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L’élection présidentielle française vue depuis la Côte d’Ivoire

 

C’est bientôt le second tour l’élection présidentielle française qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Les Ivoiriens, sans y prendre part, naturellement, s’y intéressent tout de même. Et chacun à sa façon ou selon sa sensibilité.

A César ce qui est à César. Bien que le pouvoir ivoirien n’ait affiché sa préférence pour tel ou tel autre candidat à l’élection présidentielle française, les résultats du premier tour en Côte d’Ivoire donnant François Fillon en tête parlent bien de son choix.  Automatiquement, on se souvient aisément de l’amitié entre le président ivoirien Alassane Ouattara et Nicolas Sarkozy, amitié que le premier a prouvée en étant au chevet du second en 2012 après la défaite de celui-ci devant François Hollande.  Comme quoi, bien qu’il ne  l’ait pas affiché, certainement pour ne pas fâcher l’ami Sarkozy, battu  aux primaires de la droite par Fillon, le pouvoir avait bel et bien son choix, autant que l’opposition d’ailleurs.

Vue du Plateau, quartier d'affaire d'Abidjan de RyansWorld / commons wikimedia.org

L’opposition ivoirienne, la non-officielle, les Gor, entendons  la tendance Gbagbo ou rien avait également son candidat. Avait parce qu’il n’est malheureusement plus de la course. Il s’agit en effet Jean-Luc Mélenchon dont les journaux proche de cette tendance du Front Populaire Ivoirien (FPI) gratifiait ses  partisans de propos qu’auraient tenus ce dernier en faveur de Laurent Gbagbo ou contre la CPI (Cour pénale internationale). Malheureusement, les Gor ne prennent pas part au vote français.

Mais l’espoir ne serait pas perdu car ils  peuvent encore se rapprocher de Marine Le Pen. Au plus fort de la crise ivoirienne en effet,  le Front national français et front populaire ivoirien avaient en effet tenté un rapprochement qui apparemment  était encombrant pour l’un et l’autre. Les Frontiste français ne pouvant, dans le temps,  expliqué un rapprochement avec un Laurent Gbagbo bien que répugné de la droite française, mais persona non grata en France et les Frontiste ivoiriens, incapable certainement d’expliquer une affiliation avec un parti non seulement aux idéologies opposées aux leurs, mais aussi très alerte contre l’immigration en France et apr ailleurs accusé de racisme. Difficile acrobatie politique pour les opposants ivoiriens aujourd’hui : soutenir Marine Le Pen, la frontiste de droite ou Emmanuel Macron, le socialiste édulcoré. Dans tous les cas, la politique africaine de ces deux candidats reste floue, sinon inexistante, pour qu’ils s’intéressent à plus forte raison à un individu en particulier, Laurent Gbagbo. Car c’est apparemment l’attention pour Laurent Gbagbo qui guide les préférences des opposants du front populaire ivoirien, tendance Gor.

La fascination ivoirienne pour Brigitte Macron

L’intérêt pour l’élection du prochain chef d’État français est plus grand sur les réseaux sociaux. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître c’est Macron qui fascine, mais petite précision, Brigitte Macron exactement.

Le symbole exaltant d’un trentenaire, peut-être futur président  d’un membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU ne fascine pas nos jeunes internautes ivoiriens autant que la différence d’âge entre son épouse et lui. Les veilles habitudes ont vraiment la peau dure.

Pour certains qui  font dans la boutade en faisant évidemment un parallèle avec la Côte d’Ivoire, il suffirait pour un trentenaire ivoirien de se  trouver une Gnanhi, autrement dit une « cougar » (une femme plus âgée que l’homme avec qui elle sort), pour s’ouvrir les portes du palais présidentiel d’Abidjan. Plaisanterie au fantasme ? Dans tous les cas, le jeune candidat à l’élection présidentiel n’est pas beaucoup porté dans les cœurs en Côte d’Ivoire car on a vite fait de le comparer à Alassane Ouattara, banquier comme lui, et supposé porté au début des années 90 tous les espoirs du relèvement économiques de la Côte d’Ivoire, comme Emmanuel Macron très attendu aujourd’hui au plan économique dans son pays.  En clair, parler de Macron en Côte d’Ivoire, c’est évoquer Alassane Ouattara que certains accusent de tous les maux sans pourtant proposer des solutions aux limites de la gouvernance.

En  somme l’éventualité d’une femme ou d’un trentenaire futur(e) chef d’État français ou même les politiques  des deux candidats pour l’Afrique ne suscitent pas l’intérêt en Côte d’Ivoire autant que ce qui se passe à la périphérie de ces élections.

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Auteur·e

revedehaut

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