture, de la dictée, de la rédaction, du sport, du dessin, du théâtre et de la danse.

Les sept champions de la septième édition du #PASRE ont reçu leurs lots lors de cette journée de célébration, devant parents, amis, enseignants et autorités scolaires et de la Jeunesse et du Service Civique de Tengrela. La Maison Connectée des Savoirs (MCDS) de ladite ville a été le cadre de la cérémonie.

Placée sous l’égide de M. Koré, Directeur Départemental de la Jeunesse et de l’instruction civique de Tengrela, la cérémonie a dans un premier temps a distingué les quatre meilleurs candidats de CM2 du concours sur les 120 inscrits et troisélèves de terminale venus du lycée. Les récipiendaires avent été soumis entre janvier et mai, pour les CM2 à quatre épreuves de dictée, de lecture, d’orthographe, de culture générale et de grammaire. Ceux de terminale avaient subi trois épreuves au format « bac » en dissertation et commentaire en français et en philosophie. Chaque lauréat a reçu un lot de livres et d’annales, ainsi que des goodies. Il ont aussi bénéficié d’une enveloppe de 5000 à 50000 XOF, selon leur classement.

Les quatre récipiendaires des écoles primaires (au centre), . Crédit photo MCDST

Dans  un deuxième temps M. Molo Kadjo, directeur de la Maison Connectée Des Savoirs de Tengréla (MCDST), en reprenant un propos de Thomas Sankara sur l’éducation, a remercié tous les directeurs des écoles partenaires, le responsable de la bibliothèque de l’Inspection de l’Enseignement Primaire Public (IEPP) et les parents. Il a aussi exprimé sa reconnaissance aux candidats à qui il a souhaité bonne chance pour les examens de fin d’année.

Les trois Récipiendaires des lycées (au centre). Crédit photo MCDST

Dans un troisième temps, le Directeur des Maisons Connectés Des Savoirs, M. Ladji Coulibaly a, lors de son intervention, d’abord salué l’implication de toutes les personnes passionnées de lecture présentes. Il a ensuite et surtout exhorté les élèves à intégrer la visite de la Bibliothèque dans leurs habitudes hebdomadaires.

Selon lui, en effet, les leaders et les élites que l’on admire et suit sur les réseaux sociaux sont avant tout de grands lecteurs. La lecture donne, a-t-il ajouté, les moyens à chacun de s’ouvrir au monde au fil des pages, de se cultiver et de se distinguer. La Bibliothèque de Tengrela appartient aux populations de ladite ville a-t-il martelé, avant de plaider auprès de celles-ci pour leur participation à chacune de ses activités afin de la rendre vivante.  

M. Ladji Coulibaly a pour finir remercié tous les amoureux de la culture et de l’éducation qui, grâce à leurs soutiens moral, financier et matériel, ont rendu possible cette cérémonie riche en couleurs et en émotions. Ses remerciements ont été adressés en particulier à :

  • – M. Diarra Youssouf pour sa sympathie, sa confiance et son don en numéraire ;
  • – Messieurs Coulibaly Djakaridja et Mohamed Ladji, pour le transport des objets et les écharpes ;
  • – Messieurs Coulibaly et Doudou, pour les goodies Codys ;
  • – M. Affi Olless, Bousier Community Collège International Programme (CCIP), venu spécialement depuis le Kentucky, aux Etats-Unis, pour la cérémonie,
  • – Mmes et Messieurs les Directeurs et Enseignants de l’association TENGRELA GRANDIRA (TG), propulseurs du développement économique et social, pour leurs implications dans la mobilisation, la composition des épreuves et les corrections ;
  • – La Librairie Lena du Dr Kane Aminata ;
  • – Les familles Molo, Sangaré et Koné.

Le Directeur des Maisons Connectées Des Savoirs a encore pour finir réitéré sa reconnaissance et ses félicitations à tous pour cette belle célébration de l’excellence. Il a définitivement terminé son intervention en donnant rendez-vous en novembre 2022, à Grand-lahou pour la récompense des lauréats de cette ville. La cérémonie aura lieu au cour du Festival International Efrouba du #Livre, a-t-il précisé.

Le directeur des MCDS (au centre) Récipiendaires, Crédit photo MCDST

La MCDS de Tengrela clos avec cette cérémonie d’excellence ses activités de l’année scolaire 2021-2022.


Petit lexique ivoirien 7 : le nouchi ou le charme d’un langage

Le nouchi est ce langage urbain né sur les terres de la Côte d’Ivoire. Il est le brassage des langues locales et des langues étrangères. Il n’est pas aussi structuré que les langues. Pourtant, il est aussi dans sa nature le fruit d’un travail de l’esprit qui dévoile toute sa beauté. Son charme se révèle surtout à travers les mots retournés et les termes transformés.  

Archive. Jeux de la francophonie Abidjan 2017. Crédit photo : JC Koffi N’guessan

Les mots retournés

Le nouchi comporte de nombreux mots retournés. Ce sont des termes dont l’emploi n’a rien à voir avec leur sens originel ou qui ont subi un glissement sémantique. En nouchi, ce sont ces termes qui proviennent des langues étrangères. Ils sont employés dans un contexte différent de leur sens de base. Il y en a waah, comme Ouagadougou. Ainsi dirait-on en nouchi, pour signifier leur grand nombre. Ce sont par exemple :

Marmaille : selon le dictionnaire de la langue française, la marmaille est un groupe d’enfants agités et bruyants. Les personnes qui ont atteint l’enseignement secondaire ou les amoureux de lecture ont certainement rencontré ce terme dans le roman Les Soleils des Indépendances, d’Amadou Kourouma.

En nouchi, marmaille renvoie simplement un acte malhonnête ou encore à la corruption, voire à l’escroquerie. Son dérivé, très prisé par les Ivoiriens pour désigner les malhonnêtes, les corrompus et autres escrocs, est : Marmailleurs

Employé dans une phrase, on a par exemple : Fc marmaille a encore frappé. A l’époque, des Ivoiriens avaient utilisé cette formulation pour constater l’éviction injuste de Didier Drogba à l’élection de président de la fédération ivoirienne de football (FIF), à la suite de manigances. Pour ces derniers en effet ladite fédération est composé de marmailleurs à l’image des administrations du pays. 

Magma : Roche en fusion à l’intérieur de la terre, selon le dictionnaire.

Le magma fait référence en nouchi à une providentielle et alléchante opportunité d’affaire. Il a pour synonyme gombo (un gombo). Ce terme renvoie, on le sait, à un légume.

A la différence du magma, le gombo est naturellement de moindre densité, même s’il n’a pas d’exigence particulière et peut être ajouté à toutes les sauces, comme son illustre référence. En claire le gombo n’exige pas forcément de qualifications particulières. C’est un contrat qui se réalise sur un temps déterminé, souvent bref. Après la réalisation du gombo les parties contractantes se laissent, ou se séparent, ni vues, ni connues. Le magma, lui, est plutôt lié à une formation.

Par Exemple : 1)   Ya  magma =  Il y a une bonne affaire. 2) Même pour avoir un simple gombo dans la Côte d’Ivoire émergente, on tient compte de ton origine ethnique.

Sac : une sorte de poche en toile, en cuir, en papier, etc, selon le dictionnaire.

Sac veut dire vaurien, nullard(e), en nouchi. Son glissement sémantique pourrait venir du fait que le sac est soumis aux usages de son utilisateur et à ses caprices, il ne peut opposer à ce dernier aucune résistance. Les sacs auxquels l’on fait référence et qui ont favorisé le changement du sens du mots sac seraient les sacs d’emballage de fèves de cacao, de céréales et autres. Ils sont balancés dans tous les sens par les chargeurs de camions.

Par exemple : « Le nouveau sélectionneur des Eléphants est un sac, à l’image de ses cinq prédécesseurs. », ont ainsi tout de suite réagi certains funs de l’équipe nationale de foot de Côte d’Ivoire, en tenant compte des états de service du nouveau coach.

Pour ces supporteurs, le choix d’un tel entraîneur devant certains qui ont fait leur preuve en Côte d’Ivoire, notamment François Zahui et Philippe Troussier, ne serait pas le fruit du hasard puisque la fédération ivoirienne de football serait dirigée par des boubous. Entendons par boubous des vauriens, des incompétents.

Sac a donc pour synonyme boubou. Ce mot renvoie à l’origine à un vêtement, plus précisément à une longue tunique africaine cousue d’une seule pièce.  De sa couture qui serait sans grande imagination et de l’impossibilité d’en tirer d’autres formes avec tous les sous-entendu que cela suppose, vient certainement son glissement sémantique : l’incapacité.   

Engager : embaucher.

Engager renvoie cependant en nouchi à une gifle, une baffe. Ce verbe d’action devrait son glissement sémantique à Gohou Michel, le célèbre comédien ivoirien. Dans la toute aussi célèbre série ivoirienne Ma famille, Gohou Michel utile engager pour dire gifler, en appuyant ses propos par la gestuelle qui va avec.

M. Gohou a juste popularisé l’expression, sinon elle a en elle-même la source de son glissement sémantique. Sa composition de la nasale en et de la gutturale g devant a (ga), ainsi que de la dernière syllabe sonore ger donne l’impression d’une prise d’élan pour donner un coup d’une retentissante intensité. On imagine bien les dégâts d’un tel mouvement sur la personne à qui il est destiné. L’emploi de ‘‘Engager’’ en  nouchi révèle que le son détermine le sens du mots, comme dans les langues.

Les mots retournés révèlent en sommes le charme du nouchi : employer un terme pour dire autre chose. Ils ne sont pas exhaustifs, ni exclusifs à la langue française.  Et pourtant le nouchi n’en finit de dévoiler sa beauté et sa personnalité à travers notamment les termes simplement modifiés.     

Les mots transformés

Il en a légion, mais en voici quelques-uns :

Doya 

Le doya. Ce terme vient du terme français doyen qui veut dire le plus âgé.

Dans doya il y a dos. De façon imagée le doya est celui dont les années auraient rendu le dos large si bien qu’il pourrait, au sens propre comme au figuré, porter, supporter et soutenir toutes les personnes qui en ont besoin et qui le sollicite. Il est aussi en raison de son âge un garant de sagesse ou de conseils avisés. Comme dans les cultures africaines, le cadet doit le respect au doya. L’ancien le leur rend en retour par sa protection, son expertise, ses conseils et ses aides, d’où doya.

A la suite d’un glissement sémantique, doya fait aussi référence, au patron, au boss.

Se ratata 

Ce verbe vient du français se rallier, faire allégeance, se soumettre, voire se ratatiner. Il a été visiblement créé par Dj Arafat, célèbre défunt chanteur ivoirien. Il utilisait ce terme pour signifier le ralliement de ses rivaux à sa personne. Dans le fond, c’était une façon pour lui de dire que ses concurrents se sont soumis à lui. Il part du principe qu’il est meilleur que ces derniers, donc qu’il est la référence en matière de couper-décaler.

Par exemple : le président fraichement élu de la Fédération ivoirienne de Football espère naïvement que Didier Drogba va se ratata, comme son second concurrent.  

Plai-en-tin

C’est juste une déformation du terme français plaisantin. Ce dernier renvoie à une personne qui aime plaisanter, dire des choses amusantes pour rire ou faire rire.

Le Plai-en-tin  est un extrême rigolo en nouchi, un multiple récidiviste dans la bêtise en dépit de ses supposées qualités. Autant sa nature ne le prédestinait pas à la sottise, autant il n’y a aucune possibilité que ce dernier change.  On a l’impression qu’il s’arrange pour ne pas être pris au sérieux, qu’il le fait sciemment, exprès. Il jette ainsi l’opprobre sur les gens respectables dont il était censé faire partie. C’est en somme un pur comédien.

Par exemple : En Côte d’Ivoire la majorité des clubs de la ligue 1 ont choisi de reconduire les plai-en-tins à la tête de la fédération ivoirienne de football. Les premières décisions, hasardeuses, de ces derniers ne surprennent donc guère.

Maudia ! 

C’est un juron qui vient du français : Maudits !, individu  qui est voué à la damnation.

Cependant, Maudia ! semble plus profond que son dérivé français surtout quand il lui est adjoint un déterminant : « Ton maudia ! ». Pour l’individu à qui est adressé cette imprécation, il n’y aurait aucun espoir de rédemption, de conjurer le mauvais sort. C’est une sorte de malédiction multidimensionnelles et irréversible.

En somme le nouchi dévoile sa beauté et son charme à travers les mots retournés et ceux qui sont simplement et judicieusement transformés. Il dit ainsi plus que ne transmettent les langues. Ce langage tient son éclat du fait qu’il est avant tout une œuvre de l’esprit de ses usagers, à l’image des langues. D’où le fait qu’il soit aussi prisé, tant en Côte d’Ivoire qu’en dehors des frontières ivoiriennes. Mais par-dessus tout, les libertés que se donne le nouchi confèrent à ce langage toute sa simplicité, son originalité et son désir d’affranchissement des langues officielles pour se rapprocher davantage des langues locales.

L’on trouvera ici les différents articles sur le petit lexique ivoirien :  1, 2, 3, 4, 5 et 6.

Vous trouverez aussi trois autres bijoux sur le nouchi ici : Depuis le territoire quivoirien : exclusivité, dans le secret des négociations pouvoir-mutin et Au cœur du parler français ivoirien 1 et 2 (la traduction)

et en bonus sur le nouchi, nous vous orientons vers cet élément sonore : Jeux de la francophonie 2017 : les mots du sport.


Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, mais la culture de la probité

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semble voir en l’organisation d’une élection présidentielle la solution aux putschs dans sa zone. Les autorités maliennes, en se refusant de se conformer à cette exigence dans un bref délais, subissent même les sanctions de l’organisation sous-régionale. Et pourtant, seule la probité peut préserver les États de la sous-région des coups d’États, en considérant simplement leurs causes.

Sièges devant des drapeaux
Le remède aux putschs ce n’est pas l’organisation d’une élection, mais la culture de la probité

Des élections frauduleuses avec la complicité des conseils constitutionnels corrompus

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, parce qu’il y a des élections frauduleuses. C’est le cas en Côte d’Ivoire, avec l’élection illégale du chef de l’État actuel à un troisième mandat alors que la Constitution limite les mandats à deux. Les propres partisans de ce dernier clamaient, réaffirmait et confirmaient même la limite des mandats à deux à une époque pour prouver la grande probité (sic) de leur mentor et montrer aux électeurs que cette modification n’était pas motivée par de bas desseins.

La fraude aux élections se réalise avec la complicité des conseils constitutionnels inféodés au pouvoir. L’institution judiciaire chargée d’approuver les candidatures à la présidence, viole non seulement les constitutions en validant des candidats sortants illégaux, mais elle choisit aussi les antagonistes selon la volonté du régime. C’est le cas encore en Côte d’Ivoire ; et dans une certaine mesure au Bénin (où juste avant les élections des affaires judiciaires ont subitement surgi contre les opposants les plus sérieux à M. Talon).

Les conseils constitutionnels s’illustrent tristement en validant aussi un procédé électorale litigieux, notamment le système de parrainage, en vogue ces dernières années dans la sous-région ouest-africaine. Il est contraire aux règles auxquelles les chefs d’États candidats à leur réélection ont accédé au pouvoir. Il filtre de plus les candidatures en offrant la possibilité aux régimes de les manipuler à leur guise, pour encore choisir leurs adversaires (les plus faibles évidemment). L’exemple du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Bénin aux dernières élections dans ces pays est très édifiant à ce sujet. La justice sénégalaise a même jugé illégal ce critère de validation de candidatures et a incité le pouvoir à le retirer du code électoral.

Les conseils constitutionnels sont au cœur des fraudes lors des élections en Afrique de l’ouest. C’est d’ailleurs la manipulation des résultats des législatives au Mali en 2020 au profit du pouvoir qui ont favorisé le coup d’État du 18 aout contre le régime du défunt président Ibrahim Boubakar Kéita (IBK), après les manifestations de protestation de l’opposition.

Des dynasties à la tête des États

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, parce qu’il y a des élections qui sont instrumentalisées pour maintenir des dynasties à la tête des États, États dits pourtant démocratiques. Les exemples du Togo et du Gabon en sont les illustrations.  55 ans de pouvoir respectivement pour les Yassingbé au Togo et les Bongo au Gabon. 38 ans de pouvoir pour le père et 17 ans actuellement pour le fils dans le premier ; 42 ans de pourvoir pour le géniteur et 13 ans présentement pour son rejeton dans le second. Les violences électorales récurrentes dans ces pays sont un indice des forfaitures pour faire de ces États des monarchies en toute impunité.

Des élections dévalorisées au profit d’impostures

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui sont dévalorisées pour mettre à la tête des États des imposteurs. C’est le cas en République Démocratique du Congo. Le perdant de l’élection de 2019 selon les observateurs et les résultats de l’Église catholique dans ce pays est pourtant celui qui est à la tête de l’État. Il s’en suit donc, comme en ce moment, des intrigues à n’en point finir pour conserver un pouvoir dont l’obtention était désespérée. C’est la porte ouverte à l’autoritarisme, aux manigances, aux arrestations et aux emprisonnements toujours dans le même objectif. C’est au aussi la boîte de pandore au putsch, pour mettre fin à l’imposture. Une tromperie pour mettre fin à une autre, comme si ce cycle infernal semble étrangement planifier.

Des régimes farfelus à la tête des États

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui maintiennent à la tête des États des régimes farfelus. Le défunt pouvoir de Condé en est l’illustration. Il fait voter une nouvelle Constitution, pour basculer dans une prétendue nouvelle République (comme par ailleurs en Côte d’Ivoire). Il peut ainsi briguer un troisième mandat illégal qui, pour l’occasion devient le premier mandat de cette République fantoche. Comme pour marquer le caractère fantasque de ce régime, la constitution qu’il promulgue est différente de celle qu’il a faite voter. La chute par putsch d’un tel pouvoir, n’est pas surprenant, il n’a eu qu’à récolter ce qu’il avait malicieusement semé.  

Des élections cafouillées pour maintenir des relais de l’ancienne puissance coloniale à la tête des États

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui se passent dans un cafouillage total. Cela pour maintenir à la tête des États des relais de l’ancienne puissance coloniale, vraisemblablement les poulains de celle-ci.

Ce n’est pas un hasard que le chef de l’État français et son ministre des affaires étrangères ont été les avocats de M. Ouattara pour sa candidature à un troisième mandat illégal en 2020 en Côte d’Ivoire. Face au tollé, puis aux contestations, aux troubles, et aux morts d’hommes que cause cette candidature litigieuse, les dirigeants de l’ancienne métropole se font simplement passer pour des illettrés. Ils la justifient, sans se référer à la constitution que ce dernier a lui-même fait voter, par la mort de son dauphin au sein de son parti.  C’est certains qu’avec, un souverainiste et progressiste au pouvoir, par exemple Mamadou Koulibaly, le franc CFA, monnaie coloniale, contestée par les nouvelles générations parce que maintenant dans le sous-développement, arrimée à l’Euro, et dans laquelle l’ancienne puissance coloniale, la France, continue de jouer un rôle, n’aurait jamais été réincarné dans l’ECO.

La nouvelle monnaie sous régionale était à l’origine censée remplacée le franc CFA tant contesté. Cela en vue de garantir un développement économique plus serein dans la zone. Et pourtant elle a été parasitée par l’union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui a pour locomotive les autorités ivoiriennes issues d’élections illégales. L’ECO n’est donc devenue qu’un autre franc CFA.

À retenir

Finalement, l’élection présidentielle sur ces différents aspects n’est pas une panacée contre les putschs en Afrique, et dans la sous-région ouest-africaine en particulier. Elle en est même la cause, en maintenant à la tête de certains pays des autorités frauduleuses, illégitimes, fantaisistes, archaïques, mensongères, corrompues, incapables et sanguinaires.

Et pourtant l’expérience prouve que la culture de la probité est une solution simple contre les putschs. Comme le montre les exemples états-uniens, européens, et plus proche de nous le Ghana, le Nigeria, ainsi que le Bénin à une certaine époque.

La bonne moralité, qui implique aussi de la responsabilité ou la capacité de pouvoir démissionner quand on est incapable de résoudre un problèmes, l’ancien chef d’État burkinabé fraîchement renversé à cause de son incapacité à trouver des solutions à l’insécurité causée par le terrorisme dans son pays, l’apprend à ses dépens…. La bonne moralité donc ne fait pas que préserver des putschs, elle est par-dessus tout une garantie de développement.

Cependant, ne soyons pas dupe, ce n’est pas demain la veille la promotion de la droiture en Afrique de l’ouest, pas en tout cas avec les acteurs politiques nationaux et internationaux actuels ; en signant la fin de dirigeants farfelus à la tête de certains États de la sous-région, la probité ne fait évidemment pas l’affaire de ces chefs et leurs partenaires occidentaux louches.

D’où certainement l’empressement à organiser des élections sans résoudre au préalable le réel problème : le manque d’attachement au devoir de la justice et de la moralité.

La question de fond est donc de savoir si 60 ans après les indépendances, les institutions politiques actuelles en Afrique, qui sont des copiées-collées de celles de l’Occident, donc facilement manipulables par certaines mains obscures, sont adaptées aux réalités sociétales ainsi qu’aux cultures et modes de vie des Africains.

En sommes, vue l’échec des États, n’est-il pas temps que l’Afrique s’approprie ses institutions en fonction de ses réalités sociétales (sa diversité notamment) et de ses cultures, plutôt que d’en faire, d’une façon ou d’une autre, un relais sournois des anciennes puissances coloniales chez elle ?

Et ce n’est pas la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) par exemple qui pourra porter ce projet de renaissance africaine dans la sous-région, puisqu’elle est d’abord fondée sur des intérêts économiques, elle est ensuite fracturée en son sein par la divergence des visions parce qu’infestée de dirigeants illégitimes, ou au moins hypocrites.


« Côte d’Ivoire, bonne année libération »

L’année 2022 démarre avec les vœux de nouvel an. Pour la Côte d’Ivoire, nous ne pouvons désirer que de la libération pour que 2022 soit au moins, moins pesante que 2021. Dans le même temps, nous espérons aussi de la délivrance de la part de la Côte d’Ivoire.

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Le principe du : « Bonne année » en Côte d’Ivoire

Le principe du : « Bonne année » se trouve dans l’expression : « Bonne année l’argent ». Elle était plus utilisée, à travers les rue par le passé, par les enfants à l’endroit des adultes. Ce vœu qui est en même temps une demande à son destinataire, rappelle lui-même le phénomène que l’Église catholique appelle : « La règle d’or », formulée selon le texte de Matthieu, chapitre 7, verset 12. : « Faites donc pour les autres tout ce que vous voulez qu’on fasse pour vous ».

En Côte d’Ivoire « la règle d’or » est vécue remarquablement. L’enfant souhaite : « Tonton ou tantie, bonne année l’argent. ». Plus clairement, il veut pour lui ou elle une année pleine d’argent. Le destinataire, l’adulte, confiant en la divine providence ou pour signifier symboliquement qu’il reçoit de bon cœur le vœu, retourne généreusement et concrètement la bénédiction à son jeune interlocuteur en lui donnant réellement des jetons. Par ailleurs si l’adulte n’a pas de quoi donner à l’enfant, il répond : « Bonne fête ». La vie ne s’arrête pas pour autant. 

En souhaitant à la Côte d’Ivoire : « Bonne année libération » je voudrais donc que le pays la retourne réellement à ses ressortissants en s’affranchissant d’abord elle-même de plusieurs facteurs d’asservissement et en les en libérant ensuite.

Côte d’Ivoire, bonne année libération du dieu argent.

Tu ne sembles ne croire qu’en l’argent. Tu as donc une obsession du chiffre d’affaire, même là où les fonds devraient plutôt être injectés pour inculquer le savoir et produire du savoir, c’est-à-dire à l’école, et dans l’enseignement en général. Tu fais les poches aux enfants et aux jeunes gens

Normalement c’est toi qui devrait te démener pour leur accorder des bourses d’étude. Tu devrais être diligente à mettre à leur disposition tes fonds en subventionnant réellement éducation, formation et enseignement pour que leur cursus scolaire, universitaire et de formation soient des succès. Ces réussites produiraient beaucoup de fruits pour leur pays, c’est-à-dire pour toi-même. Et pourtant, on a l’impression que tu es étrangère à tes dirigeants ou que tes intérêts ne sont pas ceux de tes gouvernants…

Il est donc aisé de comprendre que tu sois indifférente que les jeunes sortent de l’école et se font brouteurs ou arnaqueur sur internet. Tu n’es en outre pas moins dégoûtée qu’il deviennent dealer ou tenants de fumoirs. Ces deux catégorie d’individus, eux au moins, ont de quoi dépenser ; n’est-ce pas ? Ils peuvent donner l’impression que la vie économique du pays est très dynamique. C’est sans doute grâce à eux que le taux du chômage sur ton territoire est demeuré à 2 %, comme prétendent sans état d’âme tes autorités.

Brouteurs et dealers ont au moins encore de quoi payer avant d’être soignés dans les hôpitaux publics ou pour des services normalement pris en charge par l’État au profit de ses administrés. Mais ces jeunes gens ne sont en rien différents de leurs aînés. Ces derniers n’ont aucune conviction politique. Ils sont seulement convaincus par l’argent, ces dignes nouveau fils d’A fric qui sèchent leurs habits là où brille le soleil argent.

Finalement ils ne sont en rien différents de toi. Ou est-ce toi qui ne te distingue pas d’eux ? Dans tous les cas, l’argent est tellement idolâtré sur ton territoire que ta souveraineté est compromise. L’on n’éprouve aucune honte à confier ta défense contre le terrorisme à une armée étrangère. L’on n’est pas non plus gênée de confier la formation de tes jeunes à des missionnaires et autres coopérants. Et pourtant tes quartiers et tes rues, tes lycées et collèges, tes universités et grandes écoles grouillent d’une incroyable ressource humaine. Mais tes dirigeants et tes fréquentations actuelles traduisent ta félonie vis-à-vis de ton peuple.

Vraiment Côte d’Ivoire, bonne année libération du dieu argent. Tu n’es pas bête, encore moins aveugle ; tu combats donc le dieu argent par… le libéralisme à visage humain.

Et pourtant, Côte d’Ivoire, bonne année libération du libéralisme économique à visage humain

Le proverbe baoulé le dit : « Le singe vert déclare qu’il fait un joli visage pour son fils. » (« Pépé wan o sié i wa i nyunu yé »).  Le singe fera son possible, son petit aura un profil simiesque, comme lui son père. Tu devrais avoir conscience de tes limites plutôt que de faire le malin. Ce qui t’aiderais à mieux discerner les limites de ta politique de développement pour espérer y apporter le solutions adéquates. 

Et pourtant tu as le génie d’ajouter au libéralisme économique : « Un visage humain ». C’est justement parce que non seulement le libéralisme a essentiellement une figure bestiale, mais que le visage inhumain est la véritable nature de la déclinaison de ton libéralisme. Ce ne sont pas ces faits qui diront le contraire :  remblayage de la lagune avec le risque de détruire tout un écosystème et de mettre des vies en danger ; destructions de quartiers entiers sans relogements des individus ; expropriation sans vergogne de personnes. Tout cela pour la construction de logement high standing. Donc dépossession des populations de leur propre pays ; Création de compagnie de transport à partir de fonds occultes, pour ne pas dire de deniers publics détournés, pour concurrencer illégalement les professionnels privés du domaine ; Création de société à l’instant même ou bien le lendemain du lancement d’un appel d’offre, quand le chef suprême renonce en toute ‘‘honnêteté’’ au marché gré à gré. Dépouillement, travestissement, et abandon de la télévision du service public au profit de chaînes de télé privées qui ne sont elles-mêmes qu’une imitation servile des télévisions des anciennes puissances coloniales.

Flagrante cécité et surdité de tes autorités devant le brouillant et patent orpaillage clandestin dans des forêts classées ou sur des sites de production agricole, avec le risque de détruire écosystèmes dans ces zones ; sans compter leur laxisme face à la forte propagation de la consommation de drogues, de la prostitution, des meurtres, et des conflits intercommunautaires qui en découlent dans ces régions.

Vraiment Côte d’Ivoire, bonne année libération du libéralisme à visage humain. Tu n’es pas irresponsable, encore moins stupide ; tu combats donc les faiblesses de ton libéralisme par… la violation de la loi.

Côte d’Ivoire, bonne année libération de la violation de la loi

L’une des grandes manifestations de la violation de la loi sur ton territoire est la fraude. Celle-ci a pour conséquence logique le désordre. Mais si ta tête, notamment le chef de ton Etat, est lui-même le résultat de la violation de la loi ou le produit de la fraude pouvons-nous encore être surpris de l’anarchie qui te caractérise ? Celle-ci se manifeste par le trucage d’élections ; l’instrumentalisation sans vergogne de ta justice par tes gouvernants pour emprisonner et terroriser les opposants politiques ; la création d’institutions illégales, notamment les ministres-gouverneurs pour contenter ses amis et se garantir un certain électorat ; népotisme ; clanisme ; privatisation sournoise des services publics et leur accaparement par des individus ;  les détournements de deniers publics avec les félicitations de la hiérarchie ; violation du code de la route sur tes routes et autoroutes. Et la cerise sur le gâteau, c’est la révolte de certains de tes élèves pour obtenir des congés anticipés.

Vraiment Côte d’Ivoire, bonne année libération de la violation de la loi.

Mais si Malgré l’entrée des enfants, ton avenir, dans cette danse indigne, tu ne te libères pas de la violation de la loi, alors tu n’es plus un État. Tu es juste une maffia en attendant que des dirigeants plus dignes viennent à ta tête ou bien en espérant qu’entre-temps murisse une conscience nationale qui te débarrassera de la racaille actuelle.

Dans tous les cas, Côte d’Ivoire, bonne année libération.


La bibliothèque Maison Connectée des Savoirs (MCDS) Sita Diallo de Tengrela est officiellement ouverte

Le samedi 15 janvier 2022 dernier, devant les autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses, éducatives, les donateurs, les parents, les enfants, les jeunes, les ouvriers, les techniciens, les architectes, la bibliothèque Maison Connectée des Savoirs (MCDS) Sita Diallo de Tengrela (Côte d’Ivoire) a été officiellement inaugurée et ouverte.

Invités et organisateurs. Crédit photo : Aly Coulibaly

Le projet, réalisé dans la ville de Tengrela, située dans le Nord de la Côte d’Ivoire, à 950 km d’Abidjan, est le jumeau du tiers-lieu éducatif de Grand-Lahou. Il a commencé en juin 2021 pour prendre fin en novembre 2021, il a été piloté à distance par le cabinet d’architecture « Hypothesis atelier », composé de jeunes architectes et humanitaires suisses et colombiens basés à Genève et Séoul.

L’équipement de la bibliothèque en livres a été réalisé par Madame Capiaux S. de Belgique et par à une longue chaîne de solidarité amicale et fraternelle présente sur les 5 Continents.

Invités en déambulation dans la Bibliothèque
Invités en déambulation dans la Bibliothèque. Crédit photo : Aly Coulibaly

Après les libations, les discours et les présentations, le Directeur Oka Ismaël de la Clinique Juridique de Korhogo a animé le premier atelier sur les violences basées sur le genre (VBG) devant autorités, invités, parents et jeunes.

Atelier sur les violences basées sur le genre, animé par M. Oka
Atelier sur les violences basées sur le genre, animé par M. Oka Crédit photo : Aly Coulibaly

La bibliothèque sera ouverte les mercredis après-midi et samedi matin, jours de repos scolaire. Sa direction est confiée à Mme Koné Aminata, Sociologue et M. Molo Kadjo, Éducateur. Un abonnement est requis pour y avoir accès, selon l’administration.

Dans le programme pour l’année 2022 de la bibliothèque de la MCDS Sita Diallo de Tengrela deux concours littéraires sont déjà lancés par la direction. Celle-ci prévoit également un concours de photographies, deux conférences et l’organisation d’un atelier informatique.

Le président du comité d’organisation et promoteur du projet, M. Coulibaly Aly Badra Ladji a pour finir remercié toutes les personnes, associations, organisations et institutions qui soutiennent le projet depuis 2017.

M. Aly Coulibaly au pupitre
M. Aly Coulibaly (au pupitre), promoteur . Crédit photo : MCDS Tengrela

Les remerciements vont particulièrement : aux Directeur Départemental Jeunesse et Santé de Tengrela ; au Chef de Canton ; aux #ScoutsCatholiques de Tengrela pour avoir soutenu particulièrement cette cérémonie ; à l’ONG jeunesse en action pour le développement ( #JADECI), à la maison connectée des savoirs (#MCDS) de Grand-Lahou ; Hypothesis Association (#HypothesisAssociation) ; à #lecture, à #CIV225 ; à la ville de Tengrela (#Tengrela) ; à Ambassadeur Nouvel Horizon (#AmbassadeurNH) ; à Lecteur Nouvel Horizon (#LecteurNH) ; #civictech ; #CCitoyennes ; TENGRELA GRANDIRA (TG) ; Propulseur du développement éco&social #ClanWalewako ; #Tapolet ; #Greder ; #Luis ; #Schumacher ; #CliniqueJuridique ; #Scratch ; #EFFROUBA ; #SitaDiallo ; #acea ; #Africtivistes.

L’on ne peut que souhaiter bon vent à la bibliothèque Maison Connectée des Savoirs (MCDS2) Sita Diallo de Tengrela.


Congé scolaire anticipé : les élèves ivoiriens ne l’ont pas volé

Le congé scolaire pour les fêtes de fin d’année est pour prévu pour ce 17 décembre en Côte d’Ivoire. Cependant, comme depuis plusieurs années maintenant, les élèves ivoiriens perturbent les cours pour que le congé leur soit attribué bien avant la date arrêtée par le ministère de l’Education nationale. A y voir de plus près, les collégiens et lycéens ivoiriens n’ont pas volé leur attitude séditieuse.

Classe d'élèves
Crédit : Wikimédia Commons

Genèse d’un phénomène ivoiro-ivoirien

Le congé scolaire anticipé est un phénomène qui a débuté à la fin des années 2000. Il a donc pris forme au bout d’une décennie d’événements qui ont bouleversé l’évolution de la Côte d’Ivoire.

Le premier est le coup d’État du 24 décembre 1999. Celui-ci serait le résultat de la mutinerie de soldats ivoiriens qui réclamaient leur solde après leur déploiement en Centrafrique pour le compte des Nations Unies. L’opposition voyant, sans doute, en ce putsch l’occasion de se débarrasser enfin du régime quadragénaire de l’époque et d’accéder au pouvoir, en a tout de suite pris acte, au mépris de toute éthique démocratique. Elle donna ainsi l’impression d’être le commanditaire du coup d’État réalisé par les : « Jeunes gens », comme le chef de la junte appelait les mutins.

La révolte ainsi que l’esprit du désordre et du raccourci politique pour accéder au pouvoir ont donc été en parfaite intelligence lors de ces faits désastreux. Le soulèvement des élèves et leur bravade envers les autorités pour bénéficier de plus longs congés font écho à l’insoumission aux règles de la part des soldats et des politiciens pour se débarrasser d’adversaires politiques ; cela dans le but de jouir du pouvoir aussi.

Le second événement est le coup d’État manqué du 19 septembre 2002 qui s’est par la suite transformé en rébellion armée, en partition du pays en deux et en guerre civile. A des discussions de haut niveau à Lomé en octobre 2002, État et rébellion armée enregistrent des progrès notables sur le retour des militaires exilés, leur réintégration dans l’armée, les questions de solde, le vote d’une loi d’amnistie et le maintien de l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire. Mais les rebelles exigent la révision de l’article 35 de la constitution de 2000 relatif aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République. Étrange pour des militaires d’avoir des revendications politiques. Ces derniers ont même confirmé leur relent politique, en se voyant offrir des postes de ministres, au mépris de toutes morales et de toutes compétences.

Rébellion armée, agenda politique sournois et mesquin sont en collusion pour arracher à l’État ce que la loi refuse aux individus qui les incarnent. Ces événements semblent avoir inspiré l’attitude belliqueuse des élèves ivoiriens voulant imposer leur volonté à l’autorité en obtenant vaille que vaille leurs congés avant la date indiquée.

Ironie du sort, opposants inconséquents et malhonnêtes adeptes du désordre et des raccourcis pour accéder au pouvoir lors du coup d’État de 1999 et soit disant rébellion armée de 2002, branche politique comme militaire, ont dirigé le pays ou sont à la tête des affaires en ce moment.

Comme quoi, avec les congés scolaires anticipés réclamés par « les jeunes gens », les dirigeants ivoiriens ne font que vivre leur Karma. Le proverbe Baoulé le dit : « Boli wou man boua » (Le cabri ne met pas un mouton au monde).  La sagesse populaire dit encore : « Le poisson pourrit par la tête ».

En d’autres termes les élèves ne font que reprendre, à leur manière, le comportement irresponsable que ceux qui les dirigent aujourd’hui avaient eu à l’époque ; si on suppose que cet esprit du désordre fait partie du passé. Ce qui n’est pas le cas, comme le confirme l’attitude des jeunes gens et plusieurs actes politiques immoraux dont le summum, est le fameux troisième mandat illégal du chef de l’État actuel.  

Il ne faut pas se leurrer, avec un environnement socio-politique si pourri, rien ne présage la fin des congés anticipés en Côte d’Ivoire. Et pourtant des solutions existent bien pour l’annihiler. 

Les solutions au congé anticipé

« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. ».

La Côte d’Ivoire qui était en avance sur son temps dans les année 1970 devrait jeter un regard rétrospectif sur son passé lointain. Des solutions à l’esprit des congés anticipées existent bel et bien.

En réalité, le congé anticipé en lui-même n’est pas un réel problème. C’est l’esprit de désordre et de révolte qui l’anime qui est dangereux : il n’augure rien de bon.   

Il faut substituer à cette vison erronée de l’école l’esprit d’un système éducatif plus attractif. Ce dernier, à travers une vie scolaire plus dynamique animée par des personnes intègres, est une solution à ces congés qui font l’apologie de la rébellion et du désordre.

Il s’agit d’abord de profiter de l’effervescence de l’approche des fêtes pour réaliser des journées ludiques, culturelles et sportives dans les établissements scolaires sur l’ensemble du territoire national. Comme par le passé avec par exemple les tournois organisés par l’office ivoirien des sports scolaires et universitaires (OISSU). L’initiative canalise les énergies des jeunes gens et les met à profit. Elle favorise leur épanouissement à l’école. Elle leur permet en outre dans une plus large perspective, de se réaliser socialement. Elle met surtout les adolescents au service de leur pays car des talents sont découverts grâce ce projet comme à l’époque avec les tournois organisés par l’OISSU et les manifestations culturelles. L’ancien footballeur professionnel Bakayoko Ibrahima, et l’artiste chanteur François Kency, produits de ses manifestations sportives et culturelles, en sont les exemples.  

L’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) devrait même mettre la puce à l’oreille des décideurs de l’école en Côte d’Ivoire. Les NTIC sont en effet de l’époque des élèves d’aujourd’hui. Non seulement des innovations qui prennent en compte les NTIC doivent être opérées à l’école, (cela rendrait l’école plus captivante pour les jeunes). Mais de simples projets de recherche dans le domaine doivent être confiés aux élèves. Ils en ont les capacités intellectuelles, c’est de leur temps. L’approche des congés pourrait être un moment propice pour lancer ces projets, les présenter, et récompenser les apprentis chercheurs. Le tout sous la supervision des organismes publiques pour éviter une privatisation sournoise de la vie scolaire ou son accaparement par des individus.

La réinstauration des internats dans les établissements scolaires publics s’impose également. Abandonnés depuis des décennies à cause des restrictions budgétaires du fait des plans d’ajustement structurel (PAS), (plans qui n’ont fait que détruire les acquis des lendemains des indépendances), les internats étaient un réel avantage. Ils garantissaient le gîte, le couvert et la sécurité pour les élèves les plus démunis (provenant généralement des villages).

Ils étaient par ailleurs des lieux de formation intellectuelle, humaine, sociale et sociétale.  Leur réinstauration ainsi que l’attribution de plus de bourses d’études aux élèves, inciteront ces derniers à l’excellence. Elles les inciteront donc à s’adonner au travail pour intégrer les uns et obtenir les autres. Les internats et les bourses créeront donc de l’engouement et du respect pour l’école de la part des enfants. Ceux-ci seront préservés de la débrouille et de la vadrouille pour se prendre en charge. Ils n’auront donc plus aucune occasion de se révolter.

Les parents ne sont pas en reste : internats et bourses sont respectivement des moyens pour mieux encadrer leurs enfants et réduire leurs dépenses. Finalement c’est le pays qui gagne avec la réinstauration des internats, des bourses d’études et même des cantines à l’école. L’environnement scolaire étant plus responsable, il devient plus sain.

Il y a tellement de belles reformes pratiques à réaliser ou à réactualiser pour ressusciter l’école ivoirienne. Et ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent. La bonne santé économique de la Côte d’Ivoire, le gouvernement pléthorique, les institutions inutiles (vice-présidence, Sénat, etc.) et les sommes colossales qui sont détournées par le directeurs d’organismes publiques, impunément malheureusement, en sont les preuves.

Et pourtant, lorsque l’on considère que les élèves ivoiriens tiennent l’esprit du congé anticipé de leurs dirigeants, l’école ne pourra redorer son blason qu’avec de nouveaux gouvernants, sinon avec un nouvel esprit. L’esprit de rébellion, de clientélismes, de promotion de la médiocrité, d’immoralité, de raccourci à l’enrichissement ou à l’accession au pouvoir ont suffisamment formé de microbes, d’imposteurs, de rebelles et de bandits à col blanc, pour que l’on ne prenne pas conscience que des changements s’imposent. Comparaison n’est certes pas raison, mais le Sénégal, remarquable pour le moment par ses stabilités politique et scolaire, est la confirmation des efforts moraux que la Côte d’Ivoire doit réaliser pour préserver l’éducation nationale.


Fiction : Le vieux nègre et le pouvoir

Le vieux chef d’État ne sait pas pourquoi, mais il se sent agité dans l’avion qui l’emmène sur le territoire de l’ancienne métropole. Il est à la fois excité et un peu stressé.

Il a fait des pieds et des mains pour obtenir ce rendez-vous avec son tout jeune homologue. Il y a même mis les coudes et les rares dents qui lui restent. De cette rencontre dépend son avenir politique. Totalement à nouveau maître de son destin, lui qu’on a commencé à enterrer vivant.

Mais il le sait, il verra son jeune homo(*) gnan(*) de lui : le bouder. Parce qu’en effet à quoi sert un boubou usé ? En clair que peut-on faire d’un servant qui n’a plus d’avenir, mais des souvenirs ? Il le prendra pour du riz gros grain. Malohoussou(*). Il verra son petit homo le moquer sournoisement en passant de bureau en bureau, en transitant de domaine d’activité en domaine d’activité, en changeant de sujet à trois cents soixante degrés. Comme un jeune chevreau qui s’élance de monticule en monticule sans se fatiguer. Et lui le suivra péniblement dans ses raisonnements. Comme un chien galeux, éreinté et écervelé qui a encore les séquelles de la bastonnade qu’il a subi les jours précédents de la part de tous les chiens errants de sa rue, et même des autres cabots des rues avoisinantes. Tellement il a perdu de sa superbe, même les chats y ont mis du leur. Il en est tombé ! Comme le fameux couple café-cacao en Afrique. Il n’a plus aucune valeur.

Pour un vieux chien galeux, il a tout de même le mérite d’être reçu dans le palais de son petit homo, dont le plancher ne sera jamais foulé par les sabots de ses jeunes rivaux, même par ceux de ses adversaires de sa génération. Lui est un bon toutou. Un bon chien. Il sait que ce sont ses défauts qui lui font avoir les faveurs de celui qu’il appelle volontiers : « Homo », ou encore : « Mon ami ». En secret et intérieurement c’est : « Le jeune chevreau ».

Oui sans ses défauts il n’aurait jamais eu un ami aussi précieux. Lâche, le jeune chevreau préfère se pavaner aux côtés d’un vieux chien. Il aime la compagnie d’un chef d’État fatigué. Cela lui permet de se mettre davantage en valeur : sa jeunesse, sa vitalité, sa beauté, son éclat, sa vigueur, sa fougue, son intelligence, etc. Glouton, avec toutes ses dents au complet, il préfère évidemment être à table avec un individu qui a perdu le quart de sa dentition, et dont le dentier tient péniblement dans sa gueule.

Aussi écervelé que ce chien puisse être, il connaît pourtant son jeune homo. Ce dernier a beau le moquer sournoisement, leurs femmes ont pourtant le même âge. Et sa Madame, caucasienne aussi, est sa grande réussite. Une performance inespérée. Et puis, il le sait, elle est infiniment plus belle que la sienne. Elles sont toutes les deux d’un certain âge, mais sa Madame à lui, le vieux, elle a encore du jus. Elles est pkata(*). Sa Madame est plus belle. C’est sa véritable consolation. En dehors de ce qu’il peut obtenir du chevreau : la reconnaissance de son pouvoir . Même s’il est obtenu par le mensonge, la fraude et la terreur, à coups d’individus machettés, de personnes étêtées, d’hommes et de femmes abattus, de jeunes partisans transformés pour l’occasion en miliciens, en criminel et en délateurs, en attendant la prochaine saison… Même obtenu ainsi, c’est tout de même un pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’appelle pouvoir – l’activité des hommes et des femmes qui ont des couilles : les couillons –  sinon son nom aurait été autre chose.

Il pourra mettre sa Madame sur la table si son petit homo fait de la résistance, le jeune homme aime les gnanhi, c’est-à-dire les femmes plus âgées qui ont des relations avec des hommes plus jeunes. Et puis, le petit chevreau a beau le moquer à cause de son âge, il l’ignore certainement, mais il est autant ratatiné que lui. Il n’est donc qu’un vieillard qui s’ignore. Il n’y a pas pire pour se faire surprendre par un accident vasculaire du pouvoir (AVP). Enfin soit.

Il a des atouts pour convaincre son petit ami, il le sait. Il a des costumes taillés sur mesures des plus grands couturiers du pays de son jeune homo. Son parfum. Des plus grands parfumeurs. Même si l’odeur des nansidji, lokossué(*), et d’autres talismans prennent le dessus sur les douces fragrances. Dans tous les cas, il contribue à enrichir et à valoriser le patrimoine du pays de ce dernier. L’argent n’a pas d’odeur.

Il parle bien la langue de son petit homo. Avec tout cela, celui-ci ne devrait pas avoir de difficultés à le reconnaître comme président. Sinon c’est lui-même qui se renierait. Il le sait d’ailleurs, c’est son pouvoir. Lui n’est qu’un nègre, vieux qui plus est.

Et puis encore, il est capable d’enchaîner une phrase simple, deux phrases complexes et un quatrain d’alexandrins sans reprendre son souffle, avec en plus des idiomes et des expressions authentiques, des images et des proverbes de la culture même de son jeune homo. Une culture qu’il a de plus embrassée à pleine bouche, à poil de surcroit. Et à laquelle il roule des pelles à longueur de journée. Quelle passion ! Si son jeune homo savait qu’il avait plus de culture que lui, il le prendrait plus au sérieux.

Et que dire de son vocabulaire ? Très riche. Il connaît plus de mots de la langue de son jeune homo que sa propre langue maternelle. Il préserve d’ailleurs l’organe charnu, placé dans sa bouche, des acrobaties causées par la langue dans laquelle il a appris à parler. Cet enchainement de sons d’oiseaux, de sussions de lèvres, de raclages de gorges et de bruits de calebasses cassées.

Et son orthographe ? Impeccable. Il ne peut pas le prouver clairement puisque le langage est oral. Mais il a tout de même la possibilité d’accentuer les « e » muets pour montrer qu’il connaît la langue de son maître. Par exemple :

« Mon épous-e est ravi-e de fair-e c-e voyag-e avec moi.« 

Si avec tout cela le jeune président ne lui octroie pas son mandat complémentaire, qui est d’ailleurs avant tout le sien, il pourra encore jouer les maîtres kung-fu et exécuter un relevé chinois, un geste d’art martial, vers… justement la Chine.  En faisant cela il y a le risque non seulement de se péter les quelques vertèbres qui restent, mais le jeune chevreau pourrait aussi exhumer contre lui des affaires de biens mal acquis dans son pays, comme les trois autres-là. Et Dieu seul sait qu’il possède de ces propriétés sur le territoire de son petit ami. Les coffres forts où se garde précieusement les actes de propriété cachent souvent des cadavres. Fini les nombreux pied-à-terre au froid.

Mais, Dieu merci, il a ses deux armes fatales : Le francs CFA bis ou le faux ECO et le fameux métro de la capitale. La monnaie ne garantit pas une autonomie financière. Elle est incapable d’impulser le développement. C’est une belle prise pour son jeune homo, ou plutôt un merveilleux don de sa part à celui-ci. Elle lui garantit sa sympathie et l’assurance de conserver son pouvoir. Qui est après tout le pouvoir de ce dernier. Lui n’est qu’un nègre, comme le présente son petit ami, à son entourage. Et il assume ce statut, il lui doit ce qu’il est devenu.

Concernant le second, le métro, les gens mentent. Il n’est pas un fantasme puéril d’un vieux nègre nostalgique de la colonisation et qui veut vaille que vaille encore incruster son nom pour l’éternité sur ce territoire dont il est le gouverneur. Dans la grande lignée de ses maîtres ? Valérie Giscard D’Estaing, André Latrille, Angoulvan, François Mitterand, Charles de Gaulle, Galliéni, Charles Noguès.

Son nom sur les voies, les universités les stades, les vases de nuit, les papiers hygiéniques, c’est bien, mais le métro là ce sera son plus grand coup :

« LE MÉTRO VIEUX NÈGRE. »

Ça sonne bien. 

Ah oui, le fameux métro qui fait tant jaser. Il ne plombe même pas l’économie sur plusieurs générations avec la dette contractée pour le réaliser et les surfacturations qui vont avec. Il n’est même pas en déphasage avec les besoins d’un pays pauvre très endetté (PPTE). Son petit ami peut le témoigner, c’est lui qui lui a fait crédit. Il y gagne, c’est vrai, mais cette affaire lui fait simplement mettre du beurre dans les épinards de son jeune homo dont c’est aussi le pays qui est chargé de la réalisation.  Le beurre et l’argent du beurre, ne sont pas donnés actuellement. Seul ton amoureux peut faire ce sacrifice pour toi.

Avec cela son petit ami ne peut pas ne pas le reconnaitre comme chef de ce territoire. Il peut même recevoir une médaille de lui.

Il le connaît très bien, le jeune chevreau. Ce dernier jouera la comédie en le boudant, pour sauver la face, mais il finira par le valider. Il l’a déjà même validé, sinon il ne le recevrait pas. La rencontre c’est juste l’art du théâtre, comme à la comédie française. A lui à présent de manœuvrer pour maintenir à distance, ses éventuels héritiers. Ceux qui se réclament comme tels. Autant que les hypocrites qui semblent ne pas être intéressés par l’affaire. Mais lui les voit, ces dauphins aux dents de requins. De vrais caïmans tapis dans la boue que lui-même a créé, prêts à lui donner le coup de mâchoire fatal à la moindre distraction. Les ingrats.

Il le sait, le chevreau est très intelligent et d’une clairvoyance jupitérienne. Maître dans l’anticipation, il cherche de nouveaux boubous, des boubous de son âge, des néo nègres, pour garantir à long terme les intérêts de son pays. Raison pour laquelle, lui le vieux boubou, aussi malohoussou, qu’il est, est tout de même très prudent. Il ne va à son rendez-vous qu’avec son épouse. Faut éviter de faire la promotion de ses adversaires.

« Lorsqu’un enfant possède une flèche on ne la lui enlève pas de la main »,

comme le dit le proverbe Baoulé. Lui expert en contre-prévision préfère ne même pas avoir de rejetons.

« Attachez vos ceintures Mr et Mme les présidents, nous atterrissons dans cinq minutes », prévient le pilote du jet privé.

(*) Lexique :

Homo : diminutif d’ « homonyme » en français parlé en Côte d’ Ivoire.

Gnan :  expression nouchi(lien si possible) qui veut dire bouder, ignorer, être indifférent

NansidjiLokossué : Talismans liquide en langues dioula et baoulé

Malohoussou : Littéralement, riz fumé en langue dioula, un vaurien en nouchi.

Pkata : Très belle en nouchi


Côte d’Ivoire : l’association des jeunes de Niamkey-Konankro (Ajen) récompense les meilleurs écoliers de son village

Le 31 octobre dernier, à Niamkey-Konankro, village situé dans la sous-préfecture de Kokumbo, dans le département de Toumodi, dans le centre-sud de la Côte d’Ivoire, s’est tenue la quatrième édition de remise des prix aux meilleurs écoliers.

Jeune récipiendaire, sa mère, et le directeur d’école. Crédit Photo : Djê Benjamin.

A l’occasion de celle-ci, organisée par l’association de ses jeunes ressortissants résidant à Abidjan, ce sont 12 élèves des deux écoles primaires que compte le village, qui ont été récompensés. Les bénéficiaires ont reçu des kits composés de manuels scolaires, de stylos, de cahiers, ainsi que des tee-shirts et des enveloppes pour les parents.

L’Ajen a aussi pensé aux écoles, elle leur a offert des ensembles géométriques.

Le corps enseignant réceptionne ses dons. Crédit Photo : Djê Benjamin

C’est ému que les directeurs des deux écoles primaires et les représentants du Comité de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) ont remercié l’Ajen pour ce matériel scolaire qui leur faisait défaut depuis longtemps. Ils n’ont par ailleurs pas tari de remerciements pour l’initiative de remise de prix. Selon eux, cela valorise non seulement leur travail et les efforts de leurs jeunes apprenants, mais c’est aussi pour eux une source de motivation au labeur.

Quelques enseignent et cadres présent à la cérémonie. Crédit photo : Djê Benjamin

Le porte-parole des notables du village s’est réjoui de la tenue de la cérémonie. Celle-ci aurait dû avoir lieu il y a un an, mais avait été reportée pour cause de Covid-19). Il a remercié l’Ajen pour les prix et les dons.

Une auguste assemblée. Crédit Photo : Djê Benjamin

Le président de l’Ajen, N’dri Kouamé Bosco, s’est pour finir réjoui de l’engouement des habitants de Niamkey-Konankro pour cette quatrième édition de remise des prix aux meilleurs écoliers des deux écoles primaires de la localité. Il a cependant plaidé auprès des populations et des quelques cadres présents pour la mise sur pied d’une mutuelle de développement du village. Cela pour plus d’actions avec tous ses fils et filles en vue d’un plus grand impact pour le bien-être de l’ensemble de la communauté.

N’Dri Kouamé Bosco, Président de l’association des jeunes de Niamkey-Konankro (Ajen). Crédit photo : Djê Benjamin


Côte d’Ivoire : Quand le marketing politique dans le transport et l’éducation nationale ne fait qu’accumuler les problèmes

Le gouvernement de la Côte d’Ivoire a, au cours de cette année, pris des mesures chocs dans le domaine du transport et de l’éducation nationale. Ce sont respectivement pour la sécurité sur les routes et pour l’amélioration du niveau des élèves. Cependant les changements ne résolvent aucun problème, ils s’apparentent plus à du marketing de gouvernance. Ils ont néanmoins le mérite de mettre la Côte d’Ivoire devant ses responsabilités.

Gbaka à Abidjan (Côte d’Ivoire) Wikimedia Commons

Les reformes au niveau du passage du permis de conduire

Désormais en Côte d’Ivoire, le permis de conduire pourra aussi se passer dans des langues locales. Ce sont : le baoulé, le bété et le malinké (dioula). Cette innovation est apparemment une conséquence des changements opérés depuis quelques mois déjà au niveau des examens du permis de conduire. Le passage de ce précieux sésame n’est plus supervisé par les inspecteurs civils, mais plutôt par des « éléments de la gendarmerie ». Cela, selon le ministère du transport, pour éviter la corruption dans son obtention, et garantir une bonne formation aux candidats afin de lutter contre les accidents de la route.  

La nouveauté de l’introduction de langues locales pour le passage du permis de conduire a plutôt le don de révéler que les accidents de la route en Côte d’Ivoire sont en général dus au fort taux d’analphabétisme chez les conducteurs, et au niveau des professionnels du transport en particulier.

Finalement, les réformes en pompe au passage du permis de conduire ne sont que du marketing de gouvernance car les innovations révèlent que ce qu’il faut faire en réalité, c’est améliorer le niveau d’éducation et d’instruction des professionnelles de la route. Pour des personnes qui ne savent ni lire, ni écrire, cet apprentissage en langue s’annonce juste comme du bricolage ; il n’existe pas de manuel d’initiation au code de la route en langues locales. Pour cela il aurait fallu qu’en amont, l’État de Côte d’Ivoire ait de la considération pour les langues vernaculaires en les insérant depuis belle lurette dans le système éducatif. Ce qui n’est pas le cas.

L’apprentissage de la conduite à travers les langues locales a juste des visées politiques. Elle garantit la conservation d’un électorat analphabète. C’est de bonne guerre. Cependant la formation fiable pour assurer une certaine sécurité routière est sacrifié sur l’autel de l’intérêt immédiat et particulier.

Le choix du baoulé, du bété et du dioula même est sujet à interrogation. Pourquoi ces 3 langues alors que le pays en compte 60 ? Ou bien, le choix s’est opéré sur celles-ci parce qu’elles sont en réalité la face visible des grands regroupements politiques de la Côte d’Ivoire que sont le PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire), le RDR (rassemblement des républicains) et le FPI (front populaire ivoirien) courant Laurent Gbagbo ? Ces partis sont eux adossés à leur leader respectif, Messieurs Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ? Si cette sélection était le résultat de ces motivations, ce serait alors faire le lit, de l’ethno-politique, du tribalisme et de la discrimination. Il aurait été plus convenable d’en discuter à l’assemblée nationale pour que toute la nation détermine et assume ses choix en la matière. Mais cette sélection unilatérale même est parlante du peu d’intérêt qui est accordée à l’assemblée nationale. Cela, du fait de sa nature, elle est un prolongement du régime.

Dans tous les cas, les limites de l’introduction des langues locales à l’apprentissage de la conduite, en plus de révéler des manœuvres pour masquer l’échec des reformes, ont le mérite de soulever le problème de l’adaptation du système éducatif en Côte d’Ivoire aux réalités d’un territoire africain moderne.

Les innovations au niveau de l’école

Élèves en Côte d’Ivoire. Wikimedia Commons

En réalité, il n’y a pas de reformes majeures dans le domaine de l’éducation nationale. Il s’agit juste d’un retour à d’anciennes mesures et d’une nouvelle. Ce sont à ce sujet le retour de la dictée au primaire et au secondaire premier cycle, la réinstauration des moyennes avec coefficients au collège, la suppression des frais annexes et l’évaluation annuelle des établissements privés.

  • Le retour de la dictée

Le retour de la dictée est louable. Pourtant cette mesure est juste l’arbre qui cache la forêt. Elle répond à un désir de rehausser le niveau des élèves en orthographe, selon la ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation. Certes, mais elle dévoile les limites de la réforme, car il y a beaucoup mieux à faire.

Dans un environnement international actuel fortement connecté où une grande partie des tâches sont réalisées grâce à l’intelligence artificielle (transfert d’argent, paiement de factures, investissement, etc.) c’est en effet quand même surprenant qu’aucune innovation ne soit prise en rapport avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication en rapport avec l’école.  

De plus l’on n’a évidemment jamais fait le rapport entre la baisse du niveau en orthographe et même en français, et la mort inexorable des langues locales. Des personnes s’émeuvent devant le déclin du savoir des élèves en orthographe.  C’est compréhensible. Pourtant elles sont sans ignorer que les anciens enseignants, que l’on regrette tant pour la qualité de leurs leçons sur l’art et la manière d’écrire correctement la langue française, avaient une parfaite connaissance de leurs langues maternelles, autant que leurs élèves de l’époque. Ce qui n’est plus forcément le cas pour les enseignants depuis un certain temps. Pour leurs élèves, on n’en parle pas.

Vouloir sauver l’orthographe est certes nécessaire, mais il est encore plus utile de préserver les langues vernaculaires en les introduisant dans un programme de l’éducation nationale. Cette dernière initiative garantit un fort encrage culturel des enfants, mais elle permet aussi une excellente projection et une très belle assise des populations dans la modernité en rapport avec leurs habitudes. Ainsi les projets comme ceux du ministère des transports, de permettre le passage du permis de conduire dans les langues locales ne seront plus tirés par les cheveux. La formation en langues pourra même aisément s’étendre à d’autres secteur d’activité.   

Le Rwanda en est un exemple palpable, la place importante qu’occupe le Kinyarwanda et le Swahili à côté des langues étrangères est pour beaucoup dans l’évolution de ce pays d’Afrique de l’Est.

  • Le retour des moyennes avec coefficients

Le retour des moyennes avec coefficients pose la question de savoir s’il y a des matières qui ont plus de valeurs que d’autres. Voilà bien un autre arbre qui cache la forêt. Plutôt que de tergiverser avec un système éducatif purement théorique. L’idéal serait simplement une spécialisation des élèves dès leur entrée au collège. Plus précisément, il s’agit d’un système éducatif moderne qui ne serait pas un prolongement de l’école coloniale et ne formerait pas que des commis de l’administration. Elle accorderait de la valeur à l’apprentissage en vue d’une insertion professionnelle aisée. Elle consisterait donc en un va-et-vient entre école et entreprise.

Ce système éducatif moderne permet une responsabilisation ainsi qu’une sécurisation du présent et l’avenir du pays à travers les élèves, une meilleure introduction dans le monde du travail, une activité économique plus grande et plurielle, plus d’opportunités, la baisse du chômage, plus d’actifs, une plus grande production de la richesse. Elle permet également, avec la grande dynamique économique qu’elle génère, une moindre pression fiscale sur les entreprises existantes. Le contraire, d’inspiration coloniale, tue plus l’univers entrepreneurial nationale qu’il n’offre d’opportunités. 

Ce système éducatif, bénéfique sur tous les plans, a fait ses preuves en Allemagne et dans les pays scandinaves.  Un embryon même est vécu inconsciemment en Côte d’Ivoire, avec une génération d’agriculteurs et d’artisans qui ont appris le métier depuis leur enfance auprès d’un parent ou d’un protecteur. Il ne reste plus qu’à développer cet esprit d’autonomisation réelle en l’adaptant à un système éducatif moderne et porteur. 

  • La suppression des frais annexes et l’instauration de l’évaluation annuelle des établissements d’enseignement privés

Avec la suppression des frais annexes ou « frais COGES« , le gouvernement est juste rattrapé par sa politique sournoise du chiffre d’affaire à l’école et dans l’enseignement en général. Il est étrange que l’on parle de frais annexes dans un pays où l’école est supposée gratuite jusqu’à 16 ans. À  moins qu’elle ne soit gratuite qu’après avoir payé (sic).

La politique inavouée du chiffre d’affaires dans l’éducation a la peau dure en Côte d’Ivoire. Elle prend une autre forme lorsque le gouvernement prévoit, à compter de cette année scolaire, de mettre en concurrence des établissements scolaires privés à travers la nouveauté de les évaluer chaque année. On est tenté de demander ce qu’était le rôle des inspecteurs de l’enseignement auparavant.

Les établissements privés les plus méritants bénéficieront de plus d’affectations d’élèves de la part de l’État. Ils gagneront donc plus de subventions.

Cette situation est juste de la commercialisation de l’éducation avec de plus les biens du contribuable. Ceux-ci auraient normalement dû servir à la sécurisation de l’éducation à travers la construction d’établissements scolaires publics. Ce qui permettrait à l’État, c’est-à-dire l’ensemble des contribuables, de toujours contrôler l’environnement de l’éducation, sans compter les nouveaux postes d’enseignants qui seraient ainsi créés. Et pourtant par la politique de commercialisation de l’éducation le gouvernement tue l’enseignement public et se rend dépendant de l’éducation privée.

On n’ose pas croire que les politiques et les décideurs de l’école ne sont pas eux-mêmes fondateurs ou propriétaires d’établissement scolaires privés. Sinon il y aurait non seulement un grave conflit d’intérêt, mais l’assassinat de l’école publique et la commercialisation de l’éducation en Côte d’Ivoire trouverait là son explication.

Jusqu’à preuve du contraire, l’école ne produit pas de l’argent. Elle forme plutôt les individus qui engendreront les richesses. Mais pour atteindre ce but, ces deniers doivent bénéficier d’une formation adaptée. Un système éducatif discriminant, archaïque et affairiste ne saurait garantir cela.

Il revient donc à la Côte d’Ivoire de courageusement reformer complètement son système éducatif plutôt que de prendre des mesurettes. Celles-ci sont handicapantes pour l’ensemble de la société, elles détournent des objectifs essentiels et ne font qu’ajouter des problèmes à ceux existants déjà.

Un autre coup d’éclat à l’Ivoirienne (I) : ici