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La politique africaine pour les nuls (1)

Manifestants africains de anticapitaliste.net CC
Manifestants africains de anticapitaliste.net CC

Sans être prétentieux, je veux tout simplement expliquer certains aspects de la politique africaine à ceux qui n’y comprennent pas grand-chose ou à ceux qui pensent en connaître beaucoup, mais que cette politique finit pourtant par dérouter ou encore à ses experts qui ne finissent pourtant pas de se tirer les cheveux à cause d’elle.

 

Dans la politique en Afrique, tout part d’un phénomène : le fait que l’intérêt particulier prime sur l’intérêt général. Cela se manifeste chez le gouvernant par son refus de céder le pouvoir. Il s’y éternise donc, pour ses propres intérêts bien entendu, y empêchant ainsi toute alternance au grand dam de tous ceux qui rêvent d’accéder à cette fonction suprême. Il s’en suit des affrontements entre gouvernants et opposants à travers leurs partisans respectifs.

Ainsi, les uns, (partisans des gouvernants) meurent en défendant leur pouvoir, les autres (militants de l’opposition) perdent la vie au nom du droit, quelques fois en défendant une éventuelle victoire à des élections auxquelles ils ont été déclarés perdants.

Mais l’on ne peut ignorer un fait : la persistance de la corruption, des détournements, de la gabegie, etc. dans les pays. Et cela, malgré quelques fois les quelques rares alternances au pouvoir qu’a connues l’Afrique. En clair et pour résumer, quelque soit la tendance au pouvoir, la male gouvernance persiste.

Ainsi en se référant à cette évidence et en nous rappelant les conflits politiques, les disparitions de ceux qui transforment le front politique en champ de bataille peuvent être formulées autrement. En effet, les premiers, c’est-à-dire les partisans du pouvoir perdent la vie pour défendre becque et ongle leur pain. Les seconds, les opposants meurent pour défendre leur droit que ce pain leur revienne coûte que coûte. Souvent, après s’être copieusement entretués comme de vraies brutes, mais sachant que le pouvoir ne profite qu’aux vivants, et comme eux n’aimeraient pour rien au monde faire partie des prochains qui n’en connaitront pas la saveur ( le mort ne ‘‘mangeant’’ pas), gouvernants et opposants s’entendent pour partager le pouvoir dans des gouvernements d’union nationale ou des gouvernements de partage régional, ethnique et tribal de portefeuilles ministériels et de services publics.

Ces gouvernements sont encore appelés gouvernement de large ouverture, en d’autres termes gouvernement de légalisation de la corruption nationale. On peut également leur donner le nom de gouvernement de manducation. En Ivoirien, on dira objectivement gouvernement de ‘‘mangement’’. Un fois dans les arcanes du pouvoir, chacun s’occupe de ‘‘manger’’ sans état d’âme, sans se poser de questions.

Ainsi pour éviter que le pays ne sombre dans de graves troubles sociaux, voire dans des guerres qui attireraient non seulement les regards sur leur régime, mais les empêcherait de traire en toute quiétude cette vache que représente le pays pour eux, les gouvernants s’arrangent à ce que le pouvoir ne soit pas entre les mains d’un seul individu, d’une seule région, d’une seule ethnie, d’une seule tribu. En fins stratèges politiques, ils ont donc inventé à cet effet le partage du pouvoir. Cette générosité politique est communément appelé gouvernements d’union nationale, gouvernement que l’on peut considérer comme la légalisation de la répartition des services publiques par régions, par tribu ou par ethnie comme si un pays était une addition de régions, de tribus ou d’ethnies, et comme si encore tout ce monde peut vivre des seuls services publiques, surtout lorsque ceux-ci ne sont pas rentabilisés.

Mais le fait est que ces services là font tout de même courir des gens. Certains ont apparemment fait le choix d’être les corrompus plutôt que les potentiels corrupteurs. Mais au fait, pour corrompre, ne faut-il faut pas en avoir les moyens, et surtout avoir des projets ? Tout cela, ceux qui font de l’accession à la moindre parcelle de pouvoir une question de mort ou de mort ne l’ont pas.

Lorsque des prédateurs n’arrivent pas chacun à s’emparer d’une proie pour soi, ils se la partagent. Tel est le cas de ces pays africains que tout le monde gouverne sans que personne n’y soit responsable de quelque chose, ou encore où tout le monde est responsable sans que personne ne réponde d’aucun délit (de malversation, de népotisme par exemple) devant la justice. Ne soyez donc pas surpris que certains ministères et services publics soient des représentations d’une ethnie, d’une tribu ou d’une région. Cependant, certains ministères et services de l’État étant plus juteux que d’autres, ne soyez pas non plus étonnés que les violences ne prennent jamais fin dans un tel agrégat d’ethnies, de tribus et de régions.

Le cycle de violence est, il va de soi, la conséquence de ces gouvernements de prédation nationale, encore appelé gouvernement d’union nationale, ou gouvernement de corruption nationale, ou encore gouvernement de ‘‘mangement’’.

Avec un tel système politique, de plus très huilé, on se demande bien où certains africains trouvent encore la force de crier, et sur tous les toits, que c’est l’Occident qui empêche l’Afrique d’évoluer. Ignorance ou mauvaise foi ?

Une chose est sûre, et autant que cette règle est valable pour chaque individu, tant que l’Afrique ne se remet pas en cause, elle ne sera pas digne de se développer. Elle ne fera que tourner en rond, s’étant condamné à un éternel recommencement.

 

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Auteur·e

revedehaut

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