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Burundi : Pierre, n’endurcissez pas votre cœur !

Pierre Nkurunzia from en.wikipedia.org CC
Pierre Nkurunzia from en.wikipedia.org CC

Le débat politique qui a lieu en ce moment au Burundi au sujet d’une autre candidature de Pierre NKurunziza ne doit pas laisser indifférent les Africains car il y va du bon sens et de la logique. C’est pour cette raison que je me sens obligé d’y prendre part à travers cette exhortation à son excellence, Monsieur le président de la République du Burundi.

Monsieur N’kurunziza, vous avez déjà fait deux mandats présidentiels à la tête de votre pays. Et vous vous apprêtez, à en croire tous les signaux, à présenter votre candidature pour un troisième mandat. Cette candidature peut se justifier, mais tout est une question de raison et de cœur.

D’abord la raison. Vous êtes à votre second mandat présidentiel. Malgré cela, on se perdra dans des démonstrations et des justifications pour vous prouver que vous pouvez encore être candidat à un troisième mandat. Les enfants en CP même (Cours Préparatoire) ne vous comprendraient pas si vous finissez par croire que 1et 1 = 1. En d’autre termes, et selon un calcul très élémentaire, un premier mandat présidentiel + un deuxième mandat = 2 mandats présidentiels.

Alors d’où vient-il que vous pouvez rempiler pour un troisième mandat alors que la constitution de votre pays ne le permet pas ? Les encouragements de vos sympathisants qui ont manifesté dernièrement pour vous témoigner leur soutien ? Sachez que, même si Hitler revenait aujourd’hui, il aurait des soutiens. Donc, méfiez-vous de l’émotionnel et du passionnel, surtout dans cet environnement africain où les partis politiques sont généralement adossés à l’ethnie et à la région.

Et puis, en tant que chef d’État, vous êtes responsable de la paix dans votre pays, ainsi que de la sécurité de tous vos concitoyens. Soyez donc raisonnable. Maintenant, si la raison n’arrive à vous convaincre, faite parler votre cœur.

J’entendais sur les ondes que vous organisiez de grandes réunions de prière pour votre pays. Vous avez donc des convictions religieuses. Vous êtes chrétien, Je m’en réjouis. Aujourd’hui, avec le débat autour de votre candidature, vous avez l’occasion de prouver que vous n’êtes pas un chrétien de façade. Montrez que vous n’êtes pas avide du pouvoir en renonçant à votre candidature. Sinon, on pourrait penser que toutes ces réunions de prières dans lesquelles vous prêchiez vous-même la parole de Dieu, et où toute votre famille était très active, n’étaient que pure manipulation.

Faites par ailleurs mentir toutes ces horreurs que l’on raconte à votre sujet, et que par respect pour l’homme d’État que vous êtes, j’évite d’évoquer ici.

En tant qu’homme d’État donc, vous devez mettre au dessus de vos ambitions personnelles, l’intérêt supérieur de chaque Burundais. D’ailleurs, sous votre impulsion, votre pays a réalisé, selon vous-même, de grandes choses. Je vous cite dans cet entretien accordé à RFI (Radio France Internationale) le 05 juin 2014 :

« (…) En moins de sept ans, disiez-vous, nous venons de construire des milliers d’écoles, des centres de santé, des petits stades, des bureaux pour les administratifs, pour les gouverneurs, voire même des universités communautaires (…). »

Plus loin, vous ajoutiez :

« Nous avons au Burundi une commission de désarmement des civils. En moins de six ans, nous venons de collecter autour de 100 000 armes, remises volontairement par la population civile, toute ethnie confondue « .

Vous devriez vous réjouir de votre passage au pouvoir. Faites parler votre cœur car votre entêtement à vous imposer au Burundais détruira certainement toutes vos œuvres. Blaise Compoaré en sait quelque chose. Comme lui en son temps, vous avez encore la chance d’avoir des gens pour vous donner de vrais conseils. Écoutez donc les évêques de votre pays et vos partisans qui ont eu le courage de vous dire la vérité. Soyez également attentif au point de vue de votre prédécesseur à la tête de l’État, M. Pierre Buyoya. Si ce dernier n’avait pas été détaché vis-à-vis du pouvoir, je ne sais pas si vous pourriez aujourd’hui vous prévaloir du titre de président de la République, et auriez eu un peuple à gouverner.

Vous avez donc le choix d’entrer dans l’histoire de l’Afrique soit comme un modèle, soit comme un exemple à ne pas suivre. En d’autres termes, même si personne, n’est parfait, je vous préfère en Goodluck Jonathan qu’en Blaise Compaoré. Pis, vous pourrez aussi être un Laurent Gbagbo. A vous de voir.

Je vous prie de transmettre toutes mes salutations à vos voisins, votre petit-frère de la République Démocratique du Congo, et votre grand-frère du Congo Brazza : Les président Joseph Kabila et Denis Sassou N’guesso.

Cordialement !

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Auteur·e

revedehaut

Commentaires

Benjamin Yobouet
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C'est quand même fou que les chefs d'Etats soient "scotchés", accrochés, attachés au pouvoir si bien qu'ils deviennent aveugles. On peut donc dire que le pouvoir est l'opium des politiques africains. Une fois encore bravo pour cet article. Bien à toi !

N'Guessan Jean Christ Koffi
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Merci mon cher. Le politique africain et la soif du pouvoir est la triste réalité de l'Afrique. Vivement que les choses changent pour que l'Afrique puisse aller résolument de l'avant. ET, ce changement ne peut réaliser que par ceux qui sont l'Afrique d'aujourd'hui et de demain, c'est-à-dire la jeunesse.
Bien de choses à toi !