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Côte d'Ivoire : après la victoire à la CAN, les leçons

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Supporteurs des Eléphants de Côte d’Ivoire Crédit Photo : Christ Koffi

 

La Côte d’Ivoire a enfin remporté sa deuxième CAN (Coupe d’Afrique des Nations), on le sait. Mais, avant la compétition, les Ivoiriens ne vendaient pas chère la peau de leur équipe nationale de foot. Et, ils avaient des arguments pour cela : rumeurs de formation de clans au sein de l’équipe et de palabre autour du brassard de capitaine, retraite internationale de Didier Drogba et Didier Zokora, difficile qualification des Éléphants pour la phase finale, palabre entre le ministre des sports et la FIF (fédération ivoirienne de football) au sujet des fonds alloués pour la préparation des Éléphants, la jeunesse et l’inexpérience de l’équipe, etc. Mais à la grande surprise et à l’immense joie des Ivoiriens, les Éléphants sont champion d’Afrique. Cette victoire n’est pas le fruit du hasard car durant cette CAN, et même avant, les Éléphants ont développés des qualités qui militaient en leur faveur. Et, ces qualités là doivent inspirer les politiques ivoiriens car ces derniers ont plus tendance à faire de la récupération politique qu’à tirer des leçons de cette victoire pourtant pleine de symboles.
« (…) Merci la jeunesse ! (…) » clamait le président Alassane Ouattara au stade Félix Houphouët Boigny le lundi 9 février pour féliciter les nouveaux champions d’Afrique que sont les Éléphants de Côte d’Ivoire. Et, le président ne semblait pas si bien dire car durant la compétition, les jeunes footballeurs ivoiriens ont développé plusieurs qualités.


D’abord la persévérance :
Malgré un début de compétition calamiteux, notamment lors de leurs deux premiers matchs et un passé récent (en coupe du monde et en éliminatoire de CAN) pas du tout rassurant, les Éléphants n’ont pas baissé les bras. Ils ont plutôt persévéré dans le travail au point de tenir tête aux lions indomptables du Cameroun qu’ils finiront par battre. Ils ont ainsi pris leur revanche face à cette équipe qu’ils n’avaient jamais battue sur le terrain et qui leur avait infligé un humiliant 4-1 à Yaoundé lors des éliminatoires.


Ensuite l’abnégation :
C’est de cette qualité que les Éléphants ont fait preuve pour tenir le score contre le Cameroun, pour remonter le score lorsqu’ils étaient menés, mais aussi pour prendre le dessus sur leurs adversaires, notamment en quart et demie finale. On les a tous vu être volontaire sur le terrain se sacrifier et jouer les uns pour les autres.


Puis, la solidarité :
Comme symbole de cette solidarité, j’ai encore en mémoire les belles images de nos footballeurs se tenant et s’encourageant les uns les autres lors de la difficile épreuve des tirs au but à la finale.


L’humilité :
Les stars des Éléphants, comme Gervinho, Bony Wilfried, Yaya Touré et autres ne se faisaient prier pour venir défendre avec leurs plus jeunes coéquipiers de la défense, moins connu que sont Wilfrid Kanon et Éric Bailly ou assurer la couverture de ceux-ci. Les stars ivoiriennes ont de plus été attentives aux instructions de leur modeste entraineur, M. Hervé Renard.
Le plus grand symbole d’humilité chez les Eléphants est sans contexte Copa Barry. Malgré ses 81 sélections en équipe nationale, ses sept CAN dans les mollets et les nombreuses critiques dont il était l’objet, le gardien de but des Éléphants ne protesta jamais. Il occupa sagement le banc de touche, ayant perdu sa place de titulaire au profit d’un plus jeune et moins capé que lui.


Le sens du devoir :
Nous avons encore en mémoire chaque joueur des éléphants, en plus d’être solidaires des autres, faisant ce qu’ils faisaient le mieux sur un terrain de foot : Les attaquants marquant des buts, les milieux défensifs et offensifs jouant leur rôle, les défenseurs jouant le leur, les gardiens de but gardant jalousement les buts, et encore une fois, Copa Barry, l’humble, arrêtant des tirs au but décisifs et marquant même le tir au but victorieux pour la Côte d’Ivoire.
Et la qualité ultime qui, en mon sens, fut le déclic de toutes les autres qualités des Éléphants ne fut pas manifestée durant la CAN. Ce n’est même pas l’un des 23 sélectionnés de M. Hervé Renard qui en fut l’auteur. Cette qualité là, c’est le détachement.


Le détachement :
Les footballeurs qui en sont les auteurs sont les deux Didier : Drogba et Zokora. Après de brillants services rendus à l’équipe nationale de foot de Côte d’Ivoire, ces deux Éléphants ont pris leur retraire internationale pour laisser la place aux plus jeunes. Drogba particulièrement se tint à sa décision malgré les nombreuses démarches pour le faire revenir en équipe nationale.
Par ce détachement, il montra ainsi toute la confiance qu’il avait en ces jeunes successeurs. Il fit ainsi preuve d’une hauteur d’esprit qui, selon moi, est le fondement de toutes les qualités que les Éléphants développèrent pour remporter la coupe. Et c’est ce détachement ou cette « Drogbattitude », qui devrait inspirer les politiques ivoiriens. On a en effet des personnes qui font partie du pouvoir ivoirien ou qui en sont proches attribuer la victoire des Éléphants à la présence du président Alassane Ouattara sur le terrain, pardon, au pouvoir en Côte d’Ivoire. Il en est ainsi de la ministre de la communication, Madame Affoussy Bamba, et du RDR (Rassemblement des Républicains) .


Bref, le président Alassane Ouattara ne croyait pas si bien dire, quand pour féliciter les nouveaux champions d’Afrique, il disait : « Merci la jeunesse ». Et moi, je dis aussi : « Merci la jeunesse ».
Mais, je dis surtout : « Merci grand-frère Didier Drogba ». Cependant, mon souhait est de pouvoir dire bientôt : « Merci Messieurs les présidents, nos papas Laurent Gbagbo, Konan Bédié et Alassane Ouattara ».


Didier Drogba, grâce à sa hauteur d’esprit, a inconsciemment montré le chemin aux « dinosaures » de la politique en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de peur et de honte que ces derniers suivent son exemple car c’est la Côte d’Ivoire qui gagnera. Les Éléphants de Côte d’ivoire, champion d’Afrique, en sont la preuve.

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Auteur·e

revedehaut

Commentaires

Raissa
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A dire que tout ca nous est passe sous les yeux!!! Analyse tres profonde. Thumbs up!!!!

N'Guessan Jean Christ Koffi
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Merci !