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Côte d’Ivoire : quand La Solution devient Le véritable problème

Ce titre doit bien faire jubiler car la solution, c’est l’un des mille et un surnoms d’Alassane Dramane Ouattara, le président ivoirien. C’est le petit nom qu’il avait choisi lors de la présidentielle de 2010 : « ADO, La Solution », disait on. Les TSO (tout sauf Ouattara), les DAO, (déçus d’Alassane Ouattara) et autres assimilés doivent  se réjouir en lisant ce titre car pour eux le véritable problème de la Côte d’Ivoire serait son président actuel. Et c’est vraiment là le problème.

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Manifestation contre la cherté de la vie à Abidjan en avril 2008 de Stephane Goue Credit Commons flickr
  • La critique comme solution contre les limites de gouvernance du régime, un véritable problème

La seule solution qu’on a trouvée contre les limites de gouvernance est la critique plutôt que la proposition.  L’on reproche par exemple au régime actuel de la Côte d’Ivoire de faire du rattrapage ethnique et régional.

Ceux qui en parlent disent qu’il s’agit de la nomination des ressortissants de la même région que le président de la République à des postes de responsabilité dans l’administration publique et  à la tête des institutions nationales. Peu importe que cela soit vrai ou faux. Le plus important en mon sens, c’est : Que propose-ton comme solution pour éviter telle dérive si elle a vraiment cours, et toutes les autres qu’on pourrait également reprocher au régime ?

Pour toujours rester dans l’exemple  de l’esprit du rattrapage ethnique, dans le passé, les opposants au régime du parti unique d’Houphouët-Boigny, puis du régime de Konan Bédié les avaient accusés de s’accaparer le pouvoir, concentré paraît-il dans le groupe akan, groupe ethnique auquel appartenait le premier et dont fait parti le second. Il en a été le cas pour le régime de Laurent Gbagbo, que ses critiqueurs ont qualifié de tribalistes, comme c’est le cas actuellement pour le régime Alassane Ouattara à qui ses critiqueurs font le même reproche.

Finalement, à force de critiquer et de reprocher sans rien proposer en retour, on finit par réaliser également ce qu’on reprochait aux autres quand on accède au pouvoir puisqu’on n’a rien formé de constructif dans son esprit. Et c’est le piège pernicieux dans lequel les opposants des régimes (ce qui reste à démontrer car ils sont plus critiqueurs), et du régime Ouattara en particulier, tombent sans le savoir.

Mais entre nous, une telle stratégie d’opposition n’est pas simple ou inconsciente.  Elle traduit l’intérêt que tous ces critiqueurs ont  pour le bien commun à leur seul profit. Pour parler plus simple, disons qu’on ne pense pas à proposer des solutions parce qu’on est également intéressé par ce que s’accaparent ceux qui gouvernent lorsqu’on sera aussi au pouvoir ou quand un cousin, un oncle ou un neveu y accèdera et qu’on sera bombardé par leur soin à un certain poste. En clair, on est tenté de réaliser également ce que l’on reprochait aux autres. Sinon, comment comprendre qu’en Côte d’Ivoire, ce sont les mêmes choses qu’on reproche (toujours le reproche) aux régimes qui se succèdent à la tête de l’État : tribalisme, népotisme, gabegie, détournement de deniers publics, abus de pouvoir, etc. ?

Avis aux jeunes internautes et autres férus de Facebook  qui font des réseaux sociaux un canal  de critiques de ce qu’on reproche aux régimes. Plus tôt que de faire une pub gratuite, sur ces puissants canaux de communication, pour des régimes dont on ne partage pas les méthodes de gouvernance ou le projet de société, il serait plus utile non seulement de dénoncer leurs dérives, mais également de prendre de la hauteur, de marquer la différence en  parlant de ce qu’on propose contre ce qu’on leur reproche. Ce mouvement ou ce changement de mentalité n’a l’air de rien du tout, or c’est pourtant là une condition sine qua non pour une véritable mutation sociale car il s’offre sans cesse des alternatives.

La solution ne serait alors plus le problème, mais une véritable perspective de progrès pour le pays, ce bien commun par excellence. Et l’ascension spectaculaire du tout jeune président français Emmanuel Macron pourrait constituer une source de motivation supplémentaire  à faire des propositions qu’à verser dans le reproche.

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Auteur·e

revedehaut

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