Crédit:

Depuis la Côte d'Ivoire, je vous invite chez moi

La désorganisation du réseau urbainModifier fr.m.wikipedia.org
CC fr.m.wikipedia.org

Je vous invite chez moi. Chez moi ? Disons plutôt là où je suis, parce que l’honnêteté, la foi en l’avenir et le respect du bien d’autrui ne voudraient pas que je m’attribue ce qui n’est pas à moi ; mais il y a cette dignité, cet orgueil et cette fierté qui se donnent la main pour que je ne paraisse pas ridicule. Contre ceux-là, il y a heureusement l’honnêteté.

Je vous invite donc chez moi … Oh, pardon, je veux dire dans un espace chez ma sœur chez qui je vis. Mais, par abus de langage, pour le discours, et pour ce diplômé que je suis, disons…, j’oubliais, pour aussi ce trentenaire que je suis et ce père, cet époux que j’aurais dû être, disons quand même chez moi.

Je vous invite donc chez moi. Chez moi : 1m 50 sur 1m 80 : matelas. Bon, en vérité natte… Chez moi donc, il y a un labo de langues. Il faut le voir pour le croire, docs sur docs de langues vivantes : Français, Anglais, Allemand, Espagnol, Portugais, Italien, Chinois, Japonais ; même de langues mortes : Latin. Mais, point de langues… de langues…, enfin, point de Baoulé*, de Bété*, de Guéré*, etc.  Quel jour l’une de nos langues sera-t-elle parlée à l’ONU pour que je l’apprenne et la parle chez moi ? Quand certainement les poules auront des dents *:( Tristesse. Avec l’évolution, les OGM et tout ça, c’est quand même possible. Mais il faut au moins deux personnes, qui en ont de plus la volonté, ou qui en ressentent du moins le besoin, pour échanger dans une même langue.

Chez moi, en plus du labo de langues, il y a aussi le labo de la langue, avec plusieurs parts d’oranges : entraînement d’embrassement : bêtise instinct ou basic instinct ?…

Natte repliée, et moi assis : position cogitation ; ou même, natte laissée en l’état, et moi étendu, labo de langues, puis de la langue devient labo des sciences : Sciences de la Survie sur la Terre ; Sciences Frondamentales et Astiquées , Sciences Frictions , Sciences aux Cultes et Sciences Occultées , Sciences Alimentaires , Sciences Soupérieures. Toutes ces sciences ivoiriennes. Tout passe dans ma tête. Et ce n’est pas la sérénité.

Avec quelques ustensiles et de la matière première, je m’adonne à quelques expériences : bananes plantains séchées, puis réduites en poudre : faire cette découverte qui fera sortir de la galère. Mais, ce n’est pas la sérénité.

Heureusement, hormis le labo de sciences, il y a le labo des sciences, ou en bon français, le labo des manières. Dans ce labo, toutes sortes de réflexions sont menées par l’esprit saint… – ou le Saint Esprit ? dans tous les cas, par mon esprit que je veux sain, et que je m’attelle tant bien que mal à rendre sein pour tout de même nourrir du lait de mes réflexions.

Dans un labo de sciences, et de là tout son charme, l’on forme aussi et surtout sa propre vision du monde. Ainsi, mes sciences sont différentes de celles d’autres personnes, ou encore en Ivoirien, on dira : « Je science différemment des autres ». Mais, que sont les autres, sinon un autre moi ? Donc, je science différemment de cet autre moi qui pourrait être toi, mais que je dois, par honnêteté, assumer être moi.

Natte totalement repliée, puis rangée dans un coin, les labos des langues et des sciences deviennent labo de physique : bouts de fils électriques, films photovoltaïques, batteries, morceau de planches, restes de postes transistors, morceaux de polystyrènes. Arriver à l’invention du siècle, mais surtout du continent africain : une glacière-réfrigérateur fonctionnant à l’énergie solaire. Mais, ce n’est qu’un rêve. Au lycée, j’ai pas eu le choix entre l’électricité, la mécanique et la chimie. Il fallait plutôt choisir entre la physique et l’autre physique, celle des esprits dits achevés : la Littérature. Et le bagage littéraire était plus grand que toute la physique.

Mais, dans le labo de physique, on ne se plaint pas car il y a du rêve, et sans le rêve, le monde ne serait pas. D’ailleurs, sans le rêve, moi, je ne suis pas. Vive donc le labo de physique !

Mais vive encore plus le labo du physique : deux sacs vides de 5kg de riz remplis de sable mouillé + un morceau de bois servant de traverses et reliant ces deux sacs =  un haltère.

Haltères  sur haltères, pompes sur pompes, abdominaux sur abdominaux ; et le résultat est là, présent, visible, palpable, parlant : un corps auquel tout homme rêve. Mais beaucoup plus exaltant, cette réalité : l’effort produit toujours des fruits ; le drame ne serait donc pas de ne rien recevoir, mais de ne rien se donner en attendant de toujours recevoir.

Je vous invite donc pour une journée chez moi, ou là où je suis, ou encore… Appelez-le comme vous voulez, mais dans tous les cas, je vous invite là. Je voudrais en être fier, mais je ne dois pas, parce que j’ai encore beaucoup et mieux à faire, tant que le quotidien s’obstine à rimer avec galère.

*Langues ivoiriennes

Partagez

Auteur·e

revedehaut

Commentaires