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Relation Ouattara-Soro en Côte d'Ivoire, « Rendez à Ouattara ce qui est à Ouattara et à Soro ce qui est à Soro »

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Alassane Ouattara (g) et Guillaume Soro (d) Crédit photo, rfi.fr

Ce titre rattaché  à la Côte d’Ivoire, mais qui fait échos à la réplique de Jésus, dans la Bible, aux Pharisiens et aux Hérodiens (“Rendez à César ce qui est de César, et à Dieu ce qui est de Dieu.”[Marc 12, 17]) venus le piéger, prête certainement à sourire. Cependant, le message de justice qu’il transmet aux Ivoiriens paraît suffisamment sérieux, clair et porteur pour ne pas  s’en amuser.

Par cette réplique donc, Jésus critiquait l’hypocrisie de ses interlocuteurs. D’ordinaire opposés, Pharisiens et Hérodiens ont pourtant fait fi de leurs contradictions et se sont allié ici pour le prendre en défaut afin d’assouvir leur dessein, le livrer au gouverneur et à son tribunal.

Actuellement où la tension entre le président de la République, très jaloux de son pouvoir, et le président de l’assemblée nationale, soupçonné de  beaucoup trop convoiter ce pouvoir, semble s’exacerber, on est tenté de se demander des deux, que tout unit et oppose (ça pu déjà l’hypocrisie entre les deux, comme par hasard), qui a raison ?  Eh bien :

  • « Rendez à Ouattara ce qui est à Ouattara… »

Alassane Ouattara, c’est certes le chef de l’État de Côte d’ivoire, mais par rapport à Guillaume Soro,  il est avant tout le symbole de la deuxième génération de dirigeants après les indépendances que connaissent son pays, et l’Afrique en général. Une génération d’hommes et de femmes  qui a passé les 70 ans.

Sérieusement ! La contribution de tous est nécessaire pour le développement de nos pays, mais comment comprendre qu’alors que l’âge de la retraite est tout au plus de 60 ans, des individus qui ont passé cet âge sont à la tête des États, alors que les autres travailleurs du service public dans ce cas ne sont plus en fonction ou doivent quitter la fonction publique, si toutefois on admet que président de la République est une fonction de l’administration publique ?

Ces dirigeants, notamment celui de Côte d’Ivoire, qui ont passé l’âge légal de la retraite ont aussi droit au repos. Il faut donc ‘‘rendre’’ à Ouattara ce qui est à Ouattara : la retraite, sinon le service public deviendra sa chose entre les mains d’un vieux dirigeant qui se croira indispensable. C’est également valable pour les dirigeants dans son cas : Alpha Condé (soupçonné de vouloir faire un 3ème mandat en Guinée), Robert Mugabé (despote  de son État), Jacob Zuma ( le patriarche sud-africain empêtré dans d’innombrables et incessants scandales), Abdelaziz Bouteflikha (vieux et malades à la tête de l’État et dont l’entourage gouverne à la place), etc.

Reconnaître à Ouattara son droit à la retraite lui permettra, et à travers lui, tous ces dirigeants qui ont passé l’âge de la retraite ou qui ont épuisé leur temps de gouvernance, de profiter de leurs vieux jours, mais cette action débarrassera également la scène politique d’une génération de politiques (qu’on veut immortels)  qui symbolisent plus le passé que le présent ou encore l’avenir.   De plus, on sera également débarrassé de ses chiens de garde et autres sbires politiques qui, tapis dans l’antichambre du pouvoir, attentent rageusement leur heure. Ces derniers passeront en première ligne et favoriseront du même coup la régénération de la scène politique. Comme quoi du sang neuf pour des partis politiques et à la tête des pays qui veulent évoluer dans le temps, ce n’est vraiment pas mauvais.

A Ouattara, l’on doit également  rendre le respect et les honneurs. Ses fabuleuses (sic) réalisations à la tête de L’État (construction de barrages, création d’autoroutes, sécurité renforcée) l’impliquent. Cependant, ses partisans  qui ont été accusés d’exactions, voire de crimes graves lors de sa prise de pouvoir en 2010-2011, ne sont aucunement inquiétés par la justice sous son régimes alors que les partisans par exemple de Laurent Gbagbo sont passés en jugement.

En conduisant enfin ces oubliés (sic) de la justice devant celle-ci, lui qui n’a plus rien à perdre à 3 ans de la fin de son second et dernier mandat (sic), débarrassera la Côte d’Ivoire d’une gangrène. Tout le pays lui vaudra ainsi encore plus respect et honneurs. A moins qu’il ait décidé avec responsabilité (sic) de laisser les Ivoiriens se débrouiller, après son règne, avec ses hommes encombrants (sic), également proches de son désormais rival politique virtuel : Guillaume Soro.

  •  » et à Soro ce qui est à Soro »

Soro, président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, c’est le symbole d’une jeunesse dynamique. On pourra polémiquer sur les moyens de son ascension politique et sociale,  n’empêche qu’à seulement 45 ans,  il a gravi les échelons de la République à une vitesse fulgurante. Successivement ministre, premier ministre et depuis plusieurs années chef de parlement. C’est inédit en Afrique.  Son accession à la tête de l’État achèvera de faire de lui un surdoué de la politique dans un environnement où la présidence de la République revient aux individus d’un certain âge. Il faut donc rendre à ce « jeune homme », comme le désigne négligemment Ouattara, voire avec mépris, respect et honneurs pour avoir montré que des personnes de son âge peuvent exercer de grandes fonctions, sans être d’abord  patriarches.

Mais notre surdoué ne  sera un véritable modèle pour la jeunesse ivoirienne que si l’on lui rend également  un élément qui lui revient de droit, en l’occurrence la justice. Rendons donc Justice à Soro, car ayant exercé de hautes fonctions à la tête de l’État, par conséquent garant de l’ordre et du respect des institutions, il serait vraiment injuste d’épargner cet homme d’État de son droit de répondre devant la justice de certains faits. Il s’agit en l’occurrence de l’exécution des gendarmes de Bouaké et des membres de leur famille par la rébellion du temps où il en était le chef ; il y a aussi le casse des agences de la BCEAO  (banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest) de Bouaké, Man et Korhogo du temps aussi de son règne dans l’ancienne zone rebelle…

En somme, à Ouattara et Soro qui dansent une danse d’hypocrites à la tête de l’État, les Ivoiriens (qui ne sont pas moins hypocrites, (peut-être impuissant ? Mais surtout fatalistes )) doivent mettre l’un à la retraite et l’autre à la disposition de la justice  pour une évolution saine et sereine de la Côte d’Ivoire. Comment y parvenir cependant dans un environnement où l’hypocrisie est la norme et l’injustice la règle ?

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Auteur·e

revedehaut

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