N'Guessan Jean Christ Koffi

Côte d’Ivoire : l’ONG JADE forme des femmes de Tengrela aux notions de Premiers secours communautaires

Du 20 au 23 Janvier 2024 dernier, la Croix Rouge, Comité local de Tengrela en réponse à l’invitation de l’ONG JADE (Jeunesse en action pour le développement), a formé les 120 femmes des centres d’alphabétisation féminin (CAFET) aux notions de premiers secours communautaires.

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Des apprenantes et leurs formateurs de la Croix Rouge locale ; crédit photo : ONG JADE

La formation, donnée par Messieurs Ouattara Aimé et Coulibaly Zié, formateurs à la Croix Rouge locale, comprenait 8 modules, à savoir :  la conduite à tenir face à une victime qui s’étouffe ; la conduite à tenir face à une victime consciente et qui respire ; la conduite à tenir face à une victime inconsciente et qui ne respire pas ; la conduite à tenir face aux hémorragies ; les blessures ; le bandage ; le massage cardiaque et le dégagement.

L’apprentissage, tenant compte des réalités et des activités des auditrices, a reçu un bel accueil de la part de ces dernières. Il faut relever que des témoignages en prélude à la formation et qui traduisent le quotidien des femmes du Nord de la Côte d’Ivoire annonçaient déjà l’assentiment des apprenantes : « Dans les champs et souvent dans les marchés ou même à la maison, nous rencontrons des rats, des serpents, des scorpions. Souvent un objet peut nous couper ou des épines traversent notre chaire. On souffre, on crie, ça finit par passer. Il y a même des morts ou des déformations. », rapporta Mme Awa Sangaré ; « La dernière fois, je suis tombée en passant sur le petit pont. Mon bras est sorti de mon épaule. J’ai trainé la main jusqu’en ville. C’était chaud. », témoigna Abi Koné, vendeuse de fagots.

Des apprenantes, leur formateur de la Croix Rouge locale et des invités, crédit photo : ONG JADE

Interrogé sur ses impressions après la formation, M. Ouattara fit le constat que le besoin d’un tel apprentissage se faisait sentir chez les femmes. Il confia que la croix rouge promettait revenir pour d’autres apprentissages.

Ce qui serait louable vus les objectifs de ce deuxième (2e) atelier mensuel, intégré au programme d’alphabétisation du Centre d’alphabétisation féminin (CAFET), à savoir l’autonomisation des femmes sur les itinéraires de leurs activités.

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L’ONG JADE, à l’initiative de cette formation des femmes au premier secours et d’autres projets concernant cette cible, bénéficie d’une subvention de l’Ambassade des USA, afin justement de promouvoir l’autonomisation de la gent féminine dans ses différentes activités. A l’issue de ce programme, les femmes engagées devront savoir lire, écrire et compter, mais surtout mieux s’organiser.

Le projet, placé sous la supervision du Conseiller Alphabétisation de l’IEPP Tengrela, compte 5 moniteurs dont deux femmes qui enseignent 120 auditrices dotées des kits complets d’apprentissage. Le prochain atelier se tiendra fin février 2024. Il portera sur la santé sexuelle et la santé de la reproduction, ainsi que le planning familial. Il sera animé par des sages-femmes et infirmières du département.


CAN 2023 ou les compétitions dans la compétition

La Coupe d’Afrique des Nations de la CAF est, il va sans dire, une compétition de football. Mais depuis le début du tournoi, d’autres oppositions se déroulent en dehors des aires de jeux.  

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La compétition au niveau de l’ambiance

Sur le plan de l’ambiance, l’hymne officiel de la CAN a été simplement détrôné par le coup du marteau de Tam Sir et son équipe. La compétition entre deux genres musicaux, l’un sans identité musicale claire et difficilement positionnable dans un genre spécifique, malgré le florilège de stars qui le chante (Magic system feat Yemi Alade et Mohamed Ramadan ) a été supplanté par le second, réalisé par des artistes moins célèbres.

Le succès du coup du marteau était dans le fond prévisible. Ce titre a été réalisé dans la pure tradition enflammée du coupé-décalé. De plus ce style musical insouciant et enthousiaste colle bien avec l’ambiance survoltée et passionnée des rencontres de football. Il a été en outre créé par des artistes qui sont de la même génération que la majorité des athlètes. Par ailleurs la CAN 2023 se déroule sur la terre qui a vu naître le coupé-décalé, la Côte d’Ivoire.

Célébration de but avec « le coup du marteau » dans les championnats européens, crédit photo : facebook.com

L’ambiance dans les maisons, les maquis, les espace de diffusion plein-air, les fun-zones, les stades et même sur les profils tik-tok, sans oublier sur le terrain de foot à l’étranger en est une pure illustration. Le coup du marteau de Tam Sir et sa team (la team paiya) y est partout joué en boucle ; il est même fredonné et dansé par les fanatiques de toute âge et de toute nationalité, d’autres prennent même du plaisir en le reprenant en d’autres styles musicaux.  

AKWABA, l’hymne officiel de la CAN 2023

En somme, des anonymes et plus jeunes, bourrés de génies et de talents l’emportent sur les célébrités. Comme quoi : « Le poisson sait nager, mais pas dans la sauce pimentée », le dit le proverbe baoulé : « Kpatra si nzüé wè, nan yélè makun nzüé »

Le tournoi dans le tournoi se déroulait aussi lors des rencontres qui opposaient des pays voisins.

Les Derby régionaux

Sur l’aire de jeu, la suprématie en Afrique de l’ouest a été respectée, avec les victoires palpitantes des éléphants de Côte d’Ivoire, dans un premier temps contre les lions de la Téranga du Sénégal, et dans un second temps contre les aigles du Mali. Le mythe de l’invincibilité ivoirienne a ainsi été maintenu devant le Sénégal et le Mali, deux nations qui n’ont jamais battu la Côte d’Ivoire au foot. Cette suprématie révèle aussi l’antagonisme des croyances.

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Évangile contre charlatanisme

La victoire des éléphants contre le Sénégal pour les huitièmes et le Mali ensuite pour les demis, deux nations réputées pour leur forte tradition de maraboutages ; est selon les Ivoiriens, celle de l’évangile sur le charlatanisme. Ces victoires, l’une aux tirs aux but et l’autre, dans les ultimes instants du temps additionnel, chaque fois après avoir été mené au score, ne sont que la confirmation, pour les supporteurs de la Côte d’Ivoire, de l’action divine dans la qualification miraculeuse des éléphants au deuxième tour de la compétition. Leur passage à cette étape du tournoi a même été qualifiée de résurrection.  

Les éléphants de Côte d’Ivoire remerciant le ciel après chaque victoire, crédit photo : facebook.com

Cette croyance est d’autant plus confirmée que les fanfaronnades de charlatans sénégalais et maliens sur les réseaux sociaux et les grandes prédictions de prétendus serviteurs de Dieu ivoiriens quant à la défaite imminente des éléphants devant leurs deux teigneux adversaires tranchent avec l’humilité et le calme des Ivoiriens après leur repêchage inespéré. « Le plan de Dieu n’est pas le plan de l’homme« , en ont conclu les fans des éléphants après leurs deux précieuses victoires, tout en confirmant leur regain de dévotion par le verset biblique à l’endroit de leur équipe : « Car je sais bien ce que j’ai l’intention de faire pour vous : c’est la paix et non le malheur. Je veux vous donner un avenir et une espérance. » (Jérémie 29, 11)

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La modestie des Ivoiriens et l’augmentation de leur piété ont, vraisemblablement, été les catalyseurs des victoires qui ont suivi face à leurs adversaires. Les deux attitudes dévoilent l’une des plus grande victoires, sinon l’une des plus grandes compétitions sous-jacentes à la Coupe d’Afrique des Nation 2023.

Sélectionneur local contre sélectionneur expatrié

L’antagonisme Sélectionneur local Vs sélectionneur expatrié est d’autant plus passionnant qu’il s’est déroulé au sein d’une même équipe, celle du pays hôte de la compétition, la Côte d’Ivoire.

L’entraîneur intérimaire Faé Emerse, Ivoirien, en enchainant 3 victoires d’affilé pour qualifier son équipe en finale, réussit là où son ancien patron, un expatrié, avait échoué au premier tour de la compétition.

Au-delà de Faé Emerse, sur papier adjoint de l’ancien coach, mais dans la réalité relégué à une position hypothétique de collaborateur du français Jean-Louis de Gasset et son adjoint officieux, ce sont les valeurs locales qui l’emportent sur les expériences importées.  Il faut le reconnaître, il en est ainsi parce que la qualité locale est en réalité la somme des valeurs autochtones et de ce qui vient d’ailleurs, comme le parcours de Faé Emerse. Il est Ivoirien, né en France, formé là-bas, il y entraîne avant d’intégrer le staff de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, d’abord comme sélectionneur de l’équipe espoir, puis en tant qu’adjoint de l’entraineur de l’équipe A. 

Faé Emerse, l’entraineur intérimaire des éléphants (au centre) entouré de ses collaborateurs et ses joueurs, crédit photo : facebook.com

Le talent local est valorisable et à valoriser. Il en est ainsi d’autant plus que Faé Emerse réussit à qualifier les éléphants pour la finale de la CAN (soit dit en passant comme ses illustres prédécesseurs et compatriotes Yéo Martial et Zahui François) alors qu’il est un choix par défaut de la FIF (fédération ivoirienne de football). Après la démission ou le limogeage (on ne sait plus trop) de Gasset, les responsables de la FIF négociaient avec un autre sélectionneur expatrié (Hervé Renard) pour remplacer un précédent expatrié qui avait lamentablement échoué. Heureusement, pourrait-on dire que ces négociations n’ont pas abouti.     

Comme on peut bien le voir à la CAN 2023, avec les Succès de Tam Sir, de Faé Emerse et des Éléphants, il y a bien des compétitions et mêmes de belles compétitions au sein de la compétition. Et ce sont les petits ou les anonymes, en tout cas, ceux qui font preuve d’humilité et font parler leur génie, leur dévotion et leur fougue qui supplantent les autres. L’esprit de la CAN 2023 est simplement un réel avantage psychologique et même mystique pour les Éléphants de Côte d’Ivoire, qui se sont mis dans la peau du petit, en vue de la victoire finale face au Super Eagles du Nigeria.


CAN 2023, le parcours des Éléphants de Côte d’Ivoire en proverbes

La richesse des proverbes et dictons en Côte d’Ivoire, notamment à travers ses langues locales, son argot (le nouchi), ses croyances, mise en rapport avec l’itinéraire des éléphants à la CAN donne l’impression que ces derniers avaient leur parcours tout tracé avant le début de la compétition, sinon ils s’en sont inspirés quand tout semblait compliqué pour eux, ou même que le sort a beaucoup joué en leur faveur… Dans tous les cas, les proverbes parlent le mieux de ce parcours palpitant…

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Simon Adingra, buteur contre le Mali. Crédit photo : facebook.com

De prime abord, Il y a bien un commencement à toute chose. Le proverbe nouchi le dit : « Au commencement du film, chef bandit est toujours djaouli », en d’autres termes, au début du film, le chef bandit est très entreprenant, voire surexcité, il a un réel avantage sur le héros sur qui il prend le dessus momentanément. Ce que le proverbe ne dit pas, mais qu’il évoque plutôt, c’est le sort de ce dernier, le chef bandit, en fin de film. Il est défait.

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Lorsque l’on voit le début de compétition, en fanfare, des éléphants (une éclatante victoire contre la Guinée Bissau) ils entraient tout doucement dans la peau du trouble fait, comme ‘‘le chef bandit’’, sans s’en rendre compte ; surtout pour un outsider, c’était la trajectoire idéale pour un arrêt brutal de la compétition au tour suivant, elle serait l’équipe à battre et à abattre ; avec la pression due au statut de pays hôte de la compétition et les attentes de 30 millions de supporteurs et tout, les choses n’allaient pas s’arranger pour les éléphants.

Heureusement le sort en a décidé autrement. En dépit des contreperformances de la Côte d’Ivoire contre le Nigeria et une équipe de bas de tableau, la Guinée Équatoriale ainsi que les injures, les moqueries et les humiliations qui s’en sont suivis, l’équipe s’est finalement providentiellement qualifiée en huitième, timidement, sous les radars, incognito. Elle continue étrangement son parcours malgré tout, alors que les favoris de la compétition : le tenant du titre sénégalais, le vice-champion Égyptien, les cinq qualifiés au mondial et d’autres équipes qui avaient débuté la compétition en fanfare sont tous tombés, même la Guinée Équatoriale qui l’avait lamentablement battue. Comme quoi, les éléphants ont été épargnés d’un statut de ‘‘chef bandit’’ encombrant, pour continuer la compétition en toute sérénité et modestie. Et le sort semble jouer en leur faveur, jusqu’à la victoire finale certainement.

Les footballeurs de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire l’ont compris : « Obah obah, ya pas obah obah dans ballon », en d’autres termes, le foot n’a que faire des fanfarons, de gens qui font les braves, surtout à l’ère des réseaux sociaux.  Apparemment, il n’y a pas que les éléphants qui se sont rappelés ce vieux proverbe nouchi. Les Ivoiriens en ont fait désormais leur devise, et même sur les réseaux sociaux, à travers un mot d’ordre : « Humilité ». Et on n’hésite pas à rappeler à ce sujet le proverbe biblique : « L’arrogance de l’homme a précédé sa ruine ; l’humilité a précédé la gloire. » (Proverbes 18, 12).

Heureusement, c’est sans hypocrisie et en toute sincérité que tous, joueurs et supporteurs, semblent faire preuve de modestie, déjà que le proverbe bété le dit : « Le ventre ne tolère pas le ventre, est-ce le dos qu’il va tolérer ? ».  L’Ivoirien accueillant de nature ne peut adopter des comportements qui n’ont rien à avoir avec l’accueil, au risque de ternir sa réputation déjà mise à mal sur les réseaux sociaux à cause d’une notoriété de moqueur et de ‘‘mal parleur’’ 

La responsabilité est l’attitude qui est certainement le fondement de la transfiguration des éléphants, notamment contre le Sénégal. Le proverbe baoulé l’enseigne : « On ne demande pas un derrière pour aller à la selle ». Si on n’en a pas on n’y pas va pas. Simplement.

Les éléphants vainqueurs aux tirs au but contre le Sénégal, Crédit photo : facebook.com

La CAN est en effet certes une compétition internationale, avec des sélectionneurs originaires des quatre points du globe, mais elle est et reste avant tout un tournoi africain, avec ses réalités, ses mythes et ses mystères. C’est en cela que l’ancien sélecteur des éléphants, Jean Louis Gasset, qui n’avait auparavant aucun vécu, ni avec un club de foot africain, ni avec une équipe nationale du continent et même qui ne vivait pas en Côte d’Ivoire pendant qu’il coachait les éléphants, semblait juste un cheveu sur la soupe pour l’équipe national de Côte d’Ivoire.

Le fait qu’il ait été remercié et remplacé dare-dare, à cause de ses échecs au premier tour, par un ancien de l’équipe nationale, Faé Emerse, a fait d’énormes biens aux éléphants. Aussi, grâce notamment au coaching gagnant de ce dernier, l’équipe a pu utiliser toutes ses ressources pour remporter la victoire contre le Sénégal en huitième et le Mali en quart, et maintenir ainsi intacts, le mythe quant à l’invincibilité de la Côte d’Ivoire face à ces nations de foot. Le proverbe atchan (peuple lagunaire de la Côte d’Ivoire) le dit, aux dirigeants du football ivoirien en particulier : « Personne ne peut adorer ton fétiche mieux que toi-même ». Les valeurs locales doivent être priorisées.

Le sélectionneur intérimaire des Éléphants, Faé Emerse (au centre), crédit photo : twitter.com

Le moins qu’on puisse dire justement au sujet des premiers pas de Faé Emerse à la tête des Éléphants, c’est que le lien entre le sélectionneur et son équipe est avant tout mystique, surtout lorsqu’il y a dans l’ombre 30 millions de fanatiques prêts à vous encenser quand il y a victoire et à vous clouer au pilori quand c’est le contraire.

Sa terre ne saurait les abandonner, ses poulains et lui, à la vindicte populaire car elle leur garantie la victoire finale. Pour ce faire ou pour réussir le proverbe baoulé enseigne encore ceci : « Va, couche-toi, réfléchis, voilà la meilleure sagesse ». Il faut prendre son temps, bien réfléchir au lieu d’agir avec précipitation, il faut avancer progressivement sans brûler les étapes. Il y a à se réjouir car la sérénité et le calme du sélectionneur ivoirien disent qu’il agit déjà ainsi. Mais pour parachever son travail par la victoire finale, la discrétion doit toujours être de mise, car : « Le chien qui aboie ne mord pas, c’est celui qui paraît tranquille qui mord ». 


CAN 2023 : quelques proverbes nouchi pour galvaniser les Éléphants !

Le nouci est l’usager du langage nouchi, célèbre argot ivoirien. Il en est même l’animateur par son vécu quotidien. En tant que tel et grâce au pouvoir psychologique de ce langage et des proverbes, ce que le nouci dit le transforme. Les Éléphants de Côte d’Ivoire, à qui les Ivoiriens font le reproche, à cause de leurs contreperformances, de ne rien partager d’autre avec eux que la nationalité, ont donc par ce langage une source de transcendance indéniable pour réaliser de meilleurs résultats dans la compétition organisée sur leur territoire.

Les Éléphants de Côte d’Ivoire, Crédit photo : facebook.com

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« C’est quelqu’un on connaît pas, on appelle ‘‘Eh’’ » : ce proverbe nouci que l’on peut traduire par « Une personne avertie en vaut deux », appelle le Éléphants de Côte d’Ivoire à la lucidité, ils joueront face au champion en titre. Ils doivent faire preuve d’humilité, en ne considérant pas uniquement les bons résultats de leur équipe face au Sénégal (le Sénégal n’a jamais battu la Côte d’Ivoire), mais la forme du moment de leur adversaire. C’est ainsi qu’ils trouveront les stratégies pour conserver leur domination sur l’adversaire du jour. Car un autre proverbe nouci le dit :

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« C’est pas parce que bras est en haut qu’il va penser qu’il est grand frère de pied » : autrement dit,ce n’est pas parce que la Côte d’Ivoire n’a jamais perdu face au Sénégal qu’elle va penser pourvoir conserver sa suprématie au football sur cette nation. Dans le même temps, les Éléphants doivent se dire que le titre de champion d’Afrique du Sénégal et son parcours sans faute au premier tour de la compétition ne le rend pas meilleure qu’eux ; au foot c’est la forme du moment qui compte, car aucun match ne se joue sur papier, mais sur le terrain, à l’instant T. 

Crédit photo : facebook.com

Comme en 1992 lorsque la Côte d’Ivoire avait battu l’Algérie 3 buts à 0 alors que cette dernière l’avait laminée dans l’édition précédente, cet autre proverbe nouci est là pour  aider les actuels Éléphants de Côte d’Ivoire à prendre le dessus sur l’humiliant échec lors de leur dernière rencontre, contre la Guinée équatoriale.   « Premier gaou n’est pas gaou, c’est deuxième gaou qui est gnata » :

Ce proverbe qui a été rendu célèbre par le groupe Magics system dans son tube planétaire Premier gaou parle aux Éléphants de Côte d’Ivoire. Il leur dit qu‘une première erreur est excusable, quelle qu’en soit l’ampleur, parce que la situation nous était étrangère, mais persister dans l’erreur, c’est se montrer idiot et s’attirer la colère, voir le mépris. Le proverbe appelle donc les Éléphants à faire preuve de réactivité, en faisant mettant en avant leur intelligence de jeu et leur volonté de vaincre contre leur adversaire du jour, sinon l’antipathie de leurs supporteurs pour eux pourraient renaitre. Et l’un des proverbes nouci qui peut les inspirer en cela est :

« Quand on t’envoie, faut savoir t’envoyer », ce proverbe qui n’est pas du nouchi, mais est très prisé par ce langage pour son pragmatisme, vient tout droit du baoulé, langue locale. Il s’agit ici, pour avoir le succès dans la tâche qui vous ait confiée, de faire preuve d’intelligence, voire de ruse, en tout cas de ne pas lésiner sur les moyens pour atteindre les objectifs. Le commissionnaire ou l’envoyé est en effet une victime en puissance, un bouc émissaire qui s’ignore.

L’envoyé donc, pour préserver sa réputation, voire sa vie, doit faire preuve d’intelligence, et même de ruse, pour éviter les éventuels pièges ou les déconvenues auxquels l’expose sa mission. Lorsque l’on voit les passions que déchaîne le foot ainsi que les enjeux économiques et politiques, ce proverbe peut valablement stimuler certains des éléphants qui n’ont soit pas grandi en Côte d’Ivoire, ou sont carrément nés en Europe, ou encore sont coupés de la mentalité locale. Par exemple lu supporteur lambda des Éléphants reproche à Nicolas Pépé qui ne s’est pas affalé sur la pelouse sur une charge du défenseur équato-guinéen, et pour avoir ainsi manqué un pénalty décisif, de ne pas avoir su s’envoyer.

Et l’une des meilleures façons de s’envoyer est de faire preuve de sang-froid, de sérénité et de calme, en particulier dans les tâches compliquées, comme lors des interminables séances de tirs au but au terme desquels les Éléphants ont été sacrés Champion d’Afrique. Et ce proverbe nouci le rappelle aux joueurs :

« Gros cœur mange pas du riz chaud ». Ou encore, plus précisément : « La colère est une mauvaise conseillère ».

Le langage footballistique de ce proverbe est clair : Quand la situation sera compliquée sur la pelouse, les Éléphants ne doivent pas faire des choix de jeu irréfléchis et impulsifs, sans quoi la défaite sera inévitable, comme contre la guinée équatoriale ou même contre le Nigeria. Ils doivent simplement s’efforcer de faire de leur match la photocopie de leur séance d’entraînement sereine et dans une atmosphère familiale. Sinon, l’entraîneur intérimaire devra encore en payer les pots cassés après la démission de l’entraîneur titulaire ; car le proverbe nouci le dit : « Match est photocopie d’entraînement » : ta prestation en rencontre officielle est le reflet de tes entraînements. Si elle est sérieuse, c’est la preuve que tu ne te prélasses pas aux entraînements et même que tu t’entraînes.

Et la divine providence peut y mettre de la sienne. Oui le nouci est aussi croyant, mais pas un illuminé, il est plutôt un croyant pragmatique, il le montre à travers ce proverbe : « Dieu n’est pas gaou ». On peut le traduire par « Dieu est un Dieu de justice », pour le nouci Dieu n’a en effet que faire des imposteurs, des fainéants, des peureux et des opportunistes, il récompense les efforts et le courage.

Pour espérer donc profiter des faveurs de ce Dieu qui n’est pas gaou, les Éléphants doivent avoir à l’esprit que : « Dindinman n’a pas luck », plus clairement : « La chance sourit aux audacieux ».  La qualification quasi miraculeuse des Éléphants à ce 8e de final contre le Sénégal les appelle à l’audace, parce que « Cabri mort n’a pas peur de couteau ». Ils n’ont effet plus rien à perdre devant la meilleure équipe africaine, surtout après avoir subi une grande humiliation devant la Guinée équatoriale. « C’est l’homme qui a peur sinon ya rien », Qu’ils se laissent donc aller, qu’ils prennent du plaisir dans leur métier. Car comme le dit le proverbe baoulé « La femme qui a eu des jumeaux n’a pas peur d’une grosse verge », « Bla n’ga wou li n’da srô man toi pkli ».

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La CAN (Coupe d’Afrique des Nations) Côte d’Ivoire 2023 qui a débuté ce 13 janvier 2024 attire des milliers de fanatiques du football d’Afrique et de journalistes des quatre points du globe. Le Nouchi, l’argot parlé dans les rues de Côte d’Ivoire, fera sans aucun doute aussi parti du spectacle. Déjà l’Ivoirien est de nature très accueillant, mais la connaissance de quelques mots nouchi est un avantage de communion des invités de la CAN avec la population locale ; cela en dehors du jeu, dans les rues notamment, pendant les matchs et même après les rencontres sportives.

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En dehors du jeu

En dehors du jeu et dans les rues, le respect est l’un premier facteur de la sympathie en Côte d’Ivoire. Il se manifeste au premier contact par la salutation. Et celle-ci doit se faire avec de la chaleur et de l’humilité. Le « Bonjour », le « bonsoir » ou même l’« au revoir » n’est donc pas sec et froid, il doit être accompagné d’une désignation qui informe votre interlocuteur de la considération que vous lui portez.  

Ainsi on dit par exemple : « Bonjour,le père » pour saluer quelqu’un de plus âgé que soi.  « Le père », qui rappelle l’appellation des prêtres de l’Église catholique, relève l’ancienneté de votre interlocuteur, donc sa sagesse, est en réalité le diminutif de la locution « Vieux-père ». Expression du respect, « Le père », dit aussi majestueusement, attire toute la sympathie de celui à qui elle est adressée. La politesse ouvre facilement les cœurs en Côte d’Ivoire.

Dans l’esprit de cette expression et à sa symétrie, l’on a : « Mon fils », pour s’adresser à beaucoup plus jeune que soit. A côté de « Le père » qui marque …

Attention : ne pas confondre « Le père » qui est l’expression de la dignité de l’individu à qui ce terme est adressé, et « Lopère » qui, lui, renvoie à la bassesse de son destinataire, par exemple Lopère Daloa (individu d’un certain âge qui s’est fait remarquer par ses déplacements sur le ventre devant les personnalités dans un esprit de mendicité).

À côté donc de la formule de politesse « le père » qui marque l’égard pour l’ainé et favorise la protection de ce dernier, « mon fils » quant à elle est une preuve d’affection pour un individu qui est beaucoup moins âgé que soi. Elle est dans le même temps un devoir de considération de ce cadet vis-à-vis de son aîné, « son père ». Et « le fils » occasionnel ne vous décevra pas, il vous sera totalement serviable.

Attention tout de même, le service est certes cadeau, mais il ne doit pas être gbanzan (gratuit), car faut pas être atchêbê, awlan ou avare envers « le fils ». Faut donc, en clair, faire preuve de générosité, en glissant par honnêteté gbringbrin ou mougoumougou à son homme de main de circonstance. Ce geste ne fera certes pas de lui votre Ropéro ou votre ropé, heureusement d’ailleurs parce que cette expression qui veut au moins dire parasite, homme à tout faire, est chargée négativement, mais votre action vous garantira un bon petit, un cadet dévoué et fidèle.  

Petite précision : Gbringbrin ou mougoumougou renvoie à de la petite monnaie. Il correspond plus au pourboire en français.  Attention à ne pas confondre mougou  et mougoumougou. Le premier, qui est un verbe d’action de langue dioula et dont le nom est le mougouli, renvoie à un acte que la pudeur nous garde de décrire, sans ignorer le fait que beaucoup de supporters pourraient si adonner durant ce mois de compétitions dans les hôtrôs (hôtels) des villes hôtes de la CAN avec des pkoklés (prostituées).

Soit dit en passant les supportrices cap-verdiennes font beaucoup fantasmer leurs hôtes ivoiriens sur les réseaux sociaux, qui ne tarissent pas de plaisanterie et de blagues au sujet de leur grande beauté.  Encore une fois, attention ! La plaisanterie est certes partout en Côte d’Ivoire et elle favorise la cordialité, mais les Ivoiriens ne sont pas des plai-en-tin. Des supportrices pourraient rentrer dans leur pays avec un souvenir éternel de la CAN Côte d’Ivoire 2023 : un bébé CAN.

En dehors du terrain, le respect, l’affection, l’honnêteté, et la plaisanterie garantissent l’amabilité de la part des Ivoiriens. La connaissance de certaines expressions nouchi employées durant les rencontres accentuera la gentillesse de ces hôtes.

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Pendant le jeu

Dans les tribunes, dans les fans-zone et d’autres espaces publiques, notamment les maquis, où les matchs seront vus, l’on pourra entendre quelques expressions, comme : « Arbitre fait combine », pour dire que l’arbitre du match est partisan. Certains footballeurs qui réaliseront de mauvaises performances se verront, sans méchanceté, traités de sac, de bôrô, ou même de « boubou ». Des sélectionneurs qui coacheront mal leur équipe seront reconnus forts mais : « fort dans vaurien ». D’autres joueurs, ceux-là performants et décisifs seront qualifiés de : « mauvais », de « toxiques ».

« Supporteur maso » Crédit photo Abidjanais-Mondoblog

L’équipe qui réalise de grandes performances sera, elle, simplement qualifiée de « rouge », si bien qu’elle suscite la « yoï » ou la peur chez ses adversaires. Quoi de plus normal puisque ces derniers ne souhaitent pas qu’on fasse leur sauce, ou font attention à ne pas se faire étriller. Pour se faire ils devront soit gbôrô leurs adversaires c’est à dire s’adonner à des actes d’antijeu contre ceux-ci, et s’exposer ainsi à des cartons rouges, ou il faudra jouer tabouret, qui veut dire jouer très bas sur le terrain. Même ainsi ils risquent plus pourtant de se faire kpatra (battre) par leurs adversaires que de battrer ces derniers. Un butluck ou un but sao, entendez par là un but chanceux ou un but contre le cours du jeu, pourrait pourtant donner la victoire à l’équipe tocklo, (équipe approximative).

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Après le match

Le lexique d’après match n’est pas moins riche et très fairplay. Déjà à la fin des matchs de poule certaines équipes tocklo seront gbra (sorties) de la compétition. Tout simplement parce qu’elles ont tapé poteaux (échouer) durant cette phase de la compétition. Elles vont donc djô, ou rentrer dans leur pays. Cela a par exemple été le cas, voire beaucoup plus tragique même, pour la génération dorée des Éléphants de Côte d’Ivoire, de 2006 à 2014, emmenée par son capitaine Didier Drogba et les académiciens, qui a malheureusement tapé poteaux à deux finales de CAN. fairplays leurs compatriotes n’ont pas pour autant gran’n sur eux ou rejetés.

https://www.youtube.com/watch?v=I5O_239tHts

Après le match, des fans pourraient chanter fièrement que leur équipe a teuh durant la rencontre, elle a fait preuve d’une grande performance.  Et si jamais sa prouesse fait l’unanimité, l’équipe aura simplement gâté le coin, ou dja foule. Tout simplement parce ya pas eu l’homme pour ses joueurs, ou leurs adversaires n’étaient pas à leur hauteur ce soir-là. Ces derniers auront simplement tiré dans l’eau. Ce n’est évidemment pas ce que les Ivoiriens souhaitent pour leur équipe nationale, avec le niveau moyen des premières rencontres de la compétition et les retours positifs au sujet de la cérémonie d’ouverture grandiose et tout en couleur, ils n’ont de cesse de marteler aux Eléphants l’un des proverbes nouchi les plus célèbres :  « Dindinman n’a pas luck », qui se traduit par « La chance sourit aux audacieux ». Tous les voyants sont donc aux verts pour qu’elle remporte sa troisième CAN. Aux Eléphants donc de ne pas jouer les dindinman, ou de ne pas dindin, ou encore de saisir leur chance.

Le nouchi, avec sa particularité, un mélange de langues locales (la Côte d’Ivoire en compte au moins soixante) et de langues étrangères, le tout sur fond de valeurs traditionnelles des peuples de Côte d’Ivoire, est déjà une garantie de communion des invités de la CAN et des populations qui les accueillent. Le mieux que l’on puisse souhaiter pour la compétition, c’est que foule dja (le succès total) pour que l’enjaillement (la joie) soit gnan’n (grande) dans tous les cœurs et partout en Afrique.

 Akwaba (Bienvenue) à toutes les délégations. Bôrô d’enjaillement !  (Que de la joie !)

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Côte d’Ivoire : l’ONG JADE informe les auditrices de ses centres d’alphabétisation de Tengrela sur les Violences Basées sur le genre (VBG)

Le samedi 9 décembre dernier s’est tenu dans la ville de Tengrela un atelier sur les droits et violences basées sur le genre. Premier d’une série de quatre, cet échange fait partie d’un programme d’alphabétisation lancé depuis le 04 novembre 2023 par l’ONG Jeunesse en Action pour le Développement (JADE) à l’endroit de 100 auditrices.

Des auditrices de l’atelier de formation. Crédit photo ONG JADE

Animé par Mme Sékongo Jemima, professeur de philosophie, option philosophie du genre, l’atelier mensuel d’information sur les VBG, intégré au programme d’alphabétisation du Centre d’Alphabétisation Féminin (CAFET) de JADE, a pour but d’outiller les femmes de Tengrela sur les mécanismes de défense et d’alerte contre les violences basées sur le genre, qui sont des faits dans cette localité. Pour la formatrice, « le sujet reste un tabou », au point où elle confiera : « Une traductrice a même dit, que ce que nous disons ici, doit rester entre nous [formatrice et auditrices], sinon, nos maris, mettront fin à notre venue dans le centre. »

L’éventuel apposition des hommes au projet n’est cependant pas de nature à émousser l’engagement de ses partenaires. Il s’agit en particulier de l’Ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire. La représentation diplomatique a en effet fourni à l’ONG JADE un financement. Il se situe dans le cadre des subventions Self Help de l’Ambassadeur, pour un programme de 6 mois de formation en alphabétisation à l’issue desquels, les femmes engagées devront savoir lire, écrire et compter, mais surtout s’organiser en association pour mieux exercer leurs différentes activités.

Crédit photo ONG JADE

L’engouement pour les différentes formations est également au rendez-vous. Initialement prévu pour accueillir 100 femmes, il a conduit le staff de gestion du projet à réorienter l’action du CAFET qui compte maintenant 120 auditrices. A propos, M. Coulibaly Aly Badra, président de JADE livre les nouvelles stratégies employées en raison de l’enthousiasme que suscite le projet, tout en en réaffirmant les objectifs : « Nous nous sommes retrouvés débordés et embarrassés par le trop grand nombre de réponses à notre appel à inscription. Avec la coordination du projet, la responsable du projet, le conseiller alphabétisation de l’IEPP et les femmes leaders des communautés engagées, nous avons décidé de venir vers les femmes, qui ont des lieux naturels de rencontre. Prévu pour 2 centres, nous nous retrouvons aujourd’hui avec 5 groupes de femmes et les moniteurs se déplacent pour les rejoindre. Chaque groupe est une communauté et nous espérons que la formation et ses informations auront un impact sur leur vie et leurs activités. Cela a l’avantage avec le prétexte de la distance, du temps, de ne pas conduire à l’échec du projet, donc de l’abandon du programme. »

L’ONG JADE, pour répondre favorablement au grand intérêt que suscitent les formations chez les femmes et pour les rendre accessibles par ces dernières, a constitué 5 groupes d’apprenantes reparties respectivement dans 5 quartiers de Tengréla. Le groupe 1 est logé au quartier senoufo. Il compte 30 auditrices et est animé par M. DIABATE Brahima. Le groupe 2, au quartier Sokoura Chez Mme SYLLA est animé par M. YAO Yao Lambert et compte aussi 30 auditrices. Le Groupe 3 est logé Chez les Sœurs   et a pour monitrice, Mme KONE Fatoumata avec 25 auditrices. Le groupe 4 se trouve au sein de la Bibliothèque Sita Diallo, au quartier Résidentiel. Animé par M. KOFFI Kouakou Simplice, il compte 17 auditrices. Enfin le groupe 5 se trouve dans le village Danzourou, à 7 Km du centre-ville. C’est un groupe exceptionnel de 15 femmes animé par Mme BAMBA Tiemongo.

Les 5 groupes, les 3 moniteurs et 3 monitrices, ainsi que les 120 auditrices ont reçu des kits complets pour mieux mener les sessions d’apprentissage. Les dons ont été faits en présence de Monsieur DOA Seny, Conseiller en Alphabétisation à l’IEPP de Tengrela, des autorités traditionnelles, associatives et religieuses des communautés engagées dans ce programme qui prendra fin en Mars 2024.

Des auditrices avec leur kit d’apprentissage, crédit photo ONG JADE

Selon les avis recueillis auprès des premières concernées, les auditrices, celles-ci éprouvent un grand intérêt pour le programme et espèrent que le projet aura une suite afin de compléter leur formation. Mme Koné Fatoumata, Monitrice au centre dénommé chez les sœurs, reconnait que « le programme vient faire rappeler nos regrets. Pour des apprentissages si simples, nous avons été interdites d’école. Aujourd’hui, nous venons apprendre pour notre commerce, mais, aussi pour nos enfants. »

Il faut rappeler que le prochain atelier se tiendra fin décembre. Il portera sur la santé sexuelle et la santé de la reproduction, ainsi que le planning familial. Il sera animé par des sages-femmes et infirmières du département.

L’ONG JADE réalise à travers ce programme un de ses axes stratégiques, pour mieux aider les communautés des femmes à être autonomes et épanouies.


Côte d’Ivoire : le premier Festival Scolaire des Arts et de la Culture de Tengrela (FESACT 2023)

Le mercredi 31 Mai, se sont tenues les phases finales – après les étapes de lancement, formation de délégués de communauté scolaires et de présélection en Avril – du FESACT. Celui-ci a été initié par l’association Jeunes en Action pour le Développement (JADE) à travers sa bibliothèque Maison connectée des savoirs (MCDS) Sita Diallo de Tengrela en collaboration avec l’Inspection de l’Enseignement Primaire et Préscolaire (IEPP), la Direction départementale de la Promotion de la Jeunesse, la Radio BINKADI et le Comité local de la Croix-Rouge.

Festival Scolaire des Arts et de la Culture de Tengrela (FESACT) 2023 Crédit photo FESACT 2023

Sur les 17 écoles inscrites au départ, 5 ont réussi à se qualifier pour la phase finale et ont – chacune – donné des prestations dans dix disciplines, à savoir : la lecture, le dessin, la dictée, l’éloquence, la poésie, la tenue traditionnelle, la chanson traditionnelle, la danse, le théâtre et le conte.

Festival Scolaire des Arts et de la Culture de Tengrela (FESACT) Crédit Photo Fesact 2023

Le Festival, ouvert par les discours de M. Coulibaly Aly Badra, Commissaire Général et M. Alban Koré, Directeur départemental de la Promotion de la Jeunesse, le matin du 31, s’est simultanément tenu sur deux espaces : à la Maison Connectée des Savoirs de Grand-Lahou et Tengrela pour les concours individuels et au Foyer Polyvalent pour les concours de scène et de groupe. De nombreuses personnalités éducatives, administratives, religieuses et coutumières – le Chef de Canton en chef – ont honoré de leur présence, la manifestation culturelle et éducative. Elles ont par ailleurs passé entièrement la journée avec les festivaliers.

Festival Scolaire des Arts et de la Culture de Tengrela (FESACT) Crédit Photo Fesact 2023

A l’issue des festivités et compétitions sous le regard du Chef de Canton de Tengrela, le festival a attribué 19 prix, dont 13 aux meilleures écoles participantes aux concours, et 3 prix d’honneur, 1 prix du mérite et 2 prix spéciaux aux personnes qui soutiennent les activités de promotion de la lecture, du livre et des arts dans la ville du Tin. L’école primaire catholique Notre Dame des Apôtres (EPC NDA), pour avoir raflé 8 prix individuels sur 10, s’est vue attribué le Super Prix FESACT 2023.

Festival Scolaire des Arts et de la Culture de Tengrela (FESACT) Crédit Photo Fesact 2023

M. Badra Aly Coulibaly a, au terme de la cérémonie, au nom du Comité d’organisation du Festival dont il est le premier responsable, d’abord remercié l’auguste public et les différents acteurs culturels pour leur présence et leur participation. Il a ensuite déclaré je cite : « avoir mesuré à travers cette expérience, les difficultés de tous les promoteurs de la culture, particulièrement ceux du segment livre et lecture ».  Il a par conséquent salué le niveau de RÉSILIENCE et de Dextérité de ces acteurs culturels, avant de réaffirmer sa satisfaction des activités menées.


Il faut sauver l’état civil originel de la Côte d’Ivoire

Le dictionnaire définit l’état civil comme « l’ensemble des informations et qualités permettant de déterminer individuellement un individu dans son milieu social ». Cependant, depuis quelques années, l’état civil de l’individu de nationalité ivoirienne, travesti et calqué servilement sur celui de l’ancienne puissance coloniale, est en déphasage total avec la culture des peuples qui fondent, a priori, l’existence de l’État de Côte d’Ivoire. Ce territoire se prive ainsi d’un réservoir inestimable de valeurs et de richesses à divers niveaux, valeurs indispensables à un progrès sûr et certain.

Carte National d’Identité Ivoirienne, Crédit photo. Koffi N’guessan JC

     I.        Le fonctionnement de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire

L’état civil originel de la Côte d’Ivoire, encore pratiqué il y a quelques années, est inspiré de celui adopté par certains peuples autochtones. Il s’agit de ceux qui pratiquent le matriarcat. Ce sont le grand groupe akan, les Gouros, les Tagbanan, les Sénoufos, etc.

Rappelons qu’à l’origine, selon les recherches de Cheick Anta Diop, « le matriarcat est à la base de l’organisation sociale en Afrique noire. Dans les régions où le matriarcat n’a pas été altéré par une influence extérieure (notamment la religion chrétienne et l’islam) c’est la femme qui transmet les droits politiques. Car pour les noirs africains l’hérédité n’est efficace que quand elle est d’origine maternelle ». 

Selon donc le procédé de nomination inspirée du matriarcat, l’enfant, notamment le garçon, n’est pas le fils de son grand père, de son aïeul, encore moins de son ancêtre, il est évidemment le rejeton de son père (parce que enfant de sa mère, et non des ascendantes de celle-ci). Ainsi l’enfant porte naturellement le nom de son géniteur comme patronyme et son nom, communément et abusivement appelé prénom. Ce dernier, pour ce qui concerne les individus de sexe masculin est en réalité le Post-nom : le Nom qui vient juste après le Nom de famille ou le patronyme. Cette qualité a tout son sens parce que ce nom a une plus grande valeur qu’un simple prénom.

Le Post-nom, comme l’indique son appellation, est en effet un nom au même titre que le patronyme, si bien que chez le Baoulé par exemple, et les Akans en général, aussi bien chez d’autres peuples de Côte d’Ivoire, et même ailleurs en Afrique, le patronyme et le post-nom peuvent être identiques.

Il en est ainsi lorsque l’enfant, le mâle en particulier, est l’homonyme de son géniteur, si et seulement si (il faut le préciser) les conditions de leur naissance sont identiques. L’on a en l’occurrence chez les Baoulés : KOUAME KOUAME, KOUASSI KOUASSI, KOUADIO KOUADIO, KONAN KONAN, KOUAKOU KOUAKOU, YAO YAO, KOFFI KOFFI, N’GUESSAN N’GUESSAN, N’DRI N’DRI, N’GORAN N’GORAN, BROU BROU, LOUKOU LOUKOU, ABONOUAN ABONOUAN, N’DA N’DA, AMANI AMANI, HOUPHOUËT HOUPHOUËT, ATOUMGBRE ATOUMGBRE, etc.

En réalité ce sont les post-noms qui deviennent des patronymes, ou des noms de famille. Ils ont donc une valeur patronymique. Le post-nom est plus précisément le patronyme des enfants de l’individu qui le porte, il est le nom de sa famille.  Ce qui veut dire que dans la lignée, le nom de famille n’est pas héréditaire. Il ne s’étend pas sur plus d’une génération, le grand-père, encore moins l’aïeul, à plus forte raison l’ancêtre, ne pouvant être le père de son petit-fils, de son arrière-petit-fils ou en encore de son descendant.

C’est le contraire dans un système d’état civil patriarcal. Le patronyme y est inné, donc héréditaire. Il s’agit en la matière de la méthode de nomination calquée sur le système de l’ancienne puissance coloniale occidentale, et imitée servilement en Côte d’Ivoire ces dernières années.

Malgré quelques récentes reformes sur la transmission du patronyme en Occident, notamment en Europe, le nom de famille y est remarquable que depuis le XIIème siècle, par son caractère héréditaire notamment. Son attribution est différente du système originel de transmission du patronyme en Côte d’Ivoire. Cette dernière se réalise par l’expérience, et cela depuis les origines. C’est une méthode de nomination si coutumière aux peuples de Côte d’Ivoire que la loi sur l’état civil, Loi No 64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifié par la Loi No 83-799 du 2 août 1983, ne la conteste pas clairement.  Elle dit simplement qu’une personne doit avoir un nom patronymique (sans préciser par quel mécanisme) et un ou plusieurs prénoms. L’application en Côte d’Ivoire du système d’état civil à l’occidental, système qui ne reconnaît pas le post-nom, partant qui ignore la culture locale, est donc arbitraire et doit être corrigée.

Le post-nom a en effet ses avantages. Pour en aborder quelques-uns avant d’en parler largement dans suite de l’article, d’abord le post-nom permet d’identifier clairement les membres de la famille et de remonter sans problème dans la lignée. Constituant plusieurs branches dans le clan et préparant mentalement à la reproduction, comme on le verra plus loin, les post-noms favorisent également une forte démographie. Ils garantissent donc une indéniable ressource humaine. Ils sont par conséquent un facteur de puissance, une assurance de richesses et un instrument de prospérité. Aussi, représentent-ils une garantie de sécurité et de souveraineté.

Le proverbe baoulé le dit : « L’arbre qui met tous ses fruits sur une seule branche se déchire. », « Baka bo su sam kungba su, o kpa. ». L’analogie du système originel d’état civil avec le proverbe baoulé vient du fait que, à l’image de l’arbre qui repartit ses fruits sur plusieurs branches, le post-nom subdivise le clan en plusieurs familles complémentaires, composées elles-mêmes d’individus qui ont des qualités respectives. Les post-noms appellent donc à la diversité et à l’entraide parce qu’« à plusieurs on est mieux armé et plus fort ». 

Le système du post-nom, comme le confirmera la suite de cet article, répond d’une stratégie de développement perpétuel. Là où en Occident c’est la forte démographie qui a motivé au XIIème l’attribution de patronymes, héréditaires qui plus est, chez les peuples d’Afrique noirs cependant, c’est plutôt les patronymes qui favorisent l’accroissement des populations. Comme quoi, les deux mondes sont complètement différents. L’un, l’Occident, semble au bout de son évolution. L’autre par contre, l’Afrique, est en perpétuel renouvellement, en régénérescence et en accroissement continus ; la fuite des cerveaux, ou la politique de l’immigration choisie de l’Afrique vers l’Europe et d’autres contrées en Occident en est l’illustration. Les fonctions liées au nom de famille en Afrique révèle simplement le génie de l’homme africain qui a vu en le système d’état civil un moyen pour perpétuer l’humanité.

Le changement merveilleux qui s’opère en Afrique grâce à la méthode naturelle de nomination est pourtant menacé par le nouveaux système d’état civil adopté par exemple par la Côte d’Ivoire, dans une volonté manifeste et indécente d’occidentalisation des individus.  

   II.        Les dangers d’un état civil calqué sur celui de l’Occident

Le post-nom et le prénom, à l’image de la méthode de nomination à l’occidentale, sont confondus dans le système d’état civil ivoirien actuel. Cela a pour effet de dévaloriser le premier au profit du second si bien que le post-nom devient désuet. Les parents sont donc tacitement encouragés à ne plus en attribuer à leur fils. Les listes scolaires des enfants de la nouvelle génération sont d’une affligeante, voire d’une révoltante pauvreté en noms : Le patronyme (qui lui-même est faux (on y reviendra)) suivi d’un enchaînement de deux ou trois prénoms chrétiens ou occidentaux. Aucun post-nom. Sans cet élément essentiel de l’identité d’un Africain noir, c’est une partie de cet individu, sinon l’élément qui parle le mieux, sinon exclusivement de lui, qui est ainsi, amputé, effacé. C’est lui-même qui est subtilement éliminé.

Le drame est encore présent, dans la langue baoulé notamment, avec les noms forgés et les noms communs qui servent à présent de prénoms. Ils n’ont aucun fondement culturel solide en dehors de la langue. Les pressions socio-économiques la quête d’une certaine modernité ou d’expression d’un témoignage, ont fortement contribué à cette mode.

Il y a par exemple : Miensah, qui signifie la main de Dieu ; Mienmhô : merci mon Dieu ; Démoyé : pourvoyeurs de bénédictions ; Assena : action de grâce, Akloundjouè : la paix ; Souralè : la bénédiction ; Famien : Roi …

L’œuvre est ingénieuse et remarquable. Cependant il ne reste plus qu’à veiller à ce que les complexes et le désir d’originalité sans vergogne ne tuent pas les noms originels et l’état civil premier de la Côte d’Ivoire. L’utilité des noms forgés doit donc à cet effet être réelle et sublime. Il ne pourra être ainsi que si ces nouvelles appellations, qui sont en réalité des prénoms, occupent leur réelle place dans l’état civil. Ils doivent en effet s’ajouter au Patronyme et au Post-nom avec les prénoms occidentaux et chrétiens, ou sans ceux-ci puisque généralement ces noms forgés magnifient la providence divine que l’on veut retrouver à travers les prénoms chrétiens. Les noms forgés ne doivent pas occuper la place des post-noms, au risque de faire d’eux, dans un système d’état civil sérieux, des patronymes sans réels fondement culturels locaux, autre que la langue bien entendu.  Qu’ils restent simplement à leur place. Dans ce cas, la formulation serait alors : Post-nom du père (qui devient le nom de la famille de ce dernier) + Post-nom du fils + prénoms locaux forgés + prénoms du calendrier. Par exemple : KOFFI N’GUESSAN Elahossou Jean Christ. Malheureusement, avec la bénédiction l’état civil litigieux actuel, les noms forgés sont aussi venus phagocytés les post-noms et les prénoms féminins traditionnels. D’où l’élimination subtile des fondements spirituels et culturels de l’individu.

Mais au-delà de la personne c’est toute une vision du monde qui est ainsi dépréciée, voire anéantie. Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire n’est en effet pas le fruit du hasard, il est engendré par la culture des peuples locaux, il est savamment pensé, il comporte et transmet des valeurs.

 III.        Les valeurs de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire

A.   La valeur démocratique

Selon donc la culture des peuples liés au matriarcat en Côte d’Ivoire, le patronyme n’est pas héréditaire. L’ascendant n’impose donc pas son ascendance, par son patronyme, puisqu’il est déjà ascendant. Cette vision vient de la sagesse qui veut que l’on fasse l’économie d’affirmer ce que l’on est, parce que justement nous le sommes déjà.

L’on a certainement mieux à faire, véhiculer par exemple des valeurs qui préservent la communauté, plutôt que d’être imbus de sa pauvre personne et s’accaparer toute une lignée, semble enseigner l’état civil originel de la Côte d’Ivoire.

Pour revenir à son intérêt démocratique, il dévoile l’égalité de tous les pères. Il faut donc voir en le nom et le post-nom l’absence de discrimination au niveau de la paternité, chaque père donne son nom à sa progéniture. Ce qui veut dire que dans la lignée, il n’y a pas un père qui soit au-dessus des autres. En réalité le père n’est supérieur qu’à son enfant, ce dernier ne pouvant jamais l’égaler, puisqu’il en est le géniteur. Et les noms et post-noms le traduisent clairement. Ils le révèlent non seulement à travers l’ordre d’apparition des noms, Nom du père + Nom du fils, mais aussi par la technique d’attribution du patronyme.

Ainsi, par exemple les enfants de KOFFI N’GUESSAN, qui a pour père KOFFI KOFFI, lui-même fils de DJÊ KOFFI, auront pour patronyme N’GUESSAN, et non KOFFI ou encore DJÊ.

Ce système d’état civil révèle une culture démocratique, un esprit d’égalité des individus en Afrique avant même que ses nouvelles élites aient entendu parlé de démocratie pour la première fois au vingtième siècle par le truchement de l’Occident qui semble plus les avoir fait subir un lessivage culturel qu’un métissage culturel, plus déformés que formés.  

Le système originel d’état civil de la Côte d’Ivoire met par ailleurs en évidence un esprit d’ouverture et de tolérance des populations africaines sans pareil sur d’autres continents. Cela se traduit par l’adoption de prénoms confessionnels ou de baptême et même des prénoms venus d’ailleurs, des anciens colons notamment. Dans ce cas, la formule de l’état civil de l’individu se présente comme suit : Post-nom du père (qui devient le nom de la famille de ce dernier) + Post-nom du fils + prénoms. Par exemple : KOFFI N’GUESSAN Jean Christ.

Et même là encore, il y a une correction à faire, la famille de ce dernier ne sera pas la famille KOFFI, comme il serait marqué sur des documents officiels, sinon la famille de N’GUESSAN serait celle de son père. C’est plutôt en réalité et selon la culture locale la famille KOFFI N’GUESSAN.  Loin de marquer une différenciation des familles au sein du clan du post-nommé KOFFI ou KOFFI KOFFI, cette précision répond de la responsabilisation des mâles et de la richesse justement de ce clan.

Ainsi pour nous résumer, sur trois génération, il y a le clan KOFFI, de DJÊ KOFFI, qui comporte plusieurs familles des noms de ses fils : les foyers KOFFI KOFFI, KOFFI KOUADIO et KOFFI KOUAME. Il y a aussi ceux des femmes de la fratrie avec leur époux respectif. Chacun des fils KOFFI produit son clan à partir de sa progéniture. Par exemple le clan KOFFI KOFFI   sera composé des familles KOFFI KOUAKOU, KOFFI KOFFI, KOFFI N’GUESSAN, KOFFI N’DRI et celles des femmes de la fratrie. Les rejetons ont pour patronyme KOFFI, du post-nom de leur père, homonyme lui-même de son père parce que né le même jour que celui-ci, un samedi.  Ainsi leurs cousins s’appelleront KOUADIO + POST-NOM pour les enfants de KOFFI KOUADIO, ou KOUAME+POST-NOM pour ceux de KOFFI KOUAME. Il n’y a donc pas de patronyme commun aux descendants de DJÊ KOFFI, sinon ce nom de famille serait DJÊ. Chaque descendant masculin de ce dernier attribue son nom à ses enfants. D’où la fausse identité des individus de la nouvelle génération, il ne leur est pas attribué le nom de leur père comme patronyme, mais plutôt celui de leur grand-père.

Le système originel d’état civil en Côte d’Ivoire avait dans le fond pensé à tout, notamment au sein de la communauté en y bannissant la constitution d’une classe de privilégiés. Ce sont ces personnes qui se reconnaitraient et se regrouperaient par leur patronyme particulier. De tels individus prolifèreront au lendemain des indépendances, mais auparavant pendant la période coloniale avec la constitution d’une aristocratie africaine de nouveaux dirigeants (particulièrement les chefs de canton) désignés par le colon et surtout avec l’adoption de patronymes héréditaires pour les distinguer clairement, eux et leur famille, des autres.

Dans l’esprit des peuples africains, les individus aux noms de famille innés pourraient avoir des avantages en raison de leur célèbre patronyme. A l’inverse ils pourraient aussi subir des courroux à cause de leurs fameux noms.  Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire, en ne rendant pas le patronyme héréditaire, protège donc, dans un esprit d’équilibre et d’égalité, les individus, d’une part contre les privilèges excessifs et d’autre part contre d’éventuelles colères latentes. Les descendants, selon cette méthode de nomination, ne sont pas appelés à subir les conséquences des égarements de leurs ascendants, à cause de leur nom. Cette forme d’appellation préserve par ailleurs par-dessus tout contre l’individualisme. Elle dévoile ainsi des facteurs d’une harmonie sociale dont la source et la finalité pourraient être l’équilibre mental chez l’individu.

B.   Les valeurs psychologique, hétérosexuel, de reproduction, d’ordre, de discipline et mystique

Le post-nom a une puissance psychologique. Dans un premier temps, il extirpe les enfants mâles d’une perpétuelle minorité. Il les prépare à la paternité, donc à entrer dans la classe des adultes. Les garçons sont effet appelés à transmettre leur nom. Ce qu’ils ne peuvent réaliser que par la reproduction. Le post-nom est donc, psychologiquement, d’une grande valeur hétérosexuelle et de reproduction.

Après avoir fait du jeune garçon un adulte en puissance, le post-nom favorise dans un second temps l’entrée de l’homme dans la classe des sages. Les post-noms déjà définis par la culture locale, l’individu est en effet appelé à les adopter sans faire parler ses passions, ses fantasmes et ses élucubrations, pour éviter toute influence extérieure qui entrainerait le désordre social, et même la malédiction.

Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire dévoile donc par ailleurs des valeurs d’ordre et de discipline, il a même un intérêt mystique. Les deux premières valeurs, dont la seconde fait pourtant partie de la devise du pays, manquent comme par hasard aujourd’hui à cet Etat.On y verra notamment des hommes politiques, supposément démocrates, prendre aisément acte du coup d’Etat en décembre 1999, pour certainement espérer accéder au pouvoir. On y verra aussi des militaires se mutiler non seulement, mais aussi avoir des revendications politiques. L’insurrection armée du 19 septembre 2002 suivie d’une rébellion armée parce que certains individus auraient été empêchés de se présenter à l’élection présidentielle en est l’illustration. Voilà bien des manques flagrants d’éducation et de sagesse. Ces attitudes se sont apparemment rependus au niveau de la nouvelle génération, dans le milieu scolaire principalement, les lycéens perturbent les cours pour obtenir des congés anticipés. Une sournoise malédiction intergénérationnelle semble ainsi enclenchée avec la culture du désordre et de l’indiscipline. Et pourtant la philosophie du système d’état civil de la Côte d’Ivoire est une parade contre ces plaies de la société.

C.   Les valeurs philosophique et politique

Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire, qui associe nom du père et post-nom, a également une grande valeur philosophique. Il enseigne que l’homme passera un jour ; que l’humain, mais en particulier le père, est plutôt appelé d’abord à transmettre son savoir, celui qu’il a lui-même reçu de ses parents et de sa communauté, à la nouvelle génération, puis à laisser la place à celle-ci dans un processus de transmission et de remplacement cyclique. Le chef de famille n’est en effet pas conditionné pour ignorer les jeunes gens, voire les instrumentaliser, afin de s’imposer et être un obstacle à la régénération.

Le merveilleux mouvement de transmission et de remplacement cyclique se réalise dans le but évidemment de perpétuer la vie. C’est un aspect de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire qui dévoile le niveau de déclin de l’Afrique postcoloniale, dite moderne, et actuelle des chefs d’État éternels et mesquins qui manipulent une certaine jeunesse pour obtenir le pouvoir ou s’y accrocher désespérément, comme des colons. La côte d’Ivoire a malheureusement vécu, sinon vit ce drame avec de tristement célèbres groupes de jeunes gens, notamment « les jeunes mutins », auteurs supposés du coup d’état de décembre 1999, « les jeunes rebelles » de la rébellion armée de 2002 à 2007, qui avaient pour antagonistes durant cette période « les jeunes patriotes ».

La méthode du nom et post-nom évite donc à l’individu d’être un facteur de disparition totale de toute une lignée, voire de toute une communauté. Elle en fait plutôt le nourricier et gardien. Elle s’oppose donc, pour ce qui est de la valeur psychologique, aux système colonial enfermé sur lui-même, enclin à nier la personnalité, et prompte à détruire et à assimiler pour abrutir et mieux soumettre.

Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire est donc aussi d’une grande valeur politique, il ne discrimine pas les catégories sociales et les classes d’âge, il établit la coopération entre celles-ci. Le proverbe baoulé le dit clairement : « La main du vieux ne pénètre pas dans le canari, la main de l’enfant n’atteint pas l’apatam. » « Kpengben i sa so man toa nu, bakan i sa dyu man kpata su ». Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire promeut, comme on le voit, le partenariat.

D.   De l’égalité à la complémentarité entre homme et femme

L’égalité n’est pas seulement entre les géniteurs mâles. Elle est aussi réelle entre le masculin et le féminin, avec chaque catégorie exerçant ses fonctions sociales dans le respect et l’estime de l’autre.

L’équilibre entre l’homme et la femme se réalise, par exemple, à partir de la stratégie de baptême chez les peuples akan, particulièrement chez les Baoulés. Les post-noms y sont déterminées selon plusieurs circonstances : le jour de la naissance, l’ordre de naissance dans la fratrie, les circonstances, etc. 

Le fait que c’est la femme qui met au monde, c’est donc de ses dispositions que dépend l’appellation des enfants. Plus fondamentalement, puisque les post-noms sont des patronymes en puissance, c’est par conséquent sur la femme que repose l’état civil originel, naturel et complet. Original aussi, pourquoi pas ? La femme est donc doté d’un pouvoir naturel indéniable.

Homme et femme ont pourtant des rôles respectifs dans le système d’état civil premier de la Côte d’Ivoire. La femme détermine le nom de l’enfant selon ses dispositions quand elle met au monde et l’homme le transmet à sa progéniture. Cet état de fait révèle une grande complémentarité, voire une parfaite symbiose entre homme et femme.

Le système d’état civil moderne veut pourtant tuer cette harmonie, au profit uniquement du mâle. La part belle au phallocentrisme pour ce qui de l’état civil actuel en Côte d’Ivoire pourrait flatter la gent masculine. Sinon, en réalité cette méthode de nomination qui repose uniquement sur le masculin profite aux imposteurs, plus clairement aux individus qui, pour des raisons pas très catholiques, dissimilent leur histoire. De telles personnages ignorent l’intérêt général.

E.  La culture de l’intérêt général

Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire, dans sa composition, rejette l’idée d’un patronyme singulier ou héréditaire. Cela dans le but vraisemblablement de se préserver, avec leurs différents corollaires, des esprits de célébrité, de fantasme, d’autoritarisme, d’incontestabilité, ou de privilèges, voire … de profiteur.

Le fait que la plupart des célèbres noms de famille sont exposés à l’égocentrisme et acquerrait leur notoriété dans le sang et la spoliation ou en seraient les relais, ou même en userait pour conserver leur privilège, semblent avoir motivé le choix d’une telle méthode de nomination chez les peuples de Côte d’Ivoire qui la pratiquent. L’on n’y a pas, dans tous les cas, de célèbres patronymes.

Le système d’état civil qui n’admet pas le patronyme héréditaire est plutôt réalisé dans un esprit où des hommes et des femmes, par leur grande probité et leur comportement exemplaire, informent de la grande qualité de la famille à laquelle ils appartiennent. De même un individu qui a des comportements déviants parle aussi de ses origines qui seraient malveillantes.

En clair, ce n’est pas le nom qui renseigne sur l’individu, mais c’est la personne qui met plutôt en valeur sa lignée par son comportement exemplaire. L’individu est valorisé en étant investi d’une mission communautaire. Et les bonnes attitudes sont une priorité pour le collectif si bien que ces proverbes baoulés mettent par exemple en garde contre des comportements déviants, la mauvaise réputation et l’arrogance en particulier : « Le mauvais nom va devant, le bon le suit sans jamais le rattraper » « Duman tè o dun moa, kpa su i su, o tô a i kun », « Si tu as une noix de rônier à manger, remercie le vent » (c’est lui qui l’a faite tomber) « Sè è nyan kuèmma di, laa angban asè ».

Rien ne se fait donc en dehors de l’esprit dans la culture des peuples qui pratiquent le matriarcat, à l’origine du système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire. D’où le fort accent qui y est mis sur l’éducation communautaire des enfants.

L’instruction n’y repose pas en effet sur le géniteur de l’enfant. Elle dépend en grande partie au moins du clan maternel du rejeton, à travers ses oncles et tantes maternels, avant de s’étendre à toute la communauté. Le père n’est évidemment pas pour autant réduit à une fonction reproductive. D’ailleurs, il se conçoit au fond plus comme un sachant, quelqu’un qui doit communiquer un savoir, qu’un géniteur. Chez les Baoulés les termes qui déterminent le père et le savoir sont identiques : Si = Père ; Si = Sait, Savoir.

Le rôle du père dans la culture africaine est donc davantage noble. En tant que père et époux, il doit en effet préserver l’enfant et la mère en assurant leur subsistance et en veillant à leur sécurité. On verra par exemple dans la légende de la Reine Pokou lors de l’exode du peuple baoulé du royaume Denkira dans l’ancien Ghana vers l’actuel Côte d’Ivoire… On verra donc dans cette histoire rapportée par Véronique Tadjo dans son roman Reine Pokou, l’époux de Pokou et des hommes vaillants veiller sur les arrières du groupe de fuyards, au prix de leur vie. Ils se sacrifient pour retarder les poursuivants. De plus les Baoulés ont la réputation de donner une bonne éducation à leurs enfants.

La technique éducative qui spécifie le rôle du père et implique toute la communauté est pour le moins judicieuse. Elle dévoile une culture de la solidarité et de la collégialité chez les peuples. Cependant elle révèle surtout les précautions du groupe qui, déjà, fait ainsi comprendre au père que l’enfant n’est pas sa propriété ou sa chose parce qu’il en est le géniteur. C’est ainsi que les cas de fétichisme où le père de famille vendrait l’âme de son rejeton pour obtenir la richesse financière sont rares, voire inexistants chez les peuples qui pratiquent le matriarcat.

Soit dit en passant, cette conception du père de famille se retrouve dans les évangiles, en particulier en le rôle de Joseph, époux de Marie, vis-à-vis de l’enfant Dieu, Jésus. Il en est le père adoptif, selon les évangiles, il veille sur ce dernier et sa mère, assure leur sécurité pour que le projet de Dieu pour l’humanité ne soit pas avorté, mais bien mené à terme : le rachat de l’humanité pécheresse.

 L’enfant appartient à la communauté pour laquelle il a été en réalité conçu selon la sagesse des peuples dont le matriarcat est le fondement social. L’enfant est considéré comme un individu qui entretient des liens avec l’ensemble de ses membres. C’est aussi et surtout par lui qu’est maintenue la relation à la culture immémoriale. D’où ce système d’état civil profondément matriarcal qui ne fait que confirmer ces états de fait.

En voyant donc tous ces événements, il apparaît que la primauté est accordée à la communauté, au collectif, synonyme de solidarité, au détriment de l’individualisme ou des intérêts particuliers et leur corollaire de tragédie. Les peuples qui pratiquent le matriarcat, à travers leur stratégie d’état civil, bannissent l’égocentrisme et l’intérêt personnel au profit de l’esprit de l’intérêt général nécessaire à la sécurité, à la survie, à la pérennité et à l’évolution des peuples.

Sacrifier son moi pour l’intérêt général est un trait de caractère qui fait de l’Africain, depuis les origines, le promoteur du réalisme-socialisme, concept qui n’est en vogue que ces trois derniers siècles dans le monde dit civilisé.

Comme quoi, par son identité déjà, l’Africain est un progressiste de nature. Il porte en lui les germes de l’évolution. D’où sa facilité à intégrer dans sa communauté de façon désintéressée des personnes d’autres contrées.

F.   La valeur d’intégration

Le proverbe baoulé dit : « On s’installe chez des gens aimables et non prêt d’une nourriture délicieuse », « Bé tran sran fè, bé tran man aliè fè ».

Le système d’état civil originel de la Côte d’Ivoire est autant réaliste et franc. L’immigré est certes motivé par ses besoins, mais c’est avant tout les hôtes qui ont l’amabilité de l’accueillir, d’où la valeur de ces derniers pour le premier et l’invitation à ceux-ci pour de la considération vis-à-vis de leurs tuteurs. La conception de l’étranger chez les Baoulés est très parlante à ce sujet. Il est appelé dans cette langue : Ahofouè, qui est une déformation de Ahuéfouè, qui signifie littéralement : l’homme de la faim, l’affamé.

L’homme a a priori faim de nourriture, mais dans une vison plus profonde, il peut aussi avoir faim d’un travail, de terres, d’amour, de vie, de paix, de découverte, etc. Dans tous les cas l’étranger subit un manque, et il trouve dans sa terre d’accueil ce qu’il n’avait pas chez lui, une défaillance qui aurait pu causer sa mort. Le secours que représente ses protecteurs doit donc faciliter son intégration dans sa communauté d’accueil, qui fait ainsi preuve d’altruisme. 

L’existence d’un post-nom et le fait que ce dernier soit un patronyme facilitent justement l’insertion totale des descendants d’un homme étranger dans la communauté qui a adopté leur père, qu’il a aimé, où il s’est plu, où il aurait contracté mariage et à laquelle il serait reconnaissant. Ainsi par exemple, DUPONT Jean d’origine française a pour fils DUPONT KOUASSI Julien, les enfants de ce dernier s’appelleront, selon l’état civil originel de la Côte d’Ivoire, KOUASSI + POST-NOM + prénom (pour les garçon) ou KOUASSI + prénoms traditionnelle (et chrétien) – pour les filles).

Ainsi, les descendants de DUPONT, comme ceux d’autres contrées du monde, ne feront pas l’objet de discrimination à cause de leur nom.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’état civil originel de la Côte d’Ivoire est inspiré du pragmatisme, de la sincérité et de la responsabilité, trois qualités indispensables à une véritable paix sociale.

Au-delà de toutes les valeurs que véhicule l’état civil originel de la Côte d’Ivoire, il dévoile que les peuples qui le pratiquent sont en réalité de grands visionnaires. La Bible, à travers notamment les bonnes nouvelles (sic), les évangiles, vient confirmer cette évidence.

 IV.        Chacun reçoit le nom de son géniteur et chaque géniteur donne son nom à son descendant

La généalogie de Jésus faite par Luc, en Luc 3, 23-28 : « Pour tous il était fils de Joseph, fils d’Héli, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melki, fils de Jannaï, fils de Joseph,… fils d’Adam, fils de Dieu. » dévoile que chaque rejeton a son père, celui-ci est bien nommé.

Ce système d’identification est similaire à la technique de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire, dans lequel les enfants portent le nom de leur géniteur comme nom de famille et non celui d’un autre ascendant.

Pour confirmer la vérité du fait que l’enfant doit porter le nom de son père ou même qu’il en est le descendant direct, la généalogie de Jésus dans le sens inverse à celle de Luc et faite par Matthieu associe chaque géniteur à sa progéniture : « Document sur les origines de Jésus Christ, fils de David et fils d’Abraham. Abraham est le père d’Isaac ; Isaac, le père de Jacob ; Jacob, le père de Juda et ses frères ;  Juda, le père de Farès et Zara, dont la mère est Tama…  Élioud, le père d’Éléazar ; Éléazar, le père de Mathan ; Mathan, le père de Jacob ;  Jacob, le père de Joseph, l’époux de Marie, et c’est d’elle qu’est né Jésus qu’on appelle Christ. Donc au total, cela fait quatorze générations d’Abraham à David, quatorze générations de David jusqu’à l’exil à Babylone et quatorze générations depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ ». (Matthieu 1, 1-17)

L’expression : « Jésus Christ, fils de David et fils d’Abraham » pourrait toute de suite nous contredire, mais elle ne fait que nous conforter dans notre position : l’enfant a le droit de porter le nom de son père ou encore la communauté a le devoir de reconnaître le père de l’enfant. Les deux généalogies de Jésus confirment notre constat. Il fait donc autorité.

Malgré en effet la présence de deux prestigieux personnages de l’histoire des Israélites dans la lignée de Jésus, David et Abraham, le texte mentionne dans la suite de sa généalogie que ce dernier a pour père Joseph, l’époux de Marie. Même en étant le père adoptif du Christ, la parenté de Joseph avec lui n’est pas masquée par l’auteur de l’évangile, elle est clairement affirmée.

Joseph a un rôle essentiel en l’identité du Christ. En tant que descendant de David, il assure en effet l’appartenance de Jésus à la lignée du Prêtre-roi, David, à qui le Seigneur avait fait la promesse d’une royauté éternelle par sa descendance (2 S 7 16 ; Luc 1, 32) … Ce lien assure donc à Jésus l’appartenance à une lignée royale, sur sa croix, il est marqué : « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs» (Jn 19, 19).

Le père, à travers la symbolique et le modèle de Joseph selon les évangiles et à l’image du père des cultures africaines, a une fonction essentielle : protéger l’enfant et la mère en assurant leur subsistance et en veillant à leur sécurité, établir le lien entre la nouvelle génération et les précédentes, transmettre le savoir originel, la culture, et par-dessus tout communiquer sa dignité, son identité à la nouvelle génération.  Le père empêche en somme que le projet de vie, conçu dans le sein de la femme, par la force de l’esprit et de la tradition, soit avorté.

Et pourtant, l’état civil actuel de la Côte d’Ivoire nie ces fonctions du père en ignorant les post-noms. Les enfants sont par conséquents coupés de tous les repères culturels et historiques, voir affectifs ; Il n’est donc pas surprenant que ce soit des modèles étrangers à leur cultures d’origine, voire à leur terroir, qui leur servent de marques. Le risque d’un déclin n’en est que plus affirmé. Pire, l’espoir d’un sursaut semble hypothétique.

L’affirmation de Joseph comme père du Christ devant David et Abraham, signifie donc que la présence d’un ancêtre dans la lignée, aussi illustre soit-il, ne doit pas rendre invisible le père d’un enfant, surtout que l’histoire est une continuité. Elle n’est pas une rupture, comme tente de le faire croire l’état civil actuel de la Côte d’Ivoire. Celui-ci insinue que les peuples qui fondent l’Etat de Côte d’Ivoire n’ont pas d’histoire, ou tout au plus que leur histoire commence avec l’arrivée du colon, qui a inspiré le nouvel état civil ; ou même que les récits des événements relatifs aux peuples de Côte d’Ivoire débutent avec l’arrivée au pouvoir des autorités politiques actuelles, promotrices du présent litigieux état civil ivoirien, qui réussit la performance de rendre les individus étrangers à leur propre identité.

L’on peut comprendre ainsi pourquoi les valeurs locales et même africaines sont ignorées au profit des systèmes de pensées importés d’ailleurs, d’Occident notamment ; pourquoi aussi les intelligences nationales sont reléguées au second plan pour la réalisation de projets au profit de celles venues d’ailleurs ; pourquoi la ressource humaine locale est négligée au profit de « mercenaires » voimés sous le vocable de coopérants, payés à coût de milliards qui plus est.

Et pourtant ce ne sont pas par exemple des systèmes de gestion sociale locaux très efficaces qui manquent, notamment la gouvernance par génération ou classe d’âge chez les peuples lagunaires, et le système politique inclusif qu’inspire le système matrilinéaire ; ce n’est pas non plus du génie et de la compétence qui manquent au pays, avec notamment les ingénieurs formés dans les grandes écoles de Yamoussoukro et les milliers de docteurs que le gouvernement refuse de mettre en activité. Ce n’est pas non plus une ressource humaine indéniable qui fait défaut avec une population majoritairement dans la fleur de l’âge, qui a besoin à la fois d’être imprégnée de sa culture, d’être formée aux technologies actuelles et d’être mise au travail plutôt que d’être abrutie par des habitudes importées, par des luttes de pouvoir à n’en point finir et par une inemployabilité érigée en règle. 

La similitude de la fonction du père de famille de la culture africaine et du rôle de Joseph vis-à-vis du Christ et de sa mère soulève des questions de fond qui se résument en celle-ci : Y-a-t-il une nouveauté pour l’Afrique ? La réponse est évidemment : non. Puisqu’en étant le berceau de l’humanité, l’Afrique est aussi le berceau de la civilisation. Et pourtant certains de ses dirigeants, en panne de culture et de vision, sont simplement dépassés par les enjeux qui se jouent sur leur propre continent : un progrès endogène ou le changement à partir des richesses locales, de la culture et des systèmes de pensées propres au continent africain.   

Malheureusement, comme le développement, le système de l’état civil actuel de la Côte d’Ivoire est donc logiquement importé. Or pourtant la méthode de nomination originelle, celle des peuples autochtones est très intelligente.

  V.        Le sens de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire

Le sens de l’état civil originel de la Côte d’Ivoire peut être dévoilé à partir du baptême de Jean, Jean le Baptiste, comme il est aussi nommé dans les évangiles. Ce personnage du nouveau testament est baptisé d’un nom étranger à ceux des membres de sa famille, et même d’un nom différent de celui de son père (il n’en est pas l’homonyme), selon l’évangile de Luc : « Lorsqu’ils vinrent au huitième jour pour circoncire le petit enfant, ils voulurent l’appeler Zacharie du nom de son père.  Mais sa mère déclara : “Non ! Il s’appellera Jean ! Ils lui répliquèrent : “Personne dans ta famille ne porte ce nom.” ». (Luc 1, 59-64) 

Dans un premier temps, le nom de Jean était déjà connu bien avant sa conception selon la révélation de l’ange Gabriel à Zacharie (Luc 1, 13). Soit dit en passant il en est de même pour le nom de celui que les évangiles présentent comme le Sauveur, Jésus, dont Jean était serviteur parfait, le ministre dans toutes les dimensions de son être, selon encore les évangiles.

De plus l’attribution d’un nom, notamment ceux de Jean (Yahvé a fait grâce), et de Jésus (Dieu sauve, Mt 1, 21), n’est pas le fait du hasard, il annonce ce que sera l’enfant ou ce sur quoi on attend celui-ci. Le nom est ainsi une sorte de programme de vie.

Les deux situations se retrouvent dans des cultures africaines, par exemple chez les peuples du groupe akan en Côte d’Ivoire, chez les Senoufos, les Tagbana, etc. Les noms y sont définis bien avant la conception des enfants et leur sont attribués en fonction des circonstances de leur venue au monde.

Le baptême du bébé dépend aussi du projet qui est lié à sa vie.  Ainsi, les noms sont par exemple proverbiaux. Mais, dans l’ensemble, ils préparent plus l’individu à l’amour pour sa mère-patrie et du besoin de se mettre au service de celle-ci. Ces caractéristiques du nom sont notamment visibles à travers les noms de Jean (« Ce sera pour toi une vraie joie et beaucoup d’autres se réjouiront de sa naissance car il sera un grand serviteur du Seigneur. » (Luc 1, 14-15)) et de Jésus (« Tu vas être enceinte et tu mettras au monde un fils que tu appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, et c’est à lui que le Seigneur Dieu donnera le trône de David son père. » (Luc 1, 31-32).  

Le choix pour Jean d’un nom que ne portent ni les membres de sa famille, ni même son géniteur, pourrait s’expliquer d’abord par la rupture qu’il doit se faire entre le nouveau-né et ses ascendants, entre la nouvelle génération et les précédentes. Ce bouleversement n’est pas culturel, puisque Jean est l’héritier naturel et sociétale de son père. Ce dernier est de la lignée des prêtres, fonction qu’exercera aussi Jean. Le changement est typiquement spirituel.  Jean sera en effet un prêtre dans son sens le plus profond, le plus noble, celui du sacrifice, de l’offrande totale de sa personne au projet de Dieu.

Et les Africains qui ne pratiquent pas le système héréditaire des patronymes sont bien dans la révélation. Par leur système d’état civil, système par l’expérience et non héréditaire ou inné, ils ne font pas porter les conséquences des égarements des parents aux enfants, comme le dit l’ancien testament, à travers l’image des enfants dont les dents ne seront pas agacées parce que les parents ont mangé les raisins (Ezéchiel 18, 2-4. Jérémie 31, 29).

Lorsque l’on analyse l’histoire des Africains, qui ont connu les conquêtes, la colonisation et maintenant le colonialisme sournois ou néocolonialisme, l’on se rend compte de la portée de préservation, d’affranchissement et de sursaut du système originel d’état civil de la Côte d’Ivoire avant même que les peuples ne vivent ces drames. A contrario on voit bien qu’un état civil patriarcale, dans son essence, pérennise la domination par les anciennes puissances coloniales.

A travers le symbole de Jean, prêtre par excellence, il faut donc rompre avec l’esprit du doute. Il s’agit en l’occurrence du manque de foi dont fait preuve le géniteur de Jean, Zacharie, lorsque l’envoyé privilégié de Dieu, Gabriel, lui annonce qu’il sera père malgré la stérilité de son épouse et leur grand âge (Luc 1, 13-18)

Il est donc question, à travers Jean, d’être une personne de grande foi, d’être en harmonie complète avec sa fonction, celle de consacré définitif et total au Seigneur. Ce que n’était pas Zacharie (prêtre à temps partiel qui plus est en qui persiste le doute), mais à quoi est destiné Jean. Il est consacré à Dieu avant sa conception, de la bouche même de l’ange de celui-ci. Jean ne pouvait donc être l’homonyme de son père, ou être confondu à ce dernier, les circonstances de leur naissance et le projet qui est liés à leur vie étant différents…, sinon complémentaires.

Le choix d’un nom différent est aussi lié au plan de Dieu sur la vie de Jean, il est présenté comme celui qui vient en avant du Seigneur Jésus, son précurseur, « comme un héraut qui précède son Seigneur, lui ouvre le chemin ». Ce qu’il réalise en se mettant totalement à son service. Il offre ainsi, à travers ses prêches, de nouveaux chemins de conversion aux personnes qui désirent réussir leur vie, c’est à dire évoluer ou progresser dans leur relation à Yahvé, Dieu. Ce sont : Humilité, désintérêt, honnêteté, dénuement, non-violence, discours de vérité (Luc 1, 1-20).

Le discours de Jean justement prend tout son sens en considérant le contexte social et politique de l’époque : le peuple d’Israël est sous la domination de l’Empire romain. Jean annoncerait donc que la libération est avant tout intérieure ou spirituelle avant d’être politique, économique, administrative, technologique, sociale, etc. ; elle est personnelle avant d’être communautaire.  D’où son nom dont le sens est «Yahvé fait grâce », que l’on peut interpréter ainsi : c’est Dieu ou la sainteté, ou encore la vertu, source de puissance et d’infaillibilité  en permanence, qui fait évoluer ou connaître le progrès dans les divers domaine d’activité. Ainsi l’on comprend mieux pourquoi c’est Jean qui a été envoyé en avant de Jésus, le Sauveur, l’idéal de bonheur, selon les évangiles. C’est la vertu qui libère ou conduit au progrès semble enseigner le personnage de Jean.

Les caractères liés à Jean parlent certainement aux peuples qui ont soif d’une indépendance véritable. Ils devraient avant tout se libérer de leurs mauvais penchants, hérité de la colonisation et des mauvaises influences, paraît dire la symbolique de Jean. L’autonomie ne va pas en effet avec la corruption, comme celle qui semble officialisée dans l’Etat de Côte d’Ivoire, avec la course effrénée à l’enrichissement illicite, l’institutionnalisation du mensonge, le clientélisme, le népotisme, le tribalisme, le clanisme, les détournements de denier publique, la gabegie, la justice à deux vitesses, les injustices notoires, les tractations politico-judiciaires, les contrats de gré à gré, l’indolence révoltante des députés, etc.   

Pour revenir à Zacharie et Jean, on imagine bien la réaction d’un individu qui doute face à l’adversité ; Jean, lui, faisait corps avec son discours et sa nature de consacré définitif à l’Eternel, vivant dans le dénuement total. Il est ainsi resté fidèle à ses convictions, malgré les menaces de morts qu’il encourait. Il demeura ainsi ferme dans la vérité aux autorités, notamment lorsqu’il dénonçait la relation incestueuse qu’entretenait le roi Hérode et Hérodiade la femme de son frère Philipe (Matthieu 14, 1-11). Et il en paiera le prix par sa décapitation.  Les dirigeants fantoches et lâches dont les actes une fois aux pouvoir sont contraires à leurs discours d’autonomie et de progrès social lorsqu’ils étaient opposants, ou qui n’arrivent pas à se départir des caractères du colonisateur quand ils gouvernent, n’ont évidemment rien à avoir avec le courageux et honnête Jean.

Ce dernier a certes été décapité physiquement mais sa « tête spirituelle », son esprit, son modèle, son leadership demeure à jamais. Cela, par son verbe de vérité et par le fait que sa fin dramatique annonçait celle encore plus tragique de Jésus, son Maître, son Seigneur, qui vaincra la mort par sa résurrection, selon les évangiles.

Jean, qui a par ailleurs pour homonyme Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, qui restera fidèle à ce dernier jusqu’au pied de la croix et à qui il confia même sa Mère, selon toujours les évangiles (Jean 19, 26-27)… Jean le Baptiste donc est parmi les humains le serviteur parfait, par son nom, sa vie et son ministère, comme le reconnaitra Jésus lui-même : « Oui, je vous le dis, on n’a pas vu se lever plus grand que Jean parmi les fils de la femme. » (Mt 11, 11)    

Donc dans le nom se trouve la pérennité de la vie à travers le fait que les générations à venir se perfectionnent par rapports à celles qui sont passées, en ouvrant de nouvelles perspectives. Et la bonne nouvelle, c’est que les peuples de Côte d’Ivoire qui font preuve d’authenticité dans leur état civil l’ont compris depuis bel lurette par le procédé de celui-ci. Il est porteur d’avenir, parce que fruit de règles bien définies. Il garantit la rupture tout en favorisant de nouvelles perspectives.

Il préserve en effet d’abord d’éventuelles fantaisies, par exemple le sacrilège de faire de son fils son homonyme ou son double alors que les circonstances de la naissance de ce dernier ne demandent pas cela. Soit dit en passant, il encourage donc les naissances, et partant, il est un facteur de régénérescence.

Il protège ensuite contre des influences négatives extérieures, notamment l’état civil patriarcal ou à l’occidentale. C’est encore une fois au passage le système de nomination actuel en Côte d’Ivoire. Dans celui-ci, le nom africain de l’individu, son nom originel, le post-nom, le nom selon lequel il est identifié dans sa communauté, le nom qui sera le patronyme de ses enfants et qui établit ou perpétue le lien avec l’histoire, l’âme de son peuple, son repère pour s’ouvrir des perspectives, ce nom-là est effacé sans vergogne.  Cet acte a pour conséquence l’anéantissement de l’individu et de toute sa lignée, car c’est ce patronyme qui aurait dû être attribué à sa descendance.

Dans un second temps il n’est pas attribué à l’enfant le patronyme de son aïeul. Contrairement à Jean qui, en étant baptisé du nom qui lui est destiné, un nom différent de celui de ses ancêtres, est préservé des défauts de ces derniers, et même de ceux de son père lorsqu’il ne lui est pas attribué le nom de celui-ci, avec le système d’état civil actuel en Côte d’Ivoire, les attitudes des ascendants ivoiriens sont transmises inconsciemment aux « Ivoiriens-nouveaux » (Concept en vogue depuis l’accession des présents dirigeants au pouvoir, adeptes du nouveau système de nomination et qui file, comme par hasard, le parfait amour avec l’ancienne puissance coloniale).  

Lorsque l’on sait que l’histoire de ces aïeuls est marquée de la soumission par le colon venue d’Europe, l’on devine bien quel caractère l’on maintient consciemment ou inconsciemment en l’Ivoirien dit nouveau en adoptant un système d’état civil importé d’ailleurs, qui plus est de cette région du monde : la perpétuelle subordination.

Il n’existe par conséquent pour ces citoyens d’une nouveauté suspecte aucune possibilité d’un dépassement spirituel par rapport à leurs ancêtres, à l’opposé de Jean qui réalise à la perfection la fonction de son père et ouvre la voie au Seigneur, donc à de glorieuse perspectives. Les « Ivoiriens-nouveaux », privés de leur nom au profit de celui d’un ascendant, ne peuvent faire mieux que ce dernier, puisqu’en adoptant des noms héréditaires, d’une part se réalise automatiquement une rupture avec un système d’état civil d’une richesse indéniable, se renforcent les liens avec des ancêtres défaillants d’autre part.

Tout cela au détriment de l’histoire originel des peuples et du riche patrimoine culturel qui ont respectivement formé le système premier de l’état civil de la Côte d’Ivoire et sont chargés de le transmettre tout en communiquant par là aux génération actuelles le génie qui l’a formé.

Résultats, malgré leur croissance physique et leur beauté extérieure, spirituellement les individus « ivoiriens-nouveaux », amputés de leur nom, leur source de progrès, demeurent immobiles, ils stagnent. Ils semblent évoluer, pourtant, ils ne font que tourner en rond. Finalement ils rétrogradent, ils s’en rendent compte, mais leur sort semble scellé, ils n’ont aucun repère. L’instinct de survie propre à l’être humain aidant, ils pensent néanmoins trouver le salut dans d’autres cultures par le mimétisme et l’imitation servile. Ils courent pourtant définitivement à leur perte car « La branche qui tombe dans l’eau ne devient pas crocodile » « Baka o kpa to n’zué nu, o kaky man éléngé », comme le dit le proverbe baoulé.

Cette pensée fait implicitement passer ce message : la branche qui a été arrachée de son arbre et de son milieu pourrit et nourrit les poissons et les autres occupants du milieu étranger dans lequel elle se trouve désormais. L’environnement audiovisuel ivoirien en est l’illustration : aucune innovation, encore moins de l’originalité, que ce soit dans la forme comme dans le fond. Que des adaptations d’émissions qui sont transmises sur les chaînes de télé françaises et occidentale, avec de plus en général des animateurs étrangers à ce métier. Cela ne surprend guère, la chaîne nationale qui devrait servir de repère pour révolutionner ce milieu est délaissé, voire ruinée, au profit de médias privés, partisans du régime au pouvoir et surtout obsédés par le profit. L’original étant toujours préférable à la copie, dans un tel contexte c’est pourtant la promotion des chaînes occidentale que l’on fait sans le savoir.

Pour conclure, le nom n’est pas un jouet qu’on peut manipuler à sa guise. Il parle de l’homme en lui donnant une identité. Celle-ci peut être réelle et porteuse d’avenir ou de perspectives ; elle peut aussi être fantaisiste et vecteur de déclin. Mais Ceci expliquant cela, le nom même « Côte d’Ivoire » ne serait pas étranger à d’aussi graves dérives au niveau du système d’état civil pratiqué actuellement dans ce territoire. Il est donc certes impératif de restaurer l’état civil originel de la Côte d’Ivoire, mais il paraît encore plus urgent de changer le nom de cette ancienne colonie française, et tout ce qui va avec, notamment débaptiser les rues qui sont au nom des anciens colons, toujours dans un esprit d’authenticité. La colonisation n’est qu’une partie de l’histoire des peuples de Côte d’Ivoire, qui ont d’ailleurs lutté contre cet état de fait, et non leur histoire, pour qu’ils s’accrochent bêtement à elle et ses influences négatives.


Côte d’Ivoire : La Radio Nationale Catholique (RNC) relais Bouaké, déjà une décennie d’émission

La radio nationale catholique (RNC) relais Bouaké, la Magnificat 89. 2 FM, a fêté ses dix ans d’existence tout au long de l’année 2022 (22 février 2012 – 22 février 2022). Une messe d’action de grâce avait à cet effet été célébrée pour elle le 23 juillet 2022 en la Cathédrale Saint Thérèse de l’enfant Jésus de Bouaké. Au terme de cette année de célébration, et avant l’entrée dans la nouvelle année, l’occasion est donc toute trouvée pour rappeler les conditions particulières de la naissance du media confessionnel, faire le bilan de sa première décennie de service, dévoiler ses perspectives et évoquer ses besoins.

Crédit Photo : Jean Christ Koffi N’guesssan

La naissance d’un media de la concorde

L’archidiocèse de Bouaké, pionnier en divers domaines confessionnels en Côte d’Ivoire, notamment la mise sur pied d’une école de formation des laïcs, nourrit le projet de créer un media religieux, dans les années 1990. L’archevêque de l’époque, Monseigneur Vital Komenan Yao, de vénéré mémoire, envoie à cet effet un prêtre de son diocèse, l’abbé Emmanuel Kacou, aux études. Ce dernier décède malheureusement à son retour à la fin des années 1990, sans avoir pu lancer le projet. Celui-ci stagne suite à cet événement tragique. Mais entre-temps la Radio Nationale Catholique (RNC) de Côte d’Ivoire est mise sur pied en 2001, dans le diocèse de Yopougon.

Le projet de création d’un media confessionnel dans l’archidiocèse de Bouaké est cependant remis en selle au début des années 2000. Il se précise par l’option pour la radio. Cela, à travers un partenariat avec Radio Espoir du diocèse de Grand-Bassam, dont les transmissions couvrent également la ville d’Abidjan. Il s’agissait à l’époque d’émissions et de reportages enregistrés dans l’archidiocèse de Bouaké, puis diffusées sur Radio Espoir.

Le dessein de création de la RNC relais Bouaké prend cependant plus d’envergure en 2010, entre les deux tours de l’élection présidentielle. A l’époque, un matériel rudimentaire était utilisé, pour une diffusion en direct sur une période de trois semaines. Face aux tensions et devant les rumeurs de conflits intercommunautaires dans une région aussi cosmopolite que celle de Bouaké, il s’agissait pour l’actuelle archevêque, Monseigneur Paul Siméon Ahouanan Djro, de faire passer des messages de paix et de concorde aux populations de la ville de Bouaké et sa périphérie.

Le projet de création de la radio nationale catholique relais Bouaké est résolument relancé en 2012 après l’acquisition d’un émetteur plus puissant et l’aménagement d’un bâtiment adapté à la radio, sur le site de la cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de ladite ville. La Magnificat 89.2 FM commence à émettre officiellement le 22 février 2012, en retransmettant en direct la messe de clôture du Synode de l’archidiocèse de Bouaké.  

Les contributions et dons des fidèles, mais aussi des autres confessions religieuses (chrétiens et musulmans) de la ville de Bouaké ont permis le lancement effectif de la radio nationale catholique relais Bouaké, la Magnificat 89. 2 FM, selon le témoignage de M. Amany Bienvenu, directeur des programmes du dit media et pionnier également de celui-ci, avec les pères Maxime Kouakou et Michel Carteron.

Il est essentiel de rappeler que son nom de baptême, La radio Magnificat, lui a été attribué en référence à sa sainte patronne, la Vierge Marie, et en action de grâce au Seigneur pour sa naissance. En dix ans de service, même si elle n’en a pas la prétention, la RNC relais Bouaké peut tout de même se targuer d’un bilan élogieux.

Cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Bouaké. Crédit Photo : Jean Christ Koffi N’guessan

Une décennie au service de l’évangélisation et de contribution à la paix et à la cohésion sociale

Le bilan de la RNC relais Bouaké durant cette première décennie de service est louable, tant sur le plan ecclésial que sur le plan social. Le grand intérêt qu’elle accorde à la personne humaine, à travers notamment son apport indéniable à la cohésion sociale et à la paix dans la région de Bouaké, en est le fondement.

Il s’agit en particulier de diffusions de messages à cet effet lors des crises préélectorales et électorales à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Ces transmissions ont certainement favorisé, au niveau social, une atmosphère paisible dans la région de Bouaké durant cette période de troubles dans le reste du pays.

Les appels de la RNC relais Bouaké sont émis en français, comme dans les différentes langues parlées dans la région. Signalons qu’elle émet dans diverses langues parlées dans la région de la vallée de Bandama :   baoulé, tagbana, bambara, sénoufos.

La Magnificat 89.2 FM promeut également, sur le plan social, l’autonomisation des personnes. Elle le réalise à travers notamment l’une de ses émissions phares :  L’ouvrier de l’heure. Lors de celle-ci, la radio visite des artisans qui parlent de leur métier et de la naissance de leur vocation. De tels modèles ont évidemment fait des émules.

Les événements marquants sur le plan ecclésial sont la diffusion de reportages sur les paroisses du diocèse et d’enseignements. Il y a aussi la retransmission en direct des messes quotidiennes, sans oublier des programmes de prières et des vigiles de fin d’année suivies d’un concert religieux, organisés par les soins de la radio.  

L’un des évènements religieux les plus remarquables sur l’antenne de la radio Magnificat a sans aucun doute été la rediffusion en direct de l’ordination de l’évêque auxiliaire de Bouaké, Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, le 3 octobre 2020 en la cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Bouaké.

La RNC relais Bouaké ne s’en tient pas là, elle a défini davantage de projets pour l’avenir.

Les perspectives de la RNC relais Bouaké

La Magnificat 89.2 FM a pour objectif d’étendre sa zone de couverture, au moins sur toute la superficie de l’archidiocèse de Bouaké. Le projet fera évidemment bénéficier de la richesse de ses émissions à davantage de populations.

Pour l’heure, elle prévoit une plus grande proximité avec les habitants de la région par une nouvelle grille de programmes, toujours dans l’esprit de l’autonomisation des personnes, de la concorde sociale et de la paix.

Elle a concocté à cet effet des émissions à thème en fonction des jours de la semaine. Cela, d’après les réalités sociales dans lesquelles elle évolue et en référence à la tradition de l’Église catholique.

Par exemple : le lundi, premier jour de la semaine civile, est réservé au monde du travail sur l’antenne. Des émissions consacrées à la formation, à la recherche d’emploi ainsi que des enseignements sur la révélation de notre vocation et une bonne productivité au travail sont transmises ce jour-là. Ou encore, le mercredi traditionnellement consacré en Église à saint Joseph, saint patron des familles, sera justement réservé aux foyers, à travers une grande lucarne sur ceux-ci. Il s’agit ensuite de jeux dans un esprit de gaieté et de partage pour faire bénéficier de kits alimentaires ou scolaires à ses auditeurs.

La radio accorde aussi de la place à la culture et à l’instruction, à travers par exemple l’évocation et l’explication de proverbes locaux qui ont une valeur édificatrice et éducative et la mise d’un plus grand accent sur des émissions en langue locale.

La RNC relais Bouaké envisage aussi de se déplacer sur les paroisses pour les diffusions de messes en direct. Elle n’oublie pas non plus les mouvements, associations et communautés qu’elle incite à l’inviter à leurs activités pour des reportages et diffusions sur son antenne.

La Magnificat 89. 2 FM poursuit avec l’un de ses succès : l’organisation d’événements religieux phares, notamment des neuvaines, des concerts religieux et des vigiles. Elle innove cependant avec l’organisation de pèlerinages.

En somme, malgré des débuts difficiles, le service est effectif avec la Radio Nationale Catholique relais Bouaké. Il est tout autant prometteur.

Cependant, « Le maïs dont la tige n’a pas poussé peut-il produire un épi ? », comme le dit le proverbe baoulé : « Ablé nyi man o u ba sè ? »

Autrement dit, la radio Magnificat a besoin de moyens pour atteindre pleinement ses objectifs.

Les nécessités de la Radio Nationale Catholique relais Bouaké

La radio Magnificat doit acquérir un émetteur plus puissant. Il remplacera non seulement l’actuel émetteur défectueux, mais il couvrira surtout au moins tout l’archidiocèse de Bouaké ; soit pour une transmission dans un rayon de près de 200 kilomètres. Elle a autant besoin d’un groupe électrogène afin de garantir la sécurité du matériel et une continuité des programmes lors des coupures de courant. L’outillage même de la radio, d’un certain âge, doit être renouvelé pour notamment atteindre l’objectif des retransmissions de messes et d’évènements en direct. Elle souhaite par ailleurs davantage motiver le personnel bénévole qui, vue l’ampleur du chantier, a aussi besoin d’être étoffé et professionnalisé.

Elle est également confrontée au défi de faire écouter la radio, ou d’en faire connaître les productions, aux générations les plus jeunes et les plus connectées. A cet effet une présence sur internet et le passage au digital sont indispensables. Ce qui nécessite donc des moyens matériels et humains dans ce sens.

« L’appel et la réponse se sont rencontrés », comme le dit encore le proverbe baoulé : « Flèlè oni srolè b’a iya nu ».

L’esprit de concorde qui a emmené à la naissance la Magnificat 89. 2 FM et l’accompagne depuis suscitera sans doute encore de la générosité pour que la radio puisse honorer ses obligations. La satisfaction des besoins de la Radio Nationale Catholique relais Bouaké sera une précieuse action pour l’ensemble des populations de l’archidiocèse de Bouaké pour qui le media confessionnel est une garantie de paix, d’union, de sécurité, d’épanouissement, de bien-être et de joie.


Journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire : l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké propose une démarche en trois étapes pour prévenir et construire la paix

Le 15 novembre est institué depuis 26 ans journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire. En cette journée fériée, chômée et payée, l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire célèbre des messes sur les paroisses pour prier pour la paix sur le territoire national et dans le monde. C’est dans cette même veine que, ce 15 novembre, une messe présidée par l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké, Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a été célébrée à la Cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de ladite ville. Les autorités politiques, militaires, administratives, religieuses et coutumières de la région, ainsi que des activistes de la paix sociale, comme des fidèles d’autres confessions religieuses de la région étaient présents à cette célébration eucharistique avec les fidèles catholiques.



Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, a, de prime abord, dans son homélie, salué et remercié les différentes composantes de l’auguste assemblée pour leur présence à cette célébration eucharistique pour la paix en Côte d’Ivoire.

Il s’est ensuite réjoui de l’aubaine de cette journée qui invite à  : « Prier pour la paix, nous souvenir et interroger notre histoire en vue de prendre les dispositions nécessaires pour continuer à consolider et construire la paix entre les habitants de notre pays ».    

L’évêque auxiliaire de Bouaké a par la suite clairement établi une distinction entre la paix des hommes, une paix fragile conditionnée par des intérêts personnels, partisans, parfois mesquins et la paix qui provient de Dieu selon la promesse du Christ au chapitre 14 de l’évangile de saint Jean.

La paix de Dieu, selon l’évêque, est une paix gratuite, sans condition, sans calcul et repose sur le principe universel de l’amour. C’est, le rappelle le prélat, cette paix que toute l’assemblée est venu recherchée à la célébration eucharistique. Il faut donc prier pour que celle-ci habite les cœurs de chaque individu, les familles, les communautés et le pays, a-t-il exhorté.

La paix qui provient de Dieu demande en revanche, comme en témoigne le passé récent de la Côte d’Ivoire, beaucoup de sacrifices, a reconnu Msgr Jacques Assanvo Ahiwa. En considérant les souffrances qu’engendre la guerre dans la sous-région et à travers le monde, aucun sacrifice ne devrait pourtant selon lui être de trop pour y arriver ; surtout que, comme a-t-il rappelé à l’auguste assemblée, Dieu n’a pas créé le monde pour la guerre, il n’a pas non plus créé l’homme pour vivre dans la discorde, dans l’inimitié, dans l’inquiétude du lendemain.

L’évêque auxiliaire de Bouaké a, par conséquent dans la foulé, et en s’appuyant sur la parole de Dieu du jour, proposé une démarche en trois étapes pour travailler à satisfaire le désire de paix et construire celle-ci.

Dans un premier temps il s’agit pour lui d’examiner sa conscience en vue de se connaître. Il faut dans un deuxième temps selon lui adopter de bonnes attitudes et habitudes pour la cohésion sociale. Zachée, dont l’histoire est rapportée dans l’évangile de Luc, s’offre enfin dans un troisième temps comme un modèle pour construire la paix, selon l’enseignement de Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa. 

  • L’examen de conscience  

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa  adopte cette première méthode pour aboutir à la paix à partir de la première lecture tirée du livre de l’Apocalypse (Apocalypse 3 1–6, 14–22). Le Seigneur, selon les explications de l’évêque, y fait d’abord un examen de conscience des communautés de Sades et Laodicée, Dieu relève leurs acquis et dévoile les défauts qui les ont éloignés de lui.

L’appel que le Seigneur lance ensuite à la vigilance et à la conversion des communautés de Sades et Laodicée qui se sont éloignées de ses enseignements et qui, pour cette raison, n’ont plus droit que leur nom soient inscrits dans le livre de vie, encore moins de siéger à la droite du Père dans le trône divin, devrait servir d’exemple à chaque individu pour son examen de conscience personnel, selon le président de la célébration.

Dans le contexte de la recherche de la paix, Chaque individu, chaque famille, chaque communauté devrait, selon le président de la célébration du jour, en se référant à son histoire personnelle, dans ses rapports avec l’autre et avec Dieu, se poser des questions sur les porales, qu’il ou qu’elle a émises, les actions qu’il ou qu’elle a menées qui vont contre la paix ou qui sont pour la paix, chacun connaissant ses actions pour ou contre la paix. C’est un examen de conscience s’il est fait dans la vérité et en toute sincérité du cœur aboutit absolument, selon Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa, à la prise de conscience en vue de la conversion pour aboutir aux comportement nouveaux et aux attitudes inspirées par Dieu en faveur de la paix.  

  • Les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix.

Le président de la célébration du jour a déterminé les attitudes et habitudes pour promouvoir la paix à partir du psaume du jour, le Psaume 14 (15). Il est parti de la question du psalmiste au Seigneur de savoir qui est digne de séjourner dans sa tente, de se tenir à sa présence. La réponse de Dieu : « Celui qui se conduit parfaitement, aspire à la justice et dit la vérité selon son cœur ; met un frein à sa langue et ne fait pas du tort et n’outrage pas son prochain », comporte selon Msgr Jacques Assonvo Ahiwa des dispositions qui invitent l’individu à la bonne conduite, à la pratique de la justice, à l’amour de la vérité, à la sincérité des rapports entre personnes. Ces dispositions ayant leur enracinement dans le cœur de l’homme, dans la conscience de l’homme, qui elle-même est l’œil de Dieu en l’homme, selon le prélat (c’est Dieu qui en nous nous dit ceci est bien ou ceci est mal) … ces dispositions créent donc une relation honnête avec Dieu ainsi que la cohésion sociale.

L’évêque paraphrase le psaume 14 pour déterminer d’autres attitudes pour aboutir à la paix. Ce sont : Ne pas faire de tort à son frère ; ne pas outrager son prochain ou ne le pas calomnier ; éviter tout ce qui peut nuire à l’intégrité physique et morale de son prochain.

Ces recommandations qui sortent de la bouche de Dieu sont indispensables à construire et à entretenir la paix, selon le président de la célébration.

Une attitude contraire à ces exhortations éloigne selon lui, non seulement de Dieu, mais aussi des autres membres de la communauté et de la société toute entière. Pour vivre en paix, l’évêque a donc invité l’assemblée à adopter des comportements nouveaux, solidement enracinés dans l’amour, dans la justice, dans le respect de l’autre. Et un exemple vivant est donné, selon Msgr Jacques, à travers Zachée dans l’évangile du jour (Luc 19 1-10).

  • Zachée comme un modèle de justice et de paix

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a, pour illustrer le modèle Zachée à travers l’évangile de Luc, d’abord invité l’assemblée à prêter attention à la grande volonté de Zachée de rencontrer Jésus. Les handicaps de Zachée, la foule nombreuse et sa petite taille, ne le découragent pourtant pas à vouloir rencontrer coûte que coûte Jésus, selon le président de la célébration, si bien qu’il monte sur un arbre et est vu de Jésus.

Pour le prélat, la rencontre de Zachée avec le Seigneur provoque dans le cœur de cet homme qui a mauvaise presse à Jéricho, parce que collecteur d’impôts, une remise en cause, un mouvement de conversion profonde et radicale. Lui, le pécheur public est complètement bouleversé selon l’analyse de l’évêque ; lorsque Jésus entre dans sa maison, la transformation s’opère en Zachée qui décide devant le Seigneur de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre quatre fois plus au personnes qu’il avait spoliées.

La décision de Zachée de dédommager ses victimes est pour l’évêque auxiliaire de Bouaké un acte de justice rendue aux personnes qu’il avait offensé, qu’il avait spolié de leur bien.  En réparant ses torts, Zachée, selon les explications de Msgr Jacques Assanvo Ahiwa, guérit des blessures causées par ses actes, dans le cœur et dans la vie de ses compatriotes, il apaise les cœurs et rétablit des relations apaisées avec son entourage ; lui naguère infréquentable est redevenu fréquentable.

Le président de la célébration tire la conclusion que par ses engagements, Zachée instaure la paix : il fait la paix avec lui-même, avec son prochain et avec Dieu. Son salut, est donc signifié dans cette paix retrouvée si bien que pour l’évêque auxiliaire de Bouaké, le Christ apprend à l’homme à travers la conversion de Zachée que le salut que l’on recherche se trouve dans la construction de la justice et de la paix.

Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa a définitivement terminé son homélie sur cette prière : « Que l’exemple de Zachée nous inspire pour que nous fassions la paix autour de nous, en semant la justice, en suivant les traces de cet homme idéal retracé par le Seigneur dans le psaume 14. Que Dieu nous aide sur ce chemin pour construire une paix durable entre nous ».

Quelques autorités politiques, administratives et religieuse de la région de Bouaké. Crédit photo : Jean Christ Koffi N’guessan

L’on ose espérer que les démarches proposées par Monseigneur Jacques Assanvo Ahiwa pour prévenir et construire la paix, ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds, tant au niveaux des autorités politiques, militaires, administratives et religieuses qu’au niveau des citoyens lambda.